samedi 4 août 2018

The Trip to Pirate’s Cove

I took my few belongings











Tom Petty, qui décrit cette chanson comme un véritable petit film, reconnait qu’elle évoque quelques épisodes de sa propre biographie, décrivant en quelques touches impressionnistes, des épisodes, incidents, personnalités… rencontrés au cours d’un voyage « vers le soleil couchant » qui pourrait être une simple métaphore de la vie. Le récit est délibérément fragmenté, laissant à l’auditeur la liberté de tracer des lignes entre les pointillés. Une vieille voiture, un ecclésiastique douteux mais perspicace, un arrêt forcé et des filles, une simple aventure qui laisse des traces dans le cœur… ou ravive un souvenir douloureux, et la quête d’un ailleurs qui ressemble à la fuite d’un avant… tous les ingrédients de la nostalgie.

Tom Petty, récemment décédé, avait enregistré cette chanson avec The Heartbreakers en 2010.
  

Voyage à Baie-du-Pirate

J’ai pris mon maigre bagage
Et en route pour Baie-du-Pirate
Dans la vieille Jeep de mon pote
Roulant tant qu’y avait d’ l’essence

Nous filions au plus près du ciel
Où tout était incandescence
Vers le soleil couchant
Ne roulant que pour rouler

Je pense qu’il était pasteur
Je n’sais plus comment il s’app’lait
Il était à bout de souffle
Mais continuait à m’parler

Il me dit : « Je te parie
Qu’ tu resteras dans l’jeu, mon garçon
Ouais, il faut y aller à fond
Tu te le reprocheras sinon »

Perdu une roue à Santa-Cruz
Donc fait la bringue avec des serveuses
Mon pote dit : « J’ n’aime pas la mienne,
Si ça te dit, on échange »

C’était une part de mon cœur
Elle n’est plus qu’une ride à mon front
Les flics nous ont laisser filer
Ils n’ pouvaient pas nous coffrer sans raison

Mon pote dit « Emmène-là.
La laisser-là n’s’rait pas chrétien
Mais tirons-nous de Santa-Cruz
J’n’ai que dix centimes canadiens

J’ai une copine à Mendocino
Et c’est bientôt que l’on y moissonne
Et bien qu’un peu trop mûre
Elle était plutôt mignonne

En route vers Baie-du-Pirate
En route vers Baie-du-Pirate
Vers le soleil couchant
Vers le soleil couchant

(Traduction – Adaptation : Polyphrène,
sur une suggestion et avec l'aide de Michaël Midoun)

vendredi 13 juillet 2018

How the Heart Approaches What It Yearns

In the blue light
Of the Belvedere Motel
Wondering as the television burns
How the heart approaches what it yearns

In a fever
I distinctly hear your voice
Emerging from a dream, the dream returns
How the heart approaches what it yearns

After the rain on the Interstate
The headlights slide past the moon
A bone-weary traveler
Waits by the side of the road
Where's he goin'?

I dream we are lying on the top of a hill
And headlights slide past the moon
I roll in your arms
And your voice is the heat of the night
I'm on fire

In a phone booth
In some local bar and grill
Rehearsing what I'll say, my coin returns
How the heart approaches what it yearns
How the heart approaches what it yearns


« Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point »…
C’est cette diaphore de Blaise Pascal qu’illustre, par cette chanson, Paul Simon avec la pudeur et la sensibilité caractéristique de sa poésie introspective. L’amour, dès sa naissance, s’impose à nous et tout notre être est à son service. Nos émotions, nos gestes et nos rêves, mais aussi nos réflexions et nos « raisonnements » portent sa marque, suivent sa direction, et nous ramènent inéluctablement vers lui. Prétextes, faux-semblants, hasards prémédités, coïncidences bienvenues en sont les produits, et, dans nos hésitations et nos tergiversations, nous répétons, affinons, retouchons inlassablement les paroles que nous voudrions murmurer à l’être aimé pour lui crier notre passion.
Plus tard, longtemps plus tard, au détour des souvenirs, nous retrouvons intacte l’émotion qui fleurissait alors au fond de notre cœur, arrosée par nos larmes, illuminée par notre espoir.


Ainsi le cœur poursuit son désir

À la lueur bleue
Du motel du Belvédère
La télévision brûle et j’admire
Comment le cœur poursuit son désir

Et, dans ma fièvre, 
J’entends clairement ta voix
Comme surgissant d’un rêve pour revenir
Ainsi le cœur poursuit son désir

Après l’averse, sur l’autoroute
Les phares dépassent la lune
Un voyageur éreinté
Attend sur le bas-côté
Où donc va-t-il ?

Je rêve que nous sommes couchés en haut d’une colline
Et les phares dépassent la lune
Je roule dans tes bras
Ta voix est la chaleur de la nuit
Je suis en feu

Dans la cabine
Téléphonique d’un bistrot
Ma pièce retombe ; je répète ce que je vais dire
Ainsi le cœur poursuit son désir
Ainsi le cœur poursuit son désir


Traduction – Adaptation : Polyphrène (sur une suggestion et avec l’aide de Michaël Midoun).