Léonard Cohen a souvent évoqué le
destin et le rôle que chacun de nous est appelé à jouer. Que ce soit parce que
« c’est écrit » ou parce que notre assemblage génétique est ainsi
fait, notre espace de liberté est restreint ou, pour le moins, bien encadré.
Dans ses derniers albums, Léonard Cohen manifestait une
sorte de soumission, faisant acte d’obédience à son créateur. Dans l’album
posthume « Thanks
for the dance », soumission et résignation font place à la
désillusion, voire au nihilisme. Les hommes ne sont que de marionnettes,
suggère-t-il, sans désigner celui qui tire les ficelles (l’enchevêtrement des
ficelles est tel que tous les êtres sont interdépendants et se manipulent
mutuellement). Il dresse le tableau d’un monde où chacun joue docilement le
rôle qui lui a été assigné, pour le meilleur ou, plus souvent, pour le pire. La
nature est ainsi faite que les prédateurs des uns sont les proies des autres,
du bas en haut de la chaîne alimentaire, du bas en haut de la hiérarchie… Les
pires atrocités qu’a vécu l’humanité sont le résultat d’une infinité de petites
lâchetés, chacun n’ayant fait que jouer son rôle, ni plus ni moins, sans
contester, sans regarder, sans penser… jusqu’au grand crépuscule.
Pantins
Pantins-Boches
brûlèrent les Juifs
Pantins-Juifs
n’ont pas choisi
Pantins-vautours
mangent le mort
Se
nourrissent de pantins-corps
Pantins-brises
et pantins ondes
Marins
pantins dans leurs tombes
Pantin-fleur,
pantin-tige
Et pantin-temps
les détruit
Pantin-moi
et pantin-vous
Pantin-Boche,
pantin-Juif
Pantins-présidents
requièrent
Des pantins-troupes
qu’elles brûlent la terre
Pantin-feu,
pantins-brandons
Nourris de tous
les pantins-noms
Pantins
amoureux béats
Se
détournent de tout cela
Hochant la
tête, pantin-qui-lit
Met son épouse-pantin
au lit
Pantin-moi
et pantin-vous
Pantin-Boche,
pantin-Juif
Pantins-présidents
requièrent
Des pantins
troupes qu’elles brûlent la terre
Pantin-feu,
pantins-brandons
Nourris de
tous les pantins-noms
Et pantin-nuit
descend et joue
L’épilogue
du pantin-jour
(Traduction
– Adaptation : Polyphrène)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous avez la parole :