
A l’époque où la vitesse est une obsession, où les compétitions sportives
se gagnent au centième de seconde, Léonard Cohen aborde sans pudeur (comme
toujours), mais avec des mots choisis et restant ouverts à de multiples
interprétations, ce domaine des activités humaines où le temps est le meilleur
ami : laisser aux cœurs le temps de s’accorder, laisser aux corps le temps
de se découvrir, laisser aux sens le temps de s’éveiller, laisser au désir le
temps de s’exprimer, laisser aux âmes le temps de se rejoindre pour que les
êtres tout entiers s’élèvent ensemble au firmament de l’harmonie…
Cette chanson exprime une amertume résignée, entre regret et nostalgie,
comme dans « Never Mind » : Les choses sont ce qu’elles sont, et
l’expérience individuelle n’est pas vraiment communicable. Les erreurs se
répètent de génération en génération, laissant fuir le bonheur possible par les
fêlures de la conscience.
« Et pourtant, je vous dis que le bonheur existe ! »
chantait Jean Ferrat, avec Aragon…
ALN
Slow
Je baisse le tempo
La vitesse, je la hais
Tu veux arriver tôt
Je veux être dernier
C’ n’est pas parce que je suis vieux
Ni la vie qu’ j’ai menée
Lentement, pour moi, c’est mieux
C’est c’ que maman disait
Je lace mes souliers
Mais je ne courrai pas
J’arriv’rai quand j’ pourrai
Pas besoin d’ coup d’envoi
C’ n’est pas parce que je suis vieux
Ni la mort s’avançant
Lentement, pour moi, c’est mieux
J’ai la lenteur dans l’ sang
Lentement, pour moi, c’est mieux
La vitesse, je la hais
Aux trousses, tu as le feu
Moi, j’aime faire durer
C’ n’est pas parce que je suis vieux
Ni qu’ je sois décédé
Lentement, pour moi, c’est mieux
C’est c’ que maman disait
Tu es bien agitée
Tournant, virant ainsi
Laisse-moi un peu souffler
Nous avons toute la nuit
J’aime prendre mon temps
J’aime me prélasser
Sur tes lèvres deux ans
Toute la vie dans tes yeux
Lentement, pour moi, c’est mieux
La vitesse, je la hais
Aux trousses, tu as le feu
Moi, j’aime faire durer
Je baisse le tempo
La vitesse, je la hais
Tu veux arriver tôt
Je veux être dernier
Alors, chérie, lâche-moi
En ville, on te désire
S’ils veulent savoir pourquoi
Dis que j’essaie de ralentir
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)
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