jeudi 13 novembre 2025

Both Sides Now

Rows and floes of angel hair
And ice cream castles in the air
And feather canyons everywhere
I've looked at clouds that way

But now they only block the sun
They rain and snow on everyone
So many things I would have done
But clouds got in my way

I've looked at clouds from both sides now
From up and down, and still somehow
It's cloud illusions I recall
I really don't know clouds at all

Moons and Junes and Ferris wheels
The dizzy dancing way you feel
As every fairy tale comes real
I've looked at love that way


But now it's just another show
You leave 'em laughing when you go
And if you care, don't let them know
Don't give yourself away

I've looked at love from both sides now
From give and take, and still somehow
It's love's illusions I recall
I really don't know love at all

Tears and fears and feeling proud
To say "I love you" right out loud
Dreams and schemes and circus crowds
I've looked at life that way

But now old friends are acting strange
They shake their heads, they say I've changed
Well something's lost, but something's gained
In living every day

I've looked at life from both sides now 
From win and lose and still somehow 
It's life's illusions I recall
I really don't know life at all

I've looked at life from both sides now 
From up and down and still somehow
It's life's illusions I recall
I really don't know life at all


Voici une chanson de Joni Mitchell, autrice compositrice et interprète canadienne. Le premier enregistrement en fut fait par Judy Collins (1968) et de nombreux artistes l’ont ensuite interprétée. On note, parmi eux, Céline Dion, Neil Diamond, Rufus Wainwright, Chet Atkins (pour une version instrumentale guitare solo), Doris Day, Bing Crosby, Pete Seeger, Willie Nelson, Frank Sinatra… et Roger Whittaker. (en 2001, en étaient déjà recensés 1573 enregistrements !). 

Jonni Mitchell écrivit cette chanson dans un avion alors qu’elle regardait par le hublot le spectacle féérique des nuages vus d’en-haut tandis qu’elle lisait un livre dans lequel l’auteur décrivait, lui-aussi, les nuages vus d’avion.

« Both Sides Now » figure parmi les plus grands succès de Joni Mitchell, ce qui paraît tout à fait justifié tant pour la mélodie (qui évoque pour moi le vol d’un oiseau s’élevant, à grands coups d’ailes, au-dessus des nuages) que pour les paroles qui abordent un vrai sujet de philosophie… ou de psychologie. Les nuages offrent un spectacle grandiose ou terrible, en perpétuel changement, propre aux vagabondages de l’imagination qui y décèle des formes, des images, des tableaux. Ils peuvent cacher le soleil et tout assombrir, mais, du haut d’une montagne ou du hublot d’un avion, ils créent tout un monde fascinant d’ombres et de lumières.

La réalité du monde dans lequel nous vivons est, elle aussi, multi-dimensionnelle, et nous ne l’appréhendons généralement que sous un seul angle ou « point de vue ». Il en est ainsi pour ce que nous vivons, particulièrement dans les relations sociales. Le « vécu », le « ressenti » d’un même événement ou d’une même rencontre peuvent être très différents d’un protagoniste à l’autre. Joni Mitchell ne s’en tient pas à la simple métaphore du « verre à moitié vide ou à moitié plein » car elle observe aussi les effets du temps qui passe et les traces laissées dans notre mémoire. Nous poursuivons des rêves, que nous atteignons parfois, mais nous ne conservons dans nos souvenirs que l’illusion de leur réalisation. En un sens, les espoirs, les rêves, les désirs, mais aussi les peurs ne seraient qu’un filtre à travers lequel nous observons le chemin de la vie : la vie en rose, en noir, en gris, en vert… selon le temps, l’humeur, le poids du passé, la douleur des cicatrices… Que nous regardions l’avenir comme la projection de nos rêves, ou le passé avec regrets ou remords, nous gardons souvent l’impression d’être « passés à côté ». Dans la poursuite d’un idéal ou, plus exactement, d’une idée du bonheur, nous sommes confrontés à l’imperfection fondamentale des choses humaines. L’amour lui-même, que Joni Mitchell prend en exemple, n’est pas un point que l’on atteint mais un horizon vers lequel on avance indéfiniment, et c’est tout ce que l’on rencontre sur le chemin qui fait le bonheur. L’imaginer comme un aboutissement expose à la déception, à un sentiment d’échec, et à l’immobilisme, donc à la chute.

Bien sûr, le long du chemin, les écueils et les revers sont nombreux, et la nature humaine se révèle ainsi peu à peu avec toutes ses limites et tous ses défauts : l’hypocrisie, l’égoïsme, le cynisme, la duplicité, la lâcheté… tout ce qui peut éteindre l’espoir et souiller l’idéal. Pourtant, si nous perdons en chemin la naïveté et l’innocence, nous gagnons en expérience. Prendre conscience de la noirceur permet aussi de reconnaître la lumière, et d’apprécier à leur juste valeur les belles âmes et les belles actions. L’humilité est la condition préalable du progrès, et c’est par les fêlures qu’entre la lumière – « There is a crack in everything: that how the light gets in » disait Leonard Cohen. Mais on peut aussi choisir de « garder les plus beaux passages », comme le chante Rémo Gary, non pas par déni de la réalité mais par courage et résilience, pour continuer d’avancer.

Le message de Joni Mitchell est souvent compris comme profondément désabusé, mais sa conclusion réitérée (« je n’y connais rien »), qu’il s’agisse des nuages, de l’amour, ou de la vie, est aussi une façon de dire : « tout reste à découvrir et tout reste à faire ».

ALN


Les Deux Faces

Des cheveux d’anges amassés
Et des châteaux de crème glacée
Des canyons dans le duvet
J’ai vu les nuages ainsi

Mais c’est le soleil qu’ils nous cachent
Ils pleuvent et neigent sans relâche
M’empêchant d’accomplir mes tâches
Les nuages m’ennuient aussi

Des nuages j’ai vu les deux faces 
Du haut, du bas je n’garde hélas
Que des illusions trop fugaces
Les nuages, je n’y connais rien    du tout

Lunes, juins, et grandes roues
Vertige du premier rendez-vous
Comme un conte de fées un peu fou
J’ai vu l’amour ainsi

Mais c’est un spectacle comme un autre
Quand tu les quittes, ça les faire rire
Surtout ne laisse pas paraître
La peine que tu ressens 

De l’amour j’ai vu les deux faces
Donner, recevoir, mais hélas
Ce sont des illusions qui passent
L’amour, je n’y connais rien    du tout

Des larmes, de la peur, et la gloire
De clamer « Je t’aime » et l’espoir
Des rêves, des plans, un auditoire
La vie, je l’ai vue ainsi

Mes vieux amis deviennent étranges
Hochent la tête, disent que je change
Oui, j’ai perdu, mais en échange
J’ai gagné à vivre ainsi

D’ la vie j’ai vu les deux côtés
Victoires, défaites, mais en fait
Seules les illusions sont restées
La vie, j’ n’y connais rien    du tout

De la vie j’ai vu les deux faces 
Du haut, du bas je n’garde hélas
Que des illusions trop fugaces
La vie, je n’y connais rien     du tout


(Traduction - Adaptation : Polyphrène) 

 

 




vendredi 7 novembre 2025

Wellerman

There once was a ship that put to sea
The name of the ship was the Billy of Tea
The winds blew up, her bow dipped down
O blow, my bully boys, blow (Huh!)
 

 (Chorus)

Soon may the Wellerman come
To bring us sugar and tea and rum
One day, when the tonguin' is done
We'll take our leave and go


She'd not been two weeks from shore
When down on her, a right whale bore
The captain called all hands and swore
He'd take that whale in tow (Huh!)

Chorus


Da-da, da-da-da-da
Da-da-da-da, da-da-da-da-da
Da-da, da-da-da-da
Da-da-da-da-da-da


Before the boat had hit the water
The whale's tail came up and caught her
All hands to the side, harpooned and fought her
When she dived down low (Huh!)

Chorus

No line was cut, no whale was freed
The Captain's mind was not of greed
But he belonged to the whaleman's creed
She took that ship in tow (Huh!)

Chorus

Da da…

For forty days, or even more
The line went slack, then tight once more
All boats were lost, there were only four
But still that whale did go (Huh!)

Chorus

As far as I've heard, the fight's still on
The line's not cut and the whale's not gone
The Wellerman makes his regular call
To encourage the Captain, crew, and all (Huh!)

Chorus

Chorus


Le titre de cette chanson, « Wellerman » fait référence à la compagnie maritime néozélandaise des frères Weller qui, dans les années 1830, venait ravitailler les navires baleiniers dont les marins étaient payés non pas en argent liquide mais en vêtements, alcools, et tabac. Le ravitaillement par les marins de la compagnie des frères Weller était donc très attendu ! 

L’auteur de la chanson est inconnu, et son origine remonte probablement à la première moitié du XIXème siècle lorsque la chasse à la baleine battait son plein. C’est un musicologue néozélandais, Neil Colquhoun qui dit en avoir pris connaissance dans les années 1960 d’un homme de 80 ans qui disait lui-même l’avoir entendue chanter par son oncle. Neil Colquhoun la publia sous le titre de « Soon May the Wellerman Come » dans un recueil de chansons populaires néozélandaises en 1973… Et puis, un jeune chanteur écossais, Nathan Evans, en présenta son interprétation sur TikTok et son succès devint rapidement « viral » (en pleine époque de confinement du COVID 19 !), incitant de nombreux groupes plus ou moins amateur à s’essayer à des reprises.

« Wellerman » est considérée comme une « chanson de marins » mais celles-ci suivaient un modèle spécifique lié à leur rôle de coordination et synchronisation des gestes des marins qui les reprenaient en chœur (Hissez-Haut etc.), ce qui n’est manifestement pas le cas ici où la forme musicale est plutôt celle d’une ballade, avec une classique et belle progression harmonique qui rend la mélodie obsédante, expliquant son succès sur les réseaux sociaux.

ALN

 

Le Ravitailleur 

Sur la mer partit un baleinier 
Qu’on appelait La Gamelle à Thé
Sa proue plongeait, les vents soufflaient
Rafale après rafale (Han)

Qu’on vienne nous ravitailler 
Avec du sucre, du rhum, du thé
Quand on aura dépecé
On pourra enfin rentrer

Après deux semaines à peine
Vient droit vers lui une baleine
Le cap’taine ordonna aux matelots
D’harponner ce cachalot

Refrain

Da-da, da-da-da-da
Da-da-da-da, da-da-da-da-da
Da-da, da-da-da-da
Da-da-da-da-da-da

D’un coup de queue le cachalot
Frappa le canot mis à l’eau
Les hommes lancèrent leurs harpons
Il plongea vers le fond (Han)

Refrain

Le capitaine n’était pas cupide
Mais un baleinier intrépide
Par le filin le cachalot
Remorqua le bateau (Han)

Refrain

Da da…

Quarante jours, peut-être plus
Le filin lâche et puis tendu 
Les quatre canots sont perdus
Mais la lutte continue (Han)

Refrain

Autant que j’sache, depuis sans fin
La baleine tire sur le filin
Le ravitailleur encourage
Quand il passe capitaine et équipage

Refrain

Refrain




Susy Snowflake

Here comes Suzy Snowflake
Dressed in a snow-white gown
Tap, tap, tappin' at your windowpane
To tell you she’s in town

Here comes Suzy Snowflake
Soon you will hear her say
Come out ev’ryone and play with me
I haven’t long to stay

If you want to make a snowman
I’ll help you make it, one, two, three
If you want to take a sleigh ride
Whee!
The ride’s on me

Here comes Suzy Snowflake
Look at her tumblin' down
Bringing joy to ev’ry girl and boy
Suzy’s come to town


« Suzy Snowflake » est une chanson de Sid Tepper et Roy C Bennett, chantée par Rosemary Clooney en 1951, et considérée comme une chanson de Noël, reprise ensuite par de nombreux chanteurs et chorales. La neige, est ici personnifiée par « Suzy » qui apparut ensuite dans un petit film d’animation et un des livres d’histoires d’horreur pour enfants de RL Stine. 

Bien plus tôt, en 1916, Ann Pennington jouait le personnage de Susie Snowflake dans un film muet (Paramount) du même nom, relatant les aventures d’une jeune danseuse passant alternativement de la vie animée de New York à l’austérité d’une petite fille de Nouvelle-Angleterre où vivent ses tantes vieilles-filles… mais on ne connait pas les éventuels liens de parenté entre Susie et Suzy !

ALN

 

Madame La Neige

Voilà Madame La Neige
Qui, tout de blanc vêtue
Crépite et grésille sur la vitre 
Pour dire « Je suis revenue »

Voilà Madame La Neige
Qui dit à chaque enfant
« Venez vite jouer avec moi
Car je n’reste pas longtemps »

Si tu veux faire un bonhomme
J’te donne un coup de main, un, deux, trois
Si tu préfères aller glisser
Zou !
Glisse sur moi

Voilà Madame La Neige
Qui s’étend alentour
Pour l’bonheur des filles et des garçons
Elle est de retour

 

Traduction - Adaptation : Polyphrène, sur une suggestion et avec la contribution de Serge Barrière (Le Chœur du Souvenir - P du Québec)