dimanche 2 novembre 2014

Tell' Em I'm Gone







Sur son nouvel album, Yusuf Islam a.k.a. Cat Stevens propose sa version de la chanson éponyme « Tell’Em I’m Gone », adaptation de « Take This Hammer », datant probablement des années 1870. Cette chanson était chantée, pour rythmer leur effort, par les prisonniers, le plus souvent noirs, condamnés au travail forcé dans les mines, sur les routes ou les voies ferrées, ou dans les champs… pendant près d’un siècle encore après l’abolition de l’esclavage. L’interprétation de Huddie Ledbetter (« Lead Belly ») lui donne toute sa force, joignant le geste d’abattre le marteau à un ahanement rauque. La dernière strophe évoque l’alimentation usuelle de ces forçats, faite d’un peu de viande séchée, de pain de maïs, et de mélasse (résidu de raffinage du sucre de canne), en particulier dans le sud des Etats-Unis. Ce régime alimentaire fut responsable, à cette époque, de très nombreux cas de pellagre dont il fallut des années pour comprendre qu’il s’agissait non pas d’une maladie infectieuse contagieuse, mais d’une carence vitaminique. Ce sont en particulier les travaux de Joseph Goldberger qui ont permis de comprendre la cause et de traiter cette grave maladie. En particulier, Goldberger testa, sur lui-même, ses proches et des membres du service public de santé, l’ingestion de gélules contenant des excréments, sécrétion nasales, et squames de malades atteints de pellagre, et démontra ainsi l’absence de contagion. Il montra ensuite qu’une alimentation diversifiée permettait la guérison.
C’est donc l’histoire de l’esclavage sous toutes ses formes et conséquences, même au delà de son abolition, qu’évoque Cat Stevens. Son choix n’est pas simplement une évocation historique : il résonne comme un cri d’alarme à notre époque, où la pauvreté conduit des populations entières vers de nouvelles formes d’esclavage, tandis que des fanatiques, fous-furieux et forcenés, font revivre l’esclavage dans sa forme la plus horrible en invoquant un Dieu que leur comportement insulte !
ALN


Dis qu’ j’ suis parti

Prends ce marteau, porte le au capitaine
Prends ce marteau, porte le au capitaine
Prends ce marteau, porte le au capitaine
Dis qu’ j’suis parti
Dis qu’ j’suis parti

S’il te demande si je courais
S’il te demande si je courais
S’il te demande si je courais
Dis que je volais
Dis que je volais

S’il te demande si je riais
S’il te demande si je riais
S’il te demande si je riais
Dis que je pleurais
Dis que je pleurais

Je n’veux ni pain d’ maïs ni molasse
Je n’veux ni pain d’ maïs ni molasse
Je n’veux ni pain d’ maïs ni molasse
Ça m’ fait honte
Ça m’ fait honte

Prends ce marteau, porte le au capitaine
Prends ce marteau, porte le au capitaine
Prends ce marteau, porte le au capitaine
Dis qu’ j’suis parti
Dis bien qu’ j’suis parti

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous avez la parole :