Le temps passe inexorablement et ne revient jamais en arrière, mais la
terre tourne, le soleil se couche, puis se lève, les saisons reviennent, et le
cycle de la vie et de la mort se répète inlassablement.
Le changement est l’essence de la vie : nous devons donc l’admettre,
et accepter de participer au cycle, dont nous ne vivons malheureusement qu’un
tour.
Cette chanson de Phil Ochs (qui fut aussi chantée, somptueusement, par
Gordon Lightfoot) est particulièrement émouvante par le courage serein de cet
adieu. Bien sûr, l’auditeur peut en rester à une interprétation étroite,
évoquant la fin d’une relation, dans l’esprit des « saisons du cœur »
que chante John Denver. Néanmoins, j’aime à penser qu’une aussi belle chanson
aspire à l’universel et l’intemporel, et qu’elle recouvre toutes les situations
de séparation : celle de l’enfant qui quitte le foyer familial comme celle
des amis que la vie entraîne sur des chemins différents, celle des migrants qui
doivent fuir leur pays comme celle du malade qui sent la fin arriver.
A ceux qui restent, tous expriment le plus pur et parfait amour :
celui qui console et rassure, celui qui demeure après le départ comme une
flamme qui ne s’éteint pas, celui qui exhorte au bonheur « malgré
tout ».
Je pense alors à elle, dont nous aurions fêté l’anniversaire il y a
quelques jours, et qui écrivait, dans l’un de ses derniers messages avant le
grand départ :
« Je veux que la vie soit légère pour vous tous, vous savoir joyeux et
profitant des belles choses, même les plus infimes. »
Et nos larmes, comme une essence précieuse, ravivent la flamme de son
amour.
Changements
Assied-toi là ; viens aussi près que l’air
Voir un souvenir en gris
Viens flâner dans mes mots
Et rêver des tableaux que je décris
Qui changent
Les feuilles vertes rougissent à l’automne
Et s’étiolent en jaunissant
Puis elles doivent mourir
Prises dans le carrousel du temps
Qui change
Des moments de magie luisent dans la nuit
En forêt les peurs s’évaporent
Emportées au matin
Par la rosée qui scintille à l’aurore
Qui change
Les passions cèdent et l’harmonie s’installe
Parfois refroidit la flamme
Nous sommes comme des pétales
Pantins pendus aux fils d’argent des âmes
Qui changent
Nous sommes ailleurs et tes larmes m’implorent
Alors, buvons un dernier verre
Embrassons nous encore
Puis je te laisse au bord de la rivière
Qui change
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)