Rows and floes of angel hair
And ice cream castles in the air
And feather canyons everywhere
I've looked at clouds that way
But now they only block the sun
They rain and snow on everyone
So many things I would have done
But clouds got in my way
I've looked at clouds from both sides now
From up and down, and still somehow
It's cloud illusions I recall
I really don't know clouds at all
Moons and Junes and Ferris wheels
The dizzy dancing way you feel
As every fairy tale comes real
I've looked at love that way
But now it's just another show
You leave 'em laughing when you go
And if you care, don't let them know
Don't give yourself away
I've looked at love from both sides now
From give and take, and still somehow
It's love's illusions I recall
I really don't know love at all
Tears and fears and feeling proud
To say "I love you" right out loud
Dreams and schemes and circus crowds
I've looked at life that way
But now old friends are acting strange
They shake their heads, they say I've changed
Well something's lost, but something's gained
In living every day
I've looked at life from both sides now
From win and lose and still somehow
It's life's illusions I recall
I really don't know life at all
I've looked at life from both sides now
From up and down and still somehow
It's life's illusions I recall
I really don't know life at all
Voici une chanson
de Joni Mitchell, autrice compositrice et interprète canadienne. Le premier
enregistrement en fut fait par Judy Collins (1968) et de nombreux artistes l’ont
ensuite interprétée. On note, parmi eux, Céline Dion, Neil Diamond, Rufus Wainwright, Chet Atkins (pour une version instrumentale guitare solo), Doris Day,
Bing Crosby, Pete Seeger, Willie Nelson, Frank Sinatra… et Roger Whittaker. (en
2001, en étaient déjà recensés 1573 enregistrements !).
Jonni Mitchell écrivit cette chanson dans un avion alors qu’elle regardait par le hublot le spectacle féérique des nuages vus d’en-haut tandis qu’elle lisait un livre dans lequel l’auteur décrivait, lui-aussi, les nuages vus d’avion.
« Both Sides Now » figure parmi les plus grands succès de Joni Mitchell, ce qui paraît tout à fait justifié tant pour la mélodie (qui évoque pour moi le vol d’un oiseau s’élevant, à grands coups d’ailes, au-dessus des nuages) que pour les paroles qui abordent un vrai sujet de philosophie… ou de psychologie. Les nuages offrent un spectacle grandiose ou terrible, en perpétuel changement, propre aux vagabondages de l’imagination qui y décèle des formes, des images, des tableaux. Ils peuvent cacher le soleil et tout assombrir, mais, du haut d’une montagne ou du hublot d’un avion, ils créent tout un monde fascinant d’ombres et de lumières.
La réalité du monde dans lequel nous vivons est, elle aussi, multi-dimensionnelle, et nous ne l’appréhendons généralement que sous un seul angle ou « point de vue ». Il en est ainsi pour ce que nous vivons, particulièrement dans les relations sociales. Le « vécu », le « ressenti » d’un même événement ou d’une même rencontre peuvent être très différents d’un protagoniste à l’autre. Joni Mitchell ne s’en tient pas à la simple métaphore du « verre à moitié vide ou à moitié plein » car elle observe aussi les effets du temps qui passe et les traces laissées dans notre mémoire. Nous poursuivons des rêves, que nous atteignons parfois, mais nous ne conservons dans nos souvenirs que l’illusion de leur réalisation. En un sens, les espoirs, les rêves, les désirs, mais aussi les peurs ne seraient qu’un filtre à travers lequel nous observons le chemin de la vie : la vie en rose, en noir, en gris, en vert… selon le temps, l’humeur, le poids du passé, la douleur des cicatrices… Que nous regardions l’avenir comme la projection de nos rêves, ou le passé avec regrets ou remords, nous gardons souvent l’impression d’être « passés à côté ». Dans la poursuite d’un idéal ou, plus exactement, d’une idée du bonheur, nous sommes confrontés à l’imperfection fondamentale des choses humaines. L’amour lui-même, que Joni Mitchell prend en exemple, n’est pas un point que l’on atteint mais un horizon vers lequel on avance indéfiniment, et c’est tout ce que l’on rencontre sur le chemin qui fait le bonheur. L’imaginer comme un aboutissement expose à la déception, à un sentiment d’échec, et à l’immobilisme, donc à la chute.
Bien sûr, le long du chemin, les écueils et les revers sont nombreux, et la nature humaine se révèle ainsi peu à peu avec toutes ses limites et tous ses défauts : l’hypocrisie, l’égoïsme, le cynisme, la duplicité, la lâcheté… tout ce qui peut éteindre l’espoir et souiller l’idéal. Pourtant, si nous perdons en chemin la naïveté et l’innocence, nous gagnons en expérience. Prendre conscience de la noirceur permet aussi de reconnaître la lumière, et d’apprécier à leur juste valeur les belles âmes et les belles actions. L’humilité est la condition préalable du progrès, et c’est par les fêlures qu’entre la lumière – « There is a crack in everything: that how the light gets in » disait Leonard Cohen. Mais on peut aussi choisir de « garder les plus beaux passages », comme le chante Rémo Gary, non pas par déni de la réalité mais par courage et résilience, pour continuer d’avancer.
Le message de Joni Mitchell est souvent compris comme profondément désabusé, mais sa conclusion réitérée (« je n’y connais rien »), qu’il s’agisse des nuages, de l’amour, ou de la vie, est aussi une façon de dire : « tout reste à découvrir et tout reste à faire ».
ALN
Les Deux Faces
Des cheveux d’anges amassés
Et des châteaux de crème glacée
Des canyons dans le duvet
J’ai vu les nuages ainsi
Mais c’est le soleil qu’ils nous cachent
Ils pleuvent et neigent sans relâche
M’empêchant d’accomplir mes tâches
Les nuages m’ennuient aussi
Des nuages j’ai vu les deux faces
Du haut, du bas je n’garde hélas
Que des illusions trop fugaces
Les nuages, je n’y connais rien du tout
Lunes, juins, et grandes roues
Vertige du premier rendez-vous
Comme un conte de fées un peu fou
J’ai vu l’amour ainsi
Mais c’est un spectacle comme un autre
Quand tu les quittes, ça les faire rire
Surtout ne laisse pas paraître
La peine que tu ressens
De l’amour j’ai vu les deux faces
Donner, recevoir, mais hélas
Ce sont des illusions qui passent
L’amour, je n’y connais rien du tout
Des larmes, de la peur, et la gloire
De clamer « Je t’aime » et l’espoir
Des rêves, des plans, un auditoire
La vie, je l’ai vue ainsi
Mes vieux amis deviennent étranges
Hochent la tête, disent que je change
Oui, j’ai perdu, mais en échange
J’ai gagné à vivre ainsi
D’ la vie j’ai vu les deux côtés
Victoires, défaites, mais en fait
Seules les illusions sont restées
La vie, j’ n’y connais rien du tout
De la vie j’ai vu les deux faces
Du haut, du bas je n’garde hélas
Que des illusions trop fugaces
La vie, je n’y connais rien du tout
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)
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