De cette
lente mélodie, déchirante et mélancolique, semblant venir de la nuit des temps,
se dégage un sentiment de mystère familier.
Mystère, car
suscitant tant de questions : Qui peut bien être cette Jamie ? Une
jeune fille dépressive, ou une vielle-fille vivant dans la misère (comme
l’Eleanor Rigby des Beatles). Quelle est sa triste histoire ? Une trahison
amoureuse ? Une fausse-couche ou un avortement ? Un viol ? Quelle
est la maladie qui déchire sa chair ? Des rhumatismes, une arthrose ?
Pourquoi vit-elle dans la solitude et la réclusion ? Pourquoi n’a-t-elle
jamais eu d’enfant ? Quelle est cette blessure qui a tué l’amour en
elle ? A nouveau : un avortement forcé ? Et quelle est la place
de son père dans son histoire et son malheur ?
Peter Yarrow, auteur de cette chanson merveilleusement chantée par Peter Paul and Mary n’en a pas dit plus, bien que de nombreux commentaires et témoignages projettent sur cette question des éclairages très divers.
Mais mystère
familier, car nous connaissons tous ces personnes qui se sont arrêtées sur le
chemin de la vie, le regard fixé sur le passé et ses blessures. Ces personnes
qui cachent leur souffrance et la retiennent en eux comme un poison liquide de
peur qu’il ne s’écoule et empoisonne leur entourage. Ces personnes que l’on ne
voit plus tant elles s’effacent devant les autres. Ces personnes qui se pensent
exclues à jamais du bonheur de vivre ensemble. Ces personnes qui rêvent encore,
mais ne s’éveillent jamais à la vie. Ces personnes qui n’osent pas prendre la
main tendue, et n’entendent pas les mots qui voudraient les toucher…
Pleurons
pour elles, nous dit Peter Yarrow.
Prions pour
elles, nous diraient les bonnes âmes.
Parlons-leur,
encore, avec les mots qui cheminent et qui parviennent au cœur
Parfois
Peut-être
ALN
Pleure Pour
Jamie
Derrière la
porte
Jamie se
cloître
Souffrante
et solitaire
Un, deux, trois,
quatre
Elle danse
avec
Les vieilles
peurs
Le sourire
figé,
Sans larmes,
elle pleure
Pleure pour
Jamie
Ses os, sans
répit
Déchirent sa
chair
Pleure pour
Jamie
Elle vit au
pays
Où est mort
son père
Ne lui
réponds pas
Quand elle
se plaint
Elle n’entendrait
pas
Elle ne
ressent rien
D’aujourd’hui
elle n’attend
Aucun
lendemain
Car elle est
L’enfant
d’hier et puis plus rien
Pleure pour
Jamie
Ses os, sans
répit
Déchirent sa
chair
Pleure pour
Jamie
Elle vit au
pays
Où est mort
son père
Je chanterai
un
Pour une
chanson sans fin
Je chanterai
deux
Pour un
arbre qui ne plie point
Je chanterai
trois
Pour ses
entrailles sans fruit
Quatre pour
sa blessure
Par où
l’amour a fui
Pleure pour
Jamie
Ses os, sans
répit
Déchirent sa
chair
Pleure pour
Jamie
Elle vit au
pays
Où est mort
son père
(Traduction
– Adaptation : Polyphrène)