
La grâce d’un visage, les
reflets de cheveux, l’élégance de courbes, la douceur d’une voix, la lumière d’un
regard… tout fait battre le cœur, et fait monter la sève, et fait brûler la
peau.
Mais l’on ignore tout de
ce qui peut permettre d’aller au fond du cœur, de voir au fond de l’âme car
l’on ignore tout… de soi-même.
Pour apprendre à aimer,
apprendre à être aimé, qui écouter ? Qui suivre ?
Quel étrange malaise
s’empare de nous quand notre cœur ne trouve ni reflet ni écho à son
trouble ?
Quel remède
trouver ? Faut-il souffrir encore, jeûne et abstinence, ascèse et
solitude ?
Et l’on pense mourir tant
la vie nous appelle.
Puis c’est le corps qui
parle et le cœur qui se tait. Poussé par le désir, mais jamais rassasié, ne
sachant pas encore ni aimer ni haïr, nous tentons d’accorder les sentiments
confus qui se bousculent en nous en cherchant une issue.
Nous voudrions offrir de
nous ce qui est beau, mais que nul ne peut voir s’il n’aime pas déjà. Nous
voudrions paraître ce que nous ne sommes pas, ou pas encore, ou pas tout à
fait.
Croyant avoir compris la
profondeur du cœur, nous sommes encore blessés par le mépris épais qui glisse à
sa surface.
Et nous cherchons
longtemps, avec un faible espoir, le regard qui enfin verra que nous voyons au
delà du paraître.
Mais, un jour, un regard,
quelques mots, un silence, se frayent un chemin au plus profond de nous. Les couleurs,
les reliefs apparaissent alors dans la chaude lumière qu’on appelle l’amour.
On comprend que le cœur
n’a point de professeur. Ni leçons ni devoirs ; un seul guide :
l’espoir. L’amour ne s’apprend pas. On apprend à donner ; à recevoir,
aussi. On apprend à parler, et à mieux écouter. On apprend la confiance, et la
sincérité. On apprend la patience, et la ténacité. On apprend la douceur, on
apprend la tendresse. En apprenant à vivre, on apprend le bonheur.
A Hélène
Professeurs
J’ai rencontré une femme,
jadis
Les cheveux noirs comme
la nuit
Es-tu un professeur du
cœur ?
« Non », elle répondit
J’ai rencontré une fille,
là-bas
Cheveux dorés, fins comme
soie
Es-tu un professeur du
cœur ?
« Oui, mais pas pour toi
»
J’ai rencontré un pauvre
hère
Dans un coin, je l’ai
découvert
« Suivez-moi », dit le
vieux sage
En marchant derrière
Je rentrais dans un
hôpital
Nul n’allait bien, nul
n’allait mal
Au départ des infirmières
J’étais tout à fait
bancal
L’aube vint, et, pour
midi
Avec ma cuillère d’argent
Je trouvais un bistouri
Des filles entrèrent par
erreur
Où les bistouris font un
malheur
Qu’enseignez-vous à mon
cœur ?
« La rupture aux vieux
cœurs »
M’éveillant, un matin
tôt,
Plus d’infirmières, et
plus hôpitaux
Ai-je assez tailladé,
seigneur ?
« Tu n’as plus que les os
»
J’ai mangé, mangé, mangé
Pas un plat je n’ai
négligé
Combien coûte tout cela ?
« En haine, on peut
l’échanger »
J’ai donc haï en toute
place
A tout travail, sur toute
face
Quelqu’un m’offrit des
vœux
Je fis vœu que l’on
m’embrasse
Des filles m’ont embrassé
d’abord
Et des hommes l’ont fait
alors
Est-ce une passion
parfaite ?
« Non, recommence encore
»
J’étais fort, un Apollon
Sachant les paroles des
chansons
Mon chant vous-a-t’il plu
?
« Les mots ne sont pas
les bons »
A qui est-ce que je
m’adresse ?
Qui entend ce que je
confesse ?
Qu’enseignez-vous à mon
cœur ?
« Aux vieux cœurs, la
sagesse »
Professeurs, ai-je fait
mes devoirs ?
En faire plus, je ne
pense pas pouvoir
Ils rirent, et rirent, et
dirent : « Petit,
As tu fait tes devoirs ?
As-tu fait tes devoirs ?
As-tu fait tes devoirs ?
»
(Traduction – Adaptation :
Polyphrène)