lundi 30 mars 2015

Master Song

I believe that you heard your master sing
When I was sick in bed.
I suppose that he told you everything
That I keep locked away in my head.
Your master took you travelling,
Well at least that's what you said.
And now do you come back to bring
your prisoner wine and bread?

You met him at some temple, where
They take your clothes at the door.
He was just a numberless man in a chair
Who'd just come back from the war.
And you wrap up his tired face in your hair
And he hands you the apple core.
Then he touches your lips now so suddenly bare
Of all the kisses we put on some time before.


And he gave you a German Shepherd to walk
With a collar of leather and nails,
And he never once made you explain or talk
About all of the little details,
Such as who had a word and who had a rock,
And who had you through the mails.
Now your love is a secret all over the block,
And it never stops not even when your master fails.

And he took you up in his aeroplane,
which he flew without any hands,
and you cruised above the ribbons of rain
that drove the crowd from the stands.
Then he killed the lights in a lonely Lane
and, an ape with angel glands,
erased the final wisps of pain
with the music of rubber bands.

And now I hear your master sing,
you kneel for him to come.
His body is a golden string
that your body is hanging from.
His body is a golden string,
my body has grown numb.
Oh now you hear your master sing,
your shirt is all undone.

And will you kneel beside this bed
that we polished so long ago,
before your master chose instead
to make my bed of snow?
Your eyes are wild and your knuckles are red
and you're speaking far too low.
No I can't make out what your master said
before he made you go.

Then I think you're playing far too rough
for a lady who's been to the moon;
I've lain by this window long enough
to get used to an empty room.
And your love is some dust in an old man's cough
who is tapping his foot to a tune,
and your thighs are a ruin, you want too much,
let's say you came back some time too soon.

I loved your master perfectly
I taught him all that he knew.
He was starving in some deep mystery
like a man who is sure what is true.
And I sent you to him with my guarantee
I could teach him something new,
and I taught him how you would long for me
no matter what he said no matter what you'd do.

I believe that you heard your master sing
while I was sick in bed,
I'm sure that he told you everything
I must keep locked away in my head.
Your master took you travelling,
well at least that's what you said,
And now do you come back to bring
your prisoner wine and bread?




Léonard Cohen met ici en chanson une relation triangulaire (ou trinitaire, dit-il en dérision), comme dans « Famous Blue Raincoat » ou « Why Don’t You Try ? ». Cependant, les choses ne sont probablement pas si simples qu’il n’y paraît. Certes, on reconnaît la femme, l’amant, et son rival, et l’on entend évoquer maladie, trahison, domination, puis trahison encore, mais le véritable maître n’est peut-être pas celui qu’on croît, ou ce n’est pas vraiment le maître, ou pas vraiment l’amant… L’ambivalence des sentiments, comme l’inéluctable souffrance et l’inexplicable attirance sont les ingrédients usuels de ces relations mouvantes que décrit Léonard Cohen, qui semble en parler d’expérience.



La Chanson du Maître

Tu as entendu ton maître chanter
Quand j’étais alité
Et je suppose qu’il t’a tout raconté
De ce que, dans ma tête, j’abritais
Ton maître t’a fait voyager
C’est, du moins, ce que tu disais
Viens-tu, maintenant, apporter
Pain et vin à ton prisonnier ?

Dans un temple, tu l’as rencontré
Où l’on se dévêt à l’entrée
Rien qu’un homme sans nombre sur un canapé
De la guerre à peine rentré
De tes cheveux, tu couvres son visage lassé
Il te tend la pomme consommée
Puis il touche tes lèvres soudain dépouillées
De tous les baisers dont nous les avions parées

Il t’offrit un berger allemand pour marcher
Des clous sur le cuir de son collier
Et il ne t’a jamais laissée expliquer
Les petits détails et révéler
Lequel a un mot, le quel a un rocher
Ni qui te tient par courrier
Ton amour est un secret dans tout le quartier
Et se maintient même si ton maître vient à échouer

Et, sur son avion, il t’a emmenée
Qu’il pilotait sans aucune main
Volant plus haut que la pluie qui chassait
La foule sur les gradins
Baissait les phares sur une route isolée
Singe aux glandes d’ange, enfin
Les dernières douleurs effaçait
En imitant un musicien

Et j’entends ton maître chanter
A genoux, tu l’attends
Son corps est un anneau doré
Son corps est un anneau doré
Sous lequel ton corps se suspend
Mon corps s’engourdissant
Tu entends ton maître chanter
Ton chemisier s’ouvrant

T’agenouilleras-tu à ce lit
Que jadis nous avons poli
Avant que ton maître ait choisi
De faire de neige mon lit ?
Tes yeux sont fous et tes phalanges rougies
Ta voix n’est qu’un chuchotis
Non, je ne sais pas ce que ton maître a dit
Lorsqu’il t’éconduisit

Et je trouve ton jeu un peu forcé
Toi, dame à qui la lune fut offerte
J’ai eu le temps de m’habituer
A ce que ma chambre soit déserte
Ton amour est le crachin d’un vieux toussant
En battant, de son pied, le tempo
Tes cuisses sont en ruine ; tu en veux tant
Disons que tu reviens un peu tôt

J’aimais ton maître parfaitement
Je lui ai tout enseigné
Dans un grand mystère, il mourait de faim
Comme un homme sûr de ce qui est vrai
Je t’ai envoyée vers lui en promettant
De lui apprendre du nouveau et
Ainsi, je lui ai enseigné comment
Quoi qu’il dise, quoi que tu fasses, je te manquerais

Tu as entendu ton maître chanter
Quand j’étais alité
Et je suppose qu’il t’a tout raconté
De ce que, dans ma tête, j’abritais
Ton maître t’a fait voyager
C’est, du moins, ce que tu disais
Viens-tu, maintenant, apporter
Pain et vin à ton prisonnier ?

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)


dimanche 29 mars 2015

Choices










Léonard Cohen avait chanté (en concert à Mannheim en juin 2013), cette chanson de George Jones. Il en offre son premier enregistrement sur l’album « Can’t Forget ». On peut y lire les regrets de celui qui, s’approchant du bout du chemin, pense à toutes ses fautes, ses erreurs, ses faux-pas, et voudrait revenir en arrière pour refaire les choix dont il est toujours plus facile, a posteriori, de savoir quels étaient les bons et les mauvais. Il ne faudrait pas, cependant, s’en tenir à cette seule lecture, car cette chanson répond manifestement à « Bird on the Wire », comme pour dire qu’il a fait tous ces choix, bons ou mauvais, avec tout le poids de son humanité et toute la sincérité de l’espoir, usant de ce qu’il pouvait trouver de liberté tout en restant lui-même.
 
ALN


Choix

J’ai eu des choix
A faire depuis ma naissance
De petites voix
Me disaient bien ou mal
J’ n’en serais pas là si
J’ les avais écoutées
A vivre et mourir
Avec les choix que j’ai faits

J’étais tenté
Et tout jeune j’ai trouvé
Que j’aimais boire
Et je n’ai jamais arrêté
Ceux que j’aimais
Je les ai tous éloignés
Tout ça pour vivre et mourir
Avec les choix que j’ai faits

J’ai eu des choix
A faire depuis ma naissance
De petites voix
Me disaient bien ou mal
J’ n’en serais pas là si
J’ les avais écoutées
A vivre et mourir
Avec les choix que j’ai faits

Je dois payer
Pour les péchés que j’ai faits
Si je pouvais
Je courrais vers le passé
Mais je perds toujours
Au jeu d’ la vie que je joue
A perdre et mourir
Avec les choix que j’ai faits

J’ai eu des choix
A faire depuis ma naissance
De petites voix
Me disaient bien ou mal
J’ n’en serais pas là si
J’ les avais écoutées
A vivre et mourir
Avec les choix que j’ai faits

A vivre et mourir
Avec les choix que j’ai faits


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)