Ce poème fait partie des chansons figurant sur l’album de Léonard Cohen à paraître le 22 septembre prochain (2014). Il s’agit d’une sorte d’écho à sa
chanson « There Is A War », où Léonard Cohen évoque, sur un ton qui
peut paraître décalé, la guerre et l’engagement, avec la conscience que choisir
son camp n’est jamais si simple, que tout n’est pas noir ou blanc, et que la
pensée dominante (« Le Fantôme de la Culture ») est volatile et
changeante. Bien qu’il ait lui-même, en son temps, assumé entièrement son
engagement, il sait trop bien que la déchirure qui divise les hommes en deux
camps est bien souvent artificielle, manichéenne et futile. Les grandes idées,
les idéaux, les belles causes et les grands élans masquent souvent les
faux-semblants, les petits intérêts privés, les basses manœuvres et les calculs
machiavéliques. Honte, humiliation, vengeance et revanche font le reste, et la
guerre ainsi déclenchée dévore les corps et souille les âmes, se nourrissant de
leur pourriture et s’entretenant sans faiblir.
Léonard Cohen évoque la guerre de sécession, et la bannière de l’Union, où,
comme dans d’autres guerres, la juste cause était claire, mais la victoire au
goût amer n’est souvent qu’une conclusion, pas une solution.
ALN
Une Rue
J’étais bien ton meilleur copain
Pour boire et pour rire
Puis la chance, notre seul bien
Cessa de nous sourire
Pour la guerre civile, tu pris
L’uniforme, et partis
Tu semblais si bien que j’oublie
Le parti que tu pris
Ce fut dur, pour ma part,
Le jour où tu es parti(e)
Mais je garde cette petite histoire
Pour un autre jour de pluie
Je sais ton fardeau pesant
A porter la nuit durant
Certains disent que c’est du vent
C’ n’est pas léger pour autant
Tu m’as laissé la vaisselle
Et un bébé dans son bain
Et tu es très proche des rebelles
Leur treillis te va bien
Tu nous dis quites mais je veux
Que nous défilions tous deux
En épilogue au bon vieux
Drapeau rouge, blanc, et bleu
Entre amis de fumoir
Ne joue pas l’indifférence
Oublie cette vieille histoire
De trahison et vengeance
Je vois l’Esprit de Culture
Des nombres à son poignet
Saluer une nouvelle lecture
Qui nous a tous échappé
Je t’ai pleuré ce matin
Et je pleurerai souvent
Mais je n’ commande pas le chagrin
Alors ne demande pas quand
Qu’il y ait du champagne et
Des roses et du bon vin
Nous ne serons plus, plus jamais
Jamais saouls à ce point
La fête est finie
Je suis r’tombé sur mes pieds
Je me tiendrai dans ce coin-ci
Qui était la rue l’an dernier
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)
Texte et traduction du poème antérieurement publié :
Where there used to be a street
Une Rue
J’étais bien ton meilleur copain
Pour boire et pour rire
Puis la chance, notre seul bien
Cessa de nous sourire
Pour la guerre civile, tu pris
L’uniforme, et partis
J’aurais suivi mais on honnit
Le parti que j’ai pris
Buvons à quand ça finira
Quand on se retrouvera
Je me tiendrai dans ce coin, là
Où était la rue, autrefois
Tu m’as laissé la vaisselle
Et un bébé dans son bain
Et tu es très proche des rebelles
Leur treillis te va bien
Nous en sommes quittes mais je veux
Que nous défilions tous deux
En épilogue au bon vieux
Drapeau rouge, blanc, et bleu
Buvons à quand ça finira
Quand on se retrouvera
Je me tiendrai dans ce coin, là
Où était la rue, autrefois
Je t’ai pleuré ce matin
Et je pleurerai souvent
Mais je n’ commande pas le chagrin
Alors ne demande pas quand
Je sais ton fardeau pesant
A porter la nuit durant
Certains disent que c’est du vent
C’ n’est pas léger pour autant
Buvons à quand ça finira
Quand on se retrouvera
Je me tiendrai dans ce coin, là
Où était la rue, autrefois
Septembre sera là bientôt
Pour des années sans nombre
Les cœurs battront au tempo
De ce rigoureux septembre
Je vois l’Esprit de Culture
Des nombres à son poignet
Saluer une nouvelle lecture
Qui nous a tous échappé
Buvons à quand ça finira
Quand on se retrouvera
Je me tiendrai dans ce coin, là
Où était la rue, autrefois
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)