Fort peu connue car
Léonard Cohen ne l’a chantée que
pendant sa tournée de 1976, et ne l’a enregistrée qu’en 45 tours, « Do
Have I To Dance All Night » est considérée par certains
amateurs érudits comme la quintessence des chansons de Léonard Cohen. On peut y trouver en
effet ce mélange caractéristique de séduction, de sexe et d’érotisme, mais
aussi d’ironie et d’autodérision avec une pointe de cynisme qui constituaient
les ingrédients de ses chansons à cette époque. Par comparaison, ses derniers
albums peuvent paraître bien différents, dominés par spiritualité, humilité, et
sensibilité. Qu’elles soient assouvies ou assagies, les pulsions qui
aiguillonnent la jeunesse font place à la prétendue sagesse qui prélude à la
vieillesse. Mais, comme le chante Mouloudji (sur une mélodie de Gaby Verlor) :
« L’âge
ne donne pas de raison, c’est la raison qui prend de l’âge ». Il est
vrai que certains thèmes et certains termes, énoncés par des
« jeunes », sont considérés avec une indulgence amusée (« Il
faut bien que jeunesse se passe ») alors qu’ils seraient jugés choquants
ou incongrus dans la bouche d’une personne « d’un certain âge ». Au
fil des années, la poésie de Léonard
Cohen a certainement évolué, bien qu’érotisme et mysticisme y soient restés
intimement liés. Il s’en dégage aujourd’hui une forme de philosophie fondée sur
la lucidité (que beaucoup confondent avec une forme de dépression), mais aussi
de responsabilité, celle du chanteur qui sait qu’il touche les cœurs et se doit
de leur apporter un message non pas de gaité, d’espoir ou de rébellion, mais
simplement d’humanité, au sens le plus fondamental du terme. Cela n’est pas
encore apparent dans « Do I Have To Dance All Night », mais c’est
bien le même Léonard Cohen dont
la voix fait son chemin à travers les failles de nos apparences.
ALN
Dois-je Danser
Toute La Nuit ?
J’ai quarante ans,
la lune est pleine
Tu me touches mieux
que moi-même
Et tu fais très
bien l’amour
Petite demoiselle,
je t’aime
Tu es si fraîche,
si nouvelle
Je t’apprécie,
chérie
Je n’aime rien
autant, ma belle
Que de remuer ainsi
Mais dois-je danser
toute la nuit ?
Mais dois-je danser
toute la nuit ?
Dis-moi, oiseau du
Paradis
Dois-je danser
toute la nuit ?
Tu n’es pas tenue
de me dire, eh bien
Ce que tu penses de
moi, et puis
Disons que je vais
bien
Mais dois-je danser
toute la nuit ?
Dois-je danser
toute la nuit ? …
J’ai étudié ce pas,
jadis
Et je l’ai répété
quand tout le monde dormait
Je t’ai attendue la
moitié d’ ma vie
Je n’ pensais pas
que tu accepterais
Et tu es devant mes
yeux éblouis,
Disant « Oui, oui,
oui ! »
Mais dois-je danser
toute la nuit ?
Mais dois-je danser
toute la nuit ?
Dis-moi, oiseau du
Paradis
Dois-je danser
toute la nuit ?
(Traduction –
Adaptation : Polyphrène)