dimanche 20 avril 2014

The first time ever I saw your face






400 !
Pour la quatre-centième traduction de Polyphrène, j'ai choisi cette chanson d’Ewan MacColl, chantée tout d’abord par Peggy Seeger, puis, avec un immense succès, par Roberta Flack, et reprise par de très nombreux chanteurs dont Harry Belafonte, Johnny Cash, Petula Clark, The Highwaymen, Nana Mouscouri, Peter Paul and Mary, The Kingston Trio, Elvis Presley, Gordon Lightfoot, et… Céline Dion.


La première fois… 

Souvenir attendri de ce premier regard
Qui s’arrête un instant sur des yeux bleu d’azur,
Et discerne aussitôt une immense aptitude
A contempler le ciel, à souffrir, à aimer.
Souvenir du regard qui revient et s’attarde,
Embrasse la silhouette, caresse la chevelure
Aux reflets bruns dorés, et suit le mouvement
De ces mains animées qui parlent de voyages
Mais aussi de caresses.
Souvenir d’un coup d’œil, comme un baiser volé,
Et du cœur qui s’éveille et puis, dans les oreilles,
La douce voix qui chante, et qui rit,
Et qui parle du monde et toutes ses merveilles.
Un visage animé, lumineux, passionné
Qui rayonne la joie à travers la tristesse.
Et la chaleur d’un cœur, discret et généreux,
Attentif et fidèle.
Et ces yeux, bleu profond, où brille le soleil !
Souvenir attendri des premiers mots banals,
Des phrases convenues,
Puis des premiers messages.
Et des longues missives, ou chacun se dévoile,
Peu à peu, pas à pas.
Où l’on glisse avec soin, dans les recoins des phrases,
Quelques mots qui suggèrent
L’intérêt, la douceur, et, bientôt, la tendresse.
Ces réponses qu’on lit, à toute heure de la nuit,
Où l’on cherche un écho aux battements du cœur.
Le premier mot d’amour, bien caché, déguisé,
Sous des dehors austères au détour d’une phrase.
Un mot que l’on peut lire, sans douter ni frémir,
Et que l’on peut laisser sans plus s’y attarder.
Mais un mot que le cœur, ouvert et vulnérable,
Entend comme un aveu, troublant et délicieux.
L’émotion et la peur, le désir et la crainte
Ravivant les souffrances qu’on voudrait oublier
En montrant le bonheur qu’on voudrait espérer
La volonté de vivre, recevoir et donner
Le courage d’aimer et de tout partager
Le sentiment profond que la vie prend un sens
Quand on avance à deux, en se tenant la main
Souvenir attendri de la première fois
Où tes mains et mes mains, entrelaçant les doigts
Ont tiré l’un vers l’autre nos corps brûlants de fièvre
Quand, le cœur bondissant, j’ai rapproché mes lèvres
De ta bouche tremblante, pour un premier baiser
Timide et passionné, fougueux, tendre, et discret
Quand ma main a osé te caresser la nuque
Quand mes lèvres ont osé descendre dans ton cou
Et souvenir ému de la première fois
Où j’ai cru défaillir quand je t’ai entendue
Me dire ces mots si beaux qu’ils résonnent encore :
Je t’aime !

A Hélène


La première fois que je t’ai vue

Quand ton visage m’est apparu
J’ai vu l’aurore dans tes yeux
Faisant don de la lune et des étoiles
Au plus sombre et profond des cieux, mon cœur
Au plus sombre et profond des cieux

Quand tes lèvres j’ai pu embrasser
Ma main tenait le monde entier
Comme le cœur tremblant d’un oiseau captif
Soumis à ma volonté, mon cœur
Soumis à ma volonté

Quand, enfin, je t’ai prise dans mes bras
Ton cœur contre mon cœur battant
Notre joie aurait pu remplir
Le monde jusqu’à la fin des temps, mon cœur
Le monde jusqu’à la fin des temps


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

mardi 8 avril 2014

Angel From Montgomery











Cette chanson de John Prine, rendue célèbre par l’interprétation de Bonnie Raitt, a été chantée aussi par de nombreux artistes, dont Carly Simon, Bonnie Koloc, et Tanya Tucker. Elle illustre la désillusion, la mélancolie et l’amertume que suscite, quand les années supposées belles sont passées et que la descente inexorable est entamée, un coup d’œil en arrière sur les rêves perdus et les espoirs déçus. L’amour, la gloire et l’aventure dont rêve la jeunesse ont fait place au triste quotidien, et, faute de souvenirs merveilleux et d’avenir radieux, l’âme se morfond dans un morne présent.
Georges Brassens, avec une poésie merveilleusement tendre et délicate, évoque dans « Pénélope » les sentiments de « l’épouse modèle », aux « soirs de vague à l’âme et de mélancolie ». Revenir en arrière, effacer des ans l’irréparable outrage, et vivre, ne serait-ce qu’un instant, la passion qui donne un aperçu de l’infini et de l’éternité ! Seul un miracle pourrait faire cela, et c’est le sens de l’appel à un « Ange de Montgomery » (ville d’où était originaire le chanteur de Country Hank Williams, dont John Prine était un admirateur).
ALN




Ange de Montgomery

La vieille femme que je suis
Se nomme comme sa maman
Mon vieux mari est aussi
Un vieil enfant

Si rêves tonnaient
Et désir foudroyait
Cette vieille baraque aurait brûlé
Depuis des années

Faites-moi venir
Un ange de Montgomery
Faites-moi un poster
De rodéo jadis
Donnez-moi une chose
A quoi me tenir
Croire en cette vie morose
Ne vaut guère mieux que mourir

Quand j’étais jeune fille
J’avais pris un cowboy
Un pauv’ gars sans allure
Qui cherchait l’aventure
Ça fait bien longtemps
Et, quoi que j’aie pu faire
Les années, en dansant
La ronde me brisèrent

Faites-moi venir
Un ange de Montgomery
Faites-moi un poster
De rodéo jadis
Donnez-moi une chose
A quoi me tenir
Croire en cette vie morose
Ne vaut guère mieux que mourir

Dans la cuisine, j’entends
Des mouches le vrombissement
Je n’ai rien fait depuis
Mon réveil aujourd’hui
Mais comment peut-on s’en aller
Tous les matins pour travailler
Et revenir sans avoir
Rien à se dire tous les soirs

Faites-moi venir
Un ange de Montgomery
Faites-moi un poster
De rodéo jadis
Donnez-moi une chose
A quoi me tenir
Croire en cette vie morose
Ne vaut guère mieux que mourir

(Traduction – Adaptation : Polyphrène, en collaboration avec Céline Coppin)