jeudi 13 novembre 2025

Both Sides Now

Rows and floes of angel hair
And ice cream castles in the air
And feather canyons everywhere
I've looked at clouds that way

But now they only block the sun
They rain and snow on everyone
So many things I would have done
But clouds got in my way

I've looked at clouds from both sides now
From up and down, and still somehow
It's cloud illusions I recall
I really don't know clouds at all

Moons and Junes and Ferris wheels
The dizzy dancing way you feel
As every fairy tale comes real
I've looked at love that way


But now it's just another show
You leave 'em laughing when you go
And if you care, don't let them know
Don't give yourself away

I've looked at love from both sides now
From give and take, and still somehow
It's love's illusions I recall
I really don't know love at all

Tears and fears and feeling proud
To say "I love you" right out loud
Dreams and schemes and circus crowds
I've looked at life that way

But now old friends are acting strange
They shake their heads, they say I've changed
Well something's lost, but something's gained
In living every day

I've looked at life from both sides now 
From win and lose and still somehow 
It's life's illusions I recall
I really don't know life at all

I've looked at life from both sides now 
From up and down and still somehow
It's life's illusions I recall
I really don't know life at all


Voici une chanson de Joni Mitchell, autrice compositrice et interprète canadienne. Le premier enregistrement en fut fait par Judy Collins (1968) et de nombreux artistes l’ont ensuite interprétée. On note, parmi eux, Céline Dion, Neil Diamond, Rufus Wainwright, Chet Atkins (pour une version instrumentale guitare solo), Doris Day, Bing Crosby, Pete Seeger, Willie Nelson, Frank Sinatra… et Roger Whittaker. (en 2001, en étaient déjà recensés 1573 enregistrements !). 

Jonni Mitchell écrivit cette chanson dans un avion alors qu’elle regardait par le hublot le spectacle féérique des nuages vus d’en-haut tandis qu’elle lisait un livre dans lequel l’auteur décrivait, lui-aussi, les nuages vus d’avion.

« Both Sides Now » figure parmi les plus grands succès de Joni Mitchell, ce qui paraît tout à fait justifié tant pour la mélodie (qui évoque pour moi le vol d’un oiseau s’élevant, à grands coups d’ailes, au-dessus des nuages) que pour les paroles qui abordent un vrai sujet de philosophie… ou de psychologie. Les nuages offrent un spectacle grandiose ou terrible, en perpétuel changement, propre aux vagabondages de l’imagination qui y décèle des formes, des images, des tableaux. Ils peuvent cacher le soleil et tout assombrir, mais, du haut d’une montagne ou du hublot d’un avion, ils créent tout un monde fascinant d’ombres et de lumières.

La réalité du monde dans lequel nous vivons est, elle aussi, multi-dimensionnelle, et nous ne l’appréhendons généralement que sous un seul angle ou « point de vue ». Il en est ainsi pour ce que nous vivons, particulièrement dans les relations sociales. Le « vécu », le « ressenti » d’un même événement ou d’une même rencontre peuvent être très différents d’un protagoniste à l’autre. Joni Mitchell ne s’en tient pas à la simple métaphore du « verre à moitié vide ou à moitié plein » car elle observe aussi les effets du temps qui passe et les traces laissées dans notre mémoire. Nous poursuivons des rêves, que nous atteignons parfois, mais nous ne conservons dans nos souvenirs que l’illusion de leur réalisation. En un sens, les espoirs, les rêves, les désirs, mais aussi les peurs ne seraient qu’un filtre à travers lequel nous observons le chemin de la vie : la vie en rose, en noir, en gris, en vert… selon le temps, l’humeur, le poids du passé, la douleur des cicatrices… Que nous regardions l’avenir comme la projection de nos rêves, ou le passé avec regrets ou remords, nous gardons souvent l’impression d’être « passés à côté ». Dans la poursuite d’un idéal ou, plus exactement, d’une idée du bonheur, nous sommes confrontés à l’imperfection fondamentale des choses humaines. L’amour lui-même, que Joni Mitchell prend en exemple, n’est pas un point que l’on atteint mais un horizon vers lequel on avance indéfiniment, et c’est tout ce que l’on rencontre sur le chemin qui fait le bonheur. L’imaginer comme un aboutissement expose à la déception, à un sentiment d’échec, et à l’immobilisme, donc à la chute.

Bien sûr, le long du chemin, les écueils et les revers sont nombreux, et la nature humaine se révèle ainsi peu à peu avec toutes ses limites et tous ses défauts : l’hypocrisie, l’égoïsme, le cynisme, la duplicité, la lâcheté… tout ce qui peut éteindre l’espoir et souiller l’idéal. Pourtant, si nous perdons en chemin la naïveté et l’innocence, nous gagnons en expérience. Prendre conscience de la noirceur permet aussi de reconnaître la lumière, et d’apprécier à leur juste valeur les belles âmes et les belles actions. L’humilité est la condition préalable du progrès, et c’est par les fêlures qu’entre la lumière – « There is a crack in everything: that how the light gets in » disait Leonard Cohen. Mais on peut aussi choisir de « garder les plus beaux passages », comme le chante Rémo Gary, non pas par déni de la réalité mais par courage et résilience, pour continuer d’avancer.

Le message de Joni Mitchell est souvent compris comme profondément désabusé, mais sa conclusion réitérée (« je n’y connais rien »), qu’il s’agisse des nuages, de l’amour, ou de la vie, est aussi une façon de dire : « tout reste à découvrir et tout reste à faire ».

ALN


Les Deux Faces

Des cheveux d’anges amassés
Et des châteaux de crème glacée
Des canyons dans le duvet
J’ai vu les nuages ainsi

Mais c’est le soleil qu’ils nous cachent
Ils pleuvent et neigent sans relâche
M’empêchant d’accomplir mes tâches
Les nuages m’ennuient aussi

Des nuages j’ai vu les deux faces 
Du haut, du bas je n’garde hélas
Que des illusions trop fugaces
Les nuages, je n’y connais rien    du tout

Lunes, juins, et grandes roues
Vertige du premier rendez-vous
Comme un conte de fées un peu fou
J’ai vu l’amour ainsi

Mais c’est un spectacle comme un autre
Quand tu les quittes, ça les faire rire
Surtout ne laisse pas paraître
La peine que tu ressens 

De l’amour j’ai vu les deux faces
Donner, recevoir, mais hélas
Ce sont des illusions qui passent
L’amour, je n’y connais rien    du tout

Des larmes, de la peur, et la gloire
De clamer « Je t’aime » et l’espoir
Des rêves, des plans, un auditoire
La vie, je l’ai vue ainsi

Mes vieux amis deviennent étranges
Hochent la tête, disent que je change
Oui, j’ai perdu, mais en échange
J’ai gagné à vivre ainsi

D’ la vie j’ai vu les deux côtés
Victoires, défaites, mais en fait
Seules les illusions sont restées
La vie, j’ n’y connais rien    du tout

De la vie j’ai vu les deux faces 
Du haut, du bas je n’garde hélas
Que des illusions trop fugaces
La vie, je n’y connais rien     du tout


(Traduction - Adaptation : Polyphrène) 

 

 




vendredi 7 novembre 2025

Wellerman

There once was a ship that put to sea
The name of the ship was the Billy of Tea
The winds blew up, her bow dipped down
O blow, my bully boys, blow (Huh!)
 

 (Chorus)

Soon may the Wellerman come
To bring us sugar and tea and rum
One day, when the tonguin' is done
We'll take our leave and go


She'd not been two weeks from shore
When down on her, a right whale bore
The captain called all hands and swore
He'd take that whale in tow (Huh!)

Chorus


Da-da, da-da-da-da
Da-da-da-da, da-da-da-da-da
Da-da, da-da-da-da
Da-da-da-da-da-da


Before the boat had hit the water
The whale's tail came up and caught her
All hands to the side, harpooned and fought her
When she dived down low (Huh!)

Chorus

No line was cut, no whale was freed
The Captain's mind was not of greed
But he belonged to the whaleman's creed
She took that ship in tow (Huh!)

Chorus

Da da…

For forty days, or even more
The line went slack, then tight once more
All boats were lost, there were only four
But still that whale did go (Huh!)

Chorus

As far as I've heard, the fight's still on
The line's not cut and the whale's not gone
The Wellerman makes his regular call
To encourage the Captain, crew, and all (Huh!)

Chorus

Chorus


Le titre de cette chanson, « Wellerman » fait référence à la compagnie maritime néozélandaise des frères Weller qui, dans les années 1830, venait ravitailler les navires baleiniers dont les marins étaient payés non pas en argent liquide mais en vêtements, alcools, et tabac. Le ravitaillement par les marins de la compagnie des frères Weller était donc très attendu ! 

L’auteur de la chanson est inconnu, et son origine remonte probablement à la première moitié du XIXème siècle lorsque la chasse à la baleine battait son plein. C’est un musicologue néozélandais, Neil Colquhoun qui dit en avoir pris connaissance dans les années 1960 d’un homme de 80 ans qui disait lui-même l’avoir entendue chanter par son oncle. Neil Colquhoun la publia sous le titre de « Soon May the Wellerman Come » dans un recueil de chansons populaires néozélandaises en 1973… Et puis, un jeune chanteur écossais, Nathan Evans, en présenta son interprétation sur TikTok et son succès devint rapidement « viral » (en pleine époque de confinement du COVID 19 !), incitant de nombreux groupes plus ou moins amateur à s’essayer à des reprises.

« Wellerman » est considérée comme une « chanson de marins » mais celles-ci suivaient un modèle spécifique lié à leur rôle de coordination et synchronisation des gestes des marins qui les reprenaient en chœur (Hissez-Haut etc.), ce qui n’est manifestement pas le cas ici où la forme musicale est plutôt celle d’une ballade, avec une classique et belle progression harmonique qui rend la mélodie obsédante, expliquant son succès sur les réseaux sociaux.

ALN

 

Le Ravitailleur 

Sur la mer partit un baleinier 
Qu’on appelait La Gamelle à Thé
Sa proue plongeait, les vents soufflaient
Rafale après rafale (Han)

Qu’on vienne nous ravitailler 
Avec du sucre, du rhum, du thé
Quand on aura dépecé
On pourra enfin rentrer

Après deux semaines à peine
Vient droit vers lui une baleine
Le cap’taine ordonna aux matelots
D’harponner ce cachalot

Refrain

Da-da, da-da-da-da
Da-da-da-da, da-da-da-da-da
Da-da, da-da-da-da
Da-da-da-da-da-da

D’un coup de queue le cachalot
Frappa le canot mis à l’eau
Les hommes lancèrent leurs harpons
Il plongea vers le fond (Han)

Refrain

Le capitaine n’était pas cupide
Mais un baleinier intrépide
Par le filin le cachalot
Remorqua le bateau (Han)

Refrain

Da da…

Quarante jours, peut-être plus
Le filin lâche et puis tendu 
Les quatre canots sont perdus
Mais la lutte continue (Han)

Refrain

Autant que j’sache, depuis sans fin
La baleine tire sur le filin
Le ravitailleur encourage
Quand il passe capitaine et équipage

Refrain

Refrain




Susy Snowflake

Here comes Suzy Snowflake
Dressed in a snow-white gown
Tap, tap, tappin' at your windowpane
To tell you she’s in town

Here comes Suzy Snowflake
Soon you will hear her say
Come out ev’ryone and play with me
I haven’t long to stay

If you want to make a snowman
I’ll help you make it, one, two, three
If you want to take a sleigh ride
Whee!
The ride’s on me

Here comes Suzy Snowflake
Look at her tumblin' down
Bringing joy to ev’ry girl and boy
Suzy’s come to town


« Suzy Snowflake » est une chanson de Sid Tepper et Roy C Bennett, chantée par Rosemary Clooney en 1951, et considérée comme une chanson de Noël, reprise ensuite par de nombreux chanteurs et chorales. La neige, est ici personnifiée par « Suzy » qui apparut ensuite dans un petit film d’animation et un des livres d’histoires d’horreur pour enfants de RL Stine. 

Bien plus tôt, en 1916, Ann Pennington jouait le personnage de Susie Snowflake dans un film muet (Paramount) du même nom, relatant les aventures d’une jeune danseuse passant alternativement de la vie animée de New York à l’austérité d’une petite fille de Nouvelle-Angleterre où vivent ses tantes vieilles-filles… mais on ne connait pas les éventuels liens de parenté entre Susie et Suzy !

ALN

 

Madame La Neige

Voilà Madame La Neige
Qui, tout de blanc vêtue
Crépite et grésille sur la vitre 
Pour dire « Je suis revenue »

Voilà Madame La Neige
Qui dit à chaque enfant
« Venez vite jouer avec moi
Car je n’reste pas longtemps »

Si tu veux faire un bonhomme
J’te donne un coup de main, un, deux, trois
Si tu préfères aller glisser
Zou !
Glisse sur moi

Voilà Madame La Neige
Qui s’étend alentour
Pour l’bonheur des filles et des garçons
Elle est de retour

 

Traduction - Adaptation : Polyphrène, sur une suggestion et avec la contribution de Serge Barrière (Le Chœur du Souvenir - P du Québec)


 

 

dimanche 8 juin 2025

Still Waiting at the Door

I built our home with bleeding hands
Laid each brick with love and plans
You were my light
My reason why
Now I just talk to an empty sky

I’m still waiting at the door
Where your laughter lived before
Every night I whisper low
Come back home, don’t let me go
But silence is all I know

You wore your cap, I fixed your tie
Watched you chase your dreams and fly
I gave you wings
I stayed behind
But now you’re gone and so is time


I’m still waiting at the door
Where your footsteps touch the floor
Even pain begins to fade
But the love it always stays
Still alone still afraid

I don’t need much, just one more day 
To hear you call, to hear you say
Dad, I remember who you are 
But wishes don’t go that far

So, I sing here on this stage
Old and tired full of ache
Not for gold, not for fame
Just to call out your name
Still waiting, still the same


Voici une chanson sortie de nulle part il y a quelques semaines, accompagnée d’une vidéo la présentant comme chantée lors de l’émission de télé-réalité américaine « America’s Got Talent » sur NBC, par un certain Ernesto. Celui-ci explique qu’il était charpentier, qu’il avait construit de ses mains la maison familiale mais que son fils a grandi, sa femme est devenue distante, et tous deux l’ont quitté un jour, sans au-revoir et sans jamais donner de nouvelle. C’est donc avec l’espoir qu’ils l’entendent et reviennent qu’il vient chanter sur la scène de cette émission.
Belle chanson, mélodie addictive, forte émotion… tous les ingrédients sont là !
Mais…
La recherche sur le site de NBC reste infructueuse, et les internautes s’interrogent en vain sur l’auteur et l’origine de cette chanson pour arriver à la conclusion que la vidéo, sinon la chanson elle-même, a très certainement été générée par l’intelligence artificielle (IA). Divers indices plaident en ce sens, notamment les séquences montrant à l’excès l’émotion des membres du jury.
Le chanteur lui-même, qui dit avoir 54 ans, paraît beaucoup plus, mais il dit aussi que, suite au départ de sa femme et son fils, il a perdu sa maison et dormi dans la rue. Ceci peut expliquer cela. De même, les gestes un peu gauches qu’il fait sur scène pourraient traduire l’émotion compréhensible d’un charpentier montant sur les planches (au sens figuré) pour la première fois. Cependant, la voix est belle, parfaitement maîtrisée, et manifestement pas celle d’un chanteur amateur.
Le mystère reste donc complet… pour l’instant. L’IA est-elle bien à l’origine de cette œuvre ? Si oui, quelle IA ? Qui a formulé la requête et en quels termes ? Sans négliger la question de la propriété intellectuelle : à qui reviennent les droits d’auteurs : l’IA, la personne qui a formulé la requête, tous les artistes dont les œuvres ont été utilisées pour nourrir l’IA ?
Quoi qu’il en soit, l’irruption de l’intelligence artificielle dans la création artistique alimente depuis quelque temps les discussions et suscite l’inquiétude légitime des auteurs et des artistes. S’il s’agit là réellement d’une création de l’lA, l’inquiétude semble justifiée.
Les créations de l’IA peuvent obtenir un grand succès (si l’on en juge par la diffusion virale de cette chanson sur les réseaux sociaux), peut-être au détriment de la « vraie » création artistique en particulier si elle est médiocre ou si elle s’écarte des sentiers battus. L’IA se nourrit en effet de l’existant. Elle peut en faire la synthèse, ou même en tirer la quintessence, mais ses algorithmes lui font pondérer plus lourdement les données qui ont du succès (en termes de nombre de consultations, citations, appréciations), faisant ainsi évoluer la production « artistique » vers un dénominateur commun qui ne sera sans doute ni le plus grand ni le plus original. Cette chanson connaît un succès considérable : certaines vidéos cumulent plusieurs millions de vues, les tablatures sont disponibles, et même un karaoké !
Affaire à suivre, donc, sans pour autant bouder cette belle chanson, d’où qu’elle vienne.
NB : La phrase "You wore your cap, I fixed your tie” fait allusion à la cérémonie de “graduation" (remise du diplôme) au "College" (Université) pour laquelle les étudiants revêtent l’accoutrement traditionnel comportant, outre la toge, un chapeau et une cravate spécifiques de l’établissement.

ALN

🎻 Version française avec une musique générée par SUNO sur une requête de Didier (cf. commentaires)

🎷 Le texte original anglais sur la même mélodie. 

 

J’attends encore sur le seuil

De mes mains j’ai bâti les murs
De notr’ maison avec amour
Tu m’éclairais
Me motivais
Je n’ai plus qu’un ciel vide pour parler

J’attends encore sur le seuil
De ton rire j’ai fait le deuil
Chaque soir, je dis tout bas
Reviens-moi, ne me laisse pas
Le silence sur moi s’abat

Je t’ai appris à t’habiller
Suivre tes rêves et voler
T’ai protégé
Encouragé
Mais tu es parti, le temps aussi

J’attends encore sur le seuil
Pour qu’à nouveau je t’accueille
Si la douleur s’atténue
L’amour n’a pas disparu
Dans la peur, la solitude

Je ne demande qu’un jour de plus
Pour t’entendre me dire « Salut
Je me souviens de toi, Papa »
Mais le ciel ne m’exauce pas

Je chante sous les projecteurs
Vieux, las, perclus de douleurs
Pas pour l’argent ni la gloire
Juste pour dire mon espoir
Je t’attends, comme avant

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)


 

 



jeudi 20 mars 2025

The Last Chance Texaco

A long stretch of headlights bends into i-9
Tiptoe into truck stops
And sleepy diesel eyes
Volcanoes rumble in the taxi
And glow in the dark
Camels in the driver′s seat
A slow, easy mark

But you ran out of gas
Down the road a piece
And then the battery went dead
And now the cable won't reach…


It′s your last chance
To check under the hood
Your last chance
She ain't soundin' too good
Your last chance
To trust the man with the star
You′ve found the last chance Texaco
The last chance!

Well, he tried to be Standard
He tried to be Mobil
You tried living in a world and in a shell
There was this block-busted blonde
He loved her free parts of labor
But she broke down and died
She threw all the rods that he gave her


Oh, but this one ain't fuel-injected
Her plug is disconnected
She gets scared and she stalls
She just needs a man, that′s all

It's her last chance!
Her timing′s all wrong
Her last chance
She can't idle this long!
Her last chance
Turn her over and go!
Pullin′ out of the last chance Texaco
The last chance

 

Cette chanson de Rickie Lee Jones peut paraître déconcertante à la première écoute. Il est vrai que le temps a passé depuis 1979 et si certaines enseignes de station-service sur les routes nous sont encore familières (Shell, Mobil…), le monde a bien changé et les relais routiers ne sont plus ce qu’ils étaient. Cette œuvre est si originale – par son rythme imprévisible, par l’absence assumée de rimes, par une progression d’accords inédite, par la voix dont les modulations reproduisent accélérations, freinages, virages – qu’il faut la réécouter pour entrer dans un univers musical et métaphorique fascinant où la mécanique automobile et sesdéfaillances illustrent les tribulations sentimentales et affectives, la déchéance, l’échec, l’extinction de l’espoir : Un cœur à la dérive, l’espoir d’être (re)cueillie par un homme qui, cependant, ne fait que passer, pour qui ce ne serait qu’une aventure parmi d’autres, et qui hésite devant ce qui lui semble n’être qu’une épave humaine… Si cette chanson ne fut pas le plus grand succès de Rickie Lee Jones, elle est néanmoins très représentative de son art et de sa personnalité, et elle en a repris récemment le titre comme intitulé de son livre de mémoires (Last Chance Texaco – Chronicles of anAmerican Troubadour). 

A Hélène


Dernière Chance Texaco

Une longue file de phares serpente sur la i-9
Il se glisse dans le relais
Les yeux « diesel » mi-clos
Des volcans grondent dans le taxi, luisent, dans le noir
Des Camel sur le siège avant
Une proie facile

Mais tu es en panne sèche
Sur la route – La casse
Et puis la batterie est morte
Le foutu câble est trop court

Ta dernière chance
De voir sous le capot
Ta dernière chance
Elle n’est pas en pleine forme
Ta dernière chance
Te fier à l’homme à l’étoile
C’est ta dernière chance Texaco
Dernière chance !

Bon, il s’est fait Standard
Il s’est fait Mobil
Il s’est essayé au monde
Et sa coquille
Il y a eu cette bombe blonde
Il aimait ses p’tites gâteries mais
Elle a cassé et crevé
Jeté les bielles qu’il lui a filées

Oh, mais celle-ci est sans injection
Et sa prise est débranchée
Elle a la trouille et elle cale
Il lui faut un mec, c’est tout

Sa dernière chance
Retard d’allumage
Dernière chance
Au point-mort si longtemps
Dernière chance
Laisse-la tomber, tire-toi
Laisse passer la dernière chance Texaco
Dernière chance

 

Traduction - Adaptation : Polyphrène (sur une suggestion et avec l'aide de Michaël Midoun)



 

dimanche 24 novembre 2024

Even This Shall Pass Away

Once in Persia reigned a king
Who upon his regal ring
Etched a caption true and wise
Which, he held before his eyes
Gave him counsel at a glance
Fit for every change and chance
Solemn words, and these are they
"Even this shall pass away"

Trains of camels through the sand
Brought him gems from Samarkand
Fleets of galleys through the seas
Brought him pearls to rival these
But he counted little gain
Treasures of the mine or main
"What is wealth?" The king would say
"Even this shall pass away"


In the revels of his court
At the zenith of his sport
When the palms of all his guests
Burned with clapping at his jests
Amid his figs and wine
He cried, "O loving friends of mine"
"Pleasures come, but not to stay"
"Even this shall pass away"

Towering up above the square
Way up high into the air
Rose his statue, carved in stone
All disguised, all unknown
Gazing at his sculptured name
Asked himself, "What is fame?"
"Fame is but a slow decay"
"And even this shall pass away"

Sick and tired and fading
Thinnish, beat and old
Stood a mile outside the Gates of Gold
Speaking with his dying breath
"Life is done, so what is Death?"
Then, in answer to the king
Fell a sunbeam on his ring
Blinding light through fading gray
"'Cause even this shall pass away"
"Even this shall pass away"
"Even this shall pass"
"Even this shall pass away"
Away
Away
Away

L’adage classique « Même cela passera », déjà présent dans la littérature Persane, est attribuée au roi Salomon, et cette idée, reprise dans la Bible, est en fait aussi vieille que l’humanité : Depuis que l’homme a conscience de sa mortalité, il sait que « tout passe », mais passe son temps à tenter de l’oublier. Les philosophes ont, de tout temps, tenté de le rappeler, et les religions en ont souvent fait la base de leur argumentaire en opposant le monde terrestre entraîné dans la ronde infernale du temps à un au-delà promis à l’éternité et l’immuabilité. Théodore Tilton en a fait, en 1958, un célèbre poème. Sa biographie est fort intéressante car ce poète et journaliste, très religieux, militait pour l’abolition de l’esclavage et pour les droits des femmes, mais prônait aussi l’amour-libre. Son mentor et ami, le pasteur et célèbre prêcheur Henry Ward Beecher, partageait ses idées politiques mais défendait une morale très rigoureuse qu’il ne semblait pas respecter dans sa vie privée, ayant eu, entre autres, une aventure avec l’épouse de Théodore Tilton. Ce dernier lui intenta un procès et l’accusé fut, par deux fois, innocenté par des tribunaux ecclésiastiques. Le jury en juridiction civile ne put parvenir à une conclusion, à la suite de quoi Tilton quitta l’Amérique et finit sa vie à Paris. Tout passe, en effet… mais pas l’hypocrisie des moralistes et sermonneurs de toutes confessions.
C’est néanmoins ce poème de Théodore Tilton que Robert Plant (antérieurement du groupe LED ZEPPELIN) adapta et mit en musique sur son album « Band of Joy » en 2010.


Même Cela Passera

Il était jadis un roi
De Perse qui, à son doigt   
Portait un anneau gravé
D’un adage sage et vrai    
Qui en toutes circonstances
Le rappelait au bon sens
En quelques mots que voilà :
« Même cela passera »

Ses chameaux, de Samarcande
Lui ramenaient en offrande   
Du jade, et ses galères
Des perles extraordinaires    
Mais, que ce soit l’art ou l’or
Il dédaignait ces trésors
« À quoi bon ? » disait le roi
« Même cela passera »

Quand, au sommet de sa gloire
Lors des fêtes de la cour   
Ses hôtes l’applaudissaient
Au point que leurs mains brûlaient   
« Figues et vin, tout est futile,
Mes chers amis » disait-il
« Les plaisirs ne durent pas »
« Même cela passera »

Quand, déguisé, inconnu
Il regardait sa statue    
S’élevant avec audace
Au-dessus de la grand-place   
Il se disait que la gloire
N’est qu’un déclin sans espoir
La pierre se dégradera
« Même cela passera »

Quand, rompu par les ans
Amaigri et las
Devant les portes de l’au-delà
Dans un râle, il dit encore
« La vie finie, qu’est la mort ? »
Le soleil lui répondit
Quand son anneau resplendit
Dans le soir comme une aura
« Car même cela passera »
« Même cela passe »
« Même cela passera »
Bientôt
Bientôt
Bientôt


(Traduction - Adaptation : Polyphrène, sur une suggestion et avec la participation de Michaël Midoun)


samedi 17 août 2024

Calypso Carol

(See him lying on a bed of straw)

See him lying on a bed of straw
A draughty stable with an open door
Mary cradling the babe she bore
The prince of glory is his name

O now carry me to Bethlehem
To see the Lord of love again
Just as poor as was the stable then
The prince of glory when he came


Star of silver, sweep across the skies
Show where Jesus in the manger lies
Shepherds, swiftly from your stupor rise
To see the saviour of the world

O now carry me to Bethlehem…

Angels, sing again the song you sang
Sing the glory of God's gracious plan
Sing that Bethl'em's little baby can
Be the saviour of us all

O now carry me to Bethlehem…

Mine are riches from your poverty
From your innocence, eternity
Mine, forgiveness by your death for me
Child of sorrow for my joy

O now carry me to Bethlehem…

O now carry me to Bethlehem…


Contrairement à ce qu'ont pu dire certains présentateurs de radio ou de télévision, cette chanson n'est pas issue des îles des Caraïbes : texte et musique ont été écrits en 1964 par un étudiant britannique en théologie, Michael Perry, pour la chorale de son collège. C'est par un heureux hasard que l'acteur et chanteur Cliff Richard, préparant une émission radiophonique pour la BBC, utilisa cette chanson pour remplacer un titre manquant, le propulsant ainsi vers la notoriété et le succès.


Calypso de Noël

Vois-le couché dans cette mangeoire
Dans une étable battue par les vents
Marie berçant le divin enfant
Et son nom est Prince de Gloire

Oh, emmène-moi à Bethléem
Je veux coir le Dieu qui nous aime
Pauvre comme cette étable au jour
Où vint au monde ce Dieu d'amour

Une étoile d'argent dans les cieux
Indique où Jésus dort dans la mangeoire
Eh ! bergers, réveillez-vous pour voir
Du monde, le sauveur merveilleux

Oh, emmène-moi…

Anges, chantez-nous votre refrain
À la gloire du merveilleux plan de Dieu
Car ce nouveau-né si gracieux
Sera notre sauveur demain

Oh, emmène-moi…

Enfant de chagrin m'offrant la joie
Me faisant riche de ton indigence
Éternel grâce à ton innocence
Pardonné par ta mort pour moi

Oh, emmène-moi…

Oh, emmène-moi…


Traduction - Adaptation : Polyphrène sur la demande et avec la participation de Serge Barrière et du "Chœur des Souvenirs", Province du Québec.