His mare's run away
And he'll walk till he finds her
His darling, his stray
But the river's in flood
And the roads are awash
And the bridges break up
In the panic of loss.
And there's nothing to follow
There's nowhere to go
She's gone like the summer
Gone like the snow
And the crickets are breaking
His heart with their song
As the day caves in
And the night is all wrong
Did he dream, was it she
Who went galloping past
And bent down the fern
Broke open the grass
And printed the mud with
The iron and the gold
That he nailed to her feet
When he was the lord
And although she goes grazing
A minute away
He tracks her all night
He tracks her all day
Oh blind to her presence
Except to compare
His injury here
With her punishment there
Then at home on a branch
In the highest tree
A songbird sings out
So suddenly
Ah the sun is warm
And the soft winds ride
On the willow trees
By the river side
Oh the world is sweet
The world is wide
And she's there where
The light and the darkness divide
And the steam's coming off her
She's huge and she's shy
And she steps on the moon
When she paws at the sky
And she comes to his hand
But she's not really tame
She longs to be lost
He longs for the same
And she'll bolt and she'll plunge
Through the first open pass
To roll and to feed
In the sweet mountain grass
Est-ce bien le
même Léonard Cohen qui, dans “The Captain”, évoquait sur le ton de la dérision
les chansons de “Western Country”, et qui nous offre ici une ballade sur le
thème on ne peut plus classique du cowboy et de son cheval ?
Plus qu’une
chanson, c’est un véritable film, dont il décrit avec minutie le décor et les
scènes, jusqu’au plan final du cowboy solitaire qui s’éloigne et disparaît…
Si l’ironie est
présente, elle ne se déclare que dans les dernières lignes, citant les mots de
sa compagne qui se moque gentiment de « ses vieux clichés ».
Mais pourquoi
donc cette chanson ? Est-ce un hommage de Léonard Cohen à ce genre et ses auteurs
(de la même façon qu’il évoquait avec respect Hank Williams dans « Tower of Song ») ? Est-ce un essai, lui permettant d’apporter au genre son
propre style, et de jouer, au delà des clichés, sur la nature et l’ambivalence
des liens entre le cavalier et sa monture, pour disserter sur l’amour, la
domination, et la liberté ?
La version
française chantée par Nana Mouskouri (« La Ballade du Chien-Loup »,
adaptation de Pierre Delanoë et Claude Lemesle) est, comme cela est souvent le
cas avec les adaptations, résolument distincte de l’original, au point de
mettre en scène non plus un cowboy et son cheval, mais un chien-loup et sa
louve. Néanmoins, cette version française évoque les mêmes « grandes
questions » et apporte quelques belles formules :
On y reconnaitrait presque Jean de La Fontaine
(« Le loup et le chien »),
On entendrait
aussi Gilles Marchal chantant « Je suis né sous une étoile filante » :
Et pourtant, que
ce soit dans la version française ou dans toutes ces chansons confrontant amour
et liberté, aussi belles soient elles, il manque « un petit quelque
chose », une nuance, un ton, une dimension…
Il suffit de revenir à l’original et relire :
pour comprendre
que ce “petit quelque chose”, qui nous emmène au delà de la raison et au delà
des sentiments, n'est autre que la subtilité des nuances et la diversité des lectures que permet la vision poétique de Léonard Cohen.
Ballade de la
Jument Absente
Dites une prière
pour le cowboy
Sa jument a fui
Et il marche à la
recherche
De l’errante
chérie
Mais la rivière
déborde
Sur les routes
désertes
Et les ponts sont
brisés
Dans l’effroi de
la perte
Il n’y a pas de
piste à suivre
Nulle part où
aller
Disparue comme la
neige
Quand vient l’été
Les grillons
brisent son cœur
Avec leur chanson
Quand le jour
s’en va
La nuit n’a rien
de bon
Rêva t’il, n’a t’elle
pas
Au galop, sous
ses fers
Écrasé l’herbe,
et
Plié les
fougères,
Imprimant sur la
boue
La marque d’or
qu’il a
Clouée sous ses
sabots
Quand il était
roi
Et, alors même
qu’elle pâture
Dans les
alentours
Il piste de nuit
Il piste de jour
Aveugle à sa
présence
Sauf pour
comparer
Ici sa blessure
Là, sa peine
méritée
De l’arbre le
plus haut
Si subitement
Un oiseau perché
Lance son chant
Le soleil
réchauffe
La brise légère
Qui caresse les
saules
Près de la
rivière
Oh, le monde est
doux
Le monde est vaste
Et elle se tient
Où l’ombre et la
clarté contrastent
De la vapeur aux
naseaux
Immense,
farouche, elle
Monte sur la lune
quand
Elle rue vers le
ciel
Et elle vient vers
sa main
Mais pas vraiment
docile
Elle rêve
d’évasion
Ainsi l’espère t’il
Et elle jaillira
par
Le premier
passage
Libre pour
brouter
L’herbe des
grands alpages
Fera-t-elle une
pause
Sur le haut
plateau
Où il n’y a rien
plus bas
Et il n’y a rien
plus haut
Et voici le temps
du faix
Et de la cravache
Traverse-t-elle
la flamme ?
Fait-il feu de la
hanche ?
A cette jument
Au galop, il
s’attache
A ce cavalier
Elle aussi
s’attache
Avec droite et
gauche
Pour unique
espace
Nuit et jour
montrant
Seuls que le temps
passe
Et, penché sur
son cou
Il lui dit tout
bas
« Où tu vas, je
vais
Avec toi »
Comme un seul,
ils tournent
Et ils vont vers
la plaine
Nul besoin de
fouet
Ah, nul besoin de
rênes
Mais qui donc
serre les liens
D’une telle union
?
Et qui donc, le
soir même
Brusquement les
rompt ?
Est-ce la jument
ou
Le cavalier
Ou l’amour sans
espoir
Comme la fumée ?
Mais ma chérie
dit :
« Léonard, laisse
tomber
Tous ces vieux
clichés
De Westerns
surannés »
Je mets donc en
musique
Et voilà qu’ils
s’en vont
Partent comme la
fumée
Partent comme
cette chanson
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)
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