L’absence d’un père peut avoir de multiples
causes ou raisons, et prendre de multiples formes : qu’il parte à la
chasse (et perde sa place), ou à la guerre (au risque de perdre la vie), que
son métier l’emmène au loin ou que les démons du jeu, de l’alcool, ou de la
drogue l’entraînent vers les marécages de la débauche et du danger, que le
« démon de midi » lui fasse quitter son foyer pour un nouvel amour
plus flatteur, que ses rêves de pouvoir et de richesse envahissent son âme et
l’éloignent des siens, que la maladie et la déchéance intellectuelle le
détachent du monde, ou qu’il ne soit, tout simplement, pas capable d’une
véritable communication avec ceux qui l’aiment ou l’aimaient, ni son épouse, ni
ses enfants ne peuvent le retenir. A leur souffrance ne répond que le silence
et tout ce qui faisait de lui plus qu’un homme, un mari et un père, s’évanouit
comme un mirage. La chance, la force, le courage, la toute-puissance,
l’omniscience… s’évaporent alors, ne laissant qu’un souvenir, et un grand vide.
Léonard Cohen, avec pudeur et
compassion, évoque sous toutes ses formes cet inéluctable départ.
ALN
Berceuse du
Chasseur
Ton père est parti
chasser
Dans la forêt
vierge, il descend
Il ne peut pas
emmener sa femme
Ni emmener son
enfant
Ton père est parti
chasser
Sur boue et sable
mouvant
Et une femme ne
pourrait pas le suivre
Bien qu’elle sache
comment
Ton père est parti
chasser
Par l’argent et le Crystal
Où n’entre que le
vénal
Mais l’esprit passe
mal
Ton père est parti
chasser
La bête qu’il ne
prendra point
Laissant derrière
lui un bébé
Qui dort, et ses
dons divins
Ton père est parti
chasser
Il n’a plus sa
bonne étoile
Il n’a plus son
cœur-gardien
Qui protège le
chasseur du mal
Ton père est parti
chasser
Des adieux il m’a
chargé
Me priant de n’ pas
l’arrêter
J’ n’aurais, j’
n’aurais pas même tenté
(Traduction –
Adaptation : Polyphrène)
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