Vous ne le savez peut-être pas
encore : Léonard Cohen est mort !
Quoique…
Ses dernières chansons étaient
bien sombres, tout comme son humour noir.
‘You want it darker?’,
demandait-il ?
Eh bien voilà que, d’outre-tombe
sa voix nous revient sur un album
aux allures de faire-part de décès : noir, tout noir ! ‘It’s
torn’ n’est peut-être pas le plus noir des titres figurant sur cet album, mais il n’est pas non
plus d’une folle gaité. On imagine d’abord une femme rentrant de la plage (à
Hydra, par exemple ?), ôtant ses sandales, secouant ses cheveux, frottant le
sel sur ses épaules… Mais on découvre ensuite autour d’elle un monde (son monde
?) déchiré, ravagé, et l’on partage sa souffrance. Vient alors l’apocalypse,
une dé-création, une dé-genèse, où l’univers cesse son expansion pour se
rétracter vers l’infiniment petit. Le temps, quant à lui, ne revient pas en
arrière : l’histoire est écrite, et le destin scellé. Dans ce chaos, ne
subsiste que ce que l’amour a semé, avec pour seul éclairage non pas la
brillance des ors sacrés mais la lumière que laissent entrer les failles d’un
monde qui s’effondre.
C’est ruiné
Je t’vois dans des fenêtres
Ouvertes si grand
Qu’il n’y a rien au-delà
Et personne dedans
Tu ôtes tes sandales,
Secoues tes cheveux
Le sel sur tes épaules
Étincelle un peu
Tu as du sable aux chevilles
Aux pieds du limon
La rivière est trop basse
L’océan trop profond
Tu souris à ta souffrance
Le plus doux des sursis
Pourquoi nous quittas-tu ?
Pourquoi es-tu partie
Tu ôtes tes sandales
Et secoues tes cheveux
C’est ruiné où tu danses
C’est ruiné partout
C’est ruiné à droite
Et c’est ruiné à gauche
C’est ruiné au centre
Ce que peu admettent
Ruiné où il y a beauté
Ruiné où il y a mort
Ruiné où il y a pitié
Mais un peu moins fort
C’est ruiné au plus haut
De règne à couronne
Les messages volent
Mais l’réseau est en panne
Meurtrie à l’épaule
Coupée au poignet
La mer se retire
En embruns dans son dé
Les opposés faiblissent
Les spirales s’inversent
Eve retourne au sommeil
D’avant sa naissance
Dans le système entier
Les mondes sont soustraits
Des régions que jadis
Domina l’esprit
Maint’nant que tu lui as dit
Maint’nant que c’est fait
Le nom n’a pas de nombre
Pas mêm’ le premier
Viens, récupère et glane
Les morceaux égarés
La lumière du profane
Le mensonge du sacré
L’histoire est par écrit
La lettre cachetée
Tu m’as donné un lis
Maintenant, c’est un pré
Tu ôtes tes sandales
Et secoue tes cheveux
C’est ruiné où tu danses
C’est ruiné partout
(Traduction – Adaptation :
Polyphrène)
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