« Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude » chantait Georges Moustaki, qui célébrait, lui aussi, cette fidèle compagne dont Léonard Cohen
fait une reine. De tous les drames et toutes les misères de la vie, des échecs
et des ruptures, des malheurs et des tracas, elle prend forme et vie peu à peu
pour élire domicile dans notre esprit.
Quand Georges Moustaki cultive le paradoxe en considérant la solitude comme
le prix de la liberté tout en la faisant rimer avec « habitude »,
Léonard Cohen la fait rimer avec « gratitude ». Il la décrit comme
une sainte protectrice, irradiant une lumière rassurante. Sans doute l’a-t-il
intimement connue durant ses années de méditation, lorsque, à sa lumière, il
parcourait les chemins de l’âme et du cœur.
C’est pourtant l’ombre de la mort qui délimite la lumière, et Léonard Cohen
évoque (ou invoque) cette « chère défunte, reine de Solitude » qui
nous emportera tous, comme un vaisseau (la barque de Charon ?). Il rejoint
en cela Georges Moustaki pour considérer qu’elle sera, « à (notre) dernier
jour, (notre) dernière compagne ».
Notre Dame de Solitude
Tout l’été, elle m’a touché
Dans mon âme, elle est née
De tant d’épines et de tant de halliers
Ses doigts, comme pour tisser
Vifs et frais
Et de son corps, la lumière fut
Chassant la nuit par sa grâce
Tout l’été, elle m’a touché
Je l’ai connue, l’ai connue
Face à face
Sa robe était bleu argenté
Ses mots rares et sa voix douce
Elle est bien le vaisseau du monde entier
Maîtresse, Oh, maîtresse de nous tous
Chère défunte, Reine de Solitude
Merci de tout mon cœur
De m’avoir gardé près de toi
Quand tant d’autres, Oh, tant d’autres sont à l’écart
Et de son corps, la lumière fut
Chassant la nuit par sa grâce
Tout l’été, elle m’a touché
Je l’ai connue, l’ai connue
Face à face
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)
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