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vendredi 13 juillet 2018

How the Heart Approaches What It Yearns

In the blue light
Of the Belvedere Motel
Wondering as the television burns
How the heart approaches what it yearns

In a fever
I distinctly hear your voice
Emerging from a dream, the dream returns
How the heart approaches what it yearns

After the rain on the Interstate
The headlights slide past the moon
A bone-weary traveler
Waits by the side of the road
Where's he goin'?

I dream we are lying on the top of a hill
And headlights slide past the moon
I roll in your arms
And your voice is the heat of the night
I'm on fire

In a phone booth
In some local bar and grill
Rehearsing what I'll say, my coin returns
How the heart approaches what it yearns
How the heart approaches what it yearns


« Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point »…
C’est cette diaphore de Blaise Pascal qu’illustre, par cette chanson, Paul Simon avec la pudeur et la sensibilité caractéristique de sa poésie introspective. L’amour, dès sa naissance, s’impose à nous et tout notre être est à son service. Nos émotions, nos gestes et nos rêves, mais aussi nos réflexions et nos « raisonnements » portent sa marque, suivent sa direction, et nous ramènent inéluctablement vers lui. Prétextes, faux-semblants, hasards prémédités, coïncidences bienvenues en sont les produits, et, dans nos hésitations et nos tergiversations, nous répétons, affinons, retouchons inlassablement les paroles que nous voudrions murmurer à l’être aimé pour lui crier notre passion.
Plus tard, longtemps plus tard, au détour des souvenirs, nous retrouvons intacte l’émotion qui fleurissait alors au fond de notre cœur, arrosée par nos larmes, illuminée par notre espoir.


Ainsi le cœur poursuit son désir

À la lueur bleue
Du motel du Belvédère
La télévision brûle et j’admire
Comment le cœur poursuit son désir

Et, dans ma fièvre, 
J’entends clairement ta voix
Comme surgissant d’un rêve pour revenir
Ainsi le cœur poursuit son désir

Après l’averse, sur l’autoroute
Les phares dépassent la lune
Un voyageur éreinté
Attend sur le bas-côté
Où donc va-t-il ?

Je rêve que nous sommes couchés en haut d’une colline
Et les phares dépassent la lune
Je roule dans tes bras
Ta voix est la chaleur de la nuit
Je suis en feu

Dans la cabine
Téléphonique d’un bistrot
Ma pièce retombe ; je répète ce que je vais dire
Ainsi le cœur poursuit son désir
Ainsi le cœur poursuit son désir


Traduction – Adaptation : Polyphrène (sur une suggestion et avec l’aide de Michaël Midoun).

samedi 3 juin 2017

I’d Do It For Your Love










Cette chanson douce-amère fait l’objet d’un remarquable commentaire sur le blog « Every Single Paul Simon Song ». Elle évoque les « années de galère » que de nombreux jeunes couples ont connu, au début de leur amour, et illustre comment c’est cet amour qui leur a permis de surmonter les misères et difficultés de cette période, vers laquelle ils se tournent plus tard avec une émotion teintée de nostalgie. Qu’a-t-on fait, que ne ferait-on pas par amour ? Les dernières strophes de cette chanson suggèrent cependant la disparition de cet amour, qui aurait ainsi connu ses plus beaux moments dans l’adversité, et ne survivrait pas dans le confort… Il est même possible de trouver aux petits détails des misères d’antan une valeur de symbole, dessinant les prémisses de la séparation, comme si celle-ci était inscrite dès le début dans chacune des péripéties que relate cette chanson : la mariage sans cérémonie, le logement sordide, le tapis qui déteint… Puis la raison qui ne connait plus le cœur, les larmes qui éteignent le bonheur, les extrêmes inconciliables, la fusion impossible…

Puis-je cependant me permettre une petite remarque : les paroles de cette chanson, telles qu’elles figurent sur le site officiel de Paul Simon, présentent une singularité : le titre est « I’d it for your love », qui se traduirait littéralement par « Je le ferais par amour pour toi » ou « pour ton amour ». En revanche, les deux premiers couplets, comme la chanson elle-même, se terminent par « I do it for your love », qui se traduirait par « Je le fais par amour pour toi ». Le présent a remplacé le conditionnel. Est-ce un hasard ? Paul Simon est un auteur d’un tel niveau que je ne peux croire à une erreur, et je vois plutôt là l’une des clefs de l’expression poétique : celle qui ouvre des portes et les laisse ouvertes. A chacun de les emprunter pour entrer et sortir, apportant ses propres idées, ses émotions, ses souvenirs, et ses espoirs.

Pour Michaël, que je remercie d’avoir attiré mon attention sur cette chanson.


Je Le Ferais Pour Ton Amour

Nous nous sommes mariés un jour de pluie
Le ciel était jaune
Et le gazon gris
Nous avons signé
Et nous sommes partis
Je l’fais pour ton amour

Chambre moisie et
Plomberie posthume
Nous avons partagé un rhume
Tout l’hiver, nous gavant
De jus d’agrumes
Je l’fais pour ton amour

Ce tapis
Du marché aux puces
Ses couleurs ont dit adieu
En chemin quand j’te l’ram’nais
L’orange a saigné le bleu

La raison qui blesse
Les larmes qui giclent
Du nord et du sud, les deux
Hémisphères

L’amour émerge
Et il disparaît
Je l’fais pour ton amour
Je l’fais pour ton amour

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)