samedi 27 avril 2013

Song For A Winter's Night

The lamp is burning low upon my table top
The snow is softly falling
The air is still in the silence of my room
I hear your voice softly calling
If I could only have you near
To breathe a sigh or two
I would be happy just to hold the hands I love
On this winter night with you

The smoke is rising in the shadows overhead
My glass is almost empty
I read again between the lines upon each page
The words of love you sent me
If I could know within my heart, that you were lonely too
I would be happy just to hold the hands I love
On this winter night with you

The fire is dying now, my lamp is growing dim
The shades of night are lifting
The morning light steals across my windowpane
Where webs of snow are drifting
If I could only have you near,
To breathe a sigh or two
I would be happy just to hold the hands I love
And to be once again with you
On this winter night with you



Le feu crépite doucement dans la cheminée. Les flammes rougissent et dansent, projetant des ombres mouvantes. Dans le cocon tissé par la nuit et la neige, le calme est absolu, et la solitude totale. L’existence n’est qu’une idée ; présent et passé se confondent ; dehors est l’infini, et la pensée s’évade. 
Franchissant la distance et le temps, le cœur vient à la rencontre de l’absence. Dans les ténèbres qui se penchent sur la lueur du feu, le regard s’égare et discerne l’image jaunie du bonheur. Dans le sifflement des bûches caressées par les flammes, se fait entendre le chuchotement de la voix familière.
Bonheur et souffrance s’étreignent et tanguent comme l’ombre et la lumière au cœur du foyer.
Et partager apparaît alors comme l’urgence et le seul but de la vie.

Initialement intitulée « The Hands I Love », cette très belle chanson de Gordon Lightfoot a été reprise, notamment, par Sarah McLachlan (Winter Song) et par Harry Belafonte. Nana Mouskouri en a chanté une version française (A la Porte du Jardin) dont le texte n’a rien de commun avec l’original. « Song for a Winter’s Night » est devenue incontournable dans les compilations de « chants de Noël » en langue anglaise. En réalité, Gordon Lightfoot raconte qu’il l’a écrite non pas au Canada sous la neige, mais à Cleveland pendant un orage ! Quoi qu’il en soit, par la beauté et la simplicité de sa mélodie comme par la délicatesse de son texte, cette chanson constitue un véritable refuge pour la nostalgie.



Chanson pour une Nuit d’Hiver

Je vois la flamme de ma lampe vaciller
La neige tombe à gros flocons
Dans la chambre en silence, l’air est figé
Je t’entends chuchoter mon nom
Je voudrais t’avoir près de moi
Pour soupirer, heureux
Je passerais, comblé, entrelaçant nos doigts
Cette nuit d’hiver à deux

Mon verre est presque vide et la fumée s’élève
Dans l’ombre pour disparaître
J’essaie de lire entre les lignes et je relève
Les mots d’amour dans tes lettres
Si j’étais sûr, au fond du cœur,
Que je te manque un peu
Je passerais, comblé, entrelaçant nos doigts
Cette nuit d’hiver à deux

Ma lampe va s’éteindre ; doucement, le feu meurt
Les ombres de la nuit fondent
Et l’aube insinue ses premières lueurs
Quelques flocons vagabondent
Je voudrais t’avoir près de moi
Pour soupirer, heureux
Je passerais, comblé, entrelaçant nos doigts
Toi et moi, les yeux dans les yeux,
Cette nuit d’hiver à deux

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

samedi 20 avril 2013

Home From The Forest

Oh, the neon lights were flashin' and the icy wind did blow
The water seeped into his shoes and the drizzle turned to snow
His eyes were red, his hopes were dead and the wine was runnin' low
And the old man came home
From the forest

His tears fell on the sidewalk as he stumbled in the street
A dozen faces stopped to stare but no one stopped to speak
For his castle was a hallway and the bottle was his friend
And the old man stumbled in
From the forest

Up a dark and dingy staircase the old man made his way
His ragged coat around him as upon his cot he lay
And he wondered how it happened that he ended up this way
Getting lost like a fool
In the forest

And as he lay there sleeping a vision did appear
Upon his mantle shining the face of one so dear
Who'd loved him in the springtime of a long-forgotten year
When the wildflowers did bloom
In the forest

She touched his grizzled fingers and she called him by his name
And then he heard the joyful sound of children at their games
In an old house on a hillside in some forgotten town
Where the river runs down
From the forest

With a mighty roar the big jet soars above the canyon streets
And the con men con but life goes on for the city never sleeps
And to an old forgotten soldier the dawn will come no more
For the old man has come home
From the forest



Combien de vies ont ainsi basculé dans ce désert où la solitude prend le goût de l’alcool ? D’un premier espoir à un premier amour, d’un premier échec à une première blessure, puis une éternité de souffrance. Et la nuit, froide et vide, descend sur ces cœurs esseulés, envahit ces âmes meurtries et impose un silence coupable.
Car la souffrance est une pénitence pour ces femmes et ces hommes qui restent sur le bord de la route du bonheur, persuadés d’être porteurs d’une tare, d’un vice, d’une difformité du corps ou du cœur justifiant leur échec. La littérature en a fait des destins romantiques, mais leur quotidien est terriblement prosaïque, cheminant sur un étroit sentier, tout au fond du profond canyon des sentiments : si profond que le soleil ne l’atteint pas, si étroit que le ciel n’est qu’un toit, si encaissé qu’on ne peut en sortir et grimper vers les cimes pour apercevoir l’horizon. Tout ce qui pourrait réveiller la souffrance et faire entrevoir le bonheur perdu est soigneusement évité. De petites obsessions, de petites ou grandes addictions, de petites distractions, et de petits plaisirs sans saveur, occupent les temps démesurés de solitude. Qui, autour d’eux, pourrait imaginer ce que représente un rire partagé, un regard vraiment échangé, un mot véritablement personnel ?
Au fond de ces cœurs engourdis par le froid brûle encore, doucement, discrètement, le désir d’aimer. Un espoir fou fait parfois irruption dans les rêves, mais aucune fée, aucun magicien, aucun rédempteur ne vient à leur secours, et la tristesse accompagne l’angoisse du néant sur le chemin qui descend, inexorablement.
Gordon Lightfoot chante avec une grande émotion ce drame de la solitude, et joint sa voix à celles des Beatles dans « The Lonely People », Paul Simon dans « I Am A Rock », Ralph McTell dans « Streets of London », ou David McWilliams dans « The Days of Pearly Spencer », parmi tant d’autres.


Retour de la Forêt

Les néons brillaient, mais le vent froid agitait les sapins
L’eau coulait dans ses chaussures, et la neige chassait le crachin
Tout espoir éteint, les yeux rouges et bientôt à court de vin
Le vieil homme est rentré
De la forêt

Ses larmes tombant sur le trottoir, il titubait dans la nuit
Quelques uns le dévisageaient, nul ne s’adressait à lui
Car un hall était son château, la bouteille son seul ami
Et le vieil homme revenait
De la forêt

Sous un vieil escalier crasseux, au fond d’une sombre impasse
Se couvrant de son manteau, s’étendit sur sa paillasse
Cherchant, pour la millième fois, les raisons de sa disgrâce
Comme un fou égaré
Dans la forêt

Et, tandis qu’il dormait là, lui vint une vision
Celle d’un visage adoré, penché sur ses haillons
Et qui, en ce lointain printemps, l’aimait avec passion
Quand les arbres fleurissaient
Dans la forêt

Elle toucha ses doigts jaunis et appela son nom
Il entendit des cris de joie d’enfants, et leurs chansons
Dans une ville perdue, devant une vieille maison
Quand la rivière descendait
De la forêt

Survolant les rues étroites et encaissées, l’avion rugit
Les escrocs volent et la vie continue dans la ville sans répit
Mais l’aube ne viendra plus pour le vieux soldat mort dans l’oubli
Car le vieil homme est rentré
De la forêt

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

samedi 6 avril 2013

That Same Old Obsession

I come to this garden,
I come here to rest
Early each day upon rising
I think of my lost love
From over the sea
And sometimes I've wondered,
If she thinks of me

I long to recall
Every kiss,
Every kind word
I miss
Her so much
I could die
But the creatures of evil
Have captured her heart
And that same old obsession
Still keeps us apart

There's peace in the garden,
There's peace in the air
Peace in the sound of the river
There's peace in the meadow,
The sun shines like gold
And if she were with me
There'd be peace in my soul

I long to return
To the place
I remember
The taste
Of her lips
Close to mine
I could do much better
If I could be strong
Come into my garden
But leave me alone

I come to this garden,
I come here to rest
Just as the night comes stealing
Someone is weeping,
I'm calling her name
Deep in the garden,
Deep in my brain

I long to recall
Every kiss,
Every kind word
I miss
Her so much
I could die
But the creatures
Of evil
Have captured her heart
And that same old obsession
Still keeps us apart

But the creatures of evil
Have captured her heart
And that same old obsession
Still keeps us apart



Les cœurs peuvent rester unis par delà les montagnes et les océans, mais un rien peut les éloigner. Lorsqu’un mal-être s’installe, pour des raisons profondes ou futiles, souvent extérieures à la relation en cause, le moindre mot, le moindre geste, parfois même un simple regard, viennent alimenter la rancœur, selon l’effet de halo décrit par les psychologues : notre esprit sélectionne les informations qui viennent renforcer notre première impression, et la dérive commence, inexorablement.
L’amour est toujours présent, au fond des cœurs, mais la recherche d’un exutoire peut faire des êtres les plus proches les boucs émissaires d’un malaise indéfini, bien que l’on soit, au fond, plus en colère contre soi-même que contre quiconque.
C’est alors qu’est prononcé le mot de trop, résonnant comme un glas annonçant l’irréparable.
Et le silence lui fait suite.
Le ciel s’assombrit, et l’ombre envahit les yeux et les cœurs.
Chacun, de son côté, rumine de sombres pensées et recherche, dans le souvenir des faits et gestes de l’autre, une justification à la présente colère.
La gorge se serre et les larmes ne sont pas loin.
Et les soupirs sont hachés comme des sanglots.
De temps à autre, un coup d’œil furtif guette une réaction.
Chacun attend, secrètement, l’événement fortuit qui brisera le silence et rafraîchira l’atmosphère comme la pluie après l’orage d’été.
Les secondes passent, ou les minutes, ou les heures…
Puis remords et orgueil se défient et se battent dans un duel que vient arbitrer l’amour, et le remords, vainqueur modeste, vient déposer les armes aux pieds de l’autre.
Le premier mot qui vient n’est pas vraiment un mot, car le souffle est encore un sanglot et la gorge est toujours nouée, mais le mauvais sort est vaincu.
Viennent les paroles, et viennent les aveux.
On se dit tout, et on se pardonne tout.
Et l’amour se relève, plus grand et plus fort que jamais.


La Même Vieille Obsession

Je viens dans ce jardin
Pour m’y reposer quand
Le jour se lève chaque matin
Je pense à mon amour
Au delà des mers
Me demandant parfois
Si elle pense à moi

Je me souviens de
Chacun de
Ses baisers, ses
Mots tendres
Elle me manque
A mourir
Mais les forces du mal
Ont détourné son cœur
Et la même vieille obsession
Nous sépare encore

C’est la paix au jardin
C’est la paix dans l’air
Paix dans les bruits de la rivière
La paix sur la prairie
Où le soleil brille
Et, si elle revenait,
La paix dans mon esprit

Je voudrais revoir
Ces lieux où
Je me souviens
Du goût
Des ses lèvres
Sur les miennes.
Je pourrais aller mieux
Si j’étais moins veule
Venez dans mon jardin
Mais laissez moi seul.

Je viens dans ce jardin
Pour m’y reposer quand
La nuit vient m’enténébrer
On entend pleurer
Je lui crie « Reviens »
Du fond du jardin
Toujours en vain.

Je me souviens de
Chacun de
Ses baisers, ses
Mots tendres
Elle me manque
A mourir
Mais les forces du mal
Ont détourné son cœur
Et la même vieille obsession
Nous sépare encore

Mais les forces du mal
Ont détourné son cœur
Et la même vieille obsession
Nous sépare encore

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)