jeudi 8 juillet 2010

Villanelle for Our Time

From bitter searching of the heart,
Quickened with passion and with pain
We rise to play a greater part.

This is the faith from which we start:
Men shall know commonwealth again
From bitter searching of the heart.

We loved the easy and the smart,
But now, with keener hand and brain,
We rise to play a greater part.

The lesser loyalties depart,
And neither race nor creed remain
From bitter searching of the heart.

Not steering by the venal chart
That tricked the mass for private gain,
We rise to play a greater part.

Reshaping narrow law and art
Whose symbols are the millions slain,
From bitter searching of the heart
We rise to play a greater part.


Ce poème engagé de Frank Scott (1943), mis en musique mais plutôt récité que chanté par Léonard Cohen, respecte la définition de la « Villanelle », forme poétique très précise dont j’ignorais tout avant de me lancer dans sa traduction, laquelle fut, du fait des contraintes particulières de rime, particulièrement… difficile. Tout en essayant de préserver le sens, j’ai dû choisir des mots et des tournures de phrase un peu éloignés de l’original, notamment pour signifier la volonté d’engagement social (« to play a better part »). Sur le fond, ce poème est particulièrement pertinent, insistant sur la nécessité d’une véritable - et souvent amère - exploration dans les profondeurs du cœur humain pour fonder une action sincère et appropriée face aux maux de la société.



Villanelle pour notre Temps

Par l’âpre introspection du cœur
Pressé par douleur et passion
Du bonheur soyons les auteurs

Voici le cœur de nos valeurs :
Le bien commun pour ambition
Par l’âpre introspection du cœur

Nous voulions tout vite, sans labeur
Allons : pensons et agissons
Du bonheur soyons les auteurs

Libérons-nous des liens mineurs
Qu’il n’y ait ni race ni religion
Par l’âpre introspection du cœur

Quittons la voie des prédateurs
Dont le profit est l’obsession
Du bonheur soyons les auteurs

Réformons arts et lois menteurs
Aux symboles des morts par millions
Par l’âpre introspection du cœur
Du bonheur soyons les auteurs


(Traduction - Adaptation : Polyphrène)

3 commentaires:

  1. Bonjour Polyphrène, Je suis très attentive maintenant au plaisir que me réserve ton travail ! Je trouve cette adaptation magnifique et très respectueuse du ton, tu rythme.
    Quelquefois, une traduction me chiffonne, je cherche vraiment une solution. Je suis malheureusement bien incapable de proposer quelque chose de constructif. Pour une fois, je risque une suggestion = Par l’âpre introspection du cœur, Pressé par douleur et passion,…
    Ce n'est pas mieux, c'est juste que ça répond mieux à la façon dont je comprenais les mots, "l'âpre instrospection" qui fait souffrir le cœur, la somatisation en somme !
    lesperluette

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Bonjour, lesperluette, et un immense merci pour cette suggestion dont j'avoue n'avoir pas immédiatement compris le double intérêt : D'une part, en effet, le terme "pressé" exprime mieux la notion de contrainte, mais, d'autre part, il ne m'était pas venu à l'idée que l'auteur ait pu rapporter 'quickened' à 'heart' plutôt qu'à 'searching'. C'est donc bien 'pressé' (et non, en l'occurrence, 'pressée') qu'il fallait écrire. Voilà qui est fait.
    Encore merci pour cette aide, que j'apprécie d'autant plus qu'elle vient d'une personne qui connaît et perçoit beaucoup mieux que moi l'œuvre de Léonard Cohen et des poètes qui l'ont inspiré. Je regrette de n'avoir pas découvert plus tôt le site Français de Léonard Cohen, et "Les Prologues", qui sont désormais pour moi une véritable mine d'information. A la réflexion, il me faudra, avec ce nouvel éclairage, réviser la plupart de mes traductions de LC.

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