vendredi 28 août 2015

Winter Lady








« Winter Lady » figure parmi les premières chansons de Léonard Cohen, sur l’album « Songs of Leonard Cohen » en 1967. Il l'a aussi chantée en solo sur la bande son du film « McCabe & Mrs. Miller ». Graeme Allwright l’a rendue célèbre dans les pays francophones par sa très belle adaptation sous le titre de « Vagabonde ». J’ai donc le sentiment d’être un prétentieux iconoclaste en tentant ma propre traduction, et j’avais jusqu’ici évité de traduire les chansons de Léonard Cohen déjà adaptées et chantées par Graeme Allwright. Cependant, ayant déjà traduit plus de 110 chansons de Léonard Cohen, je ne pouvais les écarter plus longtemps. Je me lance donc, par souci de cohérence et d’exhaustivité, avec timidité et appréhension, mais aussi avec un grand intérêt car cet exercice est, pour moi, le meilleur moyen de pénétrer au cœur d’une chanson.
« Winter Lady » paraît pourrait figurer parmi toutes les chansons de cette époque, évoquant, au masculin ou, plus rarement, au féminin, la force de la liberté face aux liens de l’amour (Don’t think twice, Ruby Tuesday, Runaway, King of the road, April come she will…). Cependant, le halo de mystère propre à la poésie de Léonard Cohen est ici nimbé d’un grand romantisme, tel qu’il apparaît rarement dans ses chansons.
Il s’agit, semble-t-il, d’une simple rencontre, d’une soirée avec une « passante », d’une halte sur son chemin… Mais l’hôte d’un soir n’est-elle qu’une étrangère que le hasard a fait s’arrêter là ? Si sa présence éveille le souvenir d’un amour passé, enterré par l’hiver, pourquoi l’évocation en produit-elle un tel effet ? Est-ce le retour de l’amante prodigue ou simplement un écho qui résonne étonnamment fort parce qu’il atteint des sensibilités déjà accordées ?
Et l’on se plait à croire, avec l’auteur, au retour de l’amour ou au retour d’un amour car le silence, soudain, laisse entendre les battements de deux cœurs.
 
A Hélène


Fille de l’Hiver

Voyageuse, reste encore
Jusqu’au petit jour, attends
Sur ton chemin, je n’suis qu’un port
Je sais, et non ton amant

J’étais avec une fille de neige
Quand j’étais un soldat
J’ai combattu chaque homme pour elle
Jusqu’à ce que les soirs soient froids

Elle portait ses cheveux comme toi
Excepté quand elle dormait
Puis les tissait sur un métier
D’or, d’haleine, et de fumée

Pourquoi, sur le pas de la porte
Restes-tu figée soudain ?
Tu avais choisi ton trajet
Avant de prendre ce chemin

Voyageuse, reste encore
Jusqu’au petit jour, attends
Sur ton chemin, je n’suis qu’un port
Je sais, et non ton amant


(Traduction – Adaptation : Polyphrène)

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