mercredi 5 avril 2023

Wayfaring Stranger

I’m just a poor wayfaring stranger,
I’m trav’ling through this world below;
There is no sickness, toil, nor danger,
In that bright world to which I go.
I’m going there to see my father,
I’m going there no more to roam;
I’m just a going over Jordan,
I’m just a going over home.

I know dark clouds will gather o’er me,
I know my pathway’s rough and steep;
But golden fields lie out before me,
Where weary eyes no more shall weep.
I’m going there to see my mother,
She said she’d meet me when I come;
I’m just a going over Jordan,
I’m just a going over home.

I want to sing salvations story,
In concert with the blood-washed band;
I want to wear a crown of glory,
When I get home to that good land.
I’m going there to see my brothers,
They passed before me one by one;
I’m just a going over Jordan,
I’m just a going over home.

I’ll soon be free from every trial,
This form will rest beneath the sod;
I’ll drop the cross of self-denial,
And enter in my home with God.
I’m going there to see my Saviour,
Who shed for me His precious blood;
I’m just a going over Jordan,
I’m just a going over home.


(I am a poor) Wayfaring Stranger est une chanson traditionnelle américaine dont la mélodie serait dérivée d'un hymne allemand, et dont les paroles, mentionnées depuis le début du XIXème siècle, ont connu ensuite de nombreuses variations autour du thème central de la vie qui n'est qu'un passage, et de la mort qui permet de (re)venir "chez soi", c'est-à-dire auprès de son Dieu créateur. C'est en ce sens qu'il faut comprendre "Going Home" : la mort (évoquée par l'allégorie biblique classique du franchissement du fleuve Jourdain) amène l'homme à sa véritable destination (s'il l'a méritée) : la vie éternelle aux côtés de Dieu, mais aussi avec "tous ceux enfin dont la vie, un jour ou l'autre ravie, emporte une part de nous". Cet espoir permet de mieux supporter les souffrances et les épreuves qui jalonnent la vie "ici-bas" et d'accepter la mort comme une libération.
Combien sont morts dans cet espoir ? Combien de prétendus martyrs ont-ils été envoyés vers la mort, entraînant avec eux tant d'innocents, sur la promesse d'un paradis accueillant tous ceux que le sang versé par le Christ aura "lavé" de leurs péchés ("the blood-washed band") ? Les croisades, les guerres de religion, le djihad… ont produit d'innombrables "saints", une multitude de "martyrs" et causé d'immenses souffrances. La vertueuse résignation face aux tourments de la vie et à l'inéluctabilité de la mort n'a-t-elle pas été prônée par ceux-là même dont le cynisme, érigé en système social, maintenait ces croyants sincères dans la misère et l'exploitation ? On pense, bien sûr, aux esclaves noirs qui ont "adopté" la religion chrétienne de leurs "maîtres" et en ont fait le thème central de leurs chansons. "Wayfaring Stranger" a du reste été considéré comme l'hymne de la guerre de sécession après qu'un soldat unioniste mourant en a inscrit les paroles sur les murs de la prison confédérale de Libby, en Virginie. "Mourir pour des idées" chantait Georges Brassens… Cela est admirable lorsqu'une personne accepte de se sacrifier pour les autres, mais non lorsqu'un tyran, un gourou, ou un prophète auto-proclamé exploite le prétexte d'une supposée vie éternelle pour envoyer vers la mort ses disciples et tous ceux qu'il désigne comme des ennemis.
Néanmoins, on ne peut qu'être ému par la sincérité et la force de la foi qu'exprime cette chanson, sur une mélodie si belle qu'elle poursuivra certainement son chemin pour de nombreuses générations.
Parmi les illustres artistes qui ont chanté "Wayfaring Stranger", on retiendra surtout Paul Robeson, dans une version très dépouillée et solennelle, mais aussi Emmylou Harris, puis Johny Cash sur son album "Solitary Man", avec une voix vieillissante et d'autant plus poignante (la dernière strophe du texte reproduit ici ne figure généralement pas dans ces versions contemporaines).

Pour Fanfan


Humble Voyageur

Je n'suis qu'un pauvre humble voyageur
Ici-bas je n'fais que passer
Plus de souffrance, danger, ni labeur
Au soleil du monde où je vais
Je vais là-haut pour voir mon père
Je vais cesser d'errer en vain
Je vais bientôt franchir le Jourdain
Je vais rentrer chez moi enfin

De lourds nuages noirs sur moi s'étendent
Mon chemin est raide et ardu
Mais dans les champs dorés qui m'attendent
Mes yeux lourds ne pleureront plus
Je vais là-haut pour voir ma mère
Elle a promis de m'y attendre
Je vais bientôt franchir le Jourdain
Je vais rentrer chez moi enfin

J'entonnerai le chant de l'espoir
Avec tous ceux qu'a lavé le sang
Et je serai couronné de gloire
Dans cet Éden en arrivant
Je vais là-haut pour voir mes frères
Avant moi partis un par un
Je vais bientôt franchir le Jourdain
Je vais rentrer chez moi enfin

Bientôt finiront tous mes tourments
Mon corps reposera sous terre
Quand, posant la croix du reniement,
J'irai dans la maison du Père
Je vais là-haut pour voir mon Sauveur
Qui pour moi versa son sang divin
Je vais bientôt franchir le Jourdain
Je vais rentrer chez moi enfin

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)


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