dimanche 18 octobre 2015

The Old Revolution

I finally broke into the prison,










Une révolution, qu’elle soit celle d’un objet ou d’un astre, est un mouvement qui, périodiquement, le ramène au point de départ. Son étymologie (du latin « revolvere », se retourner, revenir en arrière) ne laisse aucun doute, et, en ce sens, la vie est une révolution (Memento, homo quia pulvis es et in pulverem reverteris). La vie est aussi une fournaise, qui consume nos corps et nos cœurs. Les idéaux (et, malheureusement, les idéologies) enflamment notre jeunesse, et nos idées généreuses, nos bonnes intentions (dont l’enfer est pavé), notre soif d’absolu, nous font prendre place dans la chaîne des forçats du destin humain : chercher ou créer un ennemi pour le combattre et le vaincre, poursuivre la grandeur et la gloire, reproduire les fautes et les erreurs de ceux qui nous ont précédés, nous reproduire et mourir… et comprendre, parfois, que nous n’avons fait que suivre le chemin tracé, parcourir le cercle nécessairement vicieux qui (re)lie la naissance à la mort.

Léonard Cohen nous invite pourtant à entrer dans la fournaise, accepter notre condition humaine, et vivre notre vie, conscients de son inanité, mais sachant qu’elle est notre seul et unique bien.
Les allusions, dans cette chanson « engagée » sont multiples et diverses, du roi Hamlet (« the ghost and the king ») à l’holocauste (« into this furnace ») en passant par la Bible et les amis de Daniel, ou la promesse d’une rédemption (« You whom I cannot betray »). Chacun reste donc libre d’en faire l’interprétation de son choix, sous l’éclairage désabusé plutôt que cynique de Léonard Cohen qui souligne, en conclusion, la vanité de la guerre comme de la gloire et des honneurs (Vanitas vanitatum et omnia vanitas).
 
ALN


La Vieille Révolution

J’ai pu enfin m’introduire en prison
J’ai pris ma place dans les fers
Les arcs-en-ciel empoisonnent même l’enfer
Tous les jeunes hommes fiers,
Ils attendent maintenant le signal
Qu’un tueur sera payé pour faire luire

Dans cette fournaise, je vous demande d’aller
Vous que je ne peux pas trahir

J’ai fait la vieille révolution
Du côté du spectre et du roi, et
Comme j’étais très jeune encore,
Je pensais qu’on allait gagner
Je ne prétendrais pas que j’ai envie de chanter
Pendant qu’on emporte les cadavres

Dans cette fournaise, je vous demande d’aller
Vous que je ne peux pas trahir

Vous vous êtes mis à bégayer
Comme si vous n’aviez rien à dire
Que je sois, pour tous mes architectes, un traitre
Je dirais que j’ai, en personne, donné l’ordre
De dormir, et chercher, et détruire

Dans cette fournaise, je vous demande d’aller
Vous que je ne peux pas trahir

Oui, vous que le pouvoir a brisé
Vous, absent toute la journée
Vous qui n’êtes roi que pour l’histoire de votre enfant
La main de votre mendiant est surchargée de monaie
D’argile est celle de votre aimée

Dans cette fournaise, je vous demande d’aller
Vous que je ne peux pas trahir

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

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