mercredi 28 décembre 2011

Show Me the Place

Show me the place where you want your slave to go
Show me the place I’ve forgotten I don’t know
Show me the place for my head is bending low
Show me the place where you want your slave to go
Show me the place help me roll away the stone
Show me the place I can’t move this thing alone
Show me the place where the Word became a man
Show me the place where the suffering began

The troubles came I saved what I could save
A thread of light a particle a wave
But there were chains so I hastened to behave
There were chains so I loved you like a slave`

Show me the place where you want your slave to go
Show me the place I’ve forgotten I don’t know
Show me the place for my head is bent and low
Show me the place where you want your slave to go

The troubles came I saved what I could save
A thread of light a particle a wave
But there were chains so I hastened to behave
There were chains so I loved you like a slave

Show me the place
Show me the place
Show me the place

Show me the place help me roll away the stone
Show me the place I can’t move this thing alone
Show me the place where the Word became a man
Show me the place where the suffering began


Sur son prochain album "Old Ideas", qui doit sortir le 31 janvier 2012, Léonard Cohen chante “Show Me The Place”, disponible en téléchargement pour tous ceux qui souscrivent dès maintenant une commande du CD.

Cette chanson paraît comme une prière que murmure la voix toujours plus grave de Léonard Cohen, sur une mélodie simple, un peu solennelle, mais si typiquement « Cohen » qu’on s’en trouve immédiatement captivé… et troublé.

Captivé par une forme de sérénité, de soumission confiante, d’acceptation des faiblesses et des limites de notre humanité.

Troublé par cette résignation et cette humilité, mais aussi par le choix des mots, car un esclave n’est pas qu’un serviteur, et un serviteur ne porte pas de chaînes.
L’amour existe-t-il s’il est imposé ?
Que vaut l’obéissance sans la liberté ?
Que vaut le respect sans l’indépendance ?

Troublé aussi par l’évocation répétée et explicite de la passion et de la mort du Christ, et donc de la rédemption (mais ce n’est pas la première fois que Léonard Cohen « emprunte » des thèmes de la religion chrétienne sans les opposer aux fondements du judaïsme).

Troublé enfin par l’impression étrange qui se dégage de cette chanson : celle d’un homme qui entrevoit l’aboutissement de sa vie, et se tient prêt à affronter la souffrance, en espérant qu’elle ait un sens.



Montre-Moi Où

Montre-moi où tu veux qu’aille ton esclave
Montre-moi où j’ai oublié que j’ignore
Montre-moi où car ma tête est courbée fort
Montre-moi où tu veux qu’aille ton esclave
Montre moi où; à rouler la pierre, aide moi
Montre-moi où; seul, je n’y parviendrais pas
Montre-moi où le Verbe s’est fait chair
Montre-moi où a commencé le calvaire

Vinrent les troubles; ce que j’ai pu, j’ai sauvé
Rayon de lumière, particule, onde, mais
A cause des chaînes, de bien faire je m’empressais
A cause des chaînes, en esclave, je t’ai aimé

Montre-moi où tu veux qu’aille ton esclave
Montre-moi où j’ai oublié que j’ignore
Montre-moi où car ma tête se courbe fort
Montre-moi où tu veux qu’aille ton esclave

Vinrent les troubles; ce que j’ai pu, j’ai sauvé
Rayon de lumière, particule, onde, mais
A cause des chaînes, de bien faire je m’empressais
A cause des chaînes, en esclave, je t’ai aimé

Montre-moi où
Montre-moi où
Montre-moi où

Montre-moi où; à rouler la pierre, aide-moi
Montre-moi où; seul, je n’y parviendrais pas
Montre-moi où le Verbe s’est fait chair
Montre-moi où a commencé le calvaire

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

samedi 24 décembre 2011

Will You Be Lonesome Too?

How would you like feeling lonesome
When someone is through with you
My heart is sad and I'm lonesome
I wonder if you're lonesome too
I wonder if you're lonesome too

Don't want you to cry cause I'm leaving
Don't want you to cry cause I'm blue
Only my thoughts make me lonesome
I wonder if you're lonesome too
I wonder if you're lonesome too

Why should two lovers quarrel
Why should they be so untrue
I know what it means to be lonesome
I wonder if you're lonesome too
I wonder if you're lonesome too

No one to love me little darling
Nothing but memories of you
When I'm far away I'll be lonesome
I wonder if you're lonesome too
I wonder if you're lonesome too

Give me your right hand honey
I'll say this farewell to you
I'll be so lonesome without you
I wonder if you're lonesome too
I wonder if you're lonesome too


Dans la pure tradition de la « Country », les Delmore Brothers (mais aussi Flatt and Scruggschantent cette ballade triste et douce à la fois, avec l’amertume résignée de l’échec.
Les duos familiaux étaient nombreux à cette époque où la « Country » commençait à pousser au dessus de ses racines, grâce aux nouvelles possibilités de diffusion, par gramophone et radiophonie interposés : frères (les Delmore,  puis les Mills, les Monroe, les Louvin, plus récemment les Righteous, les Stanley, les Bellamy, les Everly brothers), sœurs (les Aarons, les Pointer, plus tard aussi les Andrew sisters), frères et sœurs (avant même les Carpenter), couples, ou duos père – fille (les Kendall), voire toute une famille (la Carter Family)…
Les soirées familiales passées à chanter tous ensemble ne figurent-elles par parmi les meilleurs souvenir ?
Un soir de Noël, par exemple ?




Te Sentiras-Tu Seule Aussi ?

Aimerais-tu te sentir seule
Quand on t’a dit “C’est fini” ?
J’ai le cœur triste et me sens seul
Est-ce que tu te sens seule aussi ?
Est-ce que tu te sens seule aussi ?

Vas-tu pleurer de me voir partir
Et si je pleure, pleurer aussi ?
Au fond de moi, je me sens seul
Est-ce que tu te sens seule aussi ?
Est-ce que tu te sens seule aussi ?

Pourquoi les amants se querellent-ils ?
Pourquoi se mentir ainsi ?
Je sais ce que c’est que d’être seul
Est-ce que tu te sens seule aussi ?
Est-ce que tu te sens seule aussi ?

Tu n(e)’ me laisse que des souvenirs
Plus personne pour me dire “Mon chéri”
Loin de toi, je me sentirai seul
Est-ce que tu te sens seule aussi ?
Est-ce que tu te sens seule aussi ?

Tends-moi la main, ma chérie
Pour te dire adieu ainsi
Sans toi, je vais me sentir seul
Est-ce que tu te sens seule aussi ?
Est-ce que tu te sens seule aussi ?

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

vendredi 23 décembre 2011

Alexandra Leaving

Suddenly the night has grown colder.
The god of love preparing to depart.
Alexandra hoisted on his shoulder,
They slip between the sentries of the heart.

Upheld by the simplicities of pleasure,
They gain the light, they formlessly entwine;
And radiant beyond your widest measure
They fall among the voices and the wine.

It’s not a trick, your senses all deceiving,
A fitful dream, the morning will exhaust –
Say goodbye to Alexandra leaving.
Then say goodbye to Alexandra lost.

Even though she sleeps upon your satin;
Even though she wakes you with a kiss.
Do not say the moment was imagined;
Do not stoop to strategies like this.

As someone long prepared for this to happen,
Go firmly to the window. Drink it in.
Exquisite music. Alexandra laughing.
Your firm commitments tangible again.

And you who had the honor of her evening,
And by the honor had your own restored –
Say goodbye to Alexandra leaving;
Alexandra leaving with her lord.

Even though she sleeps upon your satin;
Even though she wakes you with a kiss.
Do not say the moment was imagined;
Do not stoop to strategies like this.

As someone long prepared for the occasion;
In full command of every plan you wrecked –
Do not choose a coward’s explanation
that hides behind the cause and the effect.

And you who were bewildered by a meaning;
Whose code was broken, crucifix uncrossed –
Say goodbye to Alexandra leaving.
Then say goodbye to Alexandra lost.

Say goodbye to Alexandra lost



Résigné, sincère, lucide,  humble et réaliste, Léonard Cohen, lorsqu’il chante le départ d’Alexandra ? La situation qu’il décrit peut éveiller bien des échos au fond du puits de la mémoire, et faire revivre des épisodes vécus ou imaginés,  dont chacun a pu être acteur ou témoin.
Résigné ? Ou plutôt respectueux de la liberté de ne pas (ou plus) aimer, sans laquelle ce sentiment perdrait toute sa valeur ?
Sincère ? Certainement, lorsqu’il reconnaît le trouble et la souffrance qu’occasionne ce départ.
Lucide ? Sans doute, dès lors qu’il admet qu’il savait, dès le début, ce qu’il ne pouvait attendre ni espérer.
Humble ? Ou défaitiste, s’il pense ne pas être à la hauteur de celle qu’il considère comme étant d’une autre essence, supérieure par l’affirmation-même de sa liberté ? D’autres ne se poseraient pas de telles questions, et ne s’imagineraient pas indignes d’un avenir.
Réaliste ? Peut-être même pragmatique, ou sachant par expérience  ce qu’il faut savoir faire ou dire, ne pas faire ou ne pas dire en la circonstance (« Il faut savoir », chantait Charles Aznavour).
Fort, aussi, du plus grand amour : celui qui respecte et s’efface, ne cherche pas de prétexte et ne se réfugie pas dans de faux-semblants, ; celui qui se garde de manœuvres dilatoires, et ne tombe pas dans le piège du ressentiment (« Retenir les cris de haine qui sont les derniers mots d’amour »  dit Aznavour ).
« Fifty ways to leave your lover », dit Paul Simon… et mille façons de rester fidèle à ses sentiments.
Les sentiments les plus forts ne sont pas les plus violents, mais cela, c’est le temps qui nous l’apprend !



Alexandra s’en va

Soudain, la nuit devient plus fraîche, et
Le dieu de l’amour va partir sur l’heure
Alexandra, sur son épaule, juchée
Ils filent entre les sentinelles du cœur

Portés par les simplicités du plaisir
Ils s’illuminent, intimement étreints,
Et, rayonnants plus qu’on ne peut le dire,
Ils tombent au milieu des voix et du vin

Ce n’est pas une farce, ni tes sens qui s’égarent
Un rêve agité que l’aube évacue
Dis adieu à Alexandra qui part
Puis adieu à Alexandra perdue

Même si elle dort sur tes draps satinés
Même si elle te réveille par un baiser
Ne dis pas que tu l’as imaginée
Ne tire pas sur ces ficelles usées

Comme quelqu’un qui s’y tient prêt depuis longtemps
Résolument, à la fenêtre, inspire
Exquise musique, Alexandra riant
Tes promesses, tu peux enfin les tenir

Toi à qui elle a fait l’honneur de son soir
Te rendant par là même ton propre honneur
Dis adieu à Alexandra qui part
Puis adieu à Alexandra perdue

Même si elle dort sur tes draps satinés
Même si elle te réveille par un baiser
Ne dis pas que tu l’as imaginée
Ne tire pas sur ces ficelles usées

Comme quelqu’un qui se tient prêt pour l’occasion
Maîtrisant les plans que tu as gâchés
Ne cherche pas lâchement d’explication
De la cause et de l’effet pour t’y cacher

Et toi qu’une intention a laissé hagard
Ton code violé, ton crucifix déchu
Dis adieu à Alexandra qui part
Puis adieu à Alexandra perdue

Dis adieu à Alexandra perdue

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

dimanche 4 décembre 2011

All The Roadrunning

A million miles our vagabond heels
Clocked up beneath the clouds
They're counting down to show time
When we do it for real with the crowds
Air miles are owing
But they don't come for free
And they don't give you any for pain
But if it's all for nothing
All the roadrunning's
Been in vain

The rim-shots come down like cannon fire
And thunder off the wall
There's a man in every corner
And each one is giving his all
This is my fife
This is my drum
So you never will hear me complain
And if it's all for nothing
All the roadrunning's
Been in vain

All the roadrunning
All the roadrunning

Well if you're inclined
To go up on the wall
It can only be fast and high
And those who don't like the danger
Soon find something different to try
When there's only a ringin' in your ears
And an echo down memory lane
But if it's all for nothing
All the roadrunning's
Been in vain

All the roadrunning, all the roadrunning
All the roadrunning, all the roadrunning

The show's packing up
I sit and watch the convoy
Leaving town
There's no pretending I'm not a fool,
For riding around and around
Like the pictures you keep of your old wall of death
You showed me one time on the plane
But if it's all for nothing
All the roadrunning's
Been in vain

A million miles of vagabond sky
Clocked up above the clouds
I'm still your man for the roaming
For as long as there's roamin' allowed
There'll be a rider
And there'll be a wall
As long as the dreamer remains
And if it's all for nothing
All the roadrunning's
Been in vain

All the roadrunning, all the roadrunning
All the roadrunning, all the roadrunning
All the roadrunning, all the roadrunning
All the roadrunning, all the roadrunning



Mark Knopfler et Emmylou Harris nous offrent, sur leur album portant ce même titre, “All the roadrunning”, une chanson qui met en valeur la créativité mélodique de Mark Knopfler, et la plénitude du son de sa guitare, avec la justesse et la vivacité de la voix d’Emmylou Harris. Cet album est le fruit de sept années de complicité discrète pour aboutir à un véritable joyau.
Comme dans « Rollin’On », le thème est la vie errante des artistes, animés par la passion de leur art, et parcourant le monde en tous sens comme s’ils cherchaient leur âme dans le changement des paysages et la rencontre de nouveaux visages. Leur marche sans fin est une conquête, à l’assaut d’une muraille sur laquelle s’étalent leurs affiches, et qui tient lieu de fond de scène.
S’il leur arrive de croiser le chemin de leurs souvenirs et d’entrevoir les lieux de leur départ, le but de leur course est toujours l’infini.



Toute Cette Route
  
Des millions de miles, nos pieds vagabonds
Ont compté sous les nuages
Frappant pour marquer le temps
Sur la scène avec la foule en partage
Les miles en avion
(Ne) Sont pas donnés pour rien
Et ne récompensent pas la peine
Oui, mais si plus rien ne coute
Toute cette route
Était vaine

Des remparts les roulements sur la caisse claire
Tonnent comme coups de canon
Dans tous les coins, un homme se tient
Et chacun se donne à fond
C’est mon tambour
Et c’est mon fifre
Vous n’ m’entendez donc jamais me plaindre
Oui, mais si plus rien ne coute
Toute cette route
Était vaine

Toute cette route
Toute cette route

Si tu es enclin
A monter à l’assaut
Ce n’ peut être que vite et haut
Et ceux qui n’aiment pas le danger
Trouvent vite autre chose à tenter
Quand on n’entend guère qu’un sifflement et
L’écho sur le sentier de mémoire
Oui, mais si plus rien ne coute
Toute cette route
Était vaine

Toute cette route, toute cette route
Toute cette route, toute cette route

Spectacle emballé
Je regarde la caravane
Qui repart
C’est évidemment fou de ma part
De courir par vaux et par monts
Comme sur cette vieille photo de ton “mur de la mort
Que tu m’as montrée dans l’avion
Oui, mais si plus rien ne coute
Toute cette route
Était vaine

Des millions de miles de ciel vagabond
Comptés au dessus des nuages
Je suis toujours prêt à errer
Car tant qu’il sera permis d’errer
(Il) y aura un marcheur
Et (il) y aura un mur
Tant que restera le rêveur
Oui, mais si plus rien ne coute
Toute cette route
Était vaine

Toute cette route, toute cette route
Toute cette route, toute cette route
Toute cette route, toute cette route
Toute cette route, toute cette route

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)