samedi 28 juin 2014

Weep For Jamie















De cette lente mélodie, déchirante et mélancolique, semblant venir de la nuit des temps, se dégage un sentiment de mystère familier.
Mystère, car suscitant tant de questions : Qui peut bien être cette Jamie ? Une jeune fille dépressive, ou une vielle-fille vivant dans la misère (comme l’Eleanor Rigby des Beatles). Quelle est sa triste histoire ? Une trahison amoureuse ? Une fausse-couche ou un avortement ? Un viol ? Quelle est la maladie qui déchire sa chair ? Des rhumatismes, une arthrose ? Pourquoi vit-elle dans la solitude et la réclusion ? Pourquoi n’a-t-elle jamais eu d’enfant ? Quelle est cette blessure qui a tué l’amour en elle ? A nouveau : un avortement forcé ? Et quelle est la place de son père dans son histoire et son malheur ?
Peter Yarrow, auteur de cette chanson merveilleusement chantée par Peter Paul and Mary n’en a pas dit plus, bien que de nombreux commentaires et témoignages projettent sur cette question des éclairages très divers.
Mais mystère familier, car nous connaissons tous ces personnes qui se sont arrêtées sur le chemin de la vie, le regard fixé sur le passé et ses blessures. Ces personnes qui cachent leur souffrance et la retiennent en eux comme un poison liquide de peur qu’il ne s’écoule et empoisonne leur entourage. Ces personnes que l’on ne voit plus tant elles s’effacent devant les autres. Ces personnes qui se pensent exclues à jamais du bonheur de vivre ensemble. Ces personnes qui rêvent encore, mais ne s’éveillent jamais à la vie. Ces personnes qui n’osent pas prendre la main tendue, et n’entendent pas les mots qui voudraient les toucher…
Pleurons pour elles, nous dit Peter Yarrow.
Prions pour elles, nous diraient les bonnes âmes.
Parlons-leur, encore, avec les mots qui cheminent et qui parviennent au cœur
Parfois
Peut-être
 
ALN



Pleure Pour Jamie

Derrière la porte
Jamie se cloître
Souffrante et solitaire
Un, deux, trois, quatre

Elle danse avec
Les vieilles peurs
Le sourire figé,
Sans larmes, elle pleure

Pleure pour Jamie
Ses os, sans répit
Déchirent sa chair

Pleure pour Jamie
Elle vit au pays
Où est mort son père

Ne lui réponds pas
Quand elle se plaint
Elle n’entendrait pas
Elle ne ressent rien

D’aujourd’hui elle n’attend
Aucun lendemain
Car elle est
L’enfant d’hier et puis plus rien

Pleure pour Jamie
Ses os, sans répit
Déchirent sa chair

Pleure pour Jamie
Elle vit au pays
Où est mort son père

Je chanterai un
Pour une chanson sans fin
Je chanterai deux
Pour un arbre qui ne plie point

Je chanterai trois
Pour ses entrailles sans fruit
Quatre pour sa blessure
Par où l’amour a fui

Pleure pour Jamie
Ses os, sans répit
Déchirent sa chair

Pleure pour Jamie
Elle vit au pays
Où est mort son père


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)