samedi 8 février 2014

Many a Fine Lady








La beauté est-elle rehaussée par le mystère, et d’autant plus attirante qu’inaccessible ? Les mots ont-ils plus de sens et de poids s’ils sont rares et sibyllins ? Quelle fascination exerce la souffrance, et quelle protection offre la solitude ?
Si notre vie se passe à édifier les murs qui protègent notre âme de la vue du futur, le temps passe pourtant, inexorablement, assaillant nos défenses, et ouvrant des fissures par où passe la nuit, et par où fuit la vie.
Les yeux pleins de tristesse semblent voir au delà du chemin et des mots, au delà de la mort. C’est pour cela, sans doute, que leur étrange charme, comme le froid soleil d’une journée d’hiver, nous fait voir ciel et terre d’une même pâleur, effaçant l’horizon, annihilant le temps. Présent, passé, futur se rejoignent et se mêlent. La terre est sans couleurs, le monde est sans relief. Seul reste un souvenir et l’espoir de l’amour.
La mystérieuse dame que chante Townes Van Zandt porte dans son regard la tristesse d’une âme dont les pensées ont déjà quitté ce monde, sans doute à la poursuite d’un amour perdu.
ALN



Maintes Gentes Dames

Maintes et maintes gentes dames ont marché à mes côtés
Avec leur peau de velours et leurs yeux faits de pluie
Elles voulaient me garder, me blesser, me cacher
D’autres, sans se retourner, se sont enfuies

De l’une d’entre elles, je me souviens plus clairement
Lourd était son chagrin et lent était son rire
Je luis fis la cour, et je l’aimais tendrement
Et, ses plus nobles pensées j’ai pu découvrir

Ses mots, hautains et solitaires comme la montagne
Sa face comme un rêve, ses cheveux comme le foulard
Porté par qui, en deuil, discrètement s’éloigne
De ceux qui ne veulent pas voir son désespoir

Sans fin, le vent du nord, porteur de chagrin
Fouettait et coupait pour sa part de drame
Et les créatures de l’ombre se frayaient un chemin
A travers les murs où s’abrite l’âme

Mais l’infinie tristesse n’est plus une nomade
Sur son visage pétrifié, creux sont ses yeux
Le soleil en rit, mais d’autres le réprimandent
Mais qui, parmi vous, aurait pu lui dire adieu ?


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

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