Pressed in organdy
Clothed in crinoline
Of smoky burgundy;
Softer than the rain.
I wandered empty streets
Down past the shop displays.
I heard cathedral bells
Tripping down the alley ways,
As I walked on.
And when you ran to me
Your cheeks flushed with the night.
We walked on frosted fields
Of juniper and lamplight,
I held your hand.
And when I awoke
And felt you warm and near,
I kissed your honey hair
With my grateful tears.
Oh I love you, girl.
Oh, I love you.
Du plus
beau et plus pur romantisme, cette magnifique chanson de Paul Simon, chantée de
façon sublime par Art Garfunkel, est d’un pouvoir évocateur quasi
cinématographique. Elle nous transporte dans une époque lointaine, quelque part
en Europe, et les images défilent au ralenti, au travers d’une brume légère qui
laisse entrevoir le scintillement du givre.
Jeune
interne dans une douce ville de l’ouest, je louais une chambre dans une très
vielle demeure, au coin d’une ruelle pavée dont le décor n’avait pas changé
depuis des siècles, à quelques mètres d’un château médiéval campé au sommet
d’une falaise surplombant la rivière. Rentrant chez moi, tard dans la nuit,
alors que seul le bruit de mes pas résonnait sur le pavé mouillé luisant sous
les rayons blafards de la lune, je pouvais m’imaginer quelques siècles plus tôt
et rêver…
Rêver d’une
vie hors du temps.
Rêver d’un
amour romantique, tendre et pur.
Rêver d’une
rencontre, sortant de l’ombre au détour d’une ruelle : une svelte silhouette,
des cheveux flottant dans le vent, les fins contours d’un visage, puis des yeux
brillants d’amour et d’intelligence, et puis…
Mais il est
plus facile de chanter l’espoir que le regret.
La vie,
depuis, s’est écoulée, charriant comme un fleuve l’amour, les succès, les
échecs, les combats menés main dans la main, les épreuves et les victoires, les
fautes et les pardons, et puis la maladie, la mort, parfois même l’oubli…
Peut-on
encore rêver lorsqu’on a vu ainsi les eaux noires du temps emporter les débris
notre vie ?
On peut
néanmoins tenter de remonter le cours du fleuve, et chanter les chansons
éternelles du romantisme : « For Emily », « Les Passantes », « Sad Lisa »… Leur beauté est autant un hommage au
passé qu’un message d’espoir.
Pour Émilie, A Quelque Époque Qu’elle se Trouve
Quel rêve
ai-je fait !
Dans une
crinoline
Bordeaux
éthérée
Garnie de
mousseline
Plus douce
que la pluie
Dans des
rues vides, errant
Par delà
les étals
J’entendais
en marchant
Les cloches
de la cathédrale
Carillonner
E tu vins à
moi en courant
Rouge
d’émotion
Foulant le
givre des champs
De cades et
lampions
Je pris ta
main
Quand je
m’éveillais
Je sentis
ta présence
Tes cheveux
j’embrassais
Plein de
reconnaissance
Oh, oui,
que je t’aime
Oh, que je
t’aime
(Traduction
– Adaptation : Polyphrène)
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