Fils de juifs hongrois
émigrés aux Etats-Unis, Paul Simon
sait mieux que beaucoup ce que peut signifier le « Rêve Américain »
et ne fait manifestement pas partie de ceux qui « ferment la porte
derrière eux ». Est-ce un hasard si, le 10 novembre 2016, à Manchester,
donc deux jours après l’élection de Donald
Trump à la présidence des États-Unis d’Amérique, il termina son concert non
pas par l’habituel « Sound of Silence »
mais par « American
Tune » ?
Lorsque
Paul Simon a, pour la première fois,
chanté et enregistré cette chanson, en 1973, le « Rêve Américain »
était déjà bien souillé par la guerre du Vietnam, le scandale
du « Watergate »,
et l’atmosphère de violence gagnant l’Amérique jusque dans ses manifestations
musicales.
Paul Simon confronte
donc, dans cette chanson, la triste et inquiétante réalité aux notions de
liberté, de justice, et de sécurité qui sont (ou étaient) associées à « l’Amérique ».
Cette Amérique destination des immigrés du Mayflower, l’Amérique qui a exploré la Lune, l’Amérique
qui a pour symbole la statue
de la Liberté… se trouvait, disait-il, « à l’heure la plus
incertaine de tous les temps ». C’est le même terme d’incertitude qui
revient aujourd’hui sous la plume de nombreux commentateurs lorsque le nouveau
président « du monde
libre » entreprend la démolition systématique des acquis sociaux et
des libertés fondamentales pour lesquels se sont battues les générations
précédentes.
NB :
La magnifique mélodie de la chanson de Paul
Simon, « American
Tune », s’inspire
d’une cantate de JS Bach, elle-même reprenant un madrigal de Hans Leo Hassler.
ALN
Air
Américain
Plus
d’une fois, j’ai été berné
Souvent
désorienté
Me
sentant souvent abandonné
Et
sans doute exploité
Oh,
mais je vais bien, je vais bien
Je
suis simplement si las
‘Faut
pas s’attendre à être
Vif
et plein d’entrain
Aussi
loin de chez soi
Aussi
loin de chez soi
Je
n’ connais pas une âme qui n’ fut malmenée
J’
n’ai pas un ami qui se sente bien
Je
n’ connais pas d’ rêve qui ne fut ruiné
Ou
réduit à moins qu’ rien
Mais
ça va bien, ça va bien
Longtemps,
si bien, vécu
Pourtant,
quand j’ pense au chemin
Que
nous suivons
Qu’est-ce
qui a tout perdu
Je
m’ demande bien, qu’est-ce qui a tout perdu
Et
j’ai rêvé que je mourrais
Et
j’ai rêvé qu’ mon âme s’envolait subit’ment
Et,
penché vers moi, faisait
Un
sourire rassurant
Et
j’ai rêvé que je volais
Et,
tout là-haut, mes yeux clairement voyaient
La
Statue d’ la Liberté
Qui,
sur la mer, voguait
Et
je rêvais que je volais
Nous
venons sur ce vaisseau, le Mayflower
Ce
vaisseau qui, de la lune, revient
Nous
venons au temps le plus incertain
Chantant
un air américain
Oh,
ça va bien, ça va bien
Ça
va bien, ça va bien
On
n’ peut êtr’ toujours béni
Mais
demain sera encore un autre jour de boulot
Et
je cherche un peu de repos
C’est
tout ; je cherche un peu de repos
(Traduction
– Adaptation : Polyphrène)
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