mardi 29 novembre 2016

Familiar

Can you walk on the water with I, you and I?
"Because your blood's running cold" said the familiar, true to life
Can you walk on the water with I, you and I?
Or keep your eyes on the road and live there familiar, without you and I
It glows with gates of gold, true to life

And our love is a ghost that the others can't see
It's a danger
Every shade of us you fade down to keep
Them in the dark on who we are
(Oh what you do to me)
Gonna be the death of me
It's a danger
'Cause our love is a ghost that the others can't see

We took a walk to the summit at night, you and I
To burn a hole in the old grip of the familiar, you and I
And the dark was opening wide, do or die
Under a mask of a million ruling eyes

And our love is a ghost that the others can't see
It's a danger
Every shade of us you fade down to keep
Them in the dark on who we are
(Oh what you do to me)
Gonna be the death of me
It's danger
'Cause our love is a ghost that the others can't see



Par définition, le familier est proche, connu, simple, rassurant, mais aussi intime. Mais que devient le familier quand il s’universalise ? Quand l’intimité, jusqu’au moindre détail, est exposée, diffusée, commentée ? Faudrait-il un miracle ou des pouvoirs surnaturels pour lui échapper ? Lorsque l’image, « plus vraie que nature », véhiculée par les médias parcourt les réseaux qui la répercutent à l’infini, la soumettant au jugement et aux commentaires de millions d’internautes, la familiarité devient une invasion, une dépossession de soi, et ses millions d’yeux prennent la direction de nos vies.
Que deviennent, dès lors, les sentiments ? Que devient l’amour ? Faut-il le cacher, le déguiser ? Faut-il fuir la lumière pour échapper à l’intrusion collective ? Vivre dans l’ombre prend une nouvelle signification lorsque l’éclairage apporté par les « réseaux sociaux » est ainsi formaté…
Sur son dernier album « Citizen of Glass », Agnes Obel joue avec ces idées comme avec les sonorités dans cette chanson très représentative de son style, avec des accords martelés, une mélodie envoutante, et une voix plus éthérée que jamais.
 
ALN


Familier

Peux-tu marcher sur l’eau avec moi, toi et moi ?
« Parce que ton sang devient froid », dit le familier, plus que vrai
Peux-tu marcher sur l’eau avec moi, toi et moi ?
Ou regarder la route et vivre ici familier, sans toi et sans moi
Ça brille de portes d’or, plus que vrai

Notre amour est un spectre que les autres ne voient pas
C’est un danger
Tu estompes nos nuances pour qu’ils restent
Dans le noir quant à qui nous sommes
(Oh, ce que tu me fais)
Ce sera la mort pour moi
C’est un danger
Car notre amour est un spectre que les autres ne voient pas

Nous avons gravi le sommet de nuit, toi et moi
Pour brûler un trou dans la vieille prise du familier, toi et moi
Et les ténèbres s’ouvraient en grand, marche ou crève
Sous un masque d’un million d’yeux gouvernants

Notre amour est un spectre que les autres ne voient pas
C’est un danger
Tu estompes nos nuances pour qu’ils restent
Dans le noir quant à qui nous sommes
(Oh, ce que tu me fais)
Ce sera la mort pour moi
C’est un danger
Car notre amour est un spectre que les autres ne voient pas


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

dimanche 27 novembre 2016

Stretch Your Eyes

The darkness and the ghost
They dance so sweet and slow
Dug-out from below there
To damn the gods

A grip that will hold
So tight and close
Around my throat with
The weight of all our lives

You can give to my heart
Thousand words or more
You can give to my heart
Thousand words or more

The drum you stroke
Damn that beat so old
In the ground it grows there
To damn the sun (oh what will come to life)

Gates of gold
In your head you hold
A kingdom molten
May the gods be on your side

You can give to my heart
Thousand words or more
You can give to my heart
Thousand words or more


Le passé, les ténèbres du passé, les fantômes du passé, les portes d’or qui ouvrent sur des ruines, et l’angoisse de se trouver irrémédiablement entraînés vers l’avenir – et vers la fin – par le poids de nos vies, hantent les chansons d’Agnes Obel dans son dernier album, « Citizen of Glass ». Mettre des mots, des milliers de mots, sur les souvenirs est une façon de les faire revivre. Penser, créer, écrire, chanter, pour survivre…
 
A Hélène


Étire Tes Yeux

L’ombre et le fantôme dansent
Tendrement, lentement
Déterrées d’en bas pour
Damner les dieux

Une étreinte qui
Serrera si
Fort ma gorge avec
Le poids de toutes nos vies

Tu peux vouer à mon cœur
Mille mots et plus
Tu peux vouer à mon cœur
Mille mots et plus

Tu tambourines
Ce maudit vieux rythme
Dans le sol, il croît pour
Damner l’soleil
(Oh, c’qui vient à la vie)

Portes d’or
Dans ta tête, tu tiens
Un royaume dissous
Puissent les dieux être avec toi

Tu peux vouer à mon cœur
Mille mots et plus
Tu peux vouer à mon cœur
Mille mots et plus

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

Citizen of Glass

Rend a black drop from my heart
With the weight of days
The end of time has just begun
I hear it call your name

And no straining of the string
Can reverse what will begin
Some let go and some hold on
There is no mistake
If I could wash all ill away
Tell me would you stay?

And no lovers sin
Can reverse what will begin



Agnes Obel vient de sortir son troisième album, « Citizen of Glass », dans lequel on retrouve ses rythmes et ses sonorités caractéristiques, sa voix éthérée, sa poésie onirique, autour de l’idée de transparence qu’exprime le titre de l’album et de cette chanson. Abandonnant résolument la contrainte de la rime, s’émancipant de la métrique classique, elle affirme son style, avec des mélodies en apesanteur qui forment, comme la fumée d’un encens, d’étranges volutes mouvantes au travers desquelles filtre une lumière aux couleurs changeantes. J’avoue quelque fierté à avoir, dès la sortie de « Riverside », reconnu un talent hors du commun, consacré désormais par un succès mondial. Agnes Obel joue avec les sons, et sa voix, à la voix intime et surnaturelle, nous élève vers des rêveries magiques.
Si la transparence est le thème de cet album, les textes peuvent en paraître opaques. Agnes Obel en donne cependant, dans les interviews qu’elle accorde sans cependant se dévoiler, une idée générale : celle de l’exposition totale, par la médiatisation extrême d’Internet et des réseaux sociaux, des moindres détails de nos vies, jusqu’à en être dépossédés. Événements, sentiments, émotions, idées… tout est partagé des milliers, des millions de fois au point d’être totalement banalisé. Et tout est analysé, mesuré, pondéré par des algorithmes qui déterminent notre « profil » et nous vendent aux vendeurs qui nous vantent, pour nous vendre, ce qui doit nous convenir. Le progrès technique est si rapide, et son invasion de nos vies si complète, que notre capacité et notre vitesse d’adaptation sont dépassées. Le mur du sens de la civilisation a été franchi, et nous filons dans une direction inconnue en laissant notre pensée dernière nous, dans un sillage de vapeur que le temps et les vents dispersent.
 
ALN


Citoyen de Verre

Tire de mon cœur une goutte noire
Par le poids des jours
La fin du temps a commencé
Je l’entends t’appeler

Et tendre la corde ne pourrait
Arrêter c’ qui va commencer
Certains lâchent, d’autres tiennent bon
Il n’y a pas d’erreur
Si je lavais toute maladie
Resterais-tu, dis ?

Des amants, nul péché
N’arrête c’ qui va commencer



(Traduction – Adaptation : Polyphrène)