mercredi 19 octobre 2016

You Want It Darker

If you are the dealer
I’m out of the game
If you are the healer
Means I’m broken and lame
If thine is the glory
Then mine must be the shame
You want it darker
We kill the flame

Magnified, sanctified
Be Thy Holy Name
Vilified, crucified
In the human frame
A million candles burning
For the help that never came
You want it darker
Hineni Hineni

I’m ready, my Lord
There’s a lover in the story
But the story’s still the same
There’s a lullaby for suffering
And a paradox to blame
But it’s written in the scriptures
And it’s not some idle claim
You want it darker
We kill the flame

They’re lining up the prisoners and
The guards are taking aim
I struggled with some demons
They were middle-class and tame
I didn’t know I had permission
To murder and to maim
You want it darker
Hineni Hineni

I’m ready, my Lord
Magnified, sanctified
Be Thy Holy Name
Vilified, crucified
In the human frame
A million candles burning
For the love that never came
You want it darker
We kill the flame

If you are the dealer
Let me out of the game
If you are the healer
I’m broken and lame
If thine is the glory
Mine must be the shame
You want it darker
Hineni Hineni
Hineni Hineni
I’m ready, my Lord



Dans la chanson « You Want it Darker », premier titre l’album du même nom, Léonard Cohen interpelle Dieu par cette phrase qui pourrait se terminer par un point d’interrogation mais mérite plutôt un point d’exclamation. C’est presque un défi qu’il lance au créateur, en décrivant l’état de son serviteur et du monde. Comme à son habitude, il associe l’ancien et le nouveau Testament, évoquant la Passion du Christ, Dieu (le « Verbe ») fait homme et crucifié en tant que tel, et l’ancienne promesse d’un Salut qui, de toute évidence, n’est encore jamais venu (ça se saurait, et ça n’en a pas vraiment l’air si l’on suit un tant soit peu l’actualité). Les sacrifices, les prières, les cierges sur les chandeliers à sept branches ou devant l’autel des églises semblent avoir brûlé en vain. L’humanité souffre et se déchire, et la religion (en général ou en particulier) n’a pour réponse que de bonnes paroles (des berceuses) et pour explication ces fameux paradoxes dont la Bible recèle quelques beaux exemples mais dont savent faire usage toutes les religions pour amener le croyant, confronté à des vérités apparemment contradictoires, à élargir son cadre de pensée et admettre que la connaissance et la compréhension humaine sont limitées. Chacun peut alors en faire l’usage qui lui convient, et Léonard Cohen semble faire allusion à l’interprétation de ceux qui tuent, mutilent, et torturent au nom de « leur » Dieu.
Il n’a pas pour autant renié sa foi : il s’exprime sur le ton caractéristique d’un certain judaïsme, dans une forme de dialogue un peu provocateur. Il conclut du reste chaque strophe par « Hineni » (me voici), pour signifier qu’il est prêt à accomplir la mission que lui confie son créateur… mais que celui-ci ferait bien de clarifier et préciser son message pour éviter tout dérapage.
Puisse-t-il être entendu, ici-bas comme là-haut !
NB: Bien évidemment, ces remarques et commentaires n'engagent que moi !
 
ALN


Tu Le Veux Plus Noir

Si tu donnes les cartes
Je suis hors du jeu
Si tu es guérisseur
Je suis perclus, boiteux
Si ton lot est la gloire
Mon lot est d’être honteux
Tu le veux plus noir
On éteint l’ feu

Magnifié, sanctifié
Soit ton Nom aux cieux
Avili, crucifié
Bien qu’incarnant Dieu
Un million de cierges pour un
Salut qui n’eut jamais lieu
Tu le veux plus noir
Hineni Hinini (me voici, me voici)

Je suis prêt, mon Dieu
Il y a un amant dans l’histoire
Mais elle se répète un peu
Y a une berceuse pour la souffrance
Faut’ au dogme mystérieux
Mais c’est dit dans les Écritures
Et ce n’est pas un mot creux
Tu le veux plus noir
On éteint l’ feu

Les gardes alignent les prisonniers
Et sont prêts à faire feu
J’ai affronté des démons
Ils n’étaient guère valeureux
Je n’ me savais pas permis
De massacrer un peu
Tu le veux plus noir
Hineni, Hineni

Je suis prêt, mon Dieu
Magnifié, sanctifié
Soit ton Nom aux cieux
Avili, crucifié
Bien qu’incarnant Dieu
Un million de cierges pour un
Salut qui n’eut jamais lieu
Tu le veux plus noir
On éteint l’ feu

Si tu donnes les cartes
Je suis hors du jeu
Si tu est guérisseur
Je suis perclus, boiteux
Si ton lot est la gloire
Mon lot est d’être honteux
Tu le veux plus noir
Hineni, Hineni
Hineni, Hineni
Je suis prêt, mon Dieu

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

Steer Your Way








Cette chanson du nouvel album de Léonard Cohen, “You Want it Darker” est, encore une fois, imprégnée d’évocations de la Bible, pour proposer un cheminement spirituel allant, au-delà des symboles, à la recherche d’un sens de la vie auquel nous confronte la mort. Défilent ainsi, notamment, la création, le péché originel, le temple de Jérusalem est ses marchands, sa destruction, mais aussi le Christ et son sacrifice… Tout cela est mis en opposition aux fautes et tares de notre société : l’égoïsme, la cupidité, l’injustice, l’exploitation et la domination. Léonard Cohen s’adresse alors à son cœur, « qui n’a jamais été à la hauteur de la tâche », et qui, pour cela et pour le simple fait de vivre, se trouve condamné à mort : « Suis ton propre chemin, pas à pas, jour après jour ; prends en main ton destin ; va ailleurs, plus loin… »
Puis-je ajouter que le terme du chemin est bien connu est qu’il est le même pour tous ? L’essentiel n’est donc pas l’arrivée, mais ce que l’on rencontre sur la route.
 
ALN


Mène Ta Voie 

Mène ta voie par les ruines de l’Autel et du Marché
Mène ta voie par les fables de Création, de Chute, et
Mène ta voie au d’là des Palais sur la fange érigés
An par an
Mois par mois
Jour par jour,
Pensée par pensée

Mène ton cœur au d’là de c’ qui fut hier ta Vérité
Comme la Sagesse de la Voie et la Fondamentale Bonté
Mène ton cœur, précieux cœur, au d’là des femmes que tu as achetées
An par an
Mois par mois
Jour par jour,
Pensée par pensée

Mène ton ch’min par la douleur bien plus réelle que toi, celle
Qui occulta chaque Vue, qui brisa le Cosmique Modèle
Et, qu’il y ait un Dieu ou pas, n’ m’envoie pas là, s’il te plait
An par an
Mois par mois
Jour par jour,
Pensée par pensée

Chuchotent encore les pierres blessées, pleurent les montagnes amoindries
Comme il mourut pour sanctifier l’homme, mourons pour de plus bas prix
Et dis ton Mea Culpa, que tu’ as peu à peu oublié
An par an
Mois par mois
Jour par jour,
Pensée par pensée

Mène ta voie, Oh mon cœur, bien que je n’ doive demander
A celui qui jamais ne fut à la hauteur, jamais
Qui se sait condamné, sait qu’il sera fusillé
An par an
Mois par mois
Jour par jour,
Pensée par pensée


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)