jeudi 20 novembre 2014

Editing Floor Blues







De même que dans « Cat & The Dog Trap », de son dernier album « Tell’Em I’m Gone », Yusuf Islam a.k.a. Cat Stevens raconte un peu de sa vie, sous l’angle des rapports entre l’opinion, la presse, et la vérité : De la sagacité de comptoir et la philosophie de bistrot (« The Johnny Walker wisdom » selon Léonard Cohen) qu’il put observer dans son enfance jusqu’aux assauts  médiatiques que subit l’artiste devenu « star » (et la première interruption de sa carrière musicale en raison de problèmes de santé), puis, à la suite de sa conversion à l’Islam dans une période où montaient les extrémismes de toutes sortes, lorsque les média rapportèrent à tort qu’il soutenait la Fatwa contre l’écrivain Salman Rushdie. Se comparant à Socrate choisissant la mort (par empoisonnement à la ciguë) plutôt que de renoncer à sa recherche de la vérité, il explique ainsi son retrait de la scène (de 1978 à 2001) et son long silence.
Son retour sur scène et la publication, depuis, de ses trois nouveaux albums (An Other Cup, Roadsinger, et Tell’Em I’m Gone), pour le plus grand bonheur de ses fans, sont aussi pour lui l’occasion de s’expliquer, et d’apparaître sous un autre jour : celui d’un homme serein, apaisé, plein d’humour, toujours passionné par la musique mais ayant manifestement pris du recul, tant vis-à-vis de son propre cheminement que des extrémismes de tous bords.
Est-ce là le résultat de sa recherche spirituelle ou le simple effet de l’âge ? Les plus grands chanteurs ont suivi le même parcours, et leur répertoire en témoigne (Like a Soldier, et Song For The Life, par Johnny Cash, Going Home, et Show Me The Place, pour Léonard Cohen). Le temps est un artisan patient qui peut adoucir les tempéraments comme il polit les galets.
Pourtant, si le génie musical des années 1960 et 1970 dont les chansons révélaient une âme tumultueuse et enflammée porte aujourd’hui une longue barbe blanche et s’exprime avec le calme et la sérénité d’un sage, sa voix n’a pas changé : Yusuf Islam et Cat Stevens ne font qu’un !
ALN


Le Blues de la Rédaction

Je suis né dans le West-End
De Londres à l’été quarante-huit
Au dessus d’un café
Où certains aimaient venir pour la soirée
Pour moi, c’était la journée
Oh ! Les chiens grognent désormais
Devant ma porte
Et, de la rédaction, hurlait la Vérité

Passent les années
Les Quarrymen triomphent
Le p’tit gars devient une star
Puis il tombe, mais il se relève
Avec une guitare Everly
Sur la route, il part en quête
De la bonne chanson dont il rêve
Et, dans la rédaction, chantait la Vérité

Big Brother se rendit
Avec témérité
En ces lieux, dit-on
Où jadis les prophètes marchaient
Au dessus de ce bas monde
Puis vint la Parole
Et le petit frère put voir
Comment la rédaction masquait la Vérité

Un jour, les journaux demandèrent
Si j’avais dit ça
J’ai dit « Oh non,
Certainement pas ! »
Et, au fond des choses, nous sommes allés
Ils ne l’ont pas publié !
Tout comme, en Grèce, Socrate priait,
Tombant à genoux
« Mon Dieu, pardonnez-leur »
Et ne parla plus
Et, dans la rédaction, s’épandait la ciguë.


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

* The Quarrymen : nom de scène de ceux qui deviendront ensuite "The Beatles"
** Black Everly guitar : le modèle de guitare acoustique noire Gibson rendue populaire par "The Everly Brother"

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