vendredi 31 décembre 2010

Jimmy Whalen




Voici une chanson populaire canadienne racontant l’histoire d’un bûcheron (ou d’un « draveur », accompagnant les « trains de bois » descendant au fil du courant) tué au bord d’une rivière. C’est ici la version chantée par Peter, Paul, and Mary (Adaptation et arrangements par Peter Yarrow, Noel Paul Stookey, Mary Travers, et Milton T Okun) dont je propose la traduction. L’histoire de cette chanson remonte au 19ème siècle, et l’auteur en reste inconnu. Le texte est chanté sur différentes mélodies, mais la version de Peter, Paul, and Mary est tout simplement sublime dans sa simplicité.



Jimmy Whalen

Seul, un soir, alors que je marchais au bord de l’onde
De la rivière que la lune éclairait
Seul, un soir, me promenant, je vis une jeune fille blonde
Qui pleurait, qui geignait, qui soupirait

Pleurant celui qui seul désormais gît
Celui qui est à jamais endormi
Tandis qu’autour de lui le flot écumant mugit
Recouvrant la tombe du pauvre Jimmy

Jimmy, ne me laisse pas, de douleur égarée
Pourquoi ne restes-tu pas près de moi ?
Mais si la mort est le glaive qui doit nous séparer
L’océan s’étend entre toi et moi

Seul, un soir, me promenant, je vis une jeune fille blonde
Qui pleurait, qui geignait, qui soupirait

(Traduction - Adaptation :Polyphrène)

jeudi 30 décembre 2010

That's what you get for lovin' me



Cette chanson de Gordon Lightfoot a été reprise avec un grand success par Elvis Presley, mais fut chantée aussi par Waylon Jennings et par Peter, Paul, and Mary. On y retrouve le thème ultra-classique de l’aventurier séducteur et destructeur des cœurs, pour qui l’appel de l’horizon est plus fort que la raison : un mythe très « masculin » de polygamie sérielle qui, à défaut de faire progresser les relations homme – femme, a servi de trame à quelques chansons célèbres. C’est l’occasion de citer encore la magistrale « Je ne crois pas… » de Charles Aznavour.

 
Voilà ce que tu gagnes à m’aimer !

Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer
Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer
Tu as tout perdu, vois-tu, car désormais
Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer

Je n’ suis pas du genre à toujours
Rester avec le même amour
Partir est mon fonds de commerce
Je partirai
Sitôt parti, je t’oublierai

Pour moi, ne verse pas de pleurs
Je ne suis pas fait pour ton cœur
J’en ai eu plus de cent comm’ toi
Ne t’en fais pas
J’en aurai plus d’ mille après toi

Voilà : tu vas encore pleurer
Voilà : tu vas encore pleurer
Si un jour l’état de ton cœur est
Amélioré
Peut-être que je repasserai

Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer
Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer
Tu as tout perdu, vois-tu, car désormais
Voilà c’ que tu gagnes à m’aimer

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

mercredi 29 décembre 2010

The Last Thing on my Mind



Chanson de Tom Paxton, sur une mélodie proche de celle de la ballade traditionnelle des îles britanniques "Leaving of Liverpool", "The Last Thing on my Mind" a été chantée magnifiquement par Peter, Paul, and Mary, par Dolly Parton, par Joan Baez, Johnny Cash, Neil Diamond, Hank Locklin, Anne Muray, Willie Nelson… pour ne citer que les plus célèbres – mais aussi par Nana Mouskouri, et par Joe Dassin. Si « Leaving of Liverpool » est un standard de « Line Dance » bien connu de tous les clubs et groupes de « Country », « The Last Thing on my Mind » donne à la mélodie plus de solennité, et en fait un véritable «classique», intemporel et universel.
Le thème est encore celui du départ, de la séparation, de l’incompréhension, comme un écho à « Always on my Mind », sur fond du temps qui s’écoule, comme le sable fin dans un sablier…
Quand on retourne le sablier, on ne remonte pas le temps, malheureusement !


La Dernière de mes Pensées


Cette leçon vient trop tard pour l’apprendre
Sable fin, Sable fin
En un clin d’œil, mon âme vire et s’effondre
Dans ta main, dans ta main

[Refrain :]
Vas-tu vraiment partir sans me dire un mot d’adieu ?
Sans un souvenir à me laisser ?
C’est vrai, j’aurais pu t’aimer mieux
Oui, mais vouloir te blesser
C’était bien la dernière de mes pensées

Tu as tant de bonnes raisons pour partir
Je sais ça, je sais ça
Car l’ivraie n’a cessé de tout envahir
Ne pars pas, ne pars pas

[Refrain]

En marchant, mes pensées, en ribambelle
Font la ronde, font la ronde
Sous nos pas, le métro dans son tunnel
Vibre et gronde, vibre et gronde

[Refrain]

A mon réveil dans mon lit, le matin
Seul sans toi, seul sans toi
Chaque chanson dans ma gorge s’éteint
Seul sans toi, seul sans toi

[Refrain]

Traduction – Adaptation : Polyphrène

samedi 18 décembre 2010

Leaving Green Sleeves



Léonard Cohen reprend  ici le thème de la célébrissime chanson”Greensleeves”, ballade datant apparemment du XVIème siècle, et que la légende attribue à tort au roi Henri VIII. Si l’on se perd en conjectures et hypothèses sur le sens profond du texte et sur l’identité de la dame « aux manches vertes » (comme sur la signification de ce détail vestimentaire), la mélodie traditionnelle a traversé les siècles et continuera probablement son chemin au-delà du millénaire.
En respectant, voire en épaississant, le mystère, Léonard Cohen en accentue l’érotisme et le désespoir, dans un mélange – aussi subtil et magique que celui des philtres d’amour de la légende - dont il a le secret. La fuite du temps entraînant celle des amants ou des courtisans, la vieillesse, la désertion des cœurs, l'étiolement de la passion, l'oubli... font partie des ingrédients.
La mélodie de Léonard Cohen conserve aussi une forme de solennité, mais sa voix prend des accents déchirants et troublants qui font de cette chanson le complément indissociable de la ballade traditionnelle.


Quittant “Manches-Vertes”

Hélas, amour, me fîtes tort
En m’écartant avec violence
Car je vous aimais si fort
Faisant mes délices de votre présence
Si vous voulez me montrer du mépris
Voyez, mon désir n’est que plus excité
Car je demeure, même ainsi
Votre amant en captivité

Manches-Vertes, vous êtes seule ici
Les feuilles sont mortes, les hommes partis
Manches-Vertes, car tous désertent
Même la gente Dame Manches-Vertes

J’ai chanté, j’ai bonimenté
Pour vos cuisses de toute beauté
Et n’est-ce pas fou, n’est-ce pas bien
Que nos ébats s’achèvent enfin ?
Puis, je vous vis nue quand l’aube s’enflamme
J’espérais que ce soit une nouvelle femme
J’appelais mais vous étiez partie
Lors, ma Dame, je pars aussi

Manches-Vertes, vous êtes seule ici…

Manches-Vertes, vous êtes seule ici
Les feuilles sont mortes, les hommes partis
Manches-Vertes, c’est si facile ainsi
De quitter la Dame Manches-Vertes

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

samedi 11 décembre 2010

Memories

Frankie Lane, he was singing Jezebel
I pinned an Iron Cross to my lapel
I walked up to the tallest and the blondest girl
I said, Look, you don't know me now but very soon you will
So won't you let me see
I said "won't you let me see"
I said "won't you let me see
Your naked body?"
[…]




Sur un rythme très dansant et un peu inattendu de la part de Léonard Cohen, cette chanson (paroles et musique de Léonard Cohen, arrangements de Phil Spector) raconte un souvenir de « drague » d’adolescent dans une boîte alors que passait la chanson de Wayne Shanklin « Jezebel », popularisée en anglais par Frankie Laine, et en France par Charles Aznavour et par Edith Piaf. S’inspirant du personnage biblique, la chanson « Jezebel » évoque la passion dévorante pour une femme dont l’irrésistible attrait cache une âme diabolique. Léonard Cohen décrit sa chanson comme une « capsule temporelle » dans laquelle il a placé les souvenirs de l’épisode le plus banal et le plus insignifiant de son adolescence boutonneuse… en rajoutant avec humour que c’est probablement pour cette forme de banalité que cette chanson sera éternelle. La « Croix de Fer », décoration militaire allemande, dite aussi « Croix de Prusse », était alors un symbole arboré par « les durs » ou ceux qui voulaient se faire passer pour tels. Il se souvient aussi de cette fascination et ce véritable culte qu’il vouait alors (déjà) à la Féminité, « ce papillon insaisissable ».


Souvenirs


On jouait « Jezabel » de Frankie Laine
A mon revers, j’ai mis une Croix Prussienne
La plus grande et plus blonde des filles j’ai abordé
J’ai dit « Tu n’ me connais pas mais ça n’ va pas tarder »
Me laisseras-tu donc voir »
J’ai dit « Me laisseras-tu donc voir »
J’ai dit « Me laisseras-tu donc voir
Ton corps dénudé ? »

« Vers un coin de pénombre danse avec moi
Je t’y laisserai peut-être faire n’importe quoi
Je te sais avide ; je l’entends dans ta voix
Et il y a tant à toucher sur mon corps : tu as le choix
Mais tu ne peux pas voir »
Elle dit « Tu ne peux pas voir »
Elle dit « Tu ne peux pas voir
Mon corps dénudé »

Nous dansons, serrés, sur Stardust l’orchestre joue
Ballons et serpentins flottent au dessus de nous
Elle dit « Plus qu’une minute pour tomber amoureux »
« Ce sont de tels instants que j’appelle de tous mes vœux
Et toute ma foi pour voir »
J’ai dit « Toute ma foi pour voir »
J’ai dit « Toute ma foi pour voir
Son corps dénudé »




(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

vendredi 3 décembre 2010

A Poem on the Underground Wall

The last train is nearly due,
The underground is closing soon,
And in the dark deserted station,
Restless in anticipation,
A man waits in the shadows.

His restless eyes leap and snatch,
At all that they can touch or catch,
And hidden deep within his pocket,
Safe within its silent socket,
He holds a coloured crayon. […]



Art Garfunkel raconte comment, à la fin d’une séance de photos dans les métro de New York  pour illustrer la couverture de l’album “Wednesday Morning 3 AM”, il a aperçu, sur le mur du métro face auquel avaient été effectuées les prises de vue, un graffiti directement suggestif, dans le pur style des tagueurs new-yorkais, comportant un mot de 4 lettres (F…) très explicitement illustré. Naturellement, la « Columbia » qui produisait cet album a fait en sorte que le graffiti n’apparaisse pas sur la couverture, mais l’incident à inspiré à Paul Simon cette chanson, que l’on retrouve sur plusieurs albums (notamment « Simon & Garfunkel – Parsley, Sage, Rosemary and Thyme », et « The very best of Art Garfunkel across America »).
Le rythme accéléré de cette chanson restitue bien l’excitation et la peur qui animent l’esprit du « graffeur » s’apprêtant apposer sa marque sur les affiches publicitaires du métro. Le texte joue sur une part de mystère et d’anticipation, mais aussi sur une allégorie « matricielle », comparant l’arrivée de la rame du métro à un accouchement, le métro lui-même à l’enfant qui apparaît ainsi à l’époux assistant au travail, puis la fuite du « graffeur » comme « tété » par la nuit qui l’aspire vers le « sein » de la pénombre.

Un Poème sur les Murs du Métro

Voilà l’ultime rame, et
Le métro va bientôt fermer
Et dans la station désertée
D’anticipation agité
Il attend dans la pénombre

Son regard vif se pose sur
Tout ce qu’il saisit ou capture
Et dans la poche de son manteau
Cachée au fond de son fourreau
Il tient une craie de couleur

Maintenant le tunnel accouche
Et la rame promise approche
Les portes accueillantes l’aspirent
Mais il hésite, et se retire
Plus loin dans la pénombre

Soudain, voilà le train parti
Dans un gentil cliquetis
Bien scandé comme une litanie
Il serre comme un chapelet béni
Sa craie dans sa main

Puis, de sa poche, la craie surgit
Sur le mur trace avec énergie
En plein sur la publicité
Un poème d’un seul mot, limité
A cinq lettres

Son cœur rit, son cœur crie, son cœur bondit
Et son poème, sur les voies, retentit
Sous le signal d’exit qui luit
Ses jambes l’emportent et il fuit
Vers le sein des ténèbres, comme tété par la nuit.

(Traduction – Adaptation :Polyphrène)