mercredi 19 octobre 2022

Somewhere down the crazy river

Yeah, I can see it now
The distant red neon shivered in the heat
I was feeling like a stranger in a strange land
You know, where people play games with the night
God, it was too hot to sleep

I followed the sound of a jukebox coming from up the levee
All of a sudden, I could hear somebody whistling from right behind me
I turned around, and she said
"Why do you always end up down at Nick's Cafe?"
I said, "Uh, I don't know, the wind just kinda pushed me this way"
She said, "Hang the rich"


Catch the blue train
Places never been before
Look for me
Somewhere down the crazy river
(Somewhere down the crazy river)
Ooh, catch the blue train
All the way to Kokomo
You can find me
Somewhere down the crazy river
(Somewhere down the crazy river)

Take a picture of this
The fields are empty, abandoned '59 Chevy
Laying in the back seat listening to Little Willie John
Yeah, that's when time stood still
You know, I think I'm gonna go down to Madam X
And let her read my mind
She said, "That voodoo stuff don't do nothing for me"

I'm a man with a clear destination
I'm a man with a broad imagination
You fog the mind, you stir the soul
I can't find no control

Catch the blue train
Places never been before
Look for me
Somewhere down the crazy river
(Somewhere down the crazy river)
Ooh, catch the blue train
All the way to Kokomo
You can find me
Somewhere down the crazy river
(Somewhere down the crazy river)


Wait, did you hear that?
Oh, this is sure stirring up some ghosts for me
She said, "There's one thing you gotta learn
Is not to be afraid of it"
I said, "No, I like it, I like it, it's good"
She said, "You like it now
But you'll learn to love it later"

I been spellbound
Falling in trances
I been spellbound
Falling in trances
You give me the shivers
Chills and fever
You give me the shivers
You give me the shivers
I been spellbound
I been spellbound
I been spellbound
(Somewhere down the crazy river)
Somewhere down the crazy river


Robie Robertson est un chanteur canadien, de mère Mohican et de père biologique juif. Il a consacré sa vie, dès le plus jeune âge, à la musique et à la chanson : longtemps guitariste au côté de Bob Dylan, puis auteur de musiques de film pour Martin Scorsese, mais aussi auteur – compositeur – interprète de nombreux titres primés, avec son groupe (The Band), puis en solo.
Cette chanson, qui fut, en 1987, l’un de ses plus grands succès, a pour décor l’Indiana, le long de l’affluent nord de la rivière Wildcat Creek, qui, comme de nombreux fleuves aux Etats-Unis, est sujette a de fréquentes et rapides variations de débit et de niveau. Ces caprices hydrologiques liés à la météorologie expliquent peut-être son surnom de « folle rivière », à moins que ce sobriquet n’implique aussi à la population locale, installée derrière la digue sensée éviter que les sautes d’humeur du cours d’eau n’entraînent des inondations. Quoi qu’il en soit, cette digue dominant le fleuve domine aussi le paysage et constitue la référence commune à tous lieux et toutes choses. C’est donc ce décor qu’évoque la chanson, réveillant de lointains souvenirs, comme celle de cette épave de Chevrolet Chevy de 1959 abandonnée dans un champ (une voiture parmi les plus caricaturalement américaine par ses dimensions invraisemblables et par le dessin extravagant de ses ailes), et puis le chanteur Little Willie John, connu notamment comme le premier interprète de la célébrissime chanson « Fever » (Eddie Cooley et Otis Blackwell). Tous les ingrédients sont présents pour mettre en scène une passion aussi trouble que violente, sorte d’envoutement qui domine l’âme du locuteur comme le fleuve et sa digue dominent la vie des riverains.


Quelque part sur la folle rivière

Ouais, je revois tout, là
Au loin, le néon rouge tremblait de chaleur
Je m’sentais étranger dans un étrange pays
Tu sais, où les gens mystifient la nuit
Mon dieu, trop chaud pour dormir

J’allais, attiré par le son d’un jukebox là-haut sur la levée
Et puis, tout à coup, juste derrière moi j’ai entendu quelqu’un siffler
Je me retournais, elle me dit
« Et pourquoi échoues-tu toujours au Nick’s Café » ?
J’ai dit : « Euh, je n’sais pas, c’est juste le vent qui me pousse là-bas »
Elle dit « Pends les riches »

Prends le train bleu
Où tu n’as jamais été
Cherche-moi
Quelque part sur la rivière folle
(Quelque part sur la rivière folle)
Oh, prends le train bleu
Descends jusqu’à Kokomo
Tu m’trouveras
Quelque part sur la folle rivière
(Quelque part sur la folle rivière)

Imagine-toi ça
Les champs sont déserts, l’épave d’une Chevy 59
Couché sur le siège arrière, écoutant Little Willie John
Ouais, le temps s’arrêtait
Tu sais, je pense que j’vais demander à Madame X
De lire dans mes pensées
Elle dit « Ce Vaudou-là n’a pas d’effet sur moi »

Je suis un homme de claire destination
Je suis un homme de grande imagination
Tu brouilles l’esprit, tu troubles l’âme
J’en perds le contrôle

Prends le train bleu
Où tu n’as jamais été
Cherche-moi
Quelque part sur la folle rivière
(Quelque part sur la folle rivière)
Oh, prends le train bleu
Descends jusqu’à Kokomo
Tu m’trouveras
Quelque part sur la folle rivière
(Quelque part sur la folle rivière)

T’as entendu ça ?
Oh, bien sûr, ça ranime des fantômes pour moi
Elle dit « Une chose que tu dois apprendre,
C’est de ne pas en avoir peur »
J’ai dit « Non, j’aime ça, j’aime ça, c’est bon »
Elle dit « Tu aimes ça, là
Après, tu ne pourras t’en passer »
Je suis envouté
Je tombe en transe

Je suis envouté
Je tombe en transe
Tu me fais frissonner
Trembler de fièvre
Tu me fais frissonner
Trembler de fièvre
Je suis envouté
Je suis envouté
Je suis envouté
Quelque part sur la folle rivière
(Quelque part sur la folle rivière)

Traduction - Adaptation : Polyphrène et Michaël Midoun

jeudi 5 mai 2022

Cherry Bomb

Well I lived on the outskirts of town
In an eight room farmhouse, baby
When my brothers and friends were around
There was always somethin' doin'
Had me a couple of real nice girlfriends
Stopped by to see me every once in a while
When I think back about those days
All I can do is sit and smile

That's when a sport was a sport
And groovin' was groovin'
And dancin' meant everything
We were young and we were improvin'
Laughin' laughin' with our friends
Holding hands meant somethin' baby
Outside the club "Cherry Bomb"
Our hearts were really pumpin'
Say yeah yeah yeah
Say yeah yeah yeah

The winter days they last forever
And the weekends went by so quick
Went ridin' around this little country town
We were goin' nuts, girl, out in the sticks
One night me with my big mouth
A couple guys had to put me in my place
When I see those guys these days
We just laugh and say do you remember when

That's when a sport was a sport
And groovin' was groovin'
And dancin' meant everything
We were young and we were improvin'
Laughin' laughin' with our friends
Holding hands meant somethin' baby
Outside the club "Cherry Bomb"
Our hearts were really pumpin'
Say yeah yeah yeah
Say yeah yeah yeah
Say yeah yeah yeah
Say yeah yeah yeah

Seventeen has turned thirty-five
I'm surprised that we're still livin'
If we've done any wrong
I hope that we're forgiven
Got a few kids of my own
And some days I still don't know what to do
I hope that they're not laughin' too loud
When they hear me talkin'
Like this to you

That's when a sport was a sport
And groovin' was groovin'
And dancin' meant everything
We were young and we were improvin'
Laughin', laughin' with our friends
Holding hands meant so much baby
Outside the club "Cherry Bomb"
Our hearts were really pumpin'
Say yeah yeah yeah
Say yeah yeah yeah

 

Si John Mellencamp (alias John Cougar), alors âgé de 35 ans, évoque, dans cette chanson, le souvenir de ses 17 ans, ce n'est pas seulement avec nostalgie, mais aussi avec regret. En 1987, déjà, le monde avait en effet changé autant que lui-même. Dans la turbulence de l'adolescence, espoir, désir, et passion se mêlaient, et sa jeunesse dévorait goulument ce que pouvait lui offrir la vie dans une région semi-rurale de l'Amérique qu'on dit "profonde". Rétrospectivement, cette époque déjà révolue lui apparaît plus simple, plus claire, plus vraie : une époque où pouvait se contenter de peu car il était encore possible de rêver – où un regard, le frôlement d'une main, faisait battre le cœur – où l'on n'était pas encore obsédé par le toujours plus – où la transgression bénigne de quelques interdits superficiels tenait lieu de rite de passage vers l'âge adulte, et où le sport n'était pas encore devenu un phénomène médiatique à grande échelle, pourri par l'argent, mais aussi par la violence et l'esprit de compétition devenu esprit d'affrontement.

John Mellencamp reconnaît néanmoins sans ambages que le bouillonnement de l'adolescence l'a amené, en "faisant les quatre-cent coups", à se confronter aux limites du raisonnable et de l'admissible, au point qu'il reçut quelques mémorables corrections.

John Mellencamp est, d'une certaine façon, toujours resté fidèle à ses origines, en défendant, avec Neil Young et Willie Nelson, les petits fermiers américains, en soutenant les démocrates, en défendant les droits des minorités, et le mariage pour tous.

Pour de nombreuses personnes, l'évocation "du bon vieux temps" est un refuge lorsque le présent est sombre et l'avenir obscur, mais John Mellencamp n'en reste pas là lorsqu'il avoue que, face à ses propres enfants, de nombreuses questions restent sans réponse.

NB : Le titre de la chanson est celui que l'auteur attribue à une "boîte de nuit" ou un "dancing" tels que ceux qu'il fréquentait dans sa jeunesse. Cherry Bomb était le nom d'un fameux petit pétard d'artifice qu'utilisaient largement les jeunes gens pour mettre un peu d'animation dans leur environnement trop sage.

ALN


Bombe-Cerise

Dans les faubourgs d' la ville, j'habitais
Une ferme de huit pièces, tu vois
Quand mes frères et amis étaient là
On n' s'ennuyait jamais
J' m'étais trouvé deux copines très sympas
Et, de temps à autre, elles passaient pour me voir
Quand je repense à ce temps-là
Je n' peux que sourire et m'asseoir

Le sport, alors, était propre
Et la fête était gaie
Danser nous faisait rêver
On était jeunes et on apprenait
On rigolait entre copains
S'tenir la main, ce n'était pas rien
Devant la boîte "Bombe-Cerise"
Nos cœurs battaient la chamade
Dis, ouais, ouais, ouais
Dis, ouais, ouais, ouais

L'hiver, les jours n'en finissaient pas
Mais les weekends étaient trop courts
On se baladait autour de cette bourgade
On faisait les fous dans la cambrousse
Un soir, avec ma grande gueule
Deux gars ont dû me remettre à ma place
Quand j'les revois ces jours-ci
On dit "Tu te souviens quand…" et on en rit
 
Le sport, alors, était propre
Et la fête était gaie
Danser nous faisait rêver
On était jeunes et on apprenait
On rigolait entre copains
S'tenir la main, ce n'était pas rien
Devant la boîte "Bombe-Cerise"
Nos cœurs battaient la chamade
Dis, ouais, ouais, ouais
Dis, ouais, ouais, ouais
Dis, ouais, ouais, ouais
Dis, ouais, ouais, ouais

Dix-sept sont d'venus trente-cinq ans
Je m'étonne qu'on soit toujours vivant
Et si on a fait du mal
J'espère qu'on est pardonné
J'ai eu, moi-même, des enfants
Certains jours, je ne sais encore pas que faire
Et j'espère qu'ils ne rient pas trop fort
S'ils m'entendent te parler
De cette façon
 
Le sport, alors, était propre
Et la fête était gaie
Danser nous faisait rêver
On était jeunes et on apprenait
On rigolait entre copains
S'tenir la main, ce n'était pas rien
Devant la boîte "Bombe-Cerise"
Nos cœurs battaient la chamade
Dis, ouais, ouais, ouais
Dis, ouais, ouais, ouais
 
Traduction - Adaptation : Polyphrène (sur une suggestion et avec l'aide de Michaël Midoun)


jeudi 3 février 2022

I Still Want You

Sorry I've been away so long,
I needed just a little more time
If you stare through the glass from moment to moment,
It's funny what you find


Now I think I'm almost ready to
Step back into your frame
And we can move our bodies like a twist of smoke,
Come let us shake like the flames


Now I don't want to lower the tone,
But you know there's still a little spare meat on the bone


Oh, I still want you...
Oh, I still want you...
Oh, I still want you...
Until the sun goes cold,
No need to breathe all alone


Under the stars is a sweet hollow meadow
Where the lost things are found,
Under the stars is a sweet hollow meadow
Where all of us are bound


Now I don't want to lower the tone,
But you know there's still a little spare meat on the bone

Oh, I still want you...
Oh, I still want you...
Oh, I still want you...
Until the sun goes cold,
No need to breathe all alone


Oh, I still want you...
Oh, I still want you...
Oh, I still want you...
Until the sun goes cold,
No need to breathe all alone

Oh, I still want you.

 

Dans l'esprit de "la Chanson des Vieux Amants", de Jacques Brel, et de "La Tendresse", de Noël Roux et Hubert Giraud, dans sans emphase ni pathos, Richard Hawley expose, avec pudeur et délicatesse, ces moments de retour sur soi-même où l'on ressent, avec une acuité douloureuse, le poids de la solitude, de l'éloignement, de la séparation. C'est ce qui peut se passer lorsque la simple image ou évocation d'un geste ou d'un regard de tendresse entre deux êtres provoque, au fond de notre cœur, un bouillonnement de souvenirs mêlant regrets, remords, mélancolie, et désir. Et l'on s'étonne alors qu'un "si petit rien" puisse être la cause – ou l'effet – du plus simple et du plus grand bonheur, celui du partage, celui de la confiance, celui de l'amour…

Une chanson surprenante par sa totale sincérité, au point que, par moment, la mélodie s'infléchit, la parole s'interrompt, comme pour laisser à la pensée le temps de se focaliser, aux sentiments le temps de s'imposer, et aux mots la force de s'articuler. La vidéo officielle qui accompagne cette chanson est touchante et fascinante par sa sincérité : des êtres de tous genres, tous âges, et toutes conditions, échangent un regard, un sourire, un serrement de main qui exprime tout leur bonheur d'être ensemble. Celui qui, dans sa solitude, assiste en étranger à cet éclair de tendresse, laisse alors, le regard perdu sur son verre, ses pensées vagabonder et, comme un souffle de vent, soulever la poussière des souvenirs. Tous les agacements, incompréhensions, malentendus, lâchetés, ou faiblesses qui ont pu, un jour ou l'autre, faire obstacle à l'amour lui paraissent alors futiles. Les efforts nécessaires pour "s'accorder" (rentrer dans le "cadre" d'une relation fusionnelle), qui, jadis, lui paraissaient insurmontables, lui semblent aujourd'hui dérisoires. Il voudrait, de toute son âme, croire que tout n'est pas perdu, qu'il reste encore un peu de bonheur à prendre (un peu de chair autour de l'os). Il voudrait tant retrouver la légèreté, le sourire, l'espoir… A la fin de la séquence, il retourne, seul, vers sa guitare. Pourra-t-elle parler pour lui ou restera-t-elle sa seule compagne ? Saurait-t-il s'accorder à nouveau ? Le temps a-t-il effacé le chemin de l'amour ? Le doute assombrit ses pensées, et son cœur souffre à l'idée qu'il a laissé passer le bonheur alors qu'il sait, maintenant, qu'il existe…

ALN


Mémo de Turner


J'ai été    absent trop longtemps
Il me fallait juste un peu de temps
Si tu r'gardes à travers ton verre de temps en temps
C' que tu vois te surprend
 
Maintenant, je pense que je suis prêt
A rentrer dans ta trame
Nous pouvons onduler en volute de fumée
Viens, vacillons comme les flammes
 
Là, je ne veux pas   baisser le ton
Mais, tu sais, il reste un peu de    mie dans le quignon
 
Oh, je te   veux toujours
Oh, je te   veux toujours
Oh, je te   veux toujours
Tant que nous sommes sur terre
Pourquoi vivre en solitaire ?
 
Voilà, sous les étoiles, dans un creux de verdure
Ce qu'on pensait perdu
Voilà, sous les étoiles, dans un creux de verdure
Où nous sommes attendus
 
Là, je ne veux pas   baisser le ton
Mais, tu sais, il reste un peu de   mie dans le quignon
 
Oh, je te   veux toujours
Oh, je te   veux toujours
Oh, je te   veux toujours
Tant que nous sommes sur terre
Pourquoi vivre en solitaire ?
 
Oh, je te   veux toujours
Oh, je te   veux toujours
Oh, je te   veux toujours
Tant que nous sommes sur terre
Pourquoi vivre en solitaire ?
 
Oh, je te   veux toujours
 
Traduction - Adaptation : Polyphrène
sur une suggestion et avec les conseils de Michaël Midoun