dimanche 21 février 2016

Chelsea Hotel #2







Voici ma 127ème traduction – adaptation de chansons de Léonard Cohen, et ce n’est pas un hasard si j’ai longtemps délaissé cette chanson, pourtant très célèbre et remarquable à de nombreux égards. Ce délai est le fait d’une gêne, non pas à l’évocation crue d’une relation sexuelle, mais parce que cette chanson révèle l’intimité de la vie d’une tierce personne, en l’occurrence Janis Joplin, nommément désignée par Léonard Cohen à de nombreuses reprises. C’est sans doute la chanson à propos de laquelle il est le plus loquace. Il a du reste admis que cette désignation était, de sa part, « une indiscrétion », notamment par la révélation de détails intimes que l’on ne devrait pas dévoiler sans le consentement de l’intéressée. Il a précisé aussi, modestement et par égard à la vérité, que cette relation occasionnelle n’a pas fait de lui un proche de Janis Joplin. Il est vrai que la biographie de Janis Joplin ne fait pas mystère de sa vie agitée et de son addiction…
Néanmoins, cette chanson se veut d’abord un hommage, et c’est en des termes très élogieux qu’il parle de Janis Joplin, comme une très grande artiste, libre et indépendante… De son côté, Janis Joplin a évoqué cette rencontre (et celle de Jim Morrison) sans en donner de détails « anatomiques », mais en l’expliquant par le désir de savoir ce que des personnages connus avaient à dire, et en concluant que sa quête était restée vaine…
Dans ses prologues, Léonard Cohen fait preuve, une fois de plus, de son humour fondé sur l’autodérision, en expliquant que Janis Joplin cherchait à rencontrer Kris Kristofferson, plus célèbre et plus grand que lui, mais qu’elle s’est contentée de lui par défaut. Il décrit aussi la vie des artistes au « Chelsea Hotel », puis les conditions dans lesquelles il écrivit cette chanson, longtemps après le décès de Janis Joplin, dans un bar à Miami
« Chelsea Hotel #2 » est, comme le numéro l’indique, la deuxième version de cette chanson, la première n’étant pas actuellement disponible. Les différences – modestes – entre les deux versions sont aussi à l’origine d’une polémique sur les droits d’auteurs relatifs aux arrangements.
 
ALN



Chelsea Hôtel n°2

Bien sûr, je me rappelle
Toi, au Chelsea Hôtel
Si audacieuse et douce, tu parlais
Tu me suçais
Sur le lit défait
Dans la rue, les voitures attendaient
C’étaient les raisons et c’était New York
Nous courions après l’argent et la chair fraîche
Ça servait d’amour aux forçats d’la chanson
Sans doute encore à ceux d’entre eux qui restent
Ah, mais tu est partie,
N’est-ce-pas, chérie
En tournant le dos à la foule
Tu es partie
Je n’t’ai jamais entendue dire :
« Je te veux, je n’ te veux pas »
« Je te veux, je n’ te veux pas »
Et toutes ces balivernes

Bien sûr, je me rappelle
Toi, au Chelsea Hôtel
Tu étais célèbre, et ton cœur légendaire
Tu redis que tu préférais les beaux mecs
Mais tu ferais pour moi une exception
Et serrant le poing pour ceux comme nous
Qu’oppriment toujours les canons de la beauté
Tu as pris ta dose et dit « Ne t’en fais pas,
On est affreux mais on a la musique. »

Et tu es partie…

Je n’ prétends pas que j’ai
Été l’amant parfait
Je n’ peux compter
Tous les moineaux tombés
Bien sûr, je me rappelle
Toi, au Chelsea Hôtel
C’est tout
Je n’pense même pas
A toi si souvent qu’ ça

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)


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