Une révolution,
qu’elle soit celle d’un objet ou d’un astre, est un mouvement qui,
périodiquement, le ramène au point de départ. Son étymologie
(du latin « revolvere », se
retourner, revenir en arrière) ne laisse aucun doute, et, en ce sens, la vie
est une révolution (Memento,
homo quia pulvis es et in pulverem reverteris). La vie est aussi une
fournaise, qui consume nos corps et nos cœurs. Les idéaux (et,
malheureusement, les idéologies) enflamment notre jeunesse,
et nos idées généreuses, nos bonnes intentions (dont l’enfer est pavé), notre
soif d’absolu, nous font prendre place dans la chaîne des forçats du destin
humain : chercher ou créer un ennemi pour le combattre et le vaincre,
poursuivre la grandeur et la gloire, reproduire les fautes et les erreurs de
ceux qui nous ont précédés, nous reproduire et mourir… et comprendre, parfois,
que nous n’avons fait que suivre le chemin tracé, parcourir le cercle
nécessairement vicieux qui (re)lie la naissance à la mort.
Léonard Cohen nous
invite pourtant à entrer dans la fournaise, accepter notre condition humaine,
et vivre notre vie, conscients de son inanité, mais sachant qu’elle est notre
seul et unique bien.
Les allusions, dans
cette chanson « engagée » sont multiples et diverses,
du roi Hamlet
(« the ghost and the king ») à l’holocauste (« into
this furnace ») en passant par la Bible et les amis de Daniel,
ou la promesse d’une rédemption (« You whom I cannot betray »).
Chacun reste donc libre d’en faire l’interprétation de son choix, sous
l’éclairage désabusé plutôt que cynique de Léonard Cohen qui souligne, en
conclusion, la vanité de la guerre comme de la gloire et des honneurs (Vanitas
vanitatum et omnia vanitas).
ALN
La Vieille
Révolution
J’ai pu enfin
m’introduire en prison
J’ai pris ma place
dans les fers
Les arcs-en-ciel
empoisonnent même l’enfer
Tous les jeunes
hommes fiers,
Ils attendent
maintenant le signal
Qu’un tueur sera
payé pour faire luire
Dans cette
fournaise, je vous demande d’aller
Vous que je ne peux
pas trahir
J’ai fait la
vieille révolution
Du côté du spectre
et du roi, et
Comme j’étais très
jeune encore,
Je pensais qu’on
allait gagner
Je ne prétendrais
pas que j’ai envie de chanter
Pendant qu’on
emporte les cadavres
Dans cette
fournaise, je vous demande d’aller
Vous que je ne peux
pas trahir
Vous vous êtes mis
à bégayer
Comme si vous
n’aviez rien à dire
Que je sois, pour
tous mes architectes, un traitre
Je dirais que j’ai,
en personne, donné l’ordre
De dormir, et
chercher, et détruire
Dans cette
fournaise, je vous demande d’aller
Vous que je ne peux
pas trahir
Oui, vous que le
pouvoir a brisé
Vous, absent toute
la journée
Vous qui n’êtes roi
que pour l’histoire de votre enfant
La main de votre
mendiant est surchargée de monaie
D’argile est celle
de votre aimée
Dans cette
fournaise, je vous demande d’aller
Vous que je ne peux
pas trahir
(Traduction –
Adaptation : Polyphrène)
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