dimanche 14 décembre 2014

Cat & The Dog Trap









Yusuf Islam se réconcilie avec Cat Stevens, et joue avec son premier pseudonyme pour évoquer son enfance, sa jeunesse, et le long apprentissage de la sagesse. C’est avec un bienveillant amusement qu’il décrit toutes les diableries, les mauvais coups et les sottises que l’on peut commettre dans l’enfance lorsqu’il faut tenter l’expérience… Sans doute excuse-t-il aussi les errements de la jeunesse, ses impulsions et ses audaces, quand le bouillonnement de la vie vient embraser le cœur et l’âme.
Mais la sagesse qu’on croît atteindre au bout d’un long cheminement, la sérénité que l’on montre comme une victoire sur soi-même, la tolérance que l’on prône comme une guérison de l’âme… ne sont-elles pas, en fin de compte, que le simple effet des années, que le travail du temps qui passe, érodant les reliefs  saillants, transformant les gorges en vallées, et uniformisant les plaines ?
« After changes upon changes, were are more or less the same » chantait Paul Simon. Nous ne changeons pas vraiment : nous apprenons simplement à supporter ce que nous sommes, qui ne faisons que passer.
Si la jeunesse a du courage, si la sagesse vient avec l’âge, pourquoi attendre tant d’années pour écouter et regarder ? Pourquoi ne pas vouloir comprendre que le bonheur de vivre en paix doit se construire sur le respect ?
Respect de soi,
Respect des autres
Respect de la nature
Respect du temps
 
ALN



Le Chat et le Piège à Chiens

Chat dans la cour
Fait le fou
Nargue le chien, disant
« Tu n’ m’auras pas
Na-Na-Nère ! »

Il fut un temps
Dans mes jeunes années
Je tirais la queue
De tous les dangers
Apprenti sage

Chat saute du mur
Sur le landau
Du bébé qui crie
Prend le biberon
Et puis s’enfuit

Il fut un temps
Où j’aboyais
Sur les talons
De tout étranger
Apprenti sage
Apprenti sage

Chat dans une cage
Est enchaîné
Dans sa gamelle, un vieux
Poisson desséché
Nostalgie

Il fut un temps
Déjà lointain
Où je tombais
Dans tout piège à chien
Apprenti sage
Apprenti sage
Apprenti sage
Apprenti sage


Traduction – Adaptation : Polyphrène

vendredi 21 novembre 2014

A Heart In New York






Art Garfunkel a chanté cette chanson de Benny Gallagher et Graham Lyle lors du concert historique qu’il donna avec Paul Simon à Central Park en 1981, soulevant l’enthousiasme des 500 000 personnes rassemblées à cette occasion. « A Heart in New York » décrit l’émotion que ressent le voyageur de retour vers sa ville, lorsqu’il en aperçoit, par le hublot de l’avion, les premières formes et les premières lumières. New York, ville des contrastes entre ombre et lumière, richesse et misère, culture et décadence, générosité et violence, exerce une fascination sur le monde par les symboles qu’elle brandit, et par tous les excès qui témoignent de sa pleine humanité, pour le meilleur et pour le pire…
ALN


Un Cœur à New York

New York,
Vers tes gratte-ciel en avion
De Londres, je reviens
A ta porte.
New York,
Le lac de Central Park luit
Où l’on dit qu’il ne faut pas aller la nuit.

New York,
Comme on te voit au cinéma
Mais tu es bien réelle pour moi
Il y a un cœur
Un cœur qui bat à New York

Un cœur à New York,
Sur l’asphalte, une fleur.
Je chante au rythme des battements de ton cœur
Un cœur à New York,
Des yeux d’amour,
Une porte ouverte à l’ami pour la nuit.

New York,
Tes pensées dans l’argent s’abiment.
Je n’y changerai par mes rimes
Pas un centime.
Alors, à toi, New York !


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

jeudi 20 novembre 2014

Editing Floor Blues







De même que dans « Cat & The Dog Trap », de son dernier album « Tell’Em I’m Gone », Yusuf Islam a.k.a. Cat Stevens raconte un peu de sa vie, sous l’angle des rapports entre l’opinion, la presse, et la vérité : De la sagacité de comptoir et la philosophie de bistrot (« The Johnny Walker wisdom » selon Léonard Cohen) qu’il put observer dans son enfance jusqu’aux assauts  médiatiques que subit l’artiste devenu « star » (et la première interruption de sa carrière musicale en raison de problèmes de santé), puis, à la suite de sa conversion à l’Islam dans une période où montaient les extrémismes de toutes sortes, lorsque les média rapportèrent à tort qu’il soutenait la Fatwa contre l’écrivain Salman Rushdie. Se comparant à Socrate choisissant la mort (par empoisonnement à la ciguë) plutôt que de renoncer à sa recherche de la vérité, il explique ainsi son retrait de la scène (de 1978 à 2001) et son long silence.
Son retour sur scène et la publication, depuis, de ses trois nouveaux albums (An Other Cup, Roadsinger, et Tell’Em I’m Gone), pour le plus grand bonheur de ses fans, sont aussi pour lui l’occasion de s’expliquer, et d’apparaître sous un autre jour : celui d’un homme serein, apaisé, plein d’humour, toujours passionné par la musique mais ayant manifestement pris du recul, tant vis-à-vis de son propre cheminement que des extrémismes de tous bords.
Est-ce là le résultat de sa recherche spirituelle ou le simple effet de l’âge ? Les plus grands chanteurs ont suivi le même parcours, et leur répertoire en témoigne (Like a Soldier, et Song For The Life, par Johnny Cash, Going Home, et Show Me The Place, pour Léonard Cohen). Le temps est un artisan patient qui peut adoucir les tempéraments comme il polit les galets.
Pourtant, si le génie musical des années 1960 et 1970 dont les chansons révélaient une âme tumultueuse et enflammée porte aujourd’hui une longue barbe blanche et s’exprime avec le calme et la sérénité d’un sage, sa voix n’a pas changé : Yusuf Islam et Cat Stevens ne font qu’un !
ALN


Le Blues de la Rédaction

Je suis né dans le West-End
De Londres à l’été quarante-huit
Au dessus d’un café
Où certains aimaient venir pour la soirée
Pour moi, c’était la journée
Oh ! Les chiens grognent désormais
Devant ma porte
Et, de la rédaction, hurlait la Vérité

Passent les années
Les Quarrymen triomphent
Le p’tit gars devient une star
Puis il tombe, mais il se relève
Avec une guitare Everly
Sur la route, il part en quête
De la bonne chanson dont il rêve
Et, dans la rédaction, chantait la Vérité

Big Brother se rendit
Avec témérité
En ces lieux, dit-on
Où jadis les prophètes marchaient
Au dessus de ce bas monde
Puis vint la Parole
Et le petit frère put voir
Comment la rédaction masquait la Vérité

Un jour, les journaux demandèrent
Si j’avais dit ça
J’ai dit « Oh non,
Certainement pas ! »
Et, au fond des choses, nous sommes allés
Ils ne l’ont pas publié !
Tout comme, en Grèce, Socrate priait,
Tombant à genoux
« Mon Dieu, pardonnez-leur »
Et ne parla plus
Et, dans la rédaction, s’épandait la ciguë.


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

* The Quarrymen : nom de scène de ceux qui deviendront ensuite "The Beatles"
** Black Everly guitar : le modèle de guitare acoustique noire Gibson rendue populaire par "The Everly Brother"