Magnifique chanson de Gene Nelson et Craig Duncan Carothers, chantée avec émotion (et des allusions aux incantations rituelles indiennes) par Peter, Paul, and Mary, « Invisible People » évoque la destruction réitérée d’un peuple, d’une civilisation, d’une culture, d’une identité, d’abord par la colonisation et les massacres qui l’ont suivie, puis, plus sournoisement, par l’érosion progressive de tout ce qui pouvait en rester par « le progrès », symbolisé ici par l’ouverture d’un supermarché sur les terres ancestrales des indiens d’Amérique.
Aujourd’hui, les « gens invisibles » sont de plus en plus nombreux :
- Tous ceux que nous ne voulons pas voir parce qu’ils sont différents, dans leur langage, leur costume, leurs coutumes, leurs idées ou leurs religions
- Tous ceux que nous ne voulons pas voir car leur misère dérange notre bien-être
- Tous ceux que nous ne voulons pas voir pour pouvoir les accuser de tout ce qui n’est, en fait, que le résultat de notre indifférence
- Tous ceux que nous ne voulons pas voir parce que les voir nous obligerait à reconnaître que ce sont des êtres humains, et que c’est un mensonge fondamental que de les considérer comme responsables de leur malheur.
Les Gens Invisibles
Nous vînmes dans un nouveau monde
Fatigués du vieux
Fous de liberté
Et lourds de nos prières
A nous les trésors qui abondent
Sans penser à ceux
Qui avant nous habitaient
Déjà cette terre
Les gens invisibles
A chaque génération
Plus nombreux, nous repoussions les
Frontières pour trouver
Fortune en voyage
Sur nos chariots, nous allions
Toujours plus loin sans jamais
Nous préoccuper
De notre sillage
Les gens invisibles
On n’ voit pas qu’ils pleurent
Et l’on reste
Sourd à leur douleur
Les gens invisibles
L’esprit fracassé
Promesses reniées
Chasseurs et sorciers
Sont réfugiés
Mais qui est le sauvage
Et qui est le messie
Quand les gens sont ravagés
Par haine et envie
Les gens invisibles
Aujourd’hui, grandes promotions
Babioles pour les enfants
Aires de stationnement
Inauguration
Mais sous le bitume est
A jamais inhumé
L’honneur d’une nation
Dans la demeure des braves
Les gens invisibles
On n’ voit pas qu’ils pleurent
Et l’on reste
Sourd à leur douleur
Les gens invisibles
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)