Of losing what I used to think was mine
You let me love you till I was a failure,
You let me love you till I was a failure
Your beauty on my bruise like iodine
I asked you if a man could be forgiven
And though I failed at love, was this a crime?
You said: “Don't worry, don't worry, darling”
You said: “Don't worry, don't you worry, darling:
There are many ways a man can serve his time”
You covered up that place I could not master
It wasn't dark enough to shut my eyes
So I was with you, O sweet compassion
Yes I was with you, O sweet compassion
Compassion with the sting of iodine
Your saintly kisses reeked of iodine
Your fragrance with a fume of iodine
And pity in the room like iodine
Your sister fingers burned like iodine
And all my wanton lust was iodine
My masquerade of trust was iodine
And everywhere the flare of iodine
Arnica, teinture d’iode,
et bicarbonate de soude ont longtemps représenté l’essentiel de la pharmacie
familiale, et l’odeur particulière de l’iode reste gravée à jamais dans la
mémoire olfactive des plus âgés. L’odorat est en effet non seulement le plus
ancien (ou « archaïque ») de nos cinq sens, mais aussi celui qui se
trouve le plus étroitement intriqué aux mécanismes intimes de notre
comportement, nos affects, nos pulsions, nos attirances comme nos répulsions.
Il a donc certainement joué un rôle essentiel dans le développement et la
survie de l’espèce humaine, représentant jadis un déterminant essentiel du
comportement sexuel.
C’est ce qu’évoque ici,
très directement, Léonard Cohen. Bien évidemment, cette chanson comme les
autres peut être comprise à différents niveaux, et sous tous les angles de
l’allégorie et de la métaphore, mais l’on ne saurait éluder une interprétation
simple et directe, faisant un peu écho à une allusion comparable dans
« The Traitor » : le sexe dit « fort » est en réalité
terriblement fragile, et sujet à défaillance en cas de « désertion de
l’état major » (« deserted from above »).
« S’il n’entend le cœur qui bat, le corps non plus ne bronche pas » disait Georges Brassens,
mais cela n’est pas une caractéristique strictement féminine. Bien que le flot
sanguin saturé d’hormones puisse, un temps, pallier l’absence des sentiments, la
faillite finale est inéluctable, et n’est pas vécue seulement comme une “panne”
mais comme une déchéance personnelle
(« till I was afailure”). Dès lors, les gestes, les
paroles, les regards, bien que se voulant rassurants ou encourageants, semblent
exprimer frustration ou pitié, jugement ou sanction, et la confiance déserte
irrémédiablement. La honte de l’un reflète le trouble de l’autre, le sentiment
de ne pas (ou ne plus) inspirer l’amour, la blessure de l’échec et la
culpabilité de la trahison. Faute de pouvoir ouvertement et directement
s’exprimer, toutes les tentatives que font l’un et l’autre pour franchir le
fossé qui se creuse ravivent la souffrance comme la teinture d’iode sur la
plaie. Le doute s’insinue comme un poison, et chacun se replie sur lui-même,
fuyant toute confrontation. On peut noter, à cet égard, que les quatre derniers vers de cette chanson peuvent être compris indifféremment comme les paroles de l'un ou de l'autre des partenaires.
La « panne »
n’est pourtant pas toujours synonyme de trahison, et transposer le nez de Pinocchio
dans le périnée n’en fait pas un détecteur de mensonge. L’échec peut avoir
diverses causes pathologiques, mineures ou sévères, et cela représente une
épreuve que rencontre tout couple, un jour ou l’autre. C’est alors l’occasion
de faire le point sur les sentiments et les relations, de découvrir d’autres
syllabes et d’autres mots du langage du corps, et d’étendre l’éventail des
moyens de communication et des sources de plaisir. A cet égard, il s’agit d’une
opportunité de progrès et d’enrichissement de l’amour.
Inversement, un tel
incident peut être révélateur, comme dans cette chanson, de l’absence de
sentiment profond, démontrant s’il en était besoin que la beauté, en soi,
n’implique pas l’amour mais simplement l’attirance. La beauté, et toutes les
qualités que peut énumérer la fiche d’un candidat dans une agence de rencontre,
ne pourraient suffire à produire l’amour, le cœur ayant ses raisons que la
raison ne connaît pas, comme disait Blaise Pascal… Dans un tel cas, en effet,
chacun perçoit plus ou moins confusément, comme l’odeur pénétrante de l’iode, le
caractère fallacieux de la situation. A quoi bon, dès lors, s’obstiner à jouer
un rôle auquel on ne croît pas ? Ne serait-il pas préférable de se dire ce
que les corps expriment ?
Teinture d’Iode
J’avais besoin de toi,
conscient du danger
De perdre ce que je
croyais posséder
Tu m’as laissé t’aimer
jusqu’à échouer
Tu m’as laissé t’aimer
jusqu’à échouer
Ta beauté sur ma plaie
comme teinture d’iode
« Peut-on pardonner un
homme ? », ai-je demandé
« Et, en amour, est-ce un
crime d’échouer ? »
Tu m’as dit « Ne t’en
fais pas, mon chéri »
Tu m’as dit « Ne t’en
fais donc pas, mon chéri :
De plusieurs façons la
peine peut être purgée »
Tu couvris ce que je ne
maîtrisais pas
C’était noir mais pas à
fermer les yeux
Je suis donc resté, Oh,
douce compassion
Resté avec toi, Oh, douce
compassion
Compassion cuisante comme
la teinture d’iode
Tes baisers de sainte
sentaient la teinture d’iode
Ton parfum empestait la
teinture d’iode
La chambre puait la pitié
comme l’iode
Tes deux doigts brûlaient
comme la teinture d’iode
Ma lubricité n’était que
de l’iode
Ma prétendue confiance
était en iode
Et partout s’étalait la
teinture d’iode
(Traduction –
Adaptation : Polyphrène)
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