Cette même
humanité qui, aujourd’hui, étale sa boulimie et sa veulerie dans les « quartiers
chauds » des villes touristiques, y a construit jadis les monuments qui
traversent l’histoire et matérialisent un passé supposé grandiose. De ce
contraste naît une nostalgie, un indéfinissable sentiment d’inconsistance du
présent. Les personnages de légende qui déambulaient dans nos rêves d’enfants
semblent alors plus présents que les noctambules vacillants dont les ombres
difformes prennent plaisir à souligner les travers.
Notre
regard fuit les néons des enseignes et fouille l’ombre des vieilles pierres,
les reflets sur les pavés mouillés, et les ondulations de l’eau sous les ponts,
comme autant d’haruspices à rebours, prévoyant le passé où se réfugient nos
pensées.
Cette
chanson de Mark Knopfler, servie par la formidable expressivité de sa guitare,
nous accompagne dans cette visite, et le guide nous offre alors une phrase-clef
qui résonnera longtemps sous les voûtes, évoquant ce « quelque chose du
passé qui vient scruter notre âme ».
C’est Comme
Ça
Sur la
place, les bistrots vomissent
Leur flot
humain titubant
Les rires
des gars et filles retentissent
Dans l’air,
un crépitement
Files
d’attente sous les abris
Aux portes
du donjon
Chacun
cherche les bras qui
Pour cette
nuit l’accueilleront
Oui, c’est
comme ça
Comme ça
maintenant
Le givre
couvre tombes et monuments
Mais il
faut chaud dans les auberges
On hait le
gouvernement
Tandis
qu’on se goberge
Les
lumières sont éteintes sur fort
Citadelle
et mairie
La lune
seule éclaire encore
Les
ivrognes endormis
Et il fait
froid au péage
Les camions
passent sur une voie
Très froid
au péage
Que ne
ferais-je avec toi
Oui, c’est
comme ça
Comme ça
maintenant
La garnison
dort dans la citadelle
Tandis que
les fantômes s’amusent.
Sur le mur
d’enceinte, seul
Sonne un
joueur de cornemuse.
Par le vent
porté,
Lorsque les
caisses claires entament
Leur
roulement, vient le passé
Dévisager
mon âme
Et il fait
froid au péage
Je
tambourine des doigts
Très froid
au péage
Que ne
ferais-je avec toi
Oui, c’est
comme ça
Comme ça
maintenant
Oui, c’est
comme ça
Comme ça
maintenant
On voit la
lueur d’une flamme vaciller
C’est une
lanterne dans la tour
Wee Willie
Winkie sous un chandelier*
Ecrit des
chansons au cœur de la nuit
Quand, rue
Charlotte**, je passe
Prendre une
cane à mon hôtel
Je croise
Dick la crasse***
A la
recherche du petit Nell***
Oui, c’est
comme ça
Comme ça
maintenant
Oui, c’est
comme ça
Comme ça
maintenant
(Traduction
– Adaptation : Polyphrène)
* Wee Willie Winkie est le personnage d’un poème de William Miller publié en 1841, et sa course nocturne est décrite dans une comptine écossaise que l’on chantait aux petits enfants pour les aider à trouver le sommeil.
** MarkKnopfler fait probablement ici référence à une rue de Londres restée typique de
la fin du XVIIIème siècle.
*** DirtyDick et Little Nell sont les personnages du roman de Charles Dickens « TheOld Curiosity Shop », publié aussi en 1840 et 1841.
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