samedi 17 novembre 2012

Democracy

It's coming through a hole in the air,
From those nights in Tiananmen Square.
It's coming from the feel
That this ain't exactly real,
Or it's real, but it ain't exactly there.
From the wars against disorder,
From the sirens night and day,
From the fires of the homeless,
From the ashes of the gay:
Democracy is coming to the U.S.A.


It's coming through a crack in the wall;
On a visionary flood of alcohol;
From the staggering account
Of the Sermon on the Mount
Which I don't pretend to understand at all.
It's coming from the silence
On the dock of the bay,
From the brave, the bold, the battered
Heart of Chevrolet:
Democracy is coming to the U.S.A.


It's coming from the sorrow in the street,
The holy places where the races meet;
From the homicidal bitchin'
That goes down in every kitchen
To determine who will serve and who will eat.
From the wells of disappointment
Where the women kneel to pray
For the grace of God in the desert here
And the desert far away:
Democracy is coming to the U.S.A.


Sail on, sail on
O mighty Ship of State!
To the Shores of Need
Past the Reefs of Greed
Through the Squalls of Hate
Sail on, sail on, sail on, sail on.


It's coming to America first,
The cradle of the best and of the worst.
It's here they got the range
And the machinery for change
And it's here they got the spiritual thirst.
It's here the family's broken
And it's here the lonely say
That the heart has got to open
In a fundamental way:
Democracy is coming to the U.S.A.


It's coming from the women and the men.
O baby, we'll be making love again.
We'll be going down so deep
The river's going to weep,
And the mountain's going to shout Amen!
It's coming like the tidal flood
Beneath the lunar sway,
Imperial, mysterious,
In amorous array:
Democracy is coming to the U.S.A.





N’est-ce pas le moment approprié, alors que les U.S.A. viennent de réélire un président démocrate noir, de citer Léonard Cohen chantant l’arrivée de la démocratie ?
Bien qu’il ne l’ait terminée qu’en 1992, l’idée de cette chanson lui est venue en 1989, lors de la chute du mur de Berlin, en pleine liesse populaire, alors que le sentiment général était que la démocratie arrivait enfin en Europe de l’Est. Léonard Cohen raconte qu’il ne partageait pas ce sentiment, et se montrait plutôt inquiet et circonspect.
Ce qui s'est passé depuis semble lui avoir donné raison.
Il explique en revanche que son impression, à l’époque, était que la démocratie trouvait, en Amérique, son terrain d’élection, un véritable laboratoire, confronté à des problèmes d’immigration et de racisme, et paraissant capable de les surmonter.
Il considère la démocratie comme une sorte de religion occidentale qui, « en tant que grande religion, affirme les autres religions, et, en tant que grande culture, affirme les autres cultures ».
Léonard Cohen n’aurait sans doute pas pris partie dans l’affrontement entre républicains et démocrates au cours de la bataille électorale qui vient de s’achever, mais sa définition de la démocratie trouve néanmoins une belle illustration dans la réélection du premier président noir des Etats-Unis.
Léonard Cohen évoque ainsi, sur un mode presque incantatoire, toutes les misères, les douleurs, les drames et les malheurs qui mobilisent les esprits et les cœurs et y font naître la démocratie. Certes, dit-il, elle n’est pas encore vraiment là, mais on sent confusément qu’elle s’approche, et l’on se tient prêt, un bouquet de fleurs sauvages à la main, à l’accueillir.



Démocratie

C’est un trou dans les airs qui l’amène
Des nuits de la place Tienanmen
Ça vient de l’intuition
Que ce n’est qu’une impression
Ou c’est réel mais on le sent à peine
Des guerres contre la maladie
Des sirènes qui ne cessent pas
Des gays que l’on immola
La démocratie arrive aux U.S.A.


Elle vient par une fissure dans le mur
Sur un flot d’alcool inspirant les augures
De l’audace dont témoigne
Le sermon sur la montagne
Dont, pour moi, le sens reste encore obscur
Du silence au bout du quai*
Dans la baie, elle viendra
De ce brave cœur qui, rudoyé
Dans les Chevrolet, bat
La démocratie arrive aux U.S.A.


Elle vient du chagrin sur les rues et places
Des lieux saints où se mêlent les races
De ces petites phrases assassines
Que l’on entend dans les cuisines
Pour savoir qui mange les plats et qui les passe
Des puits de dépit ou prient
A genoux, les femmes, tout bas
Pour la grâce de Dieu dans ce désert-ci
Et le désert au delà
La démocratie arrive aux U.S.A.


Vogue, vogue,
Vaisseau sacré national,
Vers Nécessité
Passe l’écueil d’Envie
La haine en rafales
Vogue, vogue, vogue, vogue


C’est par l’Amérique qu’elle doit venir
Le berceau du meilleur et du pire
C’est là qu’ils ont la marge
Et les techniques pour que ça change
Et, spirituellement, ils en ont le désir
C’est là que la famille se meurt
Et c’est là que les gens seuls croient
Que, fondamentalement, le cœur
Un jour enfin s’ouvrira
La démocratie arrive aux U.S.A.


Ce sont les femmes et les hommes qui l’amènent
Nous ferons donc encore l’amour, ma reine
Nous descendrons si profond
Que les rivières pleureront
Et que la montagne criera « Amen »
Comme, sous l’attraction lunaire,
La marée montera,
Impérieux mystère,
Amour tendant les bras,
La démocratie arrive aux U.S.A.


Vogue, vogue…

Je suis un grand sentimental, vois-tu
J’aime le pays mais ne supporte pas la vue
Ni de gauche, ni de droite, mais
Ce soir devant cette télé
Si désespérante, je me sens perdu
Mais, têtu comme ces sacs-poubelles
Que le temps n’atteint pas,
Je ne vaux rien mais tends, fidèle,
Mon bouquet de Lila
La démocratie arrive aux U.S.A.


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)**


* Faut-il voir là une citation de "Sittin' on the Dock of the Bay", où Otis Redding chante la misère et la solitude du chômage ?

** Avec ses rimes imbriquées marchant par trois, cette chanson est l'une de celles dont la traduction m'a donné le plus de mal : La Démocratie, ça ne va pas de soi !


vendredi 2 novembre 2012

Bus Stop

Bus stop, wet day, she's there, I say
Please share my umbrella
Bus stop, bus goes, she stays, love grows
Under my umbrella
All that summer we enjoyed it
Wind and rain and shine
That umbrella, we employed it
By August, she was mine

Chorus:
Every morning I would see her waiting at the stop
Sometimes she'd shopped and she would show me what she bought
Other people stared as if we were both quite insane
Someday my name and hers are going to be the same

That's the way the whole thing started
Silly but it's true
Thinkin' of a sweet romance
Beginning in a queue
Came the sun the ice was melting
No more sheltering now
Nice to think that that umbrella
Led me to a vow

Every morning I would see her waiting at the stop
Sometimes she'd shopped and she would show me what she bought
Other people stared as if we were both quite insane
Someday my name and hers are going to be the same

Came the sun the ice was melting
No more sheltering now
Nice to think that that umbrella
Led me to a vow




Cette chanson, écrite par Graham Gouldman alors qu’il n’avait que 16 ans, ne se compare certes pas au célèbre « Parapluie » de Georges Brassens, bien que cet accessoire soit, dans les deux cas, à l’origine d’une rencontre et d’un « coup de foudre sous la pluie ».
Cependant, avec sa mélodie gaie et tonique, « Bus Stop » assura au groupe « The Hollies » un grand succès en 1966. C’est, de fait, un très bel exemple de l’exubérance musicale des « sixties », avec un optimisme qui pourrait aujourd’hui paraître naïf, voire déplacé. Pourtant, cette petite histoire d’amour d’abribus, toute mièvre et simpliste qu’elle puisse paraître, suscite, chez tous ceux qui ont vécu cette époque, une grand nostalgie.


Abri-Bus

Elle attend sous la pluie ; je lui
Propose mon parapluie
Le bus passe, mais elle reste, et puis
C’est l’amour qui surgit

Tout l’été, mon parapluie
Nous protégea mais
Grâce au vent et à la pluie,
En août, on s’aimait

Refrain :
Tous les matins, attendant le bus, elle était là
Les jours de marché, elle me montrait ses achats
Et les gens nous regardaient comme si nous étions fous
Mais moi, je sais qu’un jour je serai son époux

Les choses ont vraiment commencé
Comme je les chante
Notre roman d’amour est né
Dans une file d’attente

Et la glace au soleil fondit
Donc, plus besoin d’abri
C’est mon parapluie qui fit
De moi son mari

Tous les matins, attendant le bus, elle était là
Les jours de marché, elle me montrait ses achats
Et les gens nous regardaient comme si nous étions fous
Mais moi, je sais qu’un jour je serai son époux

Et la glace au soleil fondit
Donc, plus besoin d’abri
C’est mon parapluie qui fit
De moi son mari

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)