dimanche 30 janvier 2011

Boogie Street

O Crown of Light, O Darkened One,
I never thought we'd meet.
You kiss my lips, and then it's done:
I'm back on Boogie Street.

A sip of wine, a cigarette,
And then it's time to go
I tidied up the kitchenette;
I tuned the old banjo.
I'm wanted at the traffic-jam.
They're saving me a seat.
I'm what I am, and what I am,
Is back on Boogie Street.

And O my love, I still recall
The pleasures that we knew;
The rivers and the waterfall,
Wherein I bathed with you.
Bewildered by your beauty there,
I'd kneel to dry your feet.
By such instructions you prepare
A man for Boogie Street.

O Crown of Light, O Darkened One…

So come, my friends, be not afraid.
We are so lightly here.
It is in love that we are made;
In love we disappear.
Though all the maps of blood and flesh
Are posted on the door,
There's no one who has told us yet
What Boogie Street is for.

O Crown of Light, O Darkened One,
I never thought we'd meet.
You kiss my lips, and then it's done:
I'm back on Boogie Street.

A sip of wine, a cigarette,
And then it's time to go…


S’il existait une chanson exprimant la quintessence de Léonard Cohen, ce pourrait être « Boogie Street ». Le titre est l’anglicisation du nom d’une rue de Singapour (rue Bugis) qui fut célèbre pour l’intensité et la diversité de l’animation qui y régnait jour et nuit : commerces en tous genre (notamment trafic de contrefaçons) le jour, sexe et drogue la nuit. Comme dans « A Thousand Kisses Deep », Léonard Cohen considère qu’il y a, en chacun de nous, une « rue Bugis », avec ses illusions, ses compromissions, ses tentations et ses vices, ses tricheries et ses recoins obscurs… A chacun ses « démons », dit-on.
Seul l’amour peut permettre de transcender et, peut-être, donner un sens, aux vicissitudes de notre âme, mais il est toujours difficile et hasardeux de cheminer dans le dédale de nos sentiments. Leur complexité et leurs conséquences évoquent le déterminisme dans le chaos. Le chaos apparent des sentiments n’est que le résultat de leur complexité, de la multiplicité de leurs causes, et de la force de leur interdépendance. Les moindres événements de la vie peuvent ainsi entraîner des cascades de « perturbations », dont les effets, bien que logiques, sont, en pratique, imprévisibles.
L’amour est alors comme un éclair qui, du plus haut des nues, illumine un instant le paysage tourmenté de notre âme pour en faire voir le dessin (ou le dessein ?).


Rue Bugis

Toi, l’auréole, toi, l’obscurcie
Qu’on se voie m’a surpris
Un baiser sur mes lèvres et puis
Revoilà rue Bugis

Un peu de vin, une cigarette
On n’ peut pas s’attarder
J’ai nettoyé la cuisinette
Le banjo accordé
A l’embouteillage, on m’attend
On m’a gardé une place
Je suis ce que je suis, étant
De retour rue Bugis

Oh, mon Amour, j’ai en mémoire
Quels plaisirs nous connûmes
Les chutes et les rivières
Où tous deux nous baignâmes
Stupéfait par ta beauté rare
Soumis à ton service
Par de telles consignes, on prépare
Un homme à rue Bugis

Toi, l’auréole, toi, l’obscurcie…

Venez donc, mes amis, sans peur
Si légers sont nos êtres
Car nous sommes faits d’amour, pour
Disparaître en amour

Bien que les plans de la chair soient
Sur la porte en notice
Nul encore ne nous dit à quoi
Peut servir rue Bugis

Toi, l’auréole, toi, l’obscurcie
Qu’on se voie m’a surpris
Un baiser sur mes lèvres et puis
Revoilà rue Bugis

Un peu de vin, une cigarette
On n’ peut pas s’attarder

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

1 commentaire:

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