
Suzanne,
elle-même, ne découvrit cette chanson quelque temps après, par
l’intermédiaire d’amis, et en éprouva une certaine gêne, teintée de nostalgie
et d’amertume : gêne en raison de l’exposition de son intimité ; nostalgie
pour ce temps merveilleux mais lointain ; amertume pour l’état d’esprit que les
années et le succès ne peuvent qu’altérer (elle disait être restée, quant à
elle, dans le pur esprit des années 60). Les commentaires de Léonard Cohen à ce sujet sont
divers et, parfois, moins idéalistes. La strophe centrale dédiée à Jésus fait
l’objet de multiples commentaires,
parfois très surprenants, mais s’explique sans doute par la genèse de cette
chanson, autour de Notre-Dame-du-bon-secours,
cette dernière prenant alors les traits de Suzanne.
ALN
Suzanne
Suzanne t’entraîne
chez elle près du fleuve, en bas
Tu entends passer les bateaux
Tu peux passer toute la nuit là
Elle est un peu folle, tu sais ça
Si tu restes, c’est pour cela
Elle t’offre des oranges et du thé
Qui de la Chine sont importés
Et quand tu veux dire que pour
Elle tu ne peux donner d’amour
De ses grandes ondes, elle t’entoure
Pour faire dire au fleuve qui court
Que tu es son amant de toujours
Tu veux, avec elle, voyager
Tu veux la suivre, aveuglé
Elle te fera confiance, tu sais
Car ton esprit a touché son corps parfait
Jésus était un marin
Quand, sur les eaux, il a marché
Pendant longtemps, il a observé
Seul du haut de sa tour de bois
Et quand il fut bien certain
Que seuls les noyés le verraient
Il dit « Les hommes seront tous marins
Jusqu’à c’ que la mer les libère
Mais lui-même fut brisé bien
Avant que le ciel s’ouvre enfin
Sombrant sous votre sagesse comme une pierre
Tu veux, avec lui, voyager
Tu veux voyager aveuglé
Tu penses pouvoir lui faire confiance
Car son esprit a touché ton corps parfait
Suzanne prend ta main
Et te conduit à la rivière
Habillée de plumes et haillons
Dont l’armée du salut fait don
Et le soleil coule comme du miel
Sur notre dame, madone du port
Elle te montre comment voir
Dans les ordures et fleurs en bouton
Dans les algues, il y a des héros
Et dans le matin des enfants
Qui se penchent pour de l’amour
Et se pencheront ainsi toujours
Quand Suzanne tient le miroir
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)
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