« Winter
Lady » figure parmi les premières chansons de Léonard Cohen, sur l’album « Songs of Leonard Cohen »
en 1967. Il l'a aussi chantée en solo sur la bande son du film « McCabe
& Mrs. Miller ». Graeme Allwright l’a
rendue célèbre dans les pays francophones par sa très belle adaptation sous le
titre de « Vagabonde ».
J’ai donc le sentiment d’être un prétentieux iconoclaste en tentant ma propre
traduction, et j’avais jusqu’ici évité de traduire les chansons de Léonard Cohen déjà adaptées et chantées
par Graeme Allwright. Cependant, ayant déjà
traduit plus de 110 chansons de Léonard Cohen,
je ne pouvais les écarter plus longtemps. Je me lance donc, par souci de
cohérence et d’exhaustivité, avec timidité et appréhension, mais aussi avec un
grand intérêt car cet exercice est, pour moi, le meilleur moyen de pénétrer au
cœur d’une chanson.
« Winter
Lady » paraît pourrait figurer parmi toutes les chansons de cette époque,
évoquant, au masculin ou, plus rarement, au féminin, la force de la liberté
face aux liens de l’amour (Don’t
think twice, Ruby
Tuesday, Runaway,
King of the road,
April come
she will…). Cependant, le halo de mystère propre à la
poésie de Léonard Cohen est ici
nimbé d’un grand romantisme, tel qu’il apparaît rarement dans ses chansons.
Il s’agit,
semble-t-il, d’une simple rencontre, d’une soirée avec une
« passante », d’une halte sur son chemin… Mais l’hôte d’un soir
n’est-elle qu’une étrangère que le hasard a fait s’arrêter là ? Si sa
présence éveille le souvenir d’un amour passé, enterré par l’hiver, pourquoi
l’évocation en produit-elle un tel effet ? Est-ce le retour de l’amante
prodigue ou simplement un écho qui résonne étonnamment fort parce qu’il atteint
des sensibilités déjà accordées ?
Et l’on se plait à
croire, avec l’auteur, au retour de l’amour ou au retour d’un amour car le
silence, soudain, laisse entendre les battements de deux cœurs.
A Hélène
Fille de l’Hiver
Voyageuse, reste
encore
Jusqu’au petit
jour, attends
Sur ton chemin, je
n’suis qu’un port
Je sais, et non ton
amant
J’étais avec une
fille de neige
Quand j’étais un
soldat
J’ai combattu
chaque homme pour elle
Jusqu’à ce que les
soirs soient froids
Elle portait ses
cheveux comme toi
Excepté quand elle
dormait
Puis les tissait
sur un métier
D’or, d’haleine, et
de fumée
Pourquoi, sur le
pas de la porte
Restes-tu figée
soudain ?
Tu avais choisi ton
trajet
Avant de prendre ce
chemin
Voyageuse, reste
encore
Jusqu’au petit
jour, attends
Sur ton chemin, je
n’suis qu’un port
Je sais, et non ton
amant
(Traduction –
Adaptation : Polyphrène)
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