lundi 22 décembre 2008

I am a Rock

A winters' day
In a deep and dark december;
I am alone,
Gazing from my window to the streets below
On a freshly fallen silent shroud of snow.
I am a rock,
I am an island.
I've built walls,
A fortress deep and mighty,
That none may penetrate.
I have no need of friendship; friendship causes pain.
Its laughter and its loving I disdain.
I am a rock,
I am an island.

Dont talk of love,
But I've heard the words before;
Its sleeping in my memory.
I won't disturb the slumber of feelings that have died.
If I never loved I never would have cried.
I am a rock,
I am an island.

I have my books
And my poetry to protect me;
I am shielded in my armor,
Hiding in my room, safe within my womb.
I touch no one and no one touches me.
I am a rock,
I am an island.

And a rock feels no pain;
And an island never cries.

 

Une magnifique chanson de Paul Simon, décrivant l'isolement des sentiments et de la souffrance qui, bien souvent, les accompagne. Qui n'a pas édifié, autour de lui, des barrières pour éviter la souffrance ? Qui ne s'est pas construit, peu à peu, une carapace le rendant insensible - aux peines comme aux joies ?  

 

 

Je suis un Roc

Par un jour sombre
En hiver, à la fin décembre,
Je suis tout seul.
Du haut de ma fenêtre, la neige sous mes yeux
Recouvre les rues d’un manteau silencieux.
Je suis un roc,
Je suis une île.
J’ai édifié
Une forteresse sacrée
Où nul ne peut entrer.
J’ n’ai pas b’soin d’amitié, l’amitié fait souffrir.
Je dédaigne ses amours et ses rires.
Je suis un roc,
Je suis une île.

Taisons l’amour,
Mot que j’ai pu entrevoir.
Il dort dans ma mémoire.
Je n’ veux pas réveiller les sentiments enterrés.
Si j’ n’avais pas aimé, j’ n’aurais jamais pleuré.
Je suis un roc,
Je suis une île.

J’ai mes lectures
Et mes poèmes pour clôture.
À l’abri dans mon armure,
Caché dans ma chambre, plus sûre qu’un sein.
J’ n’atteins personne et personne ne m’atteint.
Je suis un roc,
Je suis une île.

Un roc ne souffre pas
Et une île ne pleure pas.

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

 

Du temps ! J’ai besoin de temps ! Du temps pour sentir, du temps pour ressentir… 

Parfois, l’indifférence me gagne.  

Je pense encore, ou plutôt je réfléchis, mais je ne ressens plus. 

L’émotion m’étreint parfois, mais c’est un sentiment de surface, comme le débordement d’un liquide qui s’épand, s’étend et s’évapore, sans que l’on ait vraiment eu le temps d’en déceler le parfum, d’en entrevoir la couleur.  

Pourquoi fuis-je ainsi, dans le travail ou la futilité ?  

Est-ce pour ne pas jauger la profondeur de mes sentiments, ne pas souffrir de leur acuité, ou ne pas constater leur absence ?  

Comment puis-je aujourd’hui accepter, résigné, ce qui jadis révoltait mon âme ?  

Combien de mes proches, combien de ceux que j’aimais sont partis sans que leur absence ait bouleversé ma vie – alors que jadis, la simple pensée de leur vieillesse, leur maladie, leur mort me faisait hurler en moi-même d’une rage incrédule contre un destin aveugle ? 

Ils sont partis – ils ne souffrent plus – mais je ne souffre pas non plus de leur absence : tout cela est si naturel, n’est-ce pas ? 

Pourtant, de temps à autre, une douleur vive transperce mon cœur et s’éteint avant même que j’aie pu en entrevoir la silhouette familière. Un bref instant, ma sérénité anesthésiée se déchire. La simple horreur « toute naturelle » de la mort m’apparaît, mais mon esprit fuit aussitôt vers des pensées triviales. 

A quoi bon ranimer les souvenirs d’une vie passée ? Les mille gestes du quotidien, les objets, plus ou moins utiles, les occupations, plus ou moins futiles, les soucis, les tracas, les habitudes, les routines, m’engloutissent à nouveau et refoulent aussitôt la douleur, comme l’épaisseur des vêtements isole du vent et du froid.  

Peut –on ainsi fuir la douleur sans se priver de sentir ?  

Peut-on oublier le passé sans négliger le présent ?  

Peut-on feindre de ne pas voir l’avenir sans affadir sa vie ? 

Dois-je me défaire de ces contraintes ?  

Accepter la douleur pour retrouver la joie ? 

Faire tomber les barrières qui m’enferment.  

Retirer cette armure qui m’isole ? 

Je n’ai plus – je ne prends plus - le temps de laisser mon esprit divaguer, sentir la nature toute proche, entendre le clapotis de la rivière, humer l’odeur de l’herbe foulée, sentir la caresse d’une brise tiède sur ma peau, la chaleur du soleil sur mon dos. 

J’ai besoin de temps, du temps pour ressentir à nouveau, du temps simplement pour vivre… pour vivre simplement.

 

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