Alors que,
aux États-Unis, le débat sur l’immigration illégale (provenant, en particulier,
du Mexique voisin) semble pouvoir enfin aboutir à un semblant de consensus, la
chanson de Gordon Lightfoot paraît plus que jamais d’actualité. Le roman qui
nous est ici narré met en scène les causes et conséquences de cette
immigration, et souligne l’iniquité des lois qui condamnent pour avoir
simplement tenté de survivre ou voulu aimer. N’est-ce pas un étonnant paradoxe
que de voir cette Amérique si prompte à s’en référer, à tout propos, aux
« valeurs chrétiennes », se montrer d’un tel cynisme quand ce sont
ses propres « lois du marché » qui gouvernent : quand les
frontières servent à séparer les « have » des « have not » ;
quand la porosité sélective des dites frontières est telle que les armes
circulent vers le sud et la drogue vers le nord, maintenant un gradient
nord-sud qui constitue une irrésistible force osmotique ; quand la misère
des uns fait la fortune des autres, et quand les plus faibles cherchent à
survivre en préservant en eux ce qu’il reste d’humanité…
Pas de
« happy end » à cette aventure, mais une victoire : celle de la
vie qui renaît et perpétue l’espoir.
Miguel
Sans jamais
trop parler
Il
voyageait seul, sans amis
Comme un
fantôme, à l’aube
Sitôt là,
sitôt parti
Par les
bois, il se faufilait
Vers la
jeune femme qui accourait
Vers lui
sur le chemin
Au mur du
jardin
« Miguel
adoré
Toujours,
je tairai
Nul ne
saura jamais
Ce que,
moi, je sais »
Il
souriait, posait sa tête sur son cœur
Lui disait
« Je n’ai pas peur
Je sais
qu’ils me guettent à la frontière
Sur la
rivière
Où j’ai
nagé déjà
Pour voir
mon seul et grand amour
Des
centaines de fois »
« Oh, mon
doux Miguel chéri
Je
t’aimerai toute ma vie »
Au Sud il
était né
Au Mexique,
il paraît
Et
abandonné
Par son
père sitôt né
Mais sa
mère, tendrement, l’aimait
Et
l’amenait chaque année
A la grande
cathédrale de Saint-Augustin
« Miguel,
mon enfant
Est-ce que
tu entends
Ma misère
sonner
Ne le dis
jamais »
Tous les
soir, en s’endormant, il pleurait
Et jurait
de tout changer
Alors il
sortit, décrochant du mur le pistolet
Sachant
qu’elle comprendrait
Pour
l’arrêter vint un gendarme
Dans sa
main bondit son arme
« Oh,
Miguel », sa mère cria
« Sauve-toi
ou tu mourras »
Ainsi finit
l’histoire
De son
amour sans frontière
Fort comme
le chêne
Doux comme
la bruyère
Et l’enfant
qu’elle portait
En ce
triste jour, est né
Au moment
où on l’exécutait
« Miguel,
mon amant
Est-ce que
tu entends
Nul ne
saura jamais
Ce que,
moi, je sais »
Elle
souriait, posait l’enfant sur son cœur
Et disait «
Je n’ai pas peur
Je sais
qu’ils te guettent à la frontière
Sur la
rivière
Où souvent
tu nageas
Pour voir
sourire ton seul amour
Des
centaines de fois
Oh, mon
doux Miguel chéri
Je
t’aimerai toute ma vie »
(Traduction
– Adaptation : Polyphrène)
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