dimanche 23 décembre 2012

The Days of Pearly Spencer

A tenement, a dirty street
Walked and worn by shoeless feet
Inside it's long and so complete
Watched by a shivering sun

Old eyes in a small child's face
Watching as the shadows race
Through walls and cracks and leave no trace
And daylight's brightness shuns

The days of Pearly Spencer
The race is almost run

Nose pressed hard on frosted glass
Gazing as the swollen mass
On concrete fields where grows no grass
Stumbles blindly on

Iron trees smother the air
But withering they stand and stare
Through eyes that neither know nor care
Where the grass is gone

The days of Pearly Spencer
The race is almost run

Pearly where's your milk white skin
What's that stubble on your chin
It's buried in the rot gut gin
You played and lost not won

You played a house that can't be beat
Now look your head's bowed in defeat
You walked too far along the street
Where only rats can run

The days of Pearly Spencer
The race is almost run

The days of Pearly Spencer
The race is almost run




Formidable chanson de David McWilliams, « The Days of Pearly Spencer » est inspirée de « faits divers » : la vie d’un « SDF » comme tant d’autres, mais qui pourrait être l’un d’entre nous et qui reste, d’une certaine façon, l’un d’entre nous. La mélodie insistante comme le malheur est ici servie, de façon inattendue, par l’usage du mégaphone (un instrument dont l’usage était assez répandu à cette époque, notamment sur les barricades  du mois de mai 1968, année de sa diffusion!). L’effet un peu incongru qui en résulte n’est sans doute pas étranger au succès de cette chanson (on pense à « Yellow Submarine », mais aussi à « Deux Minutes Trente-Cinq de Bonheur », qui se sont aussi distinguées par l’altération voulue de la voix).
Tout cela est propice à la nostalgie, et, lorsqu’elle nous entraîne, nous repensons au regard que nous portions jadis, enfants, sur ces êtres étranges, fascinants et inquiétants, hirsutes et sales, qui dormaient sous les ponts ou les porches, et titubaient dans les rues, mais qui restaient attachés à un quartier, une rue, ou un square. Ils portaient alors un prénom, familier, connu de tous, et survivaient de la charité bien-pensante.
Combien sont-ils aujourd’hui ? Deux fois, dix fois, cent fois plus nombreux ?
Mais ils n’ont même plus de nom !


Les Jours de Pearly Spencer

Au pied d'un taudis, la rue
Sale et usée par des pieds nus
S’étale sous le regard du
Froid soleil vacillant

De vieux yeux sur une face
D’enfant voient que l’ombre efface
Les fissures des murs et chasse
Le jour bien défaillant

Les jours de Pearly Spencer
C’est la fin de la course

Bien au chaud dans la maison
On regarde son dos rond
Qui titube sur le béton
Dont l’herbe s’est enfuie

Et les grands arbres de fer
Décharnées qui déchirent l’air,
Les yeux vides ne se soucient guère
D’où l’herbe est partie

Les jours de Pearly Spencer
C’est la fin de la course

Pearly, ton teint est blafard
Sous ta barbe de soudard
Teintée par ton mauvais pinard
Au jeu tu as perdu

Une main pleine, tu as joué
Tu es défait, tête baissée.
Comme les rats, tu es allé
Trop loin sur cette rue

Les jours de Pearly Spencer
C’est la fin de la course

Les jours de Pearly Spencer
C’est la fin de la course

Au pied d’un taudis, la rue
Souviens-toi de tes pieds nus
Souviens-toi comme tu t’es battu
Contre le cours de ta vie

Alors, Pearly, ne pleure plus
Toutes ces belles années perdues
Ce taudis se souvient du
Trou dont tu es sorti

Les jours de Pearly Spencer
C’est la fin de la course

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

14 commentaires:

  1. Réponses
    1. QUELLE BELLE TRANSPOSITION !

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    2. l humanité dans toute sa médiocrité quand elle sourit devant ces pauvres oubliés de tous. je repense moi aussi comme cité plus haut au regard que nous portions jadis, enfants, sur ces êtres étranges, fascinants et inquiétants, hirsutes et sales, qui dormaient sous les ponts ou les porches, et titubaient dans les rues, mais qui restaient attachés à un quartier, une rue, ou un square. Ils portaient alors un prénom, familier, connu de tous, et survivaient de la charité bien-pensante. Merci

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  2. ... moi je serai un peu plus basique ayant souhaité en aider un dans mon quartier en lui offrant un travail ... il s'est barré .... plis jamais revu ��

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  3. Il est de fait qu'une large proportion de ceux que l'on appelle les "SDF" présente des troubles psychologiques ou psychiatriques à divers degrés. Plus rares sont ceux qui mènent cette vie par choix. Le plus souvent, les troubles dont ils souffrent les ont mis dans cette situation, ou en sont la conséquence, ou à la fois cause et conséquence. Les raisons économiques (en premier lieu le chômage) sont de plus en plus souvent en cause, l'exclusion qui en résulte induisant un cercle vicieux, et l'alcoolisme venant l'aggraver encore, de sorte qu'il est parfois difficile de leur apporter une aide qui leur permette réellement "de s'en sortir". Pour autant, on ne peut les considérer comme "coupables de leur misère". Les hasards de la vie pourraient nous avoir conduit au même endroit, comme le chante Phil Ochs (http://www.polyphrene.fr/2013/07/there-but-for-fortune.html)

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  4. Il est déraisonnable d'avoir un jugement hâtif. Tellement perdu, tellement décroché, que la "ressociabilisation" brutale par le travail fait peur. Ce ne sont pas des fainéants, et encore bien même, la "valeur travail" est une valeur parmi d'autres. Même les fainéants ont le droit à aide et compassion, non ?

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  5. Tout à fait d'accord: nous n'avons aucun droit de juger ceux qui se trouvent dans une telle misère. Pas plus de les juger eux-mêmes que de juger leurs "choix", qui, bien souvent, n'en sont pas, la vie les ayant conduits où ils sont.
    Là encore, la chanson de Phil Ochs exprime bien cette réalité dont il faut être bien conscient (http://www.polyphrene.fr/2013/07/there-but-for-fortune.html)

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  6. Ce qui apparaît étonnant dans les commentaires, c'est le fait que les "inclus" regardent le SDF comme s'il s'agissait d'un autre et non comme ce qu'ils sont eux-mêmes, car nous pourrions tous être dans ce cas de figure. La chanson originale est remarquable de ce point de vue là car elle indique la force de la bataille humaine à mener pour se relever. La traduction ci-dessus,bizarrement, ne reprend pas les derniers couplets qui traduisent cela. Cette chanson date de 1967, date où les Etats unis que ce soit à New York ou San Francisco étaient largement en avance sur la France dans le domaine de la précarité. Nous rattrapons notre retard.

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  7. Merci, Rémi
    Pourriez-vous me communiquer ces derniers couplets, dont je n'ai pas eu connaissance, et que je m'enpresserai de traduire.
    Une fois de plus, votre message se trouve très bien résumé dans la chanson de Phil Ochs
    Cordialement
    Polyphrène

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  8. A tenement, a dirty street
    Remember worn and shoeless feet
    Remember how you stood to beat
    The way your life had gone
    So Pearly don't you shed more tears
    For those best forgotten years
    Those tenements are memories
    Of where you've risen from
    The days of Pearly Spencer
    The race is almost won

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    Réponses
    1. Un grand merci pour ce complément. En effet, quelques sites de paroles de chansons mentionnent cette dernière strophe qui m'avait échappé. Par contre, tous ceux que j'ai pu consulter écrivent "The race is almost run" et non "won", ce qui ajouterait encore une dimension à cette chanson exceptionnelle.

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    2. Ce verset a été écrit par Marc Almond qui a fait une reprise du titre mais ne figure nullement dans l'original

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    3. Merci beaucoup pour cette précision qui me permet de comprendre pourquoi ce couplet m'avait initialement échappé.

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  9. Merci pour cette traduction non littérale - une vraie traduction - et pour le commentaire. Cela m'a permis de comprendre la signification de cette magnifique chanson alors que c'était le brouillard absolu (londonien...)sur d'autres sites.

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