Let us be lovers, we'll marry our fortunes together
I've got some real estate here in my bag
So we bought a pack of cigarettes and Mrs. Wagner's pies
And we walked off to look for America
[...]
Parmi les chansons chantées par Paul Simon et Art Garfunkel, « America » n’est pas la plus célèbre ni celle qui a connu le plus grand succès, alors qu’elle est des plus remarquables par la force poétique, le pouvoir évocateur, et la qualité mélodique. On perçoit, dans les mots qu’échangent les voyageurs en route vers New York, toute l’émotion, la pudeur et l’angoisse des jeunes amants. Timidement, ils miment les enfants qu’ils croient ne plus être, et leurs mains se tiennent quand leurs âmes se cherchent. Partis « découvrir » l’Amérique, ils rencontrent leur double solitude et la fragilité de leurs espoirs.
Il se dégage de cette chanson (inspirée, paraît-il, par la propre biographie de Paul Simon) une tendresse infinie pour cette étape de la vie où les cœurs font leur premiers pas, et une grande nostalgie, alimentée par les évocations précises d’une certaine « Amérique » (les tartelettes de Mrs Wagner, Saginaw, le Michigan, l’autoroute vers New York, les bus de la « Greyhound »…).
L’Amérique
Soyons amants et nos deux fortunes seront mariées
J’ai dans mon sac des titres immobiliers
Nous avons ach’té des cigarettes
Et quelques tartelettes
Et sommes sortis pour découvrir l’Amérique
Tout en montant dans un bus à Pittsburgh, j’ai dit « Cathy
Le Michigan semble un rêve vu d’ici
Quatre jours en stop de Saginaw ça m’a pris
Je viens pour découvrir l’Amérique »
Pour rire, en voyage,
Plaisantant sur les visages
Elle dit que l’homme en manteau noir était un espion
J’ai dit « Il cache une caméra sous son nœud papillon »
« Passe-moi une cigarette, je pense qu’il y en a une dans l’imper »
« On a fumé tout à l’heure la dernière »
J’ai regardé le paysage, elle a lu une revue
Sous la lune des champs à perte de vue
« Je suis paumé », dis-je à Cathy qui dormait près de moi
« Je suis vidé, j’ai mal sans savoir pourquoi »
Sur la route de New Jersey comptant le trafic
Ils sont tous là pour découvrir l’Amérique
Tous là pour découvrir l’Amérique
Sur la route de New Jersey, comptant le trafic
Ils sont tous là pour découvrir l’Amérique
Tous là pour découvrir l’Amérique
Versions françaises inédites : déjà plus de 500 traductions - adaptations "chantables" des paroles de chansons de langue anglaise. L'adaptation en français impose parfois, pour respecter la rime et la métrique, de s'éloigner du texte original anglais. Mes commentaires tentent alors de fournir un éclairage plus fidèle à la pensée de l'auteur, mais vont parfois au-delà et ne reflètent alors que mes opinions et réflexions personnelles.
dimanche 28 novembre 2010
samedi 20 novembre 2010
No Other Name
Know me by the light of a fire shinin' bright,
Know me by your bed where I've lain
Know me, and you might,
If just for a night
You'll know me by no other name.
[…]
Chanson sombre et mystérieuse, de Noël Paul Stookey, merveilleusement chantée par « Peter, Paul, and Mary », sur le thème de la solitude et l’anonymat de celle qui « n’a pas d’autre nom » que la misère, pas d’autre pays que l’errance, pas d’autre destin que l’abandon.
Pas d’autre nom
Vois-moi à la lumière d’un foyer qui luit
Vois-moi au lit où nous dormions
Vois-moi comme je suis
Juste pour une nuit
Tu ne connaîtras pas mon nom
D’autres filles t’offrent un diadème
D’autres offrent de précieux ouvrages
D’autres disent « Je t’aime »
D’autres ont mon visage
D’autres offrent de l’or
(Un) bébé qui dort
Je n’offre qu’affliction
Tu me verras, tu devines,
Dans le vent des collines
Tu ne connaîtras pas mon nom
D’autres meurent pour d’ la monnaie
D’autres meurent par amour
D’autres meurent comme elles sont nées
D’autres meurent chaque jour
Seule, je mourrai
Loin de mon foyer
Sans réponses à tes questions
La pierre sur ma tête
Ne dira qu’une date
Elle ne connaîtra pas mon nom
Elle ne connaîtra pas mon nom
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)
Know me by your bed where I've lain
Know me, and you might,
If just for a night
You'll know me by no other name.
[…]
Chanson sombre et mystérieuse, de Noël Paul Stookey, merveilleusement chantée par « Peter, Paul, and Mary », sur le thème de la solitude et l’anonymat de celle qui « n’a pas d’autre nom » que la misère, pas d’autre pays que l’errance, pas d’autre destin que l’abandon.
Pas d’autre nom
Vois-moi à la lumière d’un foyer qui luit
Vois-moi au lit où nous dormions
Vois-moi comme je suis
Juste pour une nuit
Tu ne connaîtras pas mon nom
D’autres filles t’offrent un diadème
D’autres offrent de précieux ouvrages
D’autres disent « Je t’aime »
D’autres ont mon visage
D’autres offrent de l’or
(Un) bébé qui dort
Je n’offre qu’affliction
Tu me verras, tu devines,
Dans le vent des collines
Tu ne connaîtras pas mon nom
D’autres meurent pour d’ la monnaie
D’autres meurent par amour
D’autres meurent comme elles sont nées
D’autres meurent chaque jour
Seule, je mourrai
Loin de mon foyer
Sans réponses à tes questions
La pierre sur ma tête
Ne dira qu’une date
Elle ne connaîtra pas mon nom
Elle ne connaîtra pas mon nom
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)
dimanche 14 novembre 2010
Sparrow
Who will love a little sparrow,
Who's travelled far, and cries for rest?
"Not I," said the oak tree.
"I won't share my branches with no sparrow's nest;
And my blanket of leaves won't warm her cold breast."
On pourrait croire qu’il s’agit là d’une chanson traditionnelle, qui aurait traverse les siècles pour arriver jusqu’à nous, sur une mélodie que l’âge aurait acheminé vers la perfection. C’est en fait une œuvre de Paul Simon, chantée en duo sublime avec Art Garfunkel. Bien sûr, le thème du « monde cruel » est classique, mais ce poème va plus loin, en énumérant les prétextes futiles de l’indifférence à la souffrance d’autrui, et le cynisme de ce que certains appellent « La Loi Naturelle ». Le dernier vers est une citation des mots de la Genèse (3.19), prononcés lors de la cérémonie des rameaux : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière ». Il s’agit de l’une des conséquences du « Péché originel » : l’homme devra « gagner son pain à la sueur de son front », la femme « enfantera dans la douleur », etc. Tout cela pour avoir « écouté la voix de (la) femme ». On ne mesurera jamais assez à quel point cette vision a imprégné ce que l’on appelle notre « culture » et nos « valeurs ». La religion chrétienne n’est, du reste, pas la seule à véhiculer de telles idées, sur lesquelles sont fondés tant de préjugés et d’injustices.
Le monde irait pourtant mieux si nous oeuvrions tous ensemble pour faire face aux fléaux auxquels nous sommes confrontés, qu’ils soient naturels (les « catastrophes naturelles » !) ou créés par l’homme lui-même. Cela irait sans doute mieux aussi si nous écoutions plus souvent la voix des femmes :
Par exemple, celle de Aung Sann Suu Kyi, qui vient enfin d’être libérée !
Le Moineau
Qui aimera un petit moineau
Epuisé par son long voyage ?
« Pas moi » dit le grand chêne,
« Pas de nid d’oiseau dans mon beau branchage.
Il ne se réchauffera pas sous mon feuillage »
Qui aimera un petit moineau
Et lui parlera gentiment ?
« Pas moi » dit le cygne.
« Y penser seulement est extravagant.
Les autres cygnes se riraient de moi, méprisants »
Et qui voudra bien prendre en pitié
Et nourrir un moineau affamé ?
« Pas moi » dit le blé doré
« Je voudrais bien, mais je ne pourrai jamais.
Tout mon grain doit être semé pour germer »
Qui aimera un petit moineau
Et son épitaphe écrira ?
« C’est moi » dit la Terre
« Car tout ce que j’ai créé revient à moi.
De poussière tu es fait, poussière tu seras »
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)
Who's travelled far, and cries for rest?
"Not I," said the oak tree.
"I won't share my branches with no sparrow's nest;
And my blanket of leaves won't warm her cold breast."
On pourrait croire qu’il s’agit là d’une chanson traditionnelle, qui aurait traverse les siècles pour arriver jusqu’à nous, sur une mélodie que l’âge aurait acheminé vers la perfection. C’est en fait une œuvre de Paul Simon, chantée en duo sublime avec Art Garfunkel. Bien sûr, le thème du « monde cruel » est classique, mais ce poème va plus loin, en énumérant les prétextes futiles de l’indifférence à la souffrance d’autrui, et le cynisme de ce que certains appellent « La Loi Naturelle ». Le dernier vers est une citation des mots de la Genèse (3.19), prononcés lors de la cérémonie des rameaux : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière ». Il s’agit de l’une des conséquences du « Péché originel » : l’homme devra « gagner son pain à la sueur de son front », la femme « enfantera dans la douleur », etc. Tout cela pour avoir « écouté la voix de (la) femme ». On ne mesurera jamais assez à quel point cette vision a imprégné ce que l’on appelle notre « culture » et nos « valeurs ». La religion chrétienne n’est, du reste, pas la seule à véhiculer de telles idées, sur lesquelles sont fondés tant de préjugés et d’injustices.
Le monde irait pourtant mieux si nous oeuvrions tous ensemble pour faire face aux fléaux auxquels nous sommes confrontés, qu’ils soient naturels (les « catastrophes naturelles » !) ou créés par l’homme lui-même. Cela irait sans doute mieux aussi si nous écoutions plus souvent la voix des femmes :
Par exemple, celle de Aung Sann Suu Kyi, qui vient enfin d’être libérée !
Le Moineau
Qui aimera un petit moineau
Epuisé par son long voyage ?
« Pas moi » dit le grand chêne,
« Pas de nid d’oiseau dans mon beau branchage.
Il ne se réchauffera pas sous mon feuillage »
Qui aimera un petit moineau
Et lui parlera gentiment ?
« Pas moi » dit le cygne.
« Y penser seulement est extravagant.
Les autres cygnes se riraient de moi, méprisants »
Et qui voudra bien prendre en pitié
Et nourrir un moineau affamé ?
« Pas moi » dit le blé doré
« Je voudrais bien, mais je ne pourrai jamais.
Tout mon grain doit être semé pour germer »
Qui aimera un petit moineau
Et son épitaphe écrira ?
« C’est moi » dit la Terre
« Car tout ce que j’ai créé revient à moi.
De poussière tu es fait, poussière tu seras »
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)
jeudi 11 novembre 2010
The Guests
One by one, the guests arrive
The guests are coming through
The open-hearted many
The broken-hearted few
And no one knows where the night is going
And no one knows why the wine is flowing
Oh love, I need you
I need you
I need you
I need you
Oh, I need you now
Bien que dominée par une forme d’onirisme mystique et eschatologique, cette chanson, est, selon Léonard Cohen lui-même, inspirée des écrits d’un poète persan du 13ème siècle. Elle exprime le sentiment, enfoui au fond de notre âme, d’une attente, d’une aspiration dont nous ne pouvons discerner l’objet. Parfois – rarement – une porte s’entrouvre un instant et notre esprit croit apercevoir, dans un flot de lumière, l'objet même de cette attente. Dans les œuvres de ce poète, il est symbolisé par un grand banquet qui réunirait les âmes à la table de leur maître (ou leur créateur ?). Les mots qu’emploie ici Léonard Cohen permettent aux mystiques d’y voir le « jugement dernier » par lequel les « élus » pourront aller s’asseoir à la droite du maître, en écho d’une évocation de la Cène. Les autres pourront en rester à une interprétation plus littérale, retenant ce besoin d’amour fusionnel que proclame et martèle Léonard Cohen (Oh Love, I need you…). Tous, cependant, reconnaîtront la fulgurance de ce sentiment étrange et transcendant qui, de temps à autre, transperce notre cœur.
Les Hôtes
Un à un, les hôtes s’avancent
Les hôtes font leur entrée
De nombreux cœurs en confiance
Quelques cœurs sinistrés
Et nul ne sait où la nuit s’écoule
Et nul ne sait pourquoi le vin coule
Amour, je te veux
Je te veux
Je te veux
Je te veux
Oh, je te veux, là
Et ceux qui dansent entre en danse
Ceux qui pleurent implorent
« Entrez, mes hôtes », une voix lance,
« Ne restez pas dehors »
Et nul ne sait…
Et tous vont, chancelants, partout
En secret confinés
Disant « Révèle-toi », ou
« Pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Et nul ne sait…
Puis les torches resplendissent
S’ouvre la porte du fond
Un à un, ils la franchissent
En toutes formes de passion
Et nul ne sait…
Et tandis qu’ils prennent leur festin
Les murs fondent soudain
Les hôtes sont jetés, un par un
Au dehors du jardin
Et nul ne sait…
Ceux qui dansent entrent en danse
Ceux qui pleurent implorent
Ceux qui sont perdus d’avance
Se perdent et perdent encore
Et nul ne sait…
Un à un, les hôtes s’avancent
Les hôtes font leur entrée
De nombreux cœurs en confiance
Quelques cœurs sinistrés
Et nul ne sait…
The guests are coming through
The open-hearted many
The broken-hearted few
And no one knows where the night is going
And no one knows why the wine is flowing
Oh love, I need you
I need you
I need you
I need you
Oh, I need you now
Bien que dominée par une forme d’onirisme mystique et eschatologique, cette chanson, est, selon Léonard Cohen lui-même, inspirée des écrits d’un poète persan du 13ème siècle. Elle exprime le sentiment, enfoui au fond de notre âme, d’une attente, d’une aspiration dont nous ne pouvons discerner l’objet. Parfois – rarement – une porte s’entrouvre un instant et notre esprit croit apercevoir, dans un flot de lumière, l'objet même de cette attente. Dans les œuvres de ce poète, il est symbolisé par un grand banquet qui réunirait les âmes à la table de leur maître (ou leur créateur ?). Les mots qu’emploie ici Léonard Cohen permettent aux mystiques d’y voir le « jugement dernier » par lequel les « élus » pourront aller s’asseoir à la droite du maître, en écho d’une évocation de la Cène. Les autres pourront en rester à une interprétation plus littérale, retenant ce besoin d’amour fusionnel que proclame et martèle Léonard Cohen (Oh Love, I need you…). Tous, cependant, reconnaîtront la fulgurance de ce sentiment étrange et transcendant qui, de temps à autre, transperce notre cœur.
Les Hôtes
Un à un, les hôtes s’avancent
Les hôtes font leur entrée
De nombreux cœurs en confiance
Quelques cœurs sinistrés
Et nul ne sait où la nuit s’écoule
Et nul ne sait pourquoi le vin coule
Amour, je te veux
Je te veux
Je te veux
Je te veux
Oh, je te veux, là
Et ceux qui dansent entre en danse
Ceux qui pleurent implorent
« Entrez, mes hôtes », une voix lance,
« Ne restez pas dehors »
Et nul ne sait…
Et tous vont, chancelants, partout
En secret confinés
Disant « Révèle-toi », ou
« Pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Et nul ne sait…
Puis les torches resplendissent
S’ouvre la porte du fond
Un à un, ils la franchissent
En toutes formes de passion
Et nul ne sait…
Et tandis qu’ils prennent leur festin
Les murs fondent soudain
Les hôtes sont jetés, un par un
Au dehors du jardin
Et nul ne sait…
Ceux qui dansent entrent en danse
Ceux qui pleurent implorent
Ceux qui sont perdus d’avance
Se perdent et perdent encore
Et nul ne sait…
Un à un, les hôtes s’avancent
Les hôtes font leur entrée
De nombreux cœurs en confiance
Quelques cœurs sinistrés
Et nul ne sait…
samedi 6 novembre 2010
Patterns
The night sets softly
With the hush of falling leaves,
Casting shivering shadows
On the houses through the trees,
And the light from a street lamp
Paints a pattern on my wall,
Like the pieces of a puzzle
Or a child's uneven scrawl
[…]
Un texte troublant, presque dérangeant, de Paul Simon, évoquant le peu de contrôle que nous pouvons avoir sur le déroulement de notre vie. Il ne s’agit pas d’une vision simpliste ou fataliste du « destin », mais des « ingrédients » dont nous sommes faits et du contexte dans lequel nous évoluons. Paul Simon compare la voie que nous suivons au labyrinthe dans lequel on fait courir les rats (pour l’étude de l’apprentissage, de la mémoire, et du conditionnement). Nos désirs, nos peurs, nos réactions, sont prévisibles et, s’il nous arrive de corriger notre comportement, c’est, comme le rat de laboratoire, par « conditionnement négatif », lorsque la même erreur nous a, plusieurs fois, confrontés à la même sanction. Des choix libres et conscients nous sont possibles, certes, lorsque par exemple, au restaurant, nous avons à choisir entre dessert et fromage… mais cela ne va pas beaucoup plus loin. Oscar Wilde disait « Je peux résister à tout… sauf à la tentation », et la vertu n’est parfois que l’issue d’une confrontation entre peur et désir, lorsque la première l’emporte ou que le second s’estompe. Bien souvent, le nombre et la complexité des influences plus ou moins contradictoires qui s’exercent sur nous peut faire passer l’imprévisible pour l’expression d’une liberté quand il ne s’agit que d’un « chaos déterministe ». Certains en sont arrivés à se donner pour but une forme de sérénité obtenue par l’abrogation des désirs. Ceux-ci sont pourtant le principal moteur de nos actions – les meilleures comme les pires. Rechercher le bonheur, c’est accepter la possibilité de la souffrance. Renoncer à l’un par peur de l’autre est une façon de se retirer de la vie. Courir dans le labyrinthe n’est pas vraiment la solution. Que faire ? Il n’y a pas de solution – miracle… mais quand le rat parvient à sortir du labyrinthe, c’est que sa mémoire lui a permis de reconnaître les voies qu’il a déjà parcourues, et de leur préférer les autres pour courir vers de nouvelles erreurs – et une issue.
Schémas
Quand la nuit tombante
Sans bruit comme une feuille morte
Projette l’ombre tremblante
Des grands arbres sur ma porte
La lumière d’un lampadaire
Trace un schéma au mur blanc
Comme un puzzle de mystère
Ou l’ gribouillis d’un enfant
En haut d’un p’tit escalier
Dans ma chambre minuscule
Je gis sur mon lit, et
A la lueur du crépuscule
Sur le mur blanc s’inscrit
Ce que mon regard suit :
Le schéma de ma vie
Et le puzzle que je suis
Je dois, dès que je suis né
Jusqu’au jour où je mourrai
Sur ce schéma cheminer
Comme je dois respirer
Comme le dédale du rat
Ma voie est devant moi
Et le schéma ne changera
Qu’à la mort du rat
Dans l’ombre qui s’épaissit
Le schéma que je dois suivre
Reste et c’est très bien ainsi
Car dans l’ombre je dois vivre
Comme la couleur de ma peau
Ou le jour de mon trépas
Ma vie est faite de schémas
Que je ne contrôle pas
(Traduction – Adaptation :Polyphrène)
PS : Je me suis heurté à de grandes difficultés pour traduire cette chanson. « Schéma » n’est pas la meilleur traduction de « Pattern » mais, outre les contraintes de la rime, j’ai préféré éviter d’autres termes (comme « Patron ») dont les connotations sont différentes. Il faut comprendre ici « Schéma » comme une série de cheminements prédéterminés, et souvent répétitifs.
With the hush of falling leaves,
Casting shivering shadows
On the houses through the trees,
And the light from a street lamp
Paints a pattern on my wall,
Like the pieces of a puzzle
Or a child's uneven scrawl
[…]
Un texte troublant, presque dérangeant, de Paul Simon, évoquant le peu de contrôle que nous pouvons avoir sur le déroulement de notre vie. Il ne s’agit pas d’une vision simpliste ou fataliste du « destin », mais des « ingrédients » dont nous sommes faits et du contexte dans lequel nous évoluons. Paul Simon compare la voie que nous suivons au labyrinthe dans lequel on fait courir les rats (pour l’étude de l’apprentissage, de la mémoire, et du conditionnement). Nos désirs, nos peurs, nos réactions, sont prévisibles et, s’il nous arrive de corriger notre comportement, c’est, comme le rat de laboratoire, par « conditionnement négatif », lorsque la même erreur nous a, plusieurs fois, confrontés à la même sanction. Des choix libres et conscients nous sont possibles, certes, lorsque par exemple, au restaurant, nous avons à choisir entre dessert et fromage… mais cela ne va pas beaucoup plus loin. Oscar Wilde disait « Je peux résister à tout… sauf à la tentation », et la vertu n’est parfois que l’issue d’une confrontation entre peur et désir, lorsque la première l’emporte ou que le second s’estompe. Bien souvent, le nombre et la complexité des influences plus ou moins contradictoires qui s’exercent sur nous peut faire passer l’imprévisible pour l’expression d’une liberté quand il ne s’agit que d’un « chaos déterministe ». Certains en sont arrivés à se donner pour but une forme de sérénité obtenue par l’abrogation des désirs. Ceux-ci sont pourtant le principal moteur de nos actions – les meilleures comme les pires. Rechercher le bonheur, c’est accepter la possibilité de la souffrance. Renoncer à l’un par peur de l’autre est une façon de se retirer de la vie. Courir dans le labyrinthe n’est pas vraiment la solution. Que faire ? Il n’y a pas de solution – miracle… mais quand le rat parvient à sortir du labyrinthe, c’est que sa mémoire lui a permis de reconnaître les voies qu’il a déjà parcourues, et de leur préférer les autres pour courir vers de nouvelles erreurs – et une issue.
Schémas
Quand la nuit tombante
Sans bruit comme une feuille morte
Projette l’ombre tremblante
Des grands arbres sur ma porte
La lumière d’un lampadaire
Trace un schéma au mur blanc
Comme un puzzle de mystère
Ou l’ gribouillis d’un enfant
En haut d’un p’tit escalier
Dans ma chambre minuscule
Je gis sur mon lit, et
A la lueur du crépuscule
Sur le mur blanc s’inscrit
Ce que mon regard suit :
Le schéma de ma vie
Et le puzzle que je suis
Je dois, dès que je suis né
Jusqu’au jour où je mourrai
Sur ce schéma cheminer
Comme je dois respirer
Comme le dédale du rat
Ma voie est devant moi
Et le schéma ne changera
Qu’à la mort du rat
Dans l’ombre qui s’épaissit
Le schéma que je dois suivre
Reste et c’est très bien ainsi
Car dans l’ombre je dois vivre
Comme la couleur de ma peau
Ou le jour de mon trépas
Ma vie est faite de schémas
Que je ne contrôle pas
(Traduction – Adaptation :Polyphrène)
PS : Je me suis heurté à de grandes difficultés pour traduire cette chanson. « Schéma » n’est pas la meilleur traduction de « Pattern » mais, outre les contraintes de la rime, j’ai préféré éviter d’autres termes (comme « Patron ») dont les connotations sont différentes. Il faut comprendre ici « Schéma » comme une série de cheminements prédéterminés, et souvent répétitifs.
lundi 1 novembre 2010
The Land of Plenty
Don't really have the courage
To stand where I must stand.
Don't really have the temperament
To lend a helping hand.
Don't really know who sent me
To raise my voice and say:
May the lights in The Land of Plenty
Shine on the truth some day.
[…]
Chanson fractale !
C’est à Léonard Cohen que revient ma 200ème traduction, en gage de reconnaissance pour ses mélodies qui m’ont entraîné sur le chemin de ses textes où, guidé par les amis du Forum, sur le « Site Français de Léonard Cohen », je découvre les images fractales de l’âme, de la société, et du monde.
« Land of Plenty » signifie en fait « Pays de Cocagne », mais la connotation de rêve et d’illusion n’est peut-être appropriée ici, car le rêve des uns est la réalité des autres, dans ce monde où les richesses sont si mal partagées.
Comme toujours, les chansons de Léonard Cohen se prêtent à de multiples lectures, et l’actualité peut en donner un éclairage politique, lorsque la lutte contre l’immigration refoule les « ressortissants » des pays « en voie de développement » vers la prison de leur pauvreté.
A l’échelle de l’individu aussi, l’opposition que souligne Léonard Cohen entre l’abondance et la vérité trouve aussi tout son sens, dans la faille qui sépare nos actes de nos promesses lorsque toute chose a un prix, comme dans le fossé qui sépare nos mots de nos pensées.
Le Pays d’Abondance
J(e)’ n’ai pas vraiment le courage
Du rôle qui est le mien
J(e)’ n’ai pas vraiment le sens du partage
Et de tendre la main
(Je) n’ sais pas vraiment qui m’envoie
Ici pour proclamer
Qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité
(Je) n’ sais pas pourquoi je suis là
Sachant comme moi
C’ que tu penses vraiment de moi
C’ que je pense vraiment de toi
Pour les millions dans une prison
Que la richesse chasse ailleurs
Pour le Christ que son ascension
N’élève pas du creux du cœur
Pour l’obligatoire décision
La plus intime qui soit
Pour nos restes de religion
Je prie à haute voix
Pour qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité
Je devais te retrouver,
Je sais, au magasin
Mais je n’ peux pas l’acheter
Je n’en ai plus les moyens
Et je n’ sais pas vraiment qui m’envoie
Ici pour proclamer
Qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité
Pour l’obligatoire décision
La plus intime qui soit
Pour nos restes de religion
Je prie à haute voix
Pour qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité
(Traduction – Adaptation :Polyphrène)
To stand where I must stand.
Don't really have the temperament
To lend a helping hand.
Don't really know who sent me
To raise my voice and say:
May the lights in The Land of Plenty
Shine on the truth some day.
[…]
Chanson fractale !
C’est à Léonard Cohen que revient ma 200ème traduction, en gage de reconnaissance pour ses mélodies qui m’ont entraîné sur le chemin de ses textes où, guidé par les amis du Forum, sur le « Site Français de Léonard Cohen », je découvre les images fractales de l’âme, de la société, et du monde.
« Land of Plenty » signifie en fait « Pays de Cocagne », mais la connotation de rêve et d’illusion n’est peut-être appropriée ici, car le rêve des uns est la réalité des autres, dans ce monde où les richesses sont si mal partagées.
Comme toujours, les chansons de Léonard Cohen se prêtent à de multiples lectures, et l’actualité peut en donner un éclairage politique, lorsque la lutte contre l’immigration refoule les « ressortissants » des pays « en voie de développement » vers la prison de leur pauvreté.
A l’échelle de l’individu aussi, l’opposition que souligne Léonard Cohen entre l’abondance et la vérité trouve aussi tout son sens, dans la faille qui sépare nos actes de nos promesses lorsque toute chose a un prix, comme dans le fossé qui sépare nos mots de nos pensées.
Le Pays d’Abondance
J(e)’ n’ai pas vraiment le courage
Du rôle qui est le mien
J(e)’ n’ai pas vraiment le sens du partage
Et de tendre la main
(Je) n’ sais pas vraiment qui m’envoie
Ici pour proclamer
Qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité
(Je) n’ sais pas pourquoi je suis là
Sachant comme moi
C’ que tu penses vraiment de moi
C’ que je pense vraiment de toi
Pour les millions dans une prison
Que la richesse chasse ailleurs
Pour le Christ que son ascension
N’élève pas du creux du cœur
Pour l’obligatoire décision
La plus intime qui soit
Pour nos restes de religion
Je prie à haute voix
Pour qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité
Je devais te retrouver,
Je sais, au magasin
Mais je n’ peux pas l’acheter
Je n’en ai plus les moyens
Et je n’ sais pas vraiment qui m’envoie
Ici pour proclamer
Qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité
Pour l’obligatoire décision
La plus intime qui soit
Pour nos restes de religion
Je prie à haute voix
Pour qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité
(Traduction – Adaptation :Polyphrène)
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