Une de ces chansons simples et belles, dont la mélodie ne s'oublie pas, "Sealed with a kiss" a été écrite par Peter Udell and Gary Geld, en 1960, mais ne connut le succès qu'en 1962, grâce à l'interprétation de Brian Hyland. De nombreux interprètes s'en emparèrent ensuite, et "Les Chats Sauvages" furent les premiers, semble-t-il, à présenter une version française sous le titre "Derniers Baisers", dont Laurent Voulzy "refit" un succès estival très récemment.
Il est, à ce propos, amusant de constater que le sens de la version française est "inversé" par rapport à l'original. Celui-ci évoque en effet la séparation qui vient clore un amour d'été (un peu comme le "Salut les Amoureux" que chante Joe Dassin, ou "Une Belle Histoire" de Pierre Delanoe que chante Michel Fugain). Dans la chanson originale, tout au contraire, les deux amants vont être séparés par la durée d'un été, comme peuvent l'être deux jeunes étudiants qui, la fin de l'année universitaire venue, rejoignent chacun leur lointaine contrée...
Une telle inversion n'est pas rare, quand on passe de l'anglais au français (en matière de chanson, tout au moins) : souvenez-vous de "Five Hundred Miles Away From Home" avec Bobby Bare, devenant "J'entends siffler le train" avec Richard Anthony : d'un côté le routard qui tente de rentrer chez lui, de l'autre le déchirement d'une séparation sans adieu.
Il est très courant d'observer de telles différences entre version originale et version française, au point que l'on peut se demander si la principale raison n'en est pas d'éviter d'avoir à s'acquitter des droits d'auteurs sur le texte. Ce ne sont pas, en effet, les problèmes de rime et de versification qui peuvent justifier de tels écarts, si l'on en juge par la qualité littéraire de certaines adaptations... mais je m'égare !
Nous avons tous connu, un jour ou l'autre, le départ de l'être aimé, que ce soit pour des vacances, un retour en famille, ou des obligations professionnelles...
Les adieux sont alors déchirants, mais l'espoir du retour anime chacune de nos pensées.
Scellée d’un Baiser
Puisqu’il faut nous séparer
Durant l’été
Je promets de déposer
Chaque jour mon amour
Dans un’ lettre que je scell’rai
Par un baiser.
Seul tout au long de l’été, je souffrirai
Alors je m’occuperai
Mes rêves t’enverrai
Dans un’ lettr’ que je scell’rai
Par un baiser.
Au soleil, je te verrai,
Partout ta voix j’entendrai,
Pour t’embrasser je courrai
Mais jamais ne te tiendrai.
Je n’veux pas dire au revoir
Pour cet été
Car mon cœur est brisé
Mais garde l’espoir
Qu’ la rentrée soit fêtée
Et scellée d’un baiser.
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)
Son premier départ... fut un faux départ. Notre amour avait à peine éclos qu'elle partait au bout du monde, pour un mois, peut-être plus ! Deux jours après son "départ", téléphonant dans sa famille, que je ne connais pas encore, pour prendre de ses nouvelles, c'est sa voix qui me parvient : au dernier moment, elle a changé d'avis, et, quelques jours après, elle est auprès de moi.
L'été venu, elle part vraiment, cette fois, "pouponner" son neveu, âgé de quelques mois seulement. La mer nous sépare, et pas de téléphone. Nous échangeons alors quelques lettres, toutes scellées d'un baiser. Ce sont là mes premières vraies lettres d'amour, et, trente ans plus tard, je les retrouve avec une douloureuse nostalgie.
Des années plus tard, nous sommes, elle et nos trois enfants, de l'autre côté de l'atlantique depuis presque un an, et elle doit rentrer en France avec les enfants avant la rentrée scolaire, me laissant seul pour un mois et demi. Comme jamais auparavant, mon cœur se serre et je dois me détourner lorsque l'on me parle d'elle, pour cacher mes pleurs. Nos communications téléphoniques sont rares et difficiles, compliquées par le décalage horaire, et laissent une épaisse brume dans mon âme.
Par la suite, nos séparations sont toujours brèves, ne dépassant pas deux semaines (en général pour des vacances), et le téléphone nous permet des appels quotidiens, rendant la distance virtuelle.
Et puis nous ne nous quittons pratiquement plus. Lorsque le travail m'éloigne d'elle une journée entière, le téléphone nous rapproche, rituellement, à l'heure du repas.
Jusqu'au jour où la maladie l'emporte loin,
si loin que me lettres scellées d'un baiser ne peuvent plus l'atteindre,
si loin que mes appels téléphoniques restent sans réponse,
si loin qu'aucun écho ne renvoie les hurlements de mon cœur,
si loin que je ne la retrouve qu'en moi même.