“Dying To Live” est une chanson d’Edgar Winter, reprise par Cat
Stevens / Yusuf dans son album “Tell’Em
I’m Gone”, à paraître le 27 octobre prochain. Elle a figuré sur
la bande sonore du film “Tupac
Ressurection” sous le titre “Runnin’
(Dying To Live)”.
Edgar
Winter est un scientologiste, tandis que Cat Stevens se fait appeler
Yusuf Islam depuis sa conversion à l’Islam. S’étant tenu écarté de la scène pendant 35
ans, il a récemment repris ses tournées et chantera
prochainement à
Paris… Tout comme Léonard
Cohen, qui avait longtemps mis sa carrière entre parenthèses pour être ordonné moine dans un
monastère bouddhiste, à Mount Baldy,
avant de revenir sur scène et offrir à son public de superbes concerts et de
nouvelles chansons. Que Léonard Cohen
et Cat Stevens aient le même agent
n’est pas étranger à ce retour sur scène, comme le
raconte lui-même Cat Stevens / Yusuf.
Que de grands artistes éprouvent le besoin de se retirer du monde pour
réfléchir et chercher l’apaisement n’est pas non plus surprenant. Leurs œuvres
expriment tant de questions et tant de souffrance que l’on entend souvent dire
que la souffrance est la condition de la créativité artistique. La paix et la
sérénité seraient-elles, inversement, des éteignoirs de l’expression
artistique ? Cela n’est pas évident, du moins, à l’audition des nouvelles
chansons de ces deux artistes, mais la question mérite d’être posée, et
discutée…
Comme peut être discutée la question de la religion comme refuge, de la
quête d’une réponse universelle aux questions que pose la vie et qui se
résument, en fait, à la question de la mort. Les réponses récursives
qu’apportent les religions ou les « philosophies » (comme le pluriel
sied mal à ce terme !) sont souvent habilement formulées, mais toutes
capitalisent sur l’angoisse de la mort et du néant. Certaines prônent
l’engagement, quand d’autres proposent le détachement, mais toutes prétendent
donner un sens à la vie… pour accepter la mort.
Ceux qui poursuivent ainsi la recherche de « la » vérité pour y
trouver le sens de leur vie sont bien souvent tentés de s’en remettre à un
dogme, voire à un maître-à-penser, donc de cesser de penser.
Pourtant, la vie est question, et cesser de s’interroger parce que l’on
croit détenir la réponse est en réalité renoncer à la vie. L’histoire et
l’actualité nous montrent tant d’exemples des erreurs et des drames auxquels
cela peut conduire, à l’échelle individuelle ou planétaire ! Du reste,
combien de « maîtres » ou de « gourous » se sont révélés
être des escrocs
ou des prédateurs ?
Si nous devons chercher un sens à la vie, commençons par donner vie à nos
sens, à observer, percevoir, sentir le monde qui nous entoure, pour y trouver,
chez nos semblables, l’écho de nos souffrances, de nos questions, et de nos
espoirs.
Sur des chemins différents, Cat Stevens et Léonard Cohen ont fait ce long
voyage en eux-mêmes, et en sont revenus pour apporter leur message. L’un et
l’autre évoquent le bout du chemin, la mort vers laquelle ils avancent et
qu’ils dévisagent sereinement. Leurs « dernières » chansons en
témoignent de façon poignante, mais le choix de Cat Stevens, dans cette
chanson, est celui de la vie, de l’action, du don, de l’ouverture aux autres,
pour être prêt… à mourir (« ‘till
I’m ready to die »). Est-il besoin de religion pour comprendre ce
message universel ?
ALN
Mourir de Vivre
J’entends vanter la beauté de la déformation
Par ceux qui se retirent du monde pour penser
Ils trouvent de l’humour dans la malédiction
Je me demande s’ils vont rire à mon décès
Pourquoi me battre pour vivre si je ne vis que pour combattre ?
Pourquoi essayer de voir si rien ne peut m’apparaître ?
Pourquoi tenter de donner si nul ne me laisse offrir ?
Pourquoi mourir de vivre si je ne vis que pour mourir ?
Hé, tu sais, certains disent que, les valeurs, c’est subjectif
Répétant les mots de ceux qui parlent plus fort
Alors, ils vivent, ils combattent, et tuent sans objectif
Parfois, on distingue mal le vivant du mort
Pourquoi me battre pour vivre si je ne vis que pour combattre ?
Pourquoi essayer de voir si rien ne peut m’apparaître ?
Pourquoi tenter de donner si nul ne me laisse offrir ?
Pourquoi mourir de vivre si je ne vis que pour mourir ?
Oui, tu sais que j’enchaînais les mots dans la confusion
J’espère que tu comprendras quand j’aurai fini
Tu sais que je vivais ma vie comme une illusion
Par la réalité, mes rêves prendront vie
Je me battrais donc pour vivre jusqu’à ce que tout soit vaincu
J’essaierai de voir jusqu’à ce que la fin soit en vue
Tu sais, j’essaie de donner, alors, viens recevoir
Tu sais que je meurs de vivre jusqu’à être prêt
A être prêt
A être prêt
Etre prêt à mourir
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)
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