vendredi 31 décembre 2010

Jimmy Whalen




Voici une chanson populaire canadienne racontant l’histoire d’un bûcheron (ou d’un « draveur », accompagnant les « trains de bois » descendant au fil du courant) tué au bord d’une rivière. C’est ici la version chantée par Peter, Paul, and Mary (Adaptation et arrangements par Peter Yarrow, Noel Paul Stookey, Mary Travers, et Milton T Okun) dont je propose la traduction. L’histoire de cette chanson remonte au 19ème siècle, et l’auteur en reste inconnu. Le texte est chanté sur différentes mélodies, mais la version de Peter, Paul, and Mary est tout simplement sublime dans sa simplicité.



Jimmy Whalen

Seul, un soir, alors que je marchais au bord de l’onde
De la rivière que la lune éclairait
Seul, un soir, me promenant, je vis une jeune fille blonde
Qui pleurait, qui geignait, qui soupirait

Pleurant celui qui seul désormais gît
Celui qui est à jamais endormi
Tandis qu’autour de lui le flot écumant mugit
Recouvrant la tombe du pauvre Jimmy

Jimmy, ne me laisse pas, de douleur égarée
Pourquoi ne restes-tu pas près de moi ?
Mais si la mort est le glaive qui doit nous séparer
L’océan s’étend entre toi et moi

Seul, un soir, me promenant, je vis une jeune fille blonde
Qui pleurait, qui geignait, qui soupirait

(Traduction - Adaptation :Polyphrène)

jeudi 30 décembre 2010

That's what you get for lovin' me



Cette chanson de Gordon Lightfoot a été reprise avec un grand success par Elvis Presley, mais fut chantée aussi par Waylon Jennings et par Peter, Paul, and Mary. On y retrouve le thème ultra-classique de l’aventurier séducteur et destructeur des cœurs, pour qui l’appel de l’horizon est plus fort que la raison : un mythe très « masculin » de polygamie sérielle qui, à défaut de faire progresser les relations homme – femme, a servi de trame à quelques chansons célèbres. C’est l’occasion de citer encore la magistrale « Je ne crois pas… » de Charles Aznavour.

 
Voilà ce que tu gagnes à m’aimer !

Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer
Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer
Tu as tout perdu, vois-tu, car désormais
Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer

Je n’ suis pas du genre à toujours
Rester avec le même amour
Partir est mon fonds de commerce
Je partirai
Sitôt parti, je t’oublierai

Pour moi, ne verse pas de pleurs
Je ne suis pas fait pour ton cœur
J’en ai eu plus de cent comm’ toi
Ne t’en fais pas
J’en aurai plus d’ mille après toi

Voilà : tu vas encore pleurer
Voilà : tu vas encore pleurer
Si un jour l’état de ton cœur est
Amélioré
Peut-être que je repasserai

Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer
Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer
Tu as tout perdu, vois-tu, car désormais
Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

mercredi 29 décembre 2010

The Last Thing on my Mind



Chanson de Tom Paxton, sur une mélodie proche de celle de la ballade traditionnelle des îles britanniques "Leaving of Liverpool", "The Last Thing on my Mind" a été chantée magnifiquement par Peter, Paul, and Mary, par Dolly Parton, par Joan Baez, Johnny Cash, Neil Diamond, Hank Locklin, Anne Muray, Willie Nelson… pour ne citer que les plus célèbres – mais aussi par Nana Mouskouri, et par Joe Dassin. Si « Leaving of Liverpool » est un standard de « Line Dance » bien connu de tous les clubs et groupes de « Country », « The Last Thing on my Mind » donne à la mélodie plus de solennité, et en fait un véritable «classique», intemporel et universel.
Le thème est encore celui du départ, de la séparation, de l’incompréhension, comme un écho à « Always on my Mind », sur fond du temps qui s’écoule, comme le sable fin dans un sablier…
Quand on retourne le sablier, on ne remonte pas le temps, malheureusement !


La Dernière de mes Pensées


Cette leçon vient trop tard pour l’apprendre
Sable fin, Sable fin
En un clin d’œil, mon âme vire et s’effondre
Dans ta main, dans ta main

[Refrain :]
Vas-tu vraiment partir sans me dire un mot d’adieu ?
Sans un souvenir à me laisser ?
C’est vrai, j’aurais pu t’aimer mieux
Oui, mais vouloir te blesser
C’était bien la dernière de mes pensées

Tu as tant de bonnes raisons pour partir
Je sais ça, je sais ça
Car l’ivraie n’a cessé de tout envahir
Ne pars pas, ne pars pas

[Refrain]

En marchant, mes pensées, en ribambelle
Font la ronde, font la ronde
Sous nos pas, le métro dans son tunnel
Vibre et gronde, vibre et gronde

[Refrain]

A mon réveil dans mon lit, le matin
Seul sans toi, seul sans toi
Chaque chanson dans ma gorge s’éteint
Seul sans toi, seul sans toi

[Refrain]

Traduction – Adaptation : Polyphrène

samedi 18 décembre 2010

Leaving Green Sleeves



Léonard Cohen reprend  ici le thème de la célébrissime chanson”Greensleeves”, ballade datant apparemment du XVIème siècle, et que la légende attribue à tort au roi Henri VIII. Si l’on se perd en conjectures et hypothèses sur le sens profond du texte et sur l’identité de la dame « aux manches vertes » (comme sur la signification de ce détail vestimentaire), la mélodie traditionnelle a traversé les siècles et continuera probablement son chemin au-delà du millénaire.
En respectant, voire en épaississant, le mystère, Léonard Cohen en accentue l’érotisme et le désespoir, dans un mélange – aussi subtil et magique que celui des philtres d’amour de la légende - dont il a le secret. La fuite du temps entraînant celle des amants ou des courtisans, la vieillesse, la désertion des cœurs, l'étiolement de la passion, l'oubli... font partie des ingrédients.
La mélodie de Léonard Cohen conserve aussi une forme de solennité, mais sa voix prend des accents déchirants et troublants qui font de cette chanson le complément indissociable de la ballade traditionnelle.


Quittant “Manches-Vertes”

Hélas, amour, me fîtes tort
En m’écartant avec violence
Car je vous aimais si fort
Faisant mes délices de votre présence
Si vous voulez me montrer du mépris
Voyez, mon désir n’est que plus excité
Car je demeure, même ainsi
Votre amant en captivité

Manches-Vertes, vous êtes seule ici
Les feuilles sont mortes, les hommes partis
Manches-Vertes, car tous désertent
Même la gente Dame Manches-Vertes

J’ai chanté, j’ai bonimenté
Pour vos cuisses de toute beauté
Et n’est-ce pas fou, n’est-ce pas bien
Que nos ébats s’achèvent enfin ?
Puis, je vous vis nue quand l’aube s’enflamme
J’espérais que ce soit une nouvelle femme
J’appelais mais vous étiez partie
Lors, ma Dame, je pars aussi

Manches-Vertes, vous êtes seule ici…

Manches-Vertes, vous êtes seule ici
Les feuilles sont mortes, les hommes partis
Manches-Vertes, c’est si facile ainsi
De quitter la Dame Manches-Vertes

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

samedi 11 décembre 2010

Memories

Frankie Lane, he was singing Jezebel
I pinned an Iron Cross to my lapel
I walked up to the tallest and the blondest girl
I said, Look, you don't know me now but very soon you will
So won't you let me see
I said "won't you let me see"
I said "won't you let me see
Your naked body?"
[…]




Sur un rythme très dansant et un peu inattendu de la part de Léonard Cohen, cette chanson (paroles et musique de Léonard Cohen, arrangements de Phil Spector) raconte un souvenir de « drague » d’adolescent dans une boîte alors que passait la chanson de Wayne Shanklin « Jezebel », popularisée en anglais par Frankie Laine, et en France par Charles Aznavour et par Edith Piaf. S’inspirant du personnage biblique, la chanson « Jezebel » évoque la passion dévorante pour une femme dont l’irrésistible attrait cache une âme diabolique. Léonard Cohen décrit sa chanson comme une « capsule temporelle » dans laquelle il a placé les souvenirs de l’épisode le plus banal et le plus insignifiant de son adolescence boutonneuse… en rajoutant avec humour que c’est probablement pour cette forme de banalité que cette chanson sera éternelle. La « Croix de Fer », décoration militaire allemande, dite aussi « Croix de Prusse », était alors un symbole arboré par « les durs » ou ceux qui voulaient se faire passer pour tels. Il se souvient aussi de cette fascination et ce véritable culte qu’il vouait alors (déjà) à la Féminité, « ce papillon insaisissable ».


Souvenirs


On jouait « Jezabel » de Frankie Laine
A mon revers, j’ai mis une Croix Prussienne
La plus grande et plus blonde des filles j’ai abordé
J’ai dit « Tu n’ me connais pas mais ça n’ va pas tarder »
Me laisseras-tu donc voir »
J’ai dit « Me laisseras-tu donc voir »
J’ai dit « Me laisseras-tu donc voir
Ton corps dénudé ? »

« Vers un coin de pénombre danse avec moi
Je t’y laisserai peut-être faire n’importe quoi
Je te sais avide ; je l’entends dans ta voix
Et il y a tant à toucher sur mon corps : tu as le choix
Mais tu ne peux pas voir »
Elle dit « Tu ne peux pas voir »
Elle dit « Tu ne peux pas voir
Mon corps dénudé »

Nous dansons, serrés, sur Stardust l’orchestre joue
Ballons et serpentins flottent au dessus de nous
Elle dit « Plus qu’une minute pour tomber amoureux »
« Ce sont de tels instants que j’appelle de tous mes vœux
Et toute ma foi pour voir »
J’ai dit « Toute ma foi pour voir »
J’ai dit « Toute ma foi pour voir
Son corps dénudé »




(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

vendredi 3 décembre 2010

A Poem on the Underground Wall

The last train is nearly due,
The underground is closing soon,
And in the dark deserted station,
Restless in anticipation,
A man waits in the shadows.

His restless eyes leap and snatch,
At all that they can touch or catch,
And hidden deep within his pocket,
Safe within its silent socket,
He holds a coloured crayon. […]



Art Garfunkel raconte comment, à la fin d’une séance de photos dans les métro de New York  pour illustrer la couverture de l’album “Wednesday Morning 3 AM”, il a aperçu, sur le mur du métro face auquel avaient été effectuées les prises de vue, un graffiti directement suggestif, dans le pur style des tagueurs new-yorkais, comportant un mot de 4 lettres (F…) très explicitement illustré. Naturellement, la « Columbia » qui produisait cet album a fait en sorte que le graffiti n’apparaisse pas sur la couverture, mais l’incident à inspiré à Paul Simon cette chanson, que l’on retrouve sur plusieurs albums (notamment « Simon & Garfunkel – Parsley, Sage, Rosemary and Thyme », et « The very best of Art Garfunkel across America »).
Le rythme accéléré de cette chanson restitue bien l’excitation et la peur qui animent l’esprit du « graffeur » s’apprêtant apposer sa marque sur les affiches publicitaires du métro. Le texte joue sur une part de mystère et d’anticipation, mais aussi sur une allégorie « matricielle », comparant l’arrivée de la rame du métro à un accouchement, le métro lui-même à l’enfant qui apparaît ainsi à l’époux assistant au travail, puis la fuite du « graffeur » comme « tété » par la nuit qui l’aspire vers le « sein » de la pénombre.

Un Poème sur les Murs du Métro

Voilà l’ultime rame, et
Le métro va bientôt fermer
Et dans la station désertée
D’anticipation agité
Il attend dans la pénombre

Son regard vif se pose sur
Tout ce qu’il saisit ou capture
Et dans la poche de son manteau
Cachée au fond de son fourreau
Il tient une craie de couleur

Maintenant le tunnel accouche
Et la rame promise approche
Les portes accueillantes l’aspirent
Mais il hésite, et se retire
Plus loin dans la pénombre

Soudain, voilà le train parti
Dans un gentil cliquetis
Bien scandé comme une litanie
Il serre comme un chapelet béni
Sa craie dans sa main

Puis, de sa poche, la craie surgit
Sur le mur trace avec énergie
En plein sur la publicité
Un poème d’un seul mot, limité
A cinq lettres

Son cœur rit, son cœur crie, son cœur bondit
Et son poème, sur les voies, retentit
Sous le signal d’exit qui luit
Ses jambes l’emportent et il fuit
Vers le sein des ténèbres, comme tété par la nuit.

(Traduction – Adaptation :Polyphrène)

dimanche 28 novembre 2010

America

Let us be lovers, we'll marry our fortunes together
I've got some real estate here in my bag
So we bought a pack of cigarettes and Mrs. Wagner's pies
And we walked off to look for America

[...]


Parmi les chansons chantées par Paul Simon et Art Garfunkel, « America » n’est pas la plus célèbre ni celle qui a connu le plus grand succès, alors qu’elle est des plus remarquables par la force poétique, le pouvoir évocateur, et la qualité mélodique. On perçoit, dans les mots qu’échangent les voyageurs en route vers New York, toute l’émotion, la pudeur et l’angoisse des jeunes amants. Timidement, ils miment les enfants qu’ils croient ne plus être, et leurs mains se tiennent quand leurs âmes se cherchent. Partis « découvrir » l’Amérique, ils rencontrent leur double solitude et la fragilité de leurs espoirs.
Il se dégage de cette chanson (inspirée, paraît-il, par la propre biographie de Paul Simon) une tendresse infinie pour cette étape de la vie où les cœurs font leur premiers pas, et une grande nostalgie, alimentée par les évocations précises d’une certaine « Amérique » (les tartelettes de Mrs Wagner, Saginaw, le Michigan, l’autoroute vers New York, les bus de la « Greyhound »…).


L’Amérique

Soyons amants et nos deux fortunes seront mariées
J’ai dans mon sac des titres immobiliers
Nous avons ach’té des cigarettes
Et quelques tartelettes
Et sommes sortis pour découvrir l’Amérique

Tout en montant dans un bus à Pittsburgh, j’ai dit « Cathy
Le Michigan semble un rêve vu d’ici
Quatre jours en stop de Saginaw ça m’a pris
Je viens pour découvrir l’Amérique »

Pour rire, en voyage,
Plaisantant sur les visages
Elle dit que l’homme en manteau noir était un espion
J’ai dit « Il cache une caméra sous son nœud papillon »

« Passe-moi une cigarette, je pense qu’il y en a une dans l’imper »
« On a fumé tout à l’heure la dernière »
J’ai regardé le paysage, elle a lu une revue
Sous la lune des champs à perte de vue

« Je suis paumé », dis-je à Cathy qui dormait près de moi
« Je suis vidé, j’ai mal sans savoir pourquoi »
Sur la route de New Jersey comptant le trafic
Ils sont tous là pour découvrir l’Amérique
Tous là pour découvrir l’Amérique

Sur la route de New Jersey, comptant le trafic
Ils sont tous là pour découvrir l’Amérique
Tous là pour découvrir l’Amérique

samedi 20 novembre 2010

No Other Name

Know me by the light of a fire shinin' bright,
Know me by your bed where I've lain
Know me, and you might,
If just for a night
You'll know me by no other name.
[…]



Chanson sombre et mystérieuse, de Noël Paul Stookey, merveilleusement chantée par « Peter, Paul, and Mary », sur le thème de la solitude et l’anonymat de celle qui « n’a pas d’autre nom » que la misère, pas d’autre pays que l’errance, pas d’autre destin que l’abandon.


Pas d’autre nom

Vois-moi à la lumière d’un foyer qui luit
Vois-moi au lit où nous dormions
Vois-moi comme je suis
Juste pour une nuit
Tu ne connaîtras pas mon nom

D’autres filles t’offrent un diadème
D’autres offrent de précieux ouvrages
D’autres disent « Je t’aime »
D’autres ont mon visage

D’autres offrent de l’or
(Un) bébé qui dort
Je n’offre qu’affliction
Tu me verras, tu devines,
Dans le vent des collines
Tu ne connaîtras pas mon nom

D’autres meurent pour d’ la monnaie
D’autres meurent par amour
D’autres meurent comme elles sont nées
D’autres meurent chaque jour

Seule, je mourrai
Loin de mon foyer
Sans réponses à tes questions
La pierre sur ma tête
Ne dira qu’une date
Elle ne connaîtra pas mon nom
Elle ne connaîtra pas mon nom

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

dimanche 14 novembre 2010

Sparrow

Who will love a little sparrow,
Who's travelled far, and cries for rest?
"Not I," said the oak tree.
"I won't share my branches with no sparrow's nest;
And my blanket of leaves won't warm her cold breast."





On pourrait croire qu’il s’agit là d’une chanson traditionnelle, qui aurait traverse les siècles pour arriver jusqu’à nous, sur une mélodie que l’âge aurait acheminé vers la perfection. C’est en fait une œuvre de Paul Simon, chantée en duo sublime avec Art Garfunkel. Bien sûr, le thème du « monde cruel » est classique, mais ce poème va plus loin, en énumérant les prétextes futiles de l’indifférence à la souffrance d’autrui, et le cynisme de ce que certains appellent « La Loi Naturelle ». Le dernier vers est une citation des mots de la Genèse (3.19), prononcés lors de la cérémonie des rameaux : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière ». Il s’agit de l’une des conséquences du « Péché originel » : l’homme devra « gagner son pain à la sueur de son front », la femme « enfantera dans la douleur », etc. Tout cela pour avoir « écouté la voix de (la) femme ». On ne mesurera jamais assez à quel point cette vision a imprégné ce que l’on appelle notre « culture » et nos « valeurs ». La religion chrétienne n’est, du reste, pas la seule à véhiculer de telles idées, sur lesquelles sont fondés tant de préjugés et d’injustices.
Le monde irait pourtant mieux si nous oeuvrions tous ensemble pour faire face aux fléaux auxquels nous sommes confrontés, qu’ils soient naturels (les « catastrophes naturelles » !) ou créés par l’homme lui-même. Cela irait sans doute mieux aussi si nous écoutions plus souvent la voix des femmes :
Par exemple, celle de Aung Sann Suu Kyi, qui vient enfin d’être libérée !


Le Moineau

Qui aimera un petit moineau
Epuisé par son long voyage ?
« Pas moi » dit le grand chêne,
« Pas de nid d’oiseau dans mon beau branchage.
Il ne se réchauffera pas sous mon feuillage »

Qui aimera un petit moineau
Et lui parlera gentiment ?
« Pas moi » dit le cygne.
« Y penser seulement est extravagant.
Les autres cygnes se riraient de moi, méprisants »

Et qui voudra bien prendre en pitié
Et nourrir un moineau affamé ?
« Pas moi » dit le blé doré
« Je voudrais bien, mais je ne pourrai jamais.
Tout mon grain doit être semé pour germer »

Qui aimera un petit moineau
Et son épitaphe écrira ?
« C’est moi » dit la Terre
« Car tout ce que j’ai créé revient à moi.
De poussière tu es fait, poussière tu seras »

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

jeudi 11 novembre 2010

The Guests

One by one, the guests arrive
The guests are coming through
The open-hearted many
The broken-hearted few
And no one knows where the night is going
And no one knows why the wine is flowing
Oh love, I need you
I need you
I need you
I need you
Oh, I need you now



Bien que dominée par une forme d’onirisme mystique et eschatologique, cette chanson, est, selon Léonard Cohen lui-même, inspirée des écrits d’un poète persan du 13ème siècle. Elle exprime le sentiment, enfoui au fond de notre âme, d’une attente, d’une aspiration dont nous ne pouvons discerner l’objet. Parfois – rarement – une porte s’entrouvre un instant et notre esprit croit apercevoir, dans un flot de lumière, l'objet même de cette attente. Dans les œuvres de ce poète, il est symbolisé par un grand banquet qui réunirait les âmes à la table de leur maître (ou leur créateur ?). Les mots qu’emploie ici Léonard Cohen permettent aux mystiques d’y voir le « jugement dernier » par lequel les « élus » pourront aller s’asseoir à la droite du maître, en écho d’une évocation de la Cène. Les autres pourront en rester à une interprétation plus littérale, retenant ce besoin d’amour fusionnel que proclame et martèle Léonard Cohen (Oh Love, I need you…). Tous, cependant, reconnaîtront la fulgurance de ce sentiment étrange et transcendant qui, de temps à autre, transperce notre cœur.

Les Hôtes

Un à un, les hôtes s’avancent
Les hôtes font leur entrée
De nombreux cœurs en confiance
Quelques cœurs sinistrés
Et nul ne sait où la nuit s’écoule
Et nul ne sait pourquoi le vin coule
Amour, je te veux
Je te veux
Je te veux
Je te veux
Oh, je te veux, là

Et ceux qui dansent entre en danse
Ceux qui pleurent implorent
« Entrez, mes hôtes », une voix lance,
« Ne restez pas dehors »

Et nul ne sait…

Et tous vont, chancelants, partout
En secret confinés
Disant « Révèle-toi », ou
« Pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Et nul ne sait…

Puis les torches resplendissent
S’ouvre la porte du fond
Un à un, ils la franchissent
En toutes formes de passion

Et nul ne sait…

Et tandis qu’ils prennent leur festin
Les murs fondent soudain
Les hôtes sont jetés, un par un
Au dehors du jardin

Et nul ne sait…

Ceux qui dansent entrent en danse
Ceux qui pleurent implorent
Ceux qui sont perdus d’avance
Se perdent et perdent encore

Et nul ne sait…

Un à un, les hôtes s’avancent
Les hôtes font leur entrée
De nombreux cœurs en confiance
Quelques cœurs sinistrés

Et nul ne sait…

samedi 6 novembre 2010

Patterns

The night sets softly
With the hush of falling leaves,
Casting shivering shadows
On the houses through the trees,
And the light from a street lamp
Paints a pattern on my wall,
Like the pieces of a puzzle
Or a child's uneven scrawl
[…]




Un texte troublant, presque dérangeant, de Paul Simon, évoquant le peu de contrôle que nous pouvons avoir sur le déroulement de notre vie. Il ne s’agit pas d’une vision simpliste ou fataliste du « destin », mais des « ingrédients » dont nous sommes faits et du contexte dans lequel nous évoluons. Paul Simon compare la voie que nous suivons au labyrinthe dans lequel on fait courir les rats (pour l’étude de l’apprentissage, de la mémoire, et du conditionnement). Nos désirs, nos peurs, nos réactions, sont prévisibles et, s’il nous arrive de corriger notre comportement, c’est, comme le rat de laboratoire, par « conditionnement négatif », lorsque la même erreur nous a, plusieurs fois, confrontés à la même sanction. Des choix libres et conscients nous sont possibles, certes, lorsque par exemple, au restaurant, nous avons à choisir entre dessert et fromage… mais cela ne va pas beaucoup plus loin. Oscar Wilde disait « Je peux résister à tout… sauf à la tentation », et la vertu n’est parfois que l’issue d’une confrontation entre peur et désir, lorsque la première l’emporte ou que le second s’estompe. Bien souvent, le nombre et la complexité des influences plus ou moins contradictoires qui s’exercent sur nous peut faire passer l’imprévisible pour l’expression d’une liberté quand il ne s’agit que d’un « chaos déterministe ». Certains en sont arrivés à se donner pour but une forme de sérénité obtenue par l’abrogation des désirs. Ceux-ci sont pourtant le principal moteur de nos actions – les meilleures comme les pires. Rechercher le bonheur, c’est accepter la possibilité de la souffrance. Renoncer à l’un par peur de l’autre est une façon de se retirer de la vie. Courir dans le labyrinthe n’est pas vraiment la solution. Que faire ? Il n’y a pas de solution – miracle… mais quand le rat parvient à sortir du labyrinthe, c’est que sa mémoire lui a permis de reconnaître les voies qu’il a déjà parcourues, et de leur préférer les autres pour courir vers de nouvelles erreurs – et une issue.



Schémas

Quand la nuit tombante
Sans bruit comme une feuille morte
Projette l’ombre tremblante
Des grands arbres sur ma porte
La lumière d’un lampadaire
Trace un schéma au mur blanc
Comme un puzzle de mystère
Ou l’ gribouillis d’un enfant

En haut d’un p’tit escalier
Dans ma chambre minuscule
Je gis sur mon lit, et
A la lueur du crépuscule
Sur le mur blanc s’inscrit
Ce que mon regard suit :
Le schéma de ma vie
Et le puzzle que je suis

Je dois, dès que je suis né
Jusqu’au jour où je mourrai
Sur ce schéma cheminer
Comme je dois respirer
Comme le dédale du rat
Ma voie est devant moi
Et le schéma ne changera
Qu’à la mort du rat

Dans l’ombre qui s’épaissit
Le schéma que je dois suivre
Reste et c’est très bien ainsi
Car dans l’ombre je dois vivre
Comme la couleur de ma peau
Ou le jour de mon trépas
Ma vie est faite de schémas
Que je ne contrôle pas

(Traduction – Adaptation :Polyphrène)


PS : Je me suis heurté à de grandes difficultés pour traduire cette chanson. « Schéma » n’est pas la meilleur traduction de « Pattern » mais, outre les contraintes de la rime, j’ai préféré éviter d’autres termes (comme « Patron ») dont les connotations sont différentes. Il faut comprendre ici « Schéma » comme une série de cheminements prédéterminés, et souvent répétitifs.

lundi 1 novembre 2010

The Land of Plenty

Don't really have the courage
To stand where I must stand.
Don't really have the temperament
To lend a helping hand.


Don't really know who sent me
To raise my voice and say:
May the lights in The Land of Plenty
Shine on the truth some day.
[…]




Chanson fractale !
C’est à Léonard Cohen que revient ma 200ème traduction, en gage de reconnaissance pour ses mélodies qui m’ont entraîné sur le chemin de ses textes où, guidé par les amis du Forum, sur le « Site Français de Léonard Cohen », je découvre les images fractales de l’âme, de la société, et du monde.
« Land of Plenty » signifie en fait « Pays de Cocagne », mais la connotation de rêve et d’illusion n’est peut-être appropriée ici, car le rêve des uns est la réalité des autres, dans ce monde où les richesses sont si mal partagées.
Comme toujours, les chansons de Léonard Cohen se prêtent à de multiples lectures, et l’actualité peut en donner un éclairage politique, lorsque la lutte contre l’immigration refoule les « ressortissants » des pays « en voie de développement » vers la prison de leur pauvreté.
A l’échelle de l’individu aussi, l’opposition que souligne Léonard Cohen entre l’abondance et la vérité trouve aussi tout son sens, dans la faille qui sépare nos actes de nos promesses lorsque toute chose a un prix, comme dans le fossé qui sépare nos mots de nos pensées.


Le Pays d’Abondance

J(e)’ n’ai pas vraiment le courage
Du rôle qui est le mien
J(e)’ n’ai pas vraiment le sens du partage
Et de tendre la main

(Je) n’ sais pas vraiment qui m’envoie
Ici pour proclamer
Qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité

(Je) n’ sais pas pourquoi je suis là
Sachant comme moi
C’ que tu penses vraiment de moi
C’ que je pense vraiment de toi

Pour les millions dans une prison
Que la richesse chasse ailleurs
Pour le Christ que son ascension
N’élève pas du creux du cœur

Pour l’obligatoire décision
La plus intime qui soit
Pour nos restes de religion
Je prie à haute voix
Pour qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité

Je devais te retrouver,
Je sais, au magasin
Mais je n’ peux pas l’acheter
Je n’en ai plus les moyens

Et je n’ sais pas vraiment qui m’envoie
Ici pour proclamer
Qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité

Pour l’obligatoire décision
La plus intime qui soit
Pour nos restes de religion
Je prie à haute voix
Pour qu’aux feux du pays d’abondance
Brille la vérité

(Traduction – Adaptation :Polyphrène)

samedi 30 octobre 2010

In My Secret Life

I saw you this morning.
You were moving so fast.
Can't seem to loosen my grip
On the past.
And I miss you so much.
There's no one in sight.
And we're still making love
In My Secret Life.
[…]



La vie secrète ? Plusieurs auteurs ont utilisé ce terme comme titre de leur biographie pour attirer le lecteur vers des révélations plus ou moins torrides ou croustillantes.
Ce n’est pas du tout ainsi que l’entend Léonard Cohen, qui évoque l’être fidèle, sincère, pur et bon que nous voudrions trouver au fond de nous-même. Léonard Cohen a souvent mis en scène la dure confrontation entre nos aspirations et la réalité de notre être, avec ses peurs, ses compromissions, et ses bassesses. Ici, il souligne notre idéal intérieur, que la vie en société nous force peu ou prou à cacher : il faut hurler avec les loups, tourner avec le vent, dissimuler ses sentiments, faire allégeance aux puissants, et faire mine de croire ce qu’impose la  pensée unique  ou dominante.
Cette chanson (de Léonard Cohen et Sharon Robinson) fait l’objet d’une analyse très systématique et pertinente par Anja Emmerson, et mes bavardages sont donc superflus. Je me contenterai de souligner la façon dont la mélodie lancinante et la voix très grave de Léonard Cohen mettent en exergue la profonde sincérité du texte. D’autres chanteurs ou chanteuses dont Katie Melua, ont repris cette chanson, en fonction de leur propre personnalité, mais l’effet est toujours remarquable.

Dans ma Vie Secrète
Je t’ai vue ce matin,
Tu étais si pressée
Malgré moi, je me retiens
Au passé
Tu me manques toujours
J(e)' n’ai personne en tête
Nous f(ai)'sons toujours l’amour
Dans ma vie secrète

Sourire bien qu’en colère
Tricher et mentir
Je fais tout ce qu’il faut faire
Pour tenir
Mais je sais distinguer
Bien et mal dans ma tête
Dans ma vie secrète

Tiens bon, tiens bon, toi, mon frère
Toi ma sœur, tiens-toi prête
J’ai enfin reçu mes ordres, hier
D(e)’ marcher la matinée entière
Et la nuit complète
Et franchir les frontières
De ma vie secrète

Lire les informations
Te tirerait des pleurs
Les gens se moquent bien que l’on
Vive ou meure
Et le vendeur veut que tu penses
Que c’est blanc ou noir. En fait,
Dieu merci, il y a des nuances
Dans ma vie secrète

Je serre les dents
J’achète ce qu’on veut
Du dernier tube dans l’ vent
A la sagesse des vieux
Mais je reste isolé
De froid, mon cœur s’arrête
C’est bondé, c’est gelé
Dans ma vie secrète

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

vendredi 22 octobre 2010

Sweet Sweet Smile

You're always in my heart
From early in the mornin' til it's dark
I gotta see your sweet, sweet smile every day

When I wake up in the mornin'
And I see you there
I always whisper a little prayer
I gotta see your sweet, sweet smile every day
[…]




Cette chanson, de Otha Young et Juice Newton, figure parmi les grands succès des « Carpenters ». Sur une mélodie très enlevée, valorisée par la voix si claire, sûre, et nuancée de Karen Carpenter, elle déborde d’entrain, de gaieté et d’optimisme. Dans cette période de morosité, ce stimulant de l’humeur est le bienvenu !

Doux, Doux Sourire

Tu restes dans mon cœur
Du matin éclatant aux heures sans couleur
Je vais voir ton doux, doux sourire chaque jour

Je m’éveille au son de ta voix
Et je t’aperçois
Je murmure une prière au fond de moi
Pour voir ton doux, doux sourire chaque jour

Tu vas me dire combien tu m’aimes
Ton désir suprême
Est de rester toujours avec moi
Et prendre soin de moi

Et tu m’enserreras dans tes bras
Me désireras
Et resteras toujours avec moi
Pour prendre soin de moi

Si je suis dans l’adversité
C’est toi seul que je veux à mes côtés
Pour voir ton doux, doux sourire chaque jour

Et si je suis à bout
C’est toi seul qui peux me remettre debout
Pour voir ton doux, doux sourire chaque jour

Tu vas me dire combien tu m’aimes
Ton désir suprême
Est de rester toujours avec moi
Et prendre soin de moi

Et tu m’enserreras dans tes bras
Me désireras
Et resteras toujours avec moi
Pour prendre soin de moi

Tu vas me dire combien tu m’aimes
Ton désir suprême
Est de rester toujours avec moi
Et prendre soin de moi

Et tu m’enserreras dans tes bras
Me désireras
Et resteras toujours avec moi
Pour prendre soin de moi

Tu restes dans mon cœur
Du matin éclatant aux heures sans couleur
Je vais voir ton doux, doux sourire chaque jour
Je vais voir ton doux, doux sourire chaque jour
Je vais voir ton doux, doux sourire chaque jour


(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

dimanche 17 octobre 2010

The Window

Why do you stand by the window
Abandoned to beauty and pride
The thorn of the night in your bosom
The spear of the age in your side
Lost in the rages of fragrance
Lost in the rags of remorse
Lost in the waves of a sickness That loosens the high silver nerves

Oh chosen love, Oh frozen love
Oh tangle of matter and ghost
Oh darling of angels, demons and saints
And the whole broken-hearted host
Gentle this soul
[…]



Léonard Cohen décrit cette chanson comme « une sorte de prière… fondée sur un ancien poème Perse… pour rassembler les deux parties de l’âme ». Elle s’ouvre sur une description poignante de l’être accablé par le poids de son humanité, devant « la fenêtre », seuil d’un autre monde, miroir de son âme, ou seule issue de sa prison ? Comme souvent chez LC, les références bibliques sont très présentes, et contribuent à la dimension mystique d’une chanson étrange, un peu psalmodiée, mais dont le refrain « remplit » l’âme d’un souffle d’espoir.

La Fenêtre

Pourquoi rester à la fenêtre
Cédant à beauté et fierté
L’épine de la nuit dans ton ventre
L’épieu de l’âge dans ton côté
Soumise aux assauts des senteurs
Soumise aux lambeaux du remords
Soumise aux vagues d’une nausée
Qui laisse tes nerfs d’argent épuisés

Amour choisi, amour transi
Fatras de matière et d’esprit
Par les anges, les démons, les saints, chéri
Comme par la troupe des cœurs meurtris
Calme cette âme

Du nuage d’onction avance-toi
Embrasse la joue de la lune
La nouvelle Jérusalem flamboie
Qu’attendre la nuit dans la ruine
Sans dire mot de ta souffrance
Sans laisser de témoin morose
Mais grimpe à tes larmes en silence
Comme à l’échelle d’épines d’une rose

Amour choisi, amour transi
Fatras de matière et d’esprit
Par les anges, les démons, les saints, chéri
Comme par la troupe des cœurs meurtris
Calme cette âme

Puis, sur le feu, pose ta rose
Au soleil offre le feu
Offre le soleil au grandiose
Dans les bras du tout-puissant aux cieux
Car d’une lettre rêve le tout-puissant
Rêve de la mort d’une lettre
Oh, béni sois-tu, balbutiement
Du verbe se faisant la chair de l’être

Amour choisi, amour transi
Fatras de matière et d’esprit
Par les anges, les démons, les saints, chéri
Comme par la troupe des cœurs meurtris
Calme cette âme
Calme cette âme

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

samedi 16 octobre 2010

Ruby Tuesday

She would never say where she came from
Yesterday don't matter if it's gone
While the sun is bright
Or in the darkest night
No one knows
She comes and goes

Goodbye, Ruby Tuesday
Who could hang a name on you?
When you change with every new day
Still I'm gonna miss you...
[…]




Un “tube” planétaire des « Rolling Stones » (chanson de Brian Jones et Keith Richards, créditée Jagger/Richards), « Ruby Tuesday » met au féminin le mythe très classique et très souvent chanté du « cœur aventurier », sans amarres, sans limites, sans fardeau…

‘… Il faut de temps en temps
Que je change un peu de vie,
Que je change un peu de vent »,
chantait Joe Dassin.

La liberté dans la polygamie sérielle est un mythe - ou un fantasme - qui nourrit les rêveries quand le cœur se sent à l’étroit.

Brassens l’a chanté avec une infinie délicatesse dans « Pénélope » :
« Toi l'épouse modèle…
…N'as tu jamais en rêve
Au ciel d'un autre lit
Compté de nouvelles étoiles »


En rajoutant ensuite, avec l’absolution :
« Il n'y a vraiment pas là
De quoi fouetter un cœur…
…C'est la face cachée
De la lune de miel… »


Mais ce que décrit Brassens est tout autre chose qu’une agitation génésique. C’est la recherche du romantisme qui s’est peu à peu évaporé dans une relation « stable ». C’est la quête d’une émotion capable de réveiller le désir. C’est le rêve que quelques mots, un regard, un geste, une caresse, viennent faire renaître l’amour.


Mardi Rubis

Sans jamais vouloir dire d’où elle vient
Hier ne compte plus quand vient demain
Quand le soleil luit,
Au plus noir de la nuit
On n’ sait pas
Elle vient et va

Adieu, Mardi Rubis
Comment mettre un nom sur toi
Si, chaque jour, tu changes de vie
Mais tu me manqueras

Pourquoi donc lui faut-il être si libre ?
Elle dit que c’est la seule façon de vivre
Ne pas être enchaînée
Sans rien à perdre ni gagner
Toute sa vie
A un tel prix

« Pas de temps à perdre », aime-t-elle dire
« Vis tes rêves, ne les laisse pas fuir
La vie est brève
Perds tes rêves
Et tu perdras ton âme
Voilà le drame ! »

Adieu, Mardi Rubis
Comment mettre un nom sur toi
Si, chaque jour, tu changes de vie
Mais tu me manqueras

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

vendredi 15 octobre 2010

Put Your Head on My Shoulder

Put your head on my shoulder,
Hold me in your arms, Baby
Squeeze me oh so tight, Baby
Show me that you love me too.
[…]



Un des triomphes de Paul Anka, cette chanson romantique a fait danser tant de couples qu’elle est devenue un des standards du genre.
Vu comme cela, l’amour, c’est tout simple !


Pose ta Tête sur mon Épaule
 

Pose ta tête sur mon épaule
Tiens-moi dans tes bras, chérie
Et serre-moi plus fort, chérie
Montre que tu m’aimes aussi

Puisque nos lèvres se frôlent
M’embrasseras-tu, chérie
Le baiser du soir, chérie
Car je crois que l’amour nous sourit

On dit qu’au jeu de l’amour
On ne peut pas gagner
S’il y a un chemin, je trouv’rai un jour
Le suivrai, émerveillé

Pose ta tête sur mon épaule
Tiens-moi dans tes bras, chérie
Et serre-moi plus fort, chérie
Montre que tu m’aimes aussi

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

dimanche 10 octobre 2010

Why Don't You Try

Why don't you try to do without him?
Why don't you try to live alone?
Do you really need his hands for your passion?
Do you really need his heart for your throne?
Do you need his labour for your baby?
Do you need his beast for the bone?
Do you need to hold a leash to be a lady?
I know you're going to make, make it on your own.
[…]



Léonard Cohen retranscrit ici la conversation d’un amant dans l’impasse, et tous les arguments qu’il peut développer pour en sortir : la provocation, la flatterie, la tentation, l’ironie, le dénigrement… Dans la dernière strophe, il en imagine l’issue, substituant à la passion de l’étreinte la contrainte de l’union.


Pourquoi n’essaies-tu pas ?
 
Pourquoi ne pas te passer de lui ?
Pourquoi ne pas vivre en solo ?
Te faut-il vraiment ses mains pour ton envie ?
Te faut-il son cœur pour trôner plus haut ?
Te faut-il son œuvre pour d’un enfant te naisse ?
Te faut-il sa bête pour ses os ?
Te faut-il, pour être une dame, tenir une laisse ?
Je sais que tu f’ras toi-même, toi-même le boulot.

Pourquoi ne veux-tu pas l’oublier ?
Ouvre donc tes jolies petites mains
Dans la vie tant d’hommes sont prêts à t’accompagner
Pour des aventures sans lendemain
Veux-tu être la douve qui entoure un manoir ?
Veux-tu être la lune qui sa caverne éclaire ?
Veux-tu donner bénédiction à son pouvoir,
Tandis qu’il sifflote devant son père, la tombe de son père ?

J’aimerais t’amener, t’amener à la cérémonie
Si je me souviens de l’itinéraire
Jack et Jill, vois-tu, seront dans leur misère unis
C’est pour tous, je crains, le temps de la prière
A l’abri, ils ont fini par se mettre
Ils sont prêts, oui, sont prêts à obéir
Leurs vœux sont difficiles : ils sont l’un pour l’autre
Que nul ne leur offre d’échappatoire, d’échappatoire pour fuir.

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

samedi 9 octobre 2010

Waiting for the Miracle

Baby, I've been waiting,
I've been waiting night and day.
I didn't see the time,
I waited half my life away.
There were lots of invitations
And I know you sent me some,
But I was waiting
For the miracle, for the miracle to come.
[…]




Léonard Cohen (LC), sombre et mystérieux, évoque les contradictions de l’amour et du destin. Il ne s’agit pas d’un quelconque destin écrit dans les astres ou ailleurs, mais de ce que nous sommes au fond de nous même, et qui nous rend apte ou inapte à une chose ou l’autre… comme le bonheur, par exemple. On retrouve là un thème sous-jacent à de nombreuses chansons de LC : la méconnaissance du plus profond de son âme et de son cœur peut conduire une personne à des échecs réitérés, et, surtout, à faire souffrir autour d’elle. L’introspection est nécessaire, mais difficile, et parfois illusoire, car le regard que nous portons sur nous-même est  tantôt indulgent, tantôt excessif, toujours biaisé par nos peurs, nos rêves et nos espoirs. Nous attendons tous le miracle, celui qui nous ferait sortir de nous même, nous ferait échapper à nos défauts, nos démons, nos désirs… Maintes fois, LC a chanté cet écartèlement entre une immense aspiration à l’amour, et une incapacité à échapper à ce qu’il est, et, en l’occurrence, au rôle (le mot est faible) que tiennent la poésie et la chanson dans sa vie. Pourtant, si sombre qu’elle puisse paraître, cette chanson martèle la persistance de l’espoir. On dit que « l’espoir fait vivre ». Le bonheur peut naître d’un espoir partagé, d’une volonté commune de dépasser nos limites, de surmonter nos incapacités, de vaincre le destin – et la vie est un miracle !


En Attendant le Miracle

Chérie, j’ai attendu
J’ai attendu jour et nuit
Le temps n’est pas venu
Attendu la moitié de ma vie
Que d’invitations j’ai reçues
Quelques unes étaient les tiennes
Mais j’ai attendu
Que le miracle, que le miracle advienne

Je sais combien tu m’aimais
Mais j’avais les mains liées
Cela t’a sûrement blessée
Blessée dans ta fierté
D’attendre avec tambours et trompettes
Nuit et jour sous mes persiennes
Tandis que, là haut, je guette
Que le miracle, que le miracle advienne

Je ne crois pas que ça puisse te plaire
Ici ; tu n’aimerais pas, non
Les jugements sont sévères
Il n’y a pas de distractions
C’est du Mozart, dit le maître
Mais ça semble une vieille rengaine
Quand on attend
Que le miracle, que le miracle advienne

Attendre le miracle
Il n’y a rien de plus à faire
Je n’ai pas été si heureux
Depuis la fin de la guerre

Rien de plus à faire
Quand tu sais que tu t’es fait prendre
Rien de plus à faire
En mendiant des miettes pour vivre
Rien de plus à faire
Quand il te faut toujours attendre
Attendre que le miracle advienne

Dans mes rêves, tu es revenue
C’était juste la nuit dernière
Tu étais en grande part nue
Mais en part aussi lumière
Le sable du temps coulait
Sans que tes doigts ne le retiennent
Et tu attendais
Que le miracle, que le miracle advienne

Marions nous, car nous sommes seuls
Depuis bien trop longtemps
Soyons seuls ensemble
Sommes-nous assez puissants
Pour un acte épouvantable ?
En attendant
Que le miracle, que le miracle advienne

Rien de plus à faire…

Quand tu es tombée sur le chemin
Et sous la pluie tu te vautres,
S’ils te demandent si tu vas bien
Tu dis que tu n’ peux pas te plaindre
Mais s’ils t’interrogent sans fin
Alors sois bonne comédienne
Dis que tu es là pour attendre
Que le miracle, que le miracle advienne


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

vendredi 8 octobre 2010

Ticket to Ride

I think I'm gonna be sad
I think it's today
Yeh
The boy that's driving me mad
Is going away.
 

He's got a ticket to ride
He's got a ticket to ride
He's got a ticket to ride
And he don't care.
[…]



Ecrite par John Lennon (créditée Lennon/McCartney), cette chanson des Beatles a fait maintes fois le tour du monde, et a été reprise par plusieurs interprètes. La version des Carpenters (mise au féminin, traduite et adaptée ci-dessous) est vocalement remarquable, et s’est assurée un très grand succès aux Etats-Unis.
Une adaptation française, assez éloignée de l’original, a été chantée par Dick Rivers, sous le titre de « Prends un ticket avec moi ».


Billet de train

Il faudrait qu’on me console
Parce qu’aujourd’hui
Oui
Le garçon dont je suis folle
Loin de moi s’enfuit
Il a son billet de train
Il a son billet de train
Il a son billet de train
Peu lui importe


Il m’a dit qu’être avec moi
L’empêchait de vivre
Oui
Tant que je serai là
Il ne serait pas libre
Il a son billet de train
Il a son billet de train
Il a son billet de train
Peu lui importe


Je n’ sais pas quelle mouche l’a piqué
Il doit s’expliquer
Il doit s’expliquer pour moi
Avant ses adieux pour me plaquer
Il doit s’expliquer
Il doit s’expliquer pour moi

Il faudrait qu’on me console
Parce qu’aujourd’hui
Oui
Le garçon dont je suis folle
Loin de moi s’enfuit
Il a son billet de train
Il a son billet de train
Il a son billet de train
Peu lui importe
Vers où

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

mercredi 6 octobre 2010

Freight Train

(version d'Elisabeth Cotten)
Freight train, freight train going so fast
Freight train, freight train going so fast
Please don't say what train I'm on
And they won't know what route I've gone.
Please don't tell'em what train I'm on
They won't know what route I've gone.
 

When I'm dead and in my grave
No more good times shall I pray,
Place a stone at my head and feet,
Tell the world that I've gone to sleep.
Place a stone at my head and feet,
Tell the world that I've gone to sleep.
 

Freight train, freight train going so fast
Freight train, freight train going so fast
Please don't tell'em what train I'm on
they won't know what route I've gone.



(version de Peter, Paul, and Mary)
Freight train freight train goin' so fast
Freight train freight train goin' so fast
Please don't tell what train I'm on
So they won't know where I've gone.

Freight train, freight train, comin' round the bend
Freight train, freight train, gone again
One of these days turn that train around Go back to my hometown.
(Chorus)


One more place I'd like to be
One more place I'd love to see
To watch those old Blue Ridge Mountains climb
As I ride ol' Number Nine.

(Chorus)
When I die please bury me deep
Down at the end of Bleecker Street
So I can hear ol' Number Nine
As she goes rollin' by.

(Chorus)



Cette chanson célébrissime, véritable classique de la musique Folk américaine, aurait  été écrite par Elisabeth Cotten alors qu’elle n’avait que douze ans, c'est-à-dire en 1907 ! En France, c’est la version de J.M. Rivat et Joe Dassin, chantée par ce dernier, qui est beaucoup plus connue, et, à vrai dire, assez réussie. Peter, Paul, and Mary en ont chanté une version remarquable.


Dans la version originale comme dans la version française, le thème est celui du départ, mais la chanson d’Elisabeth Cotten évoque plutôt l’émancipation de l’enfant qui veut devenir adulte et rêve de grands voyages tout en restant attaché à son foyer, tandis que la version de Joe Dassin met à nouveau en scène le mythe de l’aventurier épris de liberté (un cœur dans chaque port etc.). Il s’agit là d’un mythe très masculin et un tantinet machiste, tel qu’il est exprimé dans « Don’t think twice » ou dans sa version française « N’y pense plus, tout est bien ».
Il est intéressant de constater que chacun des nombreux artistes qui ont repris cette chanson l’a peu ou prou personnalisée, en particulier en ce qui concerne leur lieu souhaité d’inhumation, devenu Bleecker Street pour Peter, Paul, and Mary (cf. « Bleecker Street » de Paul Simon) : un mythe en rejoint un autre…

Le Train
(Version d'Elizabeth Cotten)

Si vite, si loin, va le train
Si vite, si loin, va le train
Ne dites pas quel train j’ai pris
Qu’ils ne sachent pas où je suis
Ne dites pas quel train j’ai pris
Qu’ils ne sachent pas où je suis

Quand je s’rai mort et enterré
Jamais plus je ne prierai
Sur ma tête posez une pierre, et
Dites au monde que j’y dormirai
Sur ma tête posez une pierre, et
Dites au monde que j’y dormirai

Si vite, si loin, va le train
Si vite, si loin, va le train
Ne dites pas quel train j’ai pris
Qu’ils ne sachent pas où je suis




Le Train
(Version de Peter, Paul, and Mary)

Si vite, si loin, va le train
Si vite, si loin, va le train
Ne dites pas quel train j’ai pris
Qu’ils ne sachent pas où je suis

Dans le virage disparaît le train
Sa sirène sifflant son refrain
Un de ces jours, pour mon retour
Ce train fera demi-tour.

Voilà où je veux aller
Voilà c’ que j’ veux contempler
En montagne, la ligne bleue des crêtes
Sur le train numéro sept

A ma mort, je veux qu’on enterre
Tout au bout de la rue Bleecker
Pour que j’entende passer le train
Numéro sept au loin



(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

samedi 2 octobre 2010

Rainy Days and Mondays

Talkin' to myself and feelin' old
Sometimes I'd like to quit
Nothing ever seems to fit
Hangin' around
Nothing to do but frown
Rainy Days and Mondays always get me down.
[…]




Cette  gentille chanson de Paul Williams & Roger Nichols, suavement chantée par The Carpenters, exprime la sensation de vide et d’inanité qui s’empare de nous en l’absence de l’être aimé. Lorsque l’on a connu ce formidable sentiment de force et pleinitude face à tous les événements de la vie que procure la vie à deux, l’absence de l’autre nous laisse « désarmé, incertain », le cœur battant à vide et l’âme boiteuse. Le plus fort stimulant de l’amour est de se sentir aimé. Inversement, ne pas percevoir d’amour éteint toute flamme en nous. L’amour est l’oxygène de l’amour.



 

Jours de Pluie et Lundis
Je parle tout(e) seul(e), me sens claqué(e)
Envie de tout plaquer
Rien à faire, tout est bloqué
Ca n’ tourne pas rond
Rien d’autre à faire que geindre
Jours de pluie et lundis me poussent à me morfondre

J’ai c’ qu’on appelle le cafard, hélas
Je n’ sais pas ce qui s’ passe
Je n’ me sens pas à ma place
Je tourne ne rond
Comme un clown qui s’effondre
Jours de pluie et lundis me poussent à me morfondre

C’est drôle comme je finis toujours ici avec toi
C’est bon d’ savoir que quelqu’un m’aime
C’est drôle, sais-tu, que la meilleure chose à faire ce soit
Courir trouver celui qui m’aime

J’ai déjà senti ça dans l’ passé
Pas la peine d’en parler
Nous savons très bien c’ que c’est
Je tourne ne rond
Rien d’autre à faire que geindre
Jours de pluie et lundis me poussent à me morfondre

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)