samedi 29 novembre 2008

If I were a carpenter

If I were a carpenter
And you were a lady,
Would you marry me anyway?
Would you have my baby?

If you were a carpenter
And I were a lady,
I'd marry you anyway,
I'd have your baby.

If a tinker was my trade,
Would I still find you?
I'd be carryin' the pots you made,
Followin' behind you.

Save your love through loneliness,
Save your love through sorrow,
I gave you my onliness,
Give me your tomorrow.

If I were a miller,
At a mill wheel grinding,
Would you miss your coloured blouse,
And your soft shoes shining?

If you were a miller,
At a mill wheel grinding,
I'd not miss my coloured blouse,
And my soft shoes shining?

If I worked my hands in wood,
Would you still love me?
I'd answer you, "Yes I would"
And would you not be above me?

If I were a carpenter,
And you were a lady,
I'd marry you anyway,
I'd have your baby.

Save your love through loneliness,
Save your love through sorrow,
I gave you my onliness,
Give me your tomorrow.

 

Une célébrissime ballade, écrite par Tim Hardin, chantée par les plus grands artistes, dont Joan Baez, mais aussi Johnny Cash et June Carter, en un duo légendaire, dont j'ai tenté de traduire ci-dessous la version (avec une approximation criticable sur "onliness"qui est presque, mais pas tout à fait la solitude, un peu l'unicité, mais pas vraiment la fortitude). Etre aimé pour ce que l'on est, au fond de soi, et non pour ce que l'on paraît ou ce que l'on a - pour son coeur et non pour sa fortune - pour son âme et non pour son métier... C'est une revendication bien classique, mais c'est aussi une question d'actualité. Que signifient vraiment les conquêtes des "grands" de ce monde ? Sont-ils objectivement plus beaux, plus intelligents, plus charmants, plus attentifs, plus tendres, plus fidèles... que le commun des mortels ? 

 

Si j’étais un charpentier

Si j’étais un charpentier
Et toi une princesse
Voudrais-tu encore te marier,
M’offrir une descendance ?

Si tu étais charpentier,
Et moi une princesse,
Je voudrais encore me marier,
T’offrir une descendance

Si j’étais un chaudronnier,
Aurais-je ton amour ?
Je t’aiderais dans ton métier,
Je te suivrais toujours.

Garde l’amour en solitude
Garde l’amour en chagrin
Je t’ai donné ma fortitude,
Donne-moi ton lendemain

Si j’étais un meunier,
Les mains dans la mouture,
Regretterais-tu tes beaux souliers,
Et ta haute-couture ?

Si tu étais un meunier,
Les mains dans la mouture,
Je n’regrett’rais pas mes beaux souliers,
Ni ma haute-couture.

Si je travaillais le bois,
Me trouverais-tu beau ?
Oui, je n’aimerais que toi !
Me regarderais-tu de haut ?

Si j’étais un charpentier
Et toi une princesse
Voudrais-tu encore te marier,
M’offrir une descendance ?

Garde l’amour en solitude
Garde l’amour en chagrin
Je t’ai donné ma fortitude,
Donne-moi ton lendemain

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

vendredi 28 novembre 2008

Wednesday Morning, 3 A.M.

I can hear the soft breathing of the girl that I love,
As she lies here beside me asleep with the night,
And her hair, in a fine mist floats on my pillow,
Reflecting the glow of the winter moonlight.

She is soft, she is warm, but my heart remains heavy,
And I watch as her breasts gently rise, gently fall,
For I know with the first light of dawn I’ll be leaving,
And tonight will be all I have left to recall.

Oh, what have I done, why have I done it,
Ive committed a crime, I’ve broken the law.
For twenty-five dollars and pieces of silver,
I held up and robbed a hard liquor store.

My life seems unreal, my crime an illusion,
A scene badly written in which I must play.
Yet I know as I gaze at my young love beside me,
The morning is just a few hours away.

 

Voici l'un des premiers titres de Paul Simon, avec une mélodie suave que mettent magnifiquement en valeur les voix de Paul Simon et Art Garfunkel. Le souvenir est parfois le seul bien que l'on puisse conserver, comme le même auteur le dit avec une délicatesse sublime dans "Book ends"  

 

Mercredi, 3 heures du matin

J’entends la respiration de la fille que j’aime
Assoupie à mes côtés en cette nuit blême.
Sur l’oreiller ses cheveux flottent comme un brouillard
Reflétant la lune en un rayon blafard.

Sa douceur, sa chaleur n’atténuent pas mon chagrin
Devant le va-et-vient régulier de ses seins,
Car je sais que dès l’aurore il me faudra partir,
Cette nuit restera mon dernier souvenir.

Oh, qu’ai-je donc fait ? Je n’ai que remords !
Oui, j’ai enfreint la loi, j’ai commis un vol,
Pour vingt-cinq dollars et quelques pièces d’or
J’ai cambriolé un magasin d’alcool.

Ma vie semble irréelle, mon crime une illusion
La scène mal écrite d’un rôle que je dois jouer
Tandis que je regarde mon amour avec passion
Le matin, je sais, va bientôt arriver.

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

jeudi 27 novembre 2008

You Know Who I Am

I cannot follow you, my love,
You cannot follow me.
I am the distance you put between all of the moments that we will be.

You know who I am,
You've stared at the sun,
Well I am the one who loves
Changing from nothing to one.

Sometimes I need you naked,
Sometimes I need you wild,
I need you to carry my children in
And I need you to kill a child.

You know who I am,
You've stared at the sun,
Well I am the one who loves
Changing from nothing to one.

If you should ever track me down
I will surrender there
And I will leave with you one broken man
Whom I will teach you to repair.

You know who I am,
You've stared at the sun,
Well I am the one who loves
Changing from nothing to one.

I cannot follow you, my love,
You cannot follow me.
I am the distance you put between
All of the moments that we will be.

You know who I am,
You've stared at the sun,
Well I am the one who loves
Changing from nothing to one.

 

Léonard Cohen de retour sur scène, et de retour en France. Nous avons pu entendre sur les ondes quelques bribes de sa voix gutturale, et l'apercevoir, cheveux gris mais visage toujours aussi impénétrable, apparemment serein, esquissant même un sourire ! J'envie les parisiens qui ont pu participer à ces retrouvailles, et se laisser à nouveau emporter par ses mélodies envoutantes, un peu répétitives, comme une respiration lourde et lente qui ramène, à chaque expiration, des sentiments enfouis. Il était donc logique que, ce matin, une chanson de Léonard Cohen resurgisse, chanson dont la mélodie errait dans mon souvenir, accompagnée de quelques paroles égarées, sans que je sois capable de reconstituer le puzzle. C'est, une fois de plus, le travail de traduction qui m'a confronté à ce texte, hermétique, énigmatique comme le sont souvent ceux de Léonard Cohen. Paradoxalement, si de tels textes laissent toute latitude à l'auditeur de choisir sa propre lecture, sa propre interprétation (ce que j'appelle "l'auberge espagnole" de la compréhension), le traducteur se doit de "coller" de très près au texte, de peur d'en altérer le sens supposé (mais qui, tout au moins pour ce qui me concerne, lui échappe en grande partie), tout en s'attachant à respecter la métrique et la rime. Voici donc ma tentative de traduction. 

 

Tu sais qui je suis

Je ne peux pas te suivre, amour
Tu ne peux pas me suivre.
Je suis la distance que tu mets entre tous les moments de nos êtres

Tu sais qui je suis,
Tu as regardé l’astre.
Je suis celui qui aime
Changer du néant à l’être.

Parfois, je te veux nue
Parfois, je te veux crue.
Je te veux pour porter tous mes enfants
Et te veux pour que tu en tues.

Tu sais qui je suis,
Tu as regardé l’astre.
Je suis celui qui aime
Changer du néant à l’être.

Si jamais tu dois me traquer,
Là, je me soumettrai,
Et te laisserai avec un homme brisé
Pour t’apprendre à le réparer.

Tu sais qui je suis,
Tu as regardé l’astre.
Je suis celui qui aime
Changer du néant à l’être.

Je ne peux pas te suivre, amour
Tu ne peux pas me suivre.
Je suis la distance que tu mets entre tous les moments de nos êtres

Tu sais qui je suis,
Tu as regardé l’astre.
Je suis celui qui aime
Changer du néant à l’être

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

mercredi 26 novembre 2008

Peggy-O

As we rode out to Fennario
As we rode out to Fennario
Our captain fell in love
With a lady like a dove
And he called her by name pretty Peggy-O

Will you marry me, pretty Peggy-O
Will you marry me, pretty Peggy-O
If you will marry me,
I will set your cities free
And free all the ladies in the area-O

I would marry you, sweet William-O
I would marry you, sweet William-O
I would marry you,
But your guineas are too few (note 2)
And I fear my mama would be angry-O

What would your mama think, pretty Peggy-O
What would your mama think, pretty Peggy-O
What would your mama think
If she heard my guineas clink
And saw me marching at the head of my soldiers-O

If ever I return, pretty Peggy-O
If ever I return, pretty Peggy-O
If ever I return,
All your cities I will burn
Destroy all the ladies in the area-O

Come stepping down the stairs, pretty Peggy-O
Come stepping down the stairs, pretty Peggy-O
Come stepping down the stairs,
Combing back your yellow hair
And bid a last farewell to young William-O

Sweet William he is dead, pretty Peggy-O
Sweet William he is dead, pretty Peggy-O
Sweet William he is dead,
And he died for a maid
And he's buried in the Louisiana country-O

As we rode out to Fennario
As we rode out to Fennario
Our captain fell in love
With a lady like a dove
And he called her by name pretty Peggy-O

 

Une ballade traditionnelle, divinement chantée par Paul Simon et Art Garfunkel, mais aussi, depuis le début des années 70, par Jerry Garcia, des "Grateful Dead", puis par Bob Dylan. On y trouve, comme dans "Scarborough Fair", le contraste entre une mélodie suave et un thème sombre, celui de l'amour contrarié ou détruit par la guerre. La version chantée par Simon et Garfunkel est plus brève et moins explicite que celle de Jerry Garcia, tandis que l'adaptation des Compagnons de la Chanson (dont je n'ai découvert l'existence qu'après avoir rédigé ma traduction) est plus libre, mais aussi plus didactique, mettant en scène la guerre de sécession et le drame (digne des Horace et des Curiace) qui en résulte.  

 

Peggy-O

Quand nous marchions sur Fennario
Quand nous marchions sur Fennario
Le chef offrit son cœur
A une fille belle comme une fleur
Et il l’appelait jolie Peggy-O

Me veux-tu en mariage, jolie Peggy-O ?
Me veux-tu en mariage, jolie Peggy-O ?
Si tu’mveux en mariage,
Je libèrerai ton village
Et toutes les jolies dames du voisinage.

Je t’épouserais, mon cher et gentil Guillaume
Je t’épouserais, mon cher et gentil Guillaume
Je t’épouserais, mon cher,
Mais ta solde est trop légère
Et je crains que ma mère ne soit en colère.

Que penserait ta maman, jolie Peggy-O
Que penserait ta maman, jolie Peggy-O
Que penserait ta maman
Si elle voyait mon argent,
Et me voyait marchant devant mon armée-O

Si j’étais de retour, jolie Peggy-O
Si j’étais de retour, jolie Peggy-O
Si j’étais de retour
Je brûlerais tout alentour
Détruisant tous les amours dans le pays-O

Descend l’escalier d’un bond, jolie Peggy-O
Descend l’escalier d’un bond, jolie Peggy-O
Descend l’escalier d’un bond
En coiffant tes cheveux blonds
Dire un dernier adieu au gentil Guillaume

Guillaume a rendu l’âme, jolie Peggy-O
Guillaume a rendu l’âme, jolie Peggy-O
Guillaume a rendu l’âme
Mort pour l’amour d’une dame,
Et il est enterré dans le Louisiana-O

Quand nous marchions sur Fennario
Quand nous marchions sur Fennario
Le chef offrit son cœur
A une fille belle comme une fleur
Et il l’appelait jolie Peggy-O

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

mardi 25 novembre 2008

I Won't Back Down

Well I won't back down,
No I won't back down
You can stand me up
At the gates of hell
But I won't back down

Gonna stand my ground,
Won't be turned around
And I'll keep this world from draggin' me down
Gonna stand my ground
And I won't back down

[Hey baby, there ain't no easy way out
Hey I will stand my ground
And I won't back down

Well I know what's right,
I got just one life
In a world that keeps on pushin' me around
But I stand my ground
And I won't back down

Hey baby, there ain't no easy way out
Hey I will stand my ground
And I won't back down
No I won't back down.

 

Cette chanson de Tom Petty a été aussi chantée de façon remarquablement efficace par Johnny Cash, dont la voix grave et rauque exprime parfaitement le tempérament buté de celui qui fait face à la terre entière, liguée contre lui. Le rythme très heurté de cette chanson "colle" particulièrement bien au texte. Le contexte n'étant pas explicitement décrit, chacun peut adapter cette chanson à son humeur et aux circonstances... Par exemple, ce peut être le discours adressé par le malade à sa maladie. 

Je l'ai souvent entendue s'adresser ainsi au "crabe" qui la ronge. Sa résilience inouïe étonne tous ceux qui la connaissent. Je sais que le doute l'assaille; je connais la cause (principale) de ses insomnies, puisqu'elle contribue aussi aux miennes; je sais aussi comment elle s'attache aux petits signes positifs pour construire sa résistance et sa contre-attaque. 

A plusieurs reprises, j'ai cru voir arriver la fin, mais l'ennemi a été, encore une fois, repoussé. Nous avons appris ainsi, tous deux, à vivre dans le présent, car "on ne vit qu'une fois", et ce sont les petites batailles du quotidien qui déterminent l'issue du conflit.  

 

Je ne cèderai pas

Je ne cèderai pas,
Non, je n’cèderai pas.
Même face à l’enfer,
Je n’te laisserai pas faire,
Et je n’cèderai pas.

Non, je ne lâcherai pas
N’me laisserai pas faire
On ne pourra pas me jeter à terre
Je ne lâcherai pas
Et je n’cèderai pas.

Hé, poupée, il n’y a pas d’issue facile.
Hé, je ne lâcherai pas,
Et je ne cèderai pas.

Je connais mes droits ;
On ne vit qu’une fois.
Si la terre entière s’en prenait à moi,
Je ne lâcherai pas,
Et je n’cèderai pas.

Hé, poupée, il n’y a pas d’issue facile.
Hé, je ne lâcherai pas,
Et je n’ cèderai pas.
Non, je n’cèderai pas !

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

lundi 24 novembre 2008

Where Do The Children Play?

Well I think it's fine,
Building jumbo planes.
Or taking a ride
On a cosmic train.
Switch on summer
From a slot machine.
Get what you want to if you want,
'cause you can get anything.

I know we've come a long way,
We're changing day to day,
But tell me, where do the children play?

Well you roll on roads
Over fresh green grass.
For your lorryloads
Pumping petrol gas.
And you make them long,
And you make them tough.
But they just go on and on,
And it seems you can't get off.

Oh, I know we've come a long way,
We're changing day to day,
But tell me, where do the children play?

When you crack the sky,
Scrapers fill the air.
Will you keep on building higher
'til there's no more room up there?
Will you make us laugh,
Will you make us cry?
Will you tell us when to live,
Will you tell us when to die?

I know we've come a long way,
We're changing day to day,
But tell me, where do the children play?

 

Ce lundi matin commence sur cette question posée avec insistance par Cat Stevens, bien longtemps avant que l'écologie ne devienne une préoccupation commercialisable ! Quel monde allons-nous léguer à nos enfants ? Nous avons vu survenir, au cours des quelques décennies que nous avons vécu, tant de "progrès": la conquête de l'espace, la télévision, les ordinateurs, les téléphones portables... Nos parents et grands-parents ont vu apparaître l'automobile, l'aviation... et les matières plastiques... 

Vivons-nous mieux ? 

Ne subissons-nous pas, jour après jour, une pression toujours plus forte ? 

Ne connaissons-nous pas un climat social de plus en plus tendu ? Les inégalités ne se sont-elles pas accentuées ? 

La haine et la défiance n'ont-elles pas envahi nos sociétés ? Nos enfants n'ont-ils pas, déjà, plus de difficulté à trouver du travail ? 

Les vrais progrès de notre supposée civilisation (1) ne sont-ils pas en danger ? 

         Sursum Corda ! 

        Haut les coeurs ! 

Comme disait mon aïeul, lorsque le temps tournait à l'orage. 

Une longue semaine de travail commence; ce n'est pas le moment de flancher.  

 

Où vont jouer les Enfants ?

C’est bien d’inventer
Des avions géants,
D’aller en fusée
Dans le firmament,
Commander l’été
Par correspondance ;
Servez-vous à volonté :
Tout est en abondance.

Je sais qu’il faut progresser,
Jour après jour évoluer ;
Mais dites-moi : où les enfants vont jouer ?

Vos routes engloutissent
Les vertes prairies,
Vos camions nourrissent
Leur pétrolâtrie, (2)
Et, toujours plus loin,
En béton armé,
Vos routes continuent sans fin,
Et ne s’arrêtent jamais.

Oh, je sais qu’il faut progresser,
Jour après jour évoluer ;
Mais dites-moi : où les enfants vont jouer ?

Et vos bâtiments
Éventrant l’espace
Seront-ils de plus en plus grands
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place ?
Nous ferez-vous geindre ?
Nous ferez-vous rire ?
Nous direz-vous quand vivre ?
Nous direz-vous quand mourir

Je sais qu’il faut progresser,
Jour après jour évoluer ;
Mais dites-moi : où les enfants vont jouer ?

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

(1) La protection sociale et l'éducation, par exemple.
(2) Idolâtrie + Pétrole - Je ne suis pas trop mécontent de ce petit néologisme.

dimanche 23 novembre 2008

25 minutes to go

Well they're building a gallows outside my cell
I've got 25 minutes to go
And the whole town's waitin' just to hear me yell
I've got 24 minutes to go
Well they gave me some beans for my last meal
I've got 23 minutes to go
But nobody asked me how I feel
I've got 22 minutes to go
Well I sent for the governor and the whole darn bunch
With 21 minutes to go
And I sent for the mayor but he's out to lunch
I've got 20 more minutes to go
Then the sheriff said boy I gonna watch you die
Got 19 minutes to go
So I laughed in his face and I spit in his eye
Got 18 minutes to go
Now hear comes the preacher for me to save my soul
With 13 minutes to go
And he's talking bout' burnin' but I'm so cold
I've 12 more minutes to go
Now they're testin' the trap and it chills my spine
Eleven more minutes to go
And the trap and the rope aw they work just fine
Got 10 more minutes to go
Well I'm waitin' on the pardon that'll set me free
With 9 more minutes to go
But this is for real so forget about me
Got 8 more minutes to go
With my feet on the trap and my head on the noose
Got 5 more minutes to go
Won't somebody come and cut me loose
With 4 more minutes to go
I can see the mountains I can see the skies
With 3 more minutes to go
And it's too darn pretty for a man that don't wanna die
Two more minutes to go
I can see the buzzards I can hear the crows
One more minute to go
And now I'm swingin' and here I go-o-o-o-o-o-o-o-o-o!

 

J'ai longtemps hésité à traduire cette chanson, tant elle me paraissait terrible, et je craignais qu'il y figure une certaine complaisance, exploitant la fascination de la "populace" pour la souffrance (des autres). Entre le mauvais goût et le sadisme de groupe, le risque est grand, en effet, d'attiser la haine est montrant en spectacle la barbarie drapée des oripeaux de la justice. 

Récemment, un "petit scandale" a défrayé la chronique en France, lorsque des forains ont voulu présenter une attraction importée des U.S.A. montrant, avec un réalisme inouï, un condamné vivant ses derniers instants sur la chaise électrique. 

Pourtant, j'ai découvert cette chanson de Shel Silverstein (très connu pour ses ouvrages destinés aux enfants) dans le répertoire de Johnny Cash, et appris qu'il l'avait chantée à la prison de Folsom. J'ai peine à imaginer l'état d'esprit des condamnés entendant le décompte fatidique des minutes restant à vivre. Les prisonniers, paraît-il, ont poussé des hourras lorsque Johnny a chanté les vers évoquant l'attitude du shérif ("Je viens te voir mourir") et la réponse du condamné ("Je lui ai craché au visage"). 

On peut en être choqué, mais cette attitude n'est que la réponse logique à celle des bourreaux (et j'appelle bourreaux ceux qui approuvent ou laissent faire l'exécution, pas seulement ceux qui la réalisent) : abaisser, mépriser, provoquer la haine pour pouvoir haïr en retour et justifier ainsi le crime qu'est l'exécution capitale. 

 Le thème de la prison, de la condamnation à mort, de l'exécution, est très présent dans le répertoire de Johnny Cash, que ce soit dans ses propres chansons ou celles qu'il emprunte à d'autres auteurs ("The Mercy Seat" en est un exemple majeur), et on sent bien qu'il se met à la place du condamné. Dans ce rôle, Johnny Cash ne se dérobe pas à ses responsabilités et plaide généralement coupable, mais il montre l'inhumanité de la peine et l'hypocrisie de ceux qui la prononcent, mieux que ne peuvent le faire tous les discours. 

J'arrête donc ici le mien, et propose ma tentative de traduction :  

 

25 Minutes à Vivre

Bon, devant ma cellule, ils dressent un gibet.
Plus que vingt-cinq minutes à vivre.
Tout’ la ville attend pour m’entendre hurler.
Plus que vingt-quatre minutes à vivre.
J’ai mangé des pois pour mon dernier repas.
Plus que vingt-trois minutes à vivre.
Personne ne me demande si ça va.
Plus que vingt-deux minutes à vivre.
J’ai écrit au gouverneur et aux autres imbéciles,
Avec vingt-et-une minutes à vivre.
Et j’ai fait mander le maire, mais il dîne en ville.
Plus que vingt minutes à vivre.
Et puis le shérif m’a dit "Je viens te voir mourir".
J’ai dix-neuf minutes à vivre.
J’ai craché à sa face et fait semblant de rire.
J’ai dix-huit minutes à vivre.
Maintenant le curé voudrait sauver mon âme,
Avec treize minutes à vivre.
J’ai froid dans le dos quand il parle de flammes,
Plus que douze minutes à vivre.
Ils testent la trappe, ça me glace le sang.
Plus que onze minutes à vivre.
La trappe et la corde sont prêts et menaçants.
Plus que dix minutes à vivre.
Et moi j’attends la grâce qui me libèrerait.
Plus que neuf minutes à vivre.
Mais, oubliez-moi, tout ça c’est pour de vrai.
Plus que huit minutes à vivre.
La corde autour du cou et la trappe sous les pieds.
Plus que cinq minutes à vivre.
Toujours personne pour me délier ?
Avec quatre minutes à vivre.
Je peux voir les montagnes, je peux voir le jour.
Avec trois minutes à vivre.
Et c’est bien trop beau pour un homme qui n’veut pas crever.
Et deux minutes à vivre.
J’entends les corbeaux, je peux voir les vautours.
Plus qu’une minute à vivre.
Maintenant je bascule et m’en vais... ais ais ais ais…

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

samedi 22 novembre 2008

Homeward Bound

I'm sitting in the railway station.
Got a ticket to my destination.
On a tour of one-night stands
My suitcase and guitar in hand.
And ev'ry stop is neatly planned
For a poet and a one-man band.
Homeward bound,
I wish I was,
Homeward bound,
Home where my thought's escaping,
Home where my music's playing,
Home where my love lies waiting
Silently for me.

Ev'ry day's an endless stream
Of cigarettes and magazines.
And each town looks the same to me,
The movies and the factories
And ev'ry stranger's face I see
Reminds me that I long to be,
Homeward bound,
I wish I was,
Homeward bound,
Home where my thought's escaping,
Home where my music's playing,
Home where my love lies waiting
Silently for me.

Tonight I'll sing my songs again,
I'll play the game and pretend.
But all my words come back to me
In shades of mediocrity
Like emptiness in harmony
I need someone to comfort me.
Homeward bound,
I wish I was,
Homeward bound,
Home where my thought's escaping,
Home where my music's playing,
Home where my love lies waiting
Silently for me.
Silently for me.

 

Paul Simon exprime ici, avec une extraordinaire force d'évocation, la solitude et la nostalgie du voyageur. Le personnage de la chanson n'est autre qu'un chanteur qui court le cachet, de ville en ville, et l'on ne peut s'empêcher de penser à "la pierre qui roule toujours" qui a fait sortir de l'ombre Johnny Hallyday, où au "Je m'voyais déjà" de Charles Aznavour. Cependant, les sentiments que décrit ici Paul Simon, avec tant de délicatesse et de pudeur, pourraient tout aussi bien être ceux du visiteur de commerce, de l'ouvrier immigré, ou du réfugié. Il n'est parfois pas même nécessaire d'être loin de chez soi pour ressentir cette étrange impression, cette envie de revenir en quelque lieu ou quelque temps auquel on appartiendrait, ou qui nous appartiendrait : - le cocon familial, ou le cercle des amis, ou le pays où l'on entend la langue que l'on comprend; - le temps de l'insouciance, de la quiétude, de l'affection... 

 

Au Foyer

Valise au pied, mon billet en main,
Ma guitare dans mon dos, j’attends le train
Pour une tournée bien réglée
Aux étapes d’une seule soirée
Où je devrai faire aussi bien
Le poète et le musicien.
Au foyer
Je veux rentrer !
Au foyer,
Là, où ma pensée s’enfuit,
Là, où ma musique naquit,
Là, où mon amour languit
Silencieusement.

Les jours sont interminables
De cigarette en magazine ;
Et toutes les villes sont semblables :
Des cinémas et des usines,
Et chaque étranger que je vois
Me dit que je n’suis pas chez moi.
Au foyer
Je veux rentrer !
Au foyer,
Là, où ma pensée s’enfuit,
Là, où ma musique naquit,
Là, où mon amour languit
Silencieusement.

Ce soir, je chanterai encore,
Jouerai mon rôle dans un décor,
Mais tous mes mots vont me heurter
Comme teintés de médiocrité,
L’harmonie dans la vacuité…
Je voudrais être réconforté.
Au foyer
Je veux rentrer !
Au foyer,
Là, où ma pensée s’enfuit,
Là, où ma musique naquit,
Là, où mon amour languit
Silencieusement.
Silencieusement


(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

vendredi 21 novembre 2008

Moonshadow

Oh, I'm bein' followed by a moonshadow, moonshadow, moonshadow
Leapin and hoppin' on a moonshadow, moonshadow, moonshadow

And if I ever lose my hands,
Lose my plough, lose my land,
Oh if I ever lose my hands,
Oh if....
I won't have to work no more.
And if I ever lose my eyes,
If my colours all run dry,
Yes if I ever lose my eyes,
Oh if....
I won't have to cry no more.

And if I ever lose my legs,
I won't moan, and I won't beg,
Yes if I ever lose my legs,
Oh if....
I won't have to walk no more.
And if I ever lose my mouth,
All my teeth, north and south,
Yes if I ever lose my mouth,
Oh if....
I won't have to talk...

Did it take long to find me?
I asked the faithful light.
Did it take long to find me?
And are you gonna stay the night?


Revoilà Cat Stevens, avec une chanson mystérieuse et envoutante, servie par une mélodie très enlevée, sur laquelle sa voix, en effet, saute et bondit avec une vigueur bouillonnante, révélant une âme volcanique. J'ai toujours été impressionné par le perfectionnisme de Cat Stevens, par la qualité de ses arrangements comme par la précision de l'adéquation entre la mélodie et le texte, le tout dégageant une force à peine contenue, presque violente. Ses chansons m'ont captivé, fasciné, bien avant que je sois en mesure d'en comprendre le sens (et je ne suis toujours pas sûr de l'avoir bien compris). Chaque écoute est pour moi une nouvelle découverte, et une source d'ébahissement !  

Rai de Lune

Oh, je suis poursuivi par un rai de lune, rai de lune, rai de lune,
Sautant, bondissant sur un rai de lune, rai de lune, rai de lune.

Et si jamais je perds mes mains,
Ma charrue, et mon lopin,
Et si jamais je perds mes mains,
Oh si…
Je ne pourrai faire plus rien
Et si jamais je perds la vue,
Si mes couleurs ont disparu,
Et si jamais je perds la vue
Oh si…
Pleurer je ne pourrai plus

Et si jamais je perds mes pieds,
Je n’vais pas geindre ni quémander,
Et si jamais je perds mes pieds,
Oh si…
Je n’aurai plus à marcher
Et si jamais mes dents tombaient
De ma bouche, à mes pieds
Et si jamais mes dents tombaient
Oh si…
Je resterai muet

M’auras-tu cherché longtemps,
Toi qui fidèlement luis ?
M’auras-tu cherché longtemps ?
Et resteras-tu pour la nuit ?

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)


jeudi 20 novembre 2008

I Guess Things Happen That Way

You ask me if I'll forget my baby,
I guess I will, someday,
I don't like it but I guess things happen that way,

You ask me if I'll get along,
I guess I will, someway,
I don't like it but I guess things happen that way,

God gave me that girl to lean on,
Then he put me on my own,
Heaven help me be a man,
Have the strength to stand alone,
I don't like it but I guess things happen that way,

You ask me if I'll miss her kisses,
I guess I will, everyday,
I don't like it but I guess things happen that way,

You ask me if I'll find another,
I don't know, I can't say,
I don't like it but I guess things happen that way,

I don't like it but I guess things happen that way.


Une "petite" chanson en prime, ce matin, sous forme de QCM : ce texte désabusé ou résigné, de Johnny Cash (une mine quasi inépuisable pour moi !), sur le thème de la séparation. "Ça se passe sans doute comme ça" - c'est, à peu de choses près, ce que l'on peut tenter d'expliquer à un adolescent "détruit" par son premier chagrin d'amour, ou un époux frappé par le deuil. Le "sans doute" est alors remplacé par un "toujours", qui n'emporte pas plus la conviction, tant les expériences de la vie nous paraissent uniques quand nous les vivons... pour la première fois. Lorsque, avec le poids des années et de l'expérience (c'est à dire de l'accumulation des erreurs et des souffrances), nous considérons les étapes passées de notre vie, nous ne pouvons en effet que constater que "tout passe", et que, d'une façon ou d'une autre, nous avons pu dépasser, sinon surmonter, les épreuves. Nous nous trouvons alors devant un dilemme : - Accepter de tout relativiser, et souffrir moins, mais renoncer au sel de la vie - Ou préserver la vigueur de nos sentiments, et accepter l'acuité de la souffrance La troisième voie, celle de la sagesse et de la sérénité, si bien décrite dans "Song for the Life", de Rodney Crowell, ne nous est malheureusement pas toujours ouverte ! 

Ça doit se passer comme ça

Est-ce que j’oublierai mon amour ?
Je le suppose, un jour.
Je n’aime pas ça mais ça doit s' passer comme ça.

Est-ce que je pourrai m’en tirer ?
Je le suppose, je verrai.
Je n’aime pas ça mais ça doit s' passer comme ça.

Dieu m’offrit cette fille pour m’aider
Puis il me l’a retirée
Qu’il m’aide à compter sur moi
Comme un homme et rester droit
Je n’aime pas ça mais ça doit s' passer comme ça.

Est-ce que ses baisers vont me manquer ?
Je le suppose, sans arrêt.
Je n’aime pas ça mais ça doit s' passer comme ça.

Est-ce qu’un jour une autre m’aimera ?
J’ n’en sais rien, sans doute pas.
Je n’aime pas ça mais ça doit s' passer comme ça.

Je n’aime pas ça mais ça doit s' passer comme ça.

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)


Green, Green Grass Of Home

The old home town looks the same,
As I step down from the train,
And there to meet me is my mama and my papa.
Down the road I look, and there runs Mary,
Hair of gold and lips like cherries.
It's good to touch the green, green grass of home.

The old house is still standing,
Though the paint is cracked and dry,
And there's the old oak tree that I used to play on.
Down the lane I walk with my sweet Mary,
Hair of gold and lips like cherries.
It's good to touch the green, green grass of home.

Yes, they'll all come to see me,
Arms reaching, smiling sweetly.
It's good to touch the green, green grass of home.

Then I awake and look around me,
To the four gray walls that surround me,
And I realize that I was only dreaming.
For there's a guard, and there's a sad old padre,
Arm in arm, we'll walk at daybreak.
Again, I'll touch the green, green grass of home.

Yes, they'll all come to see me
In the shade of the old oak tree,
As they lay me 'neath the green, green grass of home.

La chanson de Claude "Curly" Putman Jr a été rendue célèbre par des "grands" noms du Country comme Porter Wagoner, Bobby Bare, Jerry Lee Lewis, Tom Jones, Kenny Rogers, mais aussi Elvis Presley et Joan Baez, sans oublier la version particulièrement réussie de Johnny Cash. On y retrouve le thème de la peine de mort, particulièrement présent dans le répertoire de Johnny Cash, qui se place souvent, dans ses propres textes ou ceux qu'il emprunte à d'autres auteurs (ex. "25 minutes to go" ou "The Mercy Seat"), dans la peau du condamné à mort. Un des dénominateurs communs à tous ces chansons est que Johnny Cash ne semble pas contester les torts du condamné (en général, il "plaide coupable"), mais il met en relief la cruauté et l'inhumanité de la peine, quels que soient les crimes commis : c'est une façon de mettre les bourreaux et leurs commanditaires devant leur responsabilité. Ces chansons sont, pour la plupart, chargées d'une très forte émotion, et on imagine l'écho qu'elles ont pu avoir lorsqu'il les a (pour certaines, tout au moins) chantées à la prison de Folsom devant des prisonniers !

Nos vertes prairies

Ma vieille ville n’a pas changé
Quand je descends sur le quai
Où sont venus pour m’accueillir maman et papa
Et je vois Marie s’avancer vers moi
Cheveux d’or, et lèvres incarnat
C’est bon de revoir nos vertes prairies

La maison tient debout,
Peintures un peu écaillées ;
Et voici le vieux chêne auquel j’ai tant grimpé
Je descends l’allée, Marie à mon bras
Cheveux d’or, et lèvres incarnat
C’est bon de revoir nos vertes prairies

Ils sont tous venus m’accueillir
Bras tendus, gentils sourires
C’est bon de revoir nos vertes prairies

Puis je m’éveille et je vois
Les murs gris autour de moi,
Alors, je comprends que je n’ai fait que rêver :
Car je vois un garde et un vieux curé
A l’aurore, nous irons fouler
Pour une dernière fois nos vertes prairies

Oui, ils viendront m’accueillir
Au pied du chêne m’ensevelir
Six pieds sous l’herbe de nos vertes prairies

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)


NB : Désolé - Je n'ai pas été en mesure, jusqu'ici, de restituer en français l’allitération de "Green, Green Grass" qui constitue, en quelque sorte, la signature de cette chanson. Je m'en suis donc tenu au respect du thème et du sentiment. Merci à ceux qui pourraient m'aider à faire progresser ce texte. PS: J'ai découvert par hasard ce matin que Frank Michael en a chanté une sympathique adaptation française, qui omet cependant l'essentiel de la chute, à savoir l'imminence de l'exécution capitale. Frank Michael ménage son public !

mardi 18 novembre 2008

Memories Are Made Of This

Take one fresh and tender kiss
Add one stolen night of bliss
One girl, one boy,
Some grief, some joy
Memories are made of this.

Don't forget a small moonbeam
Fold it lightly with a dream
Your lips and mine
To sip the wine
Memories are made of this

Then at the wedding bells
One house where lovers dwell
Three little kids for the flavor
Stir carefully through the day
See how the flavor stays
These are the dreams that we must savor

With His blessings from above
Serve it generously with love
One man, one wife,
One love for life
Memories are made of this

 

Encore un grand succès, déjà bien vieux (1955), mais toujours vert : la recette de cuisine, écrite par Terry Gilkyson, Richard Dehr, and Frank Miller et reprise par de très nombreux artistes, dont, en premier lieu Dean Martin, et, quarante ans plus tard, Johnny Cash (dont j'ai traduit ci-dessous la version) reste un petit chef d’œuvre de tendresse nostalgique sur un plat humoristique.

 

La Recette des Souvenirs

Prenez de tendres baisers,
Une nuit improvisée,
Une fille, un gars,
Des peines, des joies :
La recette des souvenirs

Ajoutez une lune de miel
Coupée de rêves et de ciel
Nos lèvres se joignent
Dans le champagne
La recette des souvenirs

Puis, à l’heure du carillon
Des noces, mettez une maison
Trois p’tits bébés pour décorer.
Un jour entier, mijotez,
Remuez, et puis goûtez
Ces sont des rêves qu’il faut savourer

Servez, béni par le ciel,
Nappé d’amour et de miel ;
Femme et mari
L’amour d’une vie :
La recette des souvenirs

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)


lundi 17 novembre 2008

Redemption


From the hands it came down
From the side it came down
From the feet it came down
And ran to the ground
Between heaven and hell
A teardrop fell
In the deep crimson dew
The tree of life grew

And the blood gave life
To the branches of the tree
And the blood was the price
That set the captives free
And the numbers that came
Through the fire and the flood
Clung to the tree
And were redeemed by the blood

From the tree streamed a light
That started the fight
'Round the tree grew a vine
On whose fruit I could dine
My old friend Lucifer came
Fought to keep me in chains
But I saw through the tricks
Of six-sixty-six

And the blood gave life
To the branches of the tree
And the blood was the price
That set the captives free
And the numbers that came
Through the fire and the flood
Clung to the tree
And were redeemed by the blood

From his hands it came down
From his side it came down
From his feet it came down
And ran to the ground
And a small inner voice Said
"You do have a choice."
The vine engrafted me
And I clung to the tree







Cette chanson, adaptée par Johnny Cash et Joe Strummer sur une thème musical de Bob Marley, est très représentative de l'évolution mystique de Johnny Cash, dans les dernières années de sa carrière - et de sa vie.


Elle fut aussi pour lui une façon d'écrire ses mémoires, en quelques strophes répétitives, au rythme heurté. L'effet qui s'en dégage (même pour un agnostique immunisé) est très fort.
Arrivé au terme d'un parcours personnel parfois chaotique, semé de drames et de violence(s), Johnny Cash "revint" à la religion dans laquelle il avait été élevé, et la perte de son épouse June rendit sa foi encore plus urgente.

Toute la force de sa conviction, mais aussi de ses doutes, se trouve dans ces quelques lignes très incantatoires.

J'ai constaté plusieurs fois cette évolution chez des personnes proches, lorsqu'elles sentaient, confusément, la mort rôder autour d'elles. Combien de fois les ais-je entendu répéter leurs "certitudes" théologiques et religieuses, avec des mots sans équivoque apparente, mais une voix dont les accents trahissaient - me semble-t-il - l'angoisse du doute.




Rédemption

De ses mains il jaillit
De son flanc il jaillit
De ses pieds il jaillit
Et au sol s’épandit
Entre ciel et enfer
Des larmes tombèrent
Dans les herbes rougies
Poussa l’arbre de vie

Et le sang donna vie
À l’arbre qui surgit
Ce sang fut la rançon
De la libération
Des captifs qui, nombreux
Traversèrent eau et feu
À l’arbre se tenant
Et furent sauvés par le sang
L’arbre émit la lumière
Qui déclencha la guerre
La vigne grimpant sur lui
Me nourrit de ses fruits
Quand mon vieux Lucifer
Voulut me mettre aux fers
J’ai deviné ses pièges
Et ses sortilèges

Et le sang donna vie
À l’arbre qui surgit
Ce sang fut la rançon
De la libération
Des captifs qui, nombreux
Traversèrent eau et feu
A l’arbre se tenant
Et furent sauvés par le sang

De ses mains il jaillit
De son flanc il jaillit
De ses pieds il jaillit
Et au sol s’épandit
Et tout au fond de moi
J’entendis une voix
Me dire « Tu as le choix »
La vigne me retint
À l’arbre je me tins

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)


dimanche 16 novembre 2008

Would You Lay With Me (In A Field Of Stone)

A première vue, ce texte de David Allan Coe, popularisé par Tanya Tucker se présente un peu comme un questionnaire administratif, auquel il ne manquerait que des cases à cocher : me suivrais-tu si ceci, si cela... Ce fut pourtant un immense succès, repris par plusieurs artistes dont Johnny Cash. Cette docimologie de l'amour par tests successifs est une forme de réponse à "Flesh and Blood" : la passion a ses exigences, mais l'amour n'est pas gratuit !


Me rejoindrais-tu (sur un lit de pierre)

Me rejoindrais-tu sur un lit de pierre
Et t’étendrais-tu pour me satisfaire ?
Viendrais-tu mouiller mes lèvres asséchées
Au cœur de la nuit, ma soif étancher ?

Traverserais-tu vers d’autres pays
Un désert brûlant à des lieux d’ici ?
Essuierais-tu ma main ensanglantée
Si à toi je me donnais ?

Me baignerais-tu aux sources de vie ?
A la pleine lune, te baignerais-tu aussi ?
M’aimerais-tu encore si j’étais ruiné
Et dans les épreuves, abandonné ?

Traverserais-tu vers d’autres pays
Un désert brûlant à des lieux d’ici ?
Essuierais-tu ma main ensanglantée
Si à toi je me donnais ?

Me rejoindrais-tu sur un lit de pierre
Et t’étendrais-tu pour me satisfaire ?

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

Flesh and Blood

Beside a Singin' Mountain Stream
Where the Willow grew
Where the Silver Leaf of Maple
Sparkled in the Mornin' Dew
I braided Twigs of Willows
Made a String of Buckeye Beads;
But Flesh And Blood need Flesh And Blood
And you're the one I need
Flesh And Blood need Flesh And Blood
And you're the one I need.

I leaned against a Bark of Birch
And I breathed the Honey Dew
I saw a North-bound Flock of Geese
Against a Sky of Baby Blue
Beside the Lily Pads
I carved a Whistle from a Reed;
Mother Nature's quite a Lady
But you're the one I need
Flesh And Blood need Flesh And Blood
And you're the one I need.

A Cardinal sang just for me
And I thanked him for the Song
Then the Sun went slowly down the West
And I had to move along
These were some of the things
On which my Mind and Spirit feed;
But Flesh And Blood need Flesh And Blood
And you're the one I need
Flesh And Blood need Flesh And Blood
And you're the one I need.

So when this Day was ended
I was still not satisfied
For I knew ev'rything I touched
Would wither and would die
And Love is all that will remain
And grow from all these Seed

Mother Nature's quite a Lady
But you're the one I need
Flesh And Blood need Flesh And Blood
And you're the one I need.


Un jeu de contrastes caractéristique de Johnny Cash, confrontant une promenade bucolique aux exigences de la passion et de la chair : cette chanson résume parfaitement l'un des principaux dilemmes de la vie. Si l'on peut vivre "d'amour et d'eau fraîche", et si l'amour lui-même peut se nourrir de poésie, il reste difficile d'échapper à la tyrannie de la chair, et feindre de l'ignorer est à la source de bien des erreurs et des drames. L'amour platonique est-il un mythe ou une perversion ?  

Chair et Sang

Au bord d’un ruisseau chantonnant
Sous un saule pleurant
Où brillaient des feuilles d’érable
Dans la rosée matinale
J’ai fait de saule un panier
Et de pavier un collier
Mais sang et chair veulent sang et chair
Et tu es celle que j’attends
Sang et chair veulent sang et chair
Et tu es celle que j’attends

Au tronc d’un bouleau adossé
J’ai humé des senteurs de miel
J’ai vu un vol d’oies s’avancer
Vers le nord au plus bleu des ciels
À côté des lys d’eau
J’ai fait un sifflet de roseau
Mère Nature est une grande dame
Mais tu es celle que j’attends
Sang et chair veulent sang et chair
Et tu es celle que j’attends

Un passereau m’offrit son chant
Je lui dis merci pour l’aubade
Le soleil descendit au couchant
Je repris ma promenade
Et tous ces petits riens
Furent pour mon âme un festin
Mais sang et chair veulent sang et chair
Et tu es celle que j’attends
Sang et chair veulent sang et chair
Et tu es celle que j’attends

Quand le soleil s’est couché
Je restais encore frustré
Sachant que tout ce que je touchais
Un jour dépérirait
Et seul l’amour qui germerait
De ces graines resterait

Mère Nature est une grande dame
Mais tu es celle que j’attends
Sang et chair veulent sang et chair
Et tu es celle que j’attends

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)


vendredi 14 novembre 2008

Ruby

You've painted up your lips and rolled and curled your tinted hair.
Ruby, are you contemplating going out somewhere?
The shadow on the wall tells me, the sun is going down.
Oh, Ruby, don't take your love to town.

It wasn't me who started that old crazy Asian war,
but I was proud to go and do my patriotic choir.
And yes, it's true that I am not the man I used to be.
Oh, Ruby, I just need some company.

It's hard to love a man whose legs are bent and paralyzed.
And the wants and the needs of a woman your age, Ruby, I realize.
But it won't be long, I've heard them say, until I'm not around.
Oh, Ruby, don't take your love to town.

She's leaving now, 'cause I just heard the slamming of the door;
The way I know I've heard it slam a hundred times before.
If I could walk, I'd get my gun and put her in the ground.
Oh, Ruby, for Gods sake, turn around.



Un très grand classique, repris maintes fois par de multiples artistes ! "Ruby" (de Kenny Rogers) est le cri de désespoir d'un homme que ses forces (et ses jambes) ont abandonné, et que sa femme abandonne, jusqu'à lui donner de regrettables envie de meurtre ! Tant de romans, tant de poèmes, tant de chansons, ont évoqué comme le malheur suprême la perte de l'amour, considérant comme secondaire tout le reste, y compris la santé, la force, la richesse... sur le mode du "je suis prêt à tout perdre pour garder ton amour".
Le drame abordé ici est précisément celui de la perte de l'amour consécutive à la perte du "secondaire". C'est aussi la perte possible d'une grande illusion : peut-on être aimé pour son être profond, au delà des apparences et des richesses ? Combien d'amours sont mortes lorsque l'un des amant a perdu sa santé, sa richesse, sa beauté ?




Ruby

Tu as teint tes cheveux, rougi tes lèvres, mis sur tes joues du fard
Ruby, envisages-tu de sortir quelque part ?
Les ombres sur le mur me disent que c’est la fin du jour
Oh, Ruby, n’emporte pas ton amour

Ce n’est pas moi qui en Asie ai déclaré la guerre
Mais je suis fier d’y avoir fait mon devoir militaire
Et, oui, c’est vrai : l’homme que j’étais plus jamais ne serai
Oh, Ruby, j’ai besoin d’être entouré

C’est dur d’aimer un homme aux jambes inertes et déformées
Les besoins, les désirs d’une femme de ton âge je ne peux sous-estimer
Je sais qu’ils disent que je verrai bientôt mon dernier jour
Oh, Ruby, n’emporte pas ton amour

Je sais qu’elle part car je l’entends qui claque encore la porte
Comme je l’ai entendu claquer si souvent de la sorte
Si je pouvais marcher j’irai l’abattre de mes mains
Oh, Ruby, au nom du ciel, reviens

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

jeudi 13 novembre 2008

Solitary Man

Belinda was mine
'Til the time T
hat I found her
Holdin' Jim
And lovin' him
Then Sue came along,
Loved me strong,
That's what I thought
But me and Sue,
That died, too.

Don't know that I will
But until
I can find me
A girl who'll stay
And won't play
Games behind me
I'll be what I am
A solitary man
A solitary man

I've had it here
Being where
Love's a small word
A part time thing
A paper ring
I know it's been done
Havin' one
Girl who loves you
Right or wrong
Weak or strong

Don't know that I will
But until I can find me
A girl who'll stay
And won't play
Games behind me
I'll be what I am
A solitary man
A solitary man


Cette chanson a donné son titre à l'un des albums "tardifs" de Johnny Cash. On y retrouve, sur un ton amer, le thème classique du "cowboy solitaire". On peut se permettre, cependant, de poser la question qui gêne : Pourquoi ces échecs affectifs répétés ? Les torts sont-ils toujours du même côté ? Toutes les filles sont-elles frivoles et inconstantes ? Les échecs ne sont-ils pas, parfois, la conséquence d'un mauvais choix ou le résultat d'une attitude impropre à retenir leur cœur ? Mais une chanson n'est pas une dissertation ! Sur la forme, cette chanson est intéressante par la segmentation courte de son texte (un casse-tête pour la traduction !). La voix vieillissante, au timbre plus rauque que jamais, de Johnny Cash, lui donne une résonance particulière. Cette mélodie fait partie des "rengaines" qui intoxiquent : on se retrouve à la chantonner, encore et encore, au risque d'agacer prodigieusement l'entourage... 

Un Homme Solitaire

Belinda m’aimait
Puis je l’ai
Trouvée serrant
Son amant
Tendrement
Puis Sue arriva,
Et m’aima,
Je croyais ça
Elle et moi,
Ça ne dura pas

On ne sait jamais,
Mais tant qu’ j’ai
Pas pu trouver
Celle qui m’aimerait,
Sans tricher,
Je resterai
Seul sur la terre
Un homme solitaire
Un homme solitaire

Je sais ce que c’est
D’être aimé
Juste en passant
Rien qu’à mi-temps
Sans engagement
Une fille peut aimer,
Je le sais,
Sans vous lâcher
Raison ou tort
Faible ou fort

On ne sait jamais,
Mais tant qu’ j’ n’ai
Pas pu trouver
Celle qui m’aimerait,
Sans tricher,
Je resterai
Seul sur la terre
Un homme solitaire
Un homme solitaire

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)


mercredi 12 novembre 2008

Father and Son

It's not time to make a change
Just relax take it easy
You're still young that's your fault
There's so much you have to know
Find a girl settle down
If you want to you can marry
Look at me I am old but I'm happy

I was once like you are now
And I know that it's not easy
To be calm when you've found
Something going on
But take your time think a lot
Why think of everything you've got
For you will still be there tomorrow
But your dreams may not

How can I try to explain
When I do he turns away again
It's always been the same same old story
From the moment I could talk
I was ordered to listen now
There's a way and I know
That I have to go away
I know I have to go

It's not time to make a change
Just sit down take it slowly
You're still young that's your fault
There's so much you have to go through
Find a girl settle down
If you want you can marry
Look at me I am old but I'm happy

All the times that I've cried
Keeping all the things I knew inside
It's hard but it's harder to ignore it
If they were right I'd agree
But It's them they know not me now
There's a way and I know
That I have to go away
I know I have to go


Le fossé des générations abordé par Cat Stevens dans une chanson tout simplement splendide ! Tout est dit, sur une mélodie d'une violence (à peine) contenue, où la voix du chanteur descend d'une octave pour parler au nom du père, et remonte pour parler au nom du fils (ne comptez pas sur moi pour parler au nom du Saint-Esprit). Une fois de plus, Cat Stevens traite d'un sujet très classique, et propice aux banalités et au clichés, mais parvient à nous surprendre dans la forme comme dans le fond. Sans prendre véritablement parti, il évoque le départ comme l'issue - sinon la solution - naturelle à l'incompréhension entre les générations, mais l'on imagine bien que la chanson aurait pu se prolonger vers la génération suivante, si le registre vocal du chanteur avait été encore plus large ! Le travail de traduction m'amène à revenir sur mes propres difficultés, avec mon père, avec mes enfants... A vrai dire, l'idée de confier à mon père les secrets de mon âme ne m'est tout simplement jamais venue, non pas que j'ai pu jamais douter de son affection, mais parce que, sans doute, je pensais que cela ne l'intéressait pas ou, plus exactement, ne le regardait pas. Jamais je n'ai imaginé mon père dans un rôle de confident. Ce rôle était pour moi (et, me semble-t-il, pour tous mes nombreux frères et sœurs) dévolu à ma mère, bien que les confidences soient restées (tout au moins pour ce qui me concerne) très limités, indirectes, allégoriques... Pour autant, il me semblait que les messages les plus importants se passaient des mots, passaient au delà des mots. Du reste, notre éducation était si fortement imprégnée des règles et interdits de la religion que nous ne pouvions que garder par devers nous tout ce qui nous paraissait peu ou prou enfreindre les tabous ou transgresser d'une façon ou d'une autre le carcan moral qui nous était - indirectement - imposé. Dans mon rôle de père, j'ai probablement été ainsi conditionné, ne tentant jamais d'obtenir des confidences non spontanées de mes enfants, considérant que je n'avais aucun droit de regard sur leur vie privée, et que mon rôle était d'écouter ce qu'ils voulaient dire sans m'immiscer dans leur intimité. J'ai cru aussi que les messages pouvaient être véhiculés autrement que par des mots qui leur seraient directement adressés, que l'essentiel était qu'ils soient assurés de notre disponibilité et notre compréhension, que des discussions sur des généralités ou à propos d'étranger pouvaient être l'occasion d'engager un débat non personnalisé sur des questions cruciales... Comme moi en mon temps, chacun de nos enfants a connu et connaît des difficultés, des angoisses, des peines et des malheurs. Chacun semble faire son chemin, avec courage et sincérité. Savent-ils s'appuyer sur nous ? Ma discrétion est-elle un manque de courage ? Ais-je pu leur donner une impression d'indifférence ? Savent-ils à quel point je les aime ?  

Père et Fils

Il est trop tôt pour changer
Détends-toi, le cœur léger
Tu es trop jeune, voilà tout,
Tu dois apprendre beaucoup
Trouve une fille, fais ton trou,
Tu peux te marier si tu veux
Regard’moi, je suis vieux, mais je suis heureux

J’ai été ce que tu es
Ce n’est pas facile, je le sais
D’être calme et laisser
Les choses se passer
Prends ton temps pour réfléchir
Sans penser à c’ qu’il faut franchir
Car tu seras toujours là demain
Mais tes rêves en moins

Comment pourrais-je m’expliquer ?
Il se dérobe chaqu’ fois que j’essaie
Toujours la même vielle histoire recommencée
Depuis que j’ai su parler
On m’a ordonné d’écouter
Il y a une issue, je sais
Que je devrais m’en aller
Oui je dois m’en aller

Il est trop tôt pour changer
Viens t’asseoir, échanger,
 Tu es trop jeune, voilà tout
Tu dois vivre encore beaucoup
Trouve une fille, fais ton trou,
Tu peux te marier si tu veux
Regard’moi, je suis vieux, mais je suis heureux

Moi, j’ai pleuré bien des fois
En gardant tous mes problèmes pour moi
C’est dur mais plus dur encore de les nier
S’ils disaient vrai, j’approuverais
Mais c’est eux qu’ils connaissent, pas moi
Il y a une issue, je crois
Que je devrais m’en aller
Oui je dois m’en aller

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)


mardi 11 novembre 2008

Scarborough Fair

Are you going to Scarborough fair
Parsley, sage, rosemary and thyme
Remember me to one who lives there
She once was a true love of mine

On the side of a hill in the deep forest green
Tracing of sparrow on snow-crested brown
Blankets and bedclothes the child of the mountain
Sleeps unaware of the clarion call

Tell her to make me a cambric shirt
Parsley, sage, rosemary and thyme
Withour no seams nor needle work
Then she'll be a true love of mine

On the side of a hill a sprinking of leaves
Washes the grave with silvery tears
A soldier cleans and polishes a gun
Sleeps unaware of the clarion call

Tell her to find me an acre of land
Parsley, sage, rosemary, and thyme
Between the salt water and the sea strand.
Then she'll be a true love of mine

War bellows blazing in scarlet battalions
Generals order their soldiers to kill
And to fight for a cause they've long ago forgotten

Tell her to reap it with a sickle of leather
Parsley, sage, rosemary and thyme
And gather it all in a bunch of heather
Then she'll be a true love of mine



Bien que de nombreux chanteurs, et non des moindres, aient repris cette chanson, la référence est pour moi la version de Paul Simon et Art Garfunkel, d'une qualité et d'une pureté quasi célestes. Comme souvent, je me suis laissé longtemps berçer par la mélodie, avant de découvrir vraiment les paroles (que mon oreille inexercée ne me permet souvent pas de décoder). La traduction est pour moi l'occasion de les apprécier pleinement, et de tenter d'en transcrire l'atmosphère et restituer le sens profond. 

La foire de Scarborough

Iras-tu à la foire de Scarborough ?
Persil, sauge, romarin et thym
Salue pour moi celle qui habite ce faubourg
Autrefois mon cœur fut le sien

Au fond de la forêt, au creux du vallon
Sur la neige, les traces des oisillons
L’enfant de la montagne sous ses édredons
Dors, sourd à l’appel du clairon

Dis-lui de me faire une chemise en lin
Persil, sauge, romarin et thym
Sans coupe ni couture de de sa main
Alors mon cœur sera le sien

Au flanc de la colline, un berceau de feuilles
Borde la tombe des larmes du deuil
Un vieux soldat fait briller un canon
Dors, sourd à l’appel du canon

Dis-lui qu’elle me trouve un arpent de terre
Persil, sauge, romarin et thym
Entre le sable et le sel de la mer
Alors mon cœur sera le sien

Dans le hurlement des bataillons sanglants
Les généraux crient l’ordre de tuer
Au nom d’une cause depuis longtemps oubliée

Dis-lui de prendre sa faucille en fer
Persil, sauge, romarin et thym
Et de moissonner un bouquet de bruyère
Alors mon cœur sera le sien

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)